Résident du Centre Personnel du Centre Autour du Centre

Son enfance


Judith Callaghan naît durant la nuit du six avril, dans une petite ville du nord de la France, d’une mère française et d’un père américain. Elle rejoint ainsi celui qui sera son meilleur ami durant des années, son grand frère Aidan, de sept ans son aîné. L’enfance de la fillette n’est pas heurtée de cruels évènements, au contraire : elle est choyée, aimée, et tout le monde s’extasie devant ce petit ange aux cheveux blonds. Rapidement, à l’âge de quatre ans, elle suit les traces de sa mère, ancienne danseuse professionnelle, qui l’inscrit au conservatoire de la ville. Immédiatement, malgré son jeune âge, c’est le coup de foudre. Elle décide que plus tard, elle serait une danseuse exceptionnelle et parcourrait la terre pour se produire devant le plus de monde possible. La danse classique devient son échappatoire, sa bouée de sauvetage, et la fillette devient vite douée.
Elle est soutenue par toute sa famille, plus particulièrement son père, avec qui la relation est fusionnelle ; elle adore cet homme, cet érudit, passionné par la littérature, les arts et la musique, et qui essaie de lui transmettre cet amour pour les belles choses. La danse devient rapidement le centre de la vie de la fillette : elle ne cesse d’y songer. En parallèle, elle commence les galas, les compétitions, qui se soldent soit par des échecs, soit par des victoires. Quand elle atteint l’âge de huit ans, et son frère celui de quinze ans, leurs parents font le choix de quitter la France pour la grande Amérique, en raison d’une importante mutation professionnelle. Ce départ fut considéré pour Judith comme une renaissance, contrairement à son grand frère, déjà adolescent.

Son adolescence


C’est dans la ville de San Francisco, lieu de naissance de son père, que la famille s’installe. La fillette, d’abord attristée à l’idée de quitter un monde qu’elle a toujours connu, s’habitue néanmoins rapidement à cette nouvelle vie et s’y plaît énormément. De nouveau, la danse reprend, les compétitions aussi. Tout devient sérieux, tout à coup. Poussée par sa mère, Judith se voit bien en faire son métier, et elle rejoint le prestigieux conservatoire de San Francisco. En parallèle, sa relation avec son frère se détériore, et bientôt, leur si profonde amitié durant son enfance s’estompe. Judith ne reconnaît plus son grand frère adoré, son plus grand fan. En effet, Aidan n’a jamais pu supporter leur départ de France, et son comportement s’est radicalement transformé. Trop occupée par la danse, Judith ne se rend toutefois compte de rien. Elle ignore qu’il a basculé dans la délinquance et préfère se concentrer sur ses compétitions, sur sa passion.
A dix-sept ans, hélas, tous ses rêves s’effondrent lamentablement sur l’autel d’une implacable réalité : une violente chute brise tous ses espoirs d’intégrer un jour une troupe professionnelle. Toute sa jambe, et plus particulièrement sa cheville, la fait terriblement souffrir. Si la blessure physique guérit presque complètement – après de longs mois de rééducation, elle est capable de marcher correctement, même s’il lui arrive de boiter, surtout quand elle court – la blessure morale perdure, lancinante, douloureuse. Judith ne parvint à accepter l’idée et la refuse catégoriquement. Aidan étant en prison lors de son accident, elle ne réussit jamais complètement à lui pardonner de l’avoir abandonné au moment où elle avait le plus besoin de lui. Elle s’enfonce dans une cruelle dépression, une spirale autodestructrice qui l’emporte toujours plus bas. Ses fréquentations deviennent douteuses, elle rejette sa famille et tout ce qui constituait sa vie auparavant. Son comportement change radicalement, et elle en vient même à abandonner ses études. La jeune fille est perdue, désespérée, incapable d’aller de l’avant. Parce que la danse était toute sa vie, qu’elle n’avait toujours connu que cela et qu’après son accident, elle se sentait désemparée.
Plus d’un an plus tard, Judith est retrouvée inconsciente sur le sol de sa salle de bain, par son grand frère, sorti quelques mois plutôt ; elle n’avait pas vu d’autre alternative qu’absorber une impressionnante quantité de médicaments. Pour se suicider, peut-être. Mais avant tout pour attirer l’attention, demander de l’aide. Elle est heureusement sauvée in extremis et passe un certain moment à l’hôpital. Sa famille, surtout son frère, ne la lâche plus et s’acharne à lui rendre la vie plus facile. Quant à ses parents avaient perdu leur fille une fois, ne se rendant pas compte de son terrible désespoir, il était hors de question qu’ils la perdent une seconde fois.

Aujourd’hui


Judith est désormais une belle jeune femme d’à peine vingt-trois ans, qui a réussi à refaire surface grâce à l’aide ses proches. Et si elle garde des cicatrices indélébiles – tant physiques que morales – de sa grande dépression, elle a réussi à aller au-delà de ses précédents problèmes. Elle a obtenu avec succès son diplôme de fin d’études et s’est lancée dans des études de psychologie, avec le soutien de toute sa famille. Si elle a fait une croix sur la danse classique, elle y repense souvent, par nostalgie. Elle s’est installée dans un petit appartement de San Francisco avec son frère, et la colocation se déroule bien – malgré des disputes régulières.
En parallèle à ses études de psychologie, dans lesquelles elle est bien avancée, elle a obtenu un poste de psychothérapeute stagiaire dans un centre de sans-abris en réinsertion, où travaille aussi Aidan ; il s’agit là de sa première expérience sur le terrain, et elle est à bien des égards considérée comme une « bleue », une débutante dans le métier. Cette activité lui permet de payer une partie de son loyer, et elle enchaîne les petits boulots pour financer ses études. Même si elle n’est au centre que depuis un mois et demi, Judith se sent bien intégrée et n’a pas envie de partir. Aider les âmes en détresse, ces hommes et ces femmes qui ont tout perdu, jusqu’à leur logement, la réconforte et lui procure un immense sentiment de satisfaction. Elle n’oublie certes pas la vie qu’elle a failli avoir si elle avait pu poursuivre ses rêves, mais est désormais sûre d’une chose : ici, elle a enfin trouvé sa voie.