A midi, il a avalé un truc. Pas grand-chose, comme d'habitude, mais c'est toujours plus que ce qu'il a jamais mangé en tant que sans-abri. Il n'en faut pas beaucoup à la base pour le rassasier, donc même s'il lui manque quelques kilos, Samaël mange peu. Après ce rapide repas — pris dans sa chambre —, l'anglais se demande où est-ce qu'il pourrait trouver de la lecture. Cela fait dix jours qu'il est ici, au Centre, et au lieu de remuer sans cesse ces souvenirs qui le harcèlent même la nuit, il veut se changer les idées une bonne fois pour toutes. Mais il ne sait pas qui aller voir. Pas vraiment. Il n'a surtout envie de déranger personne. Et alors que son regard se porte vers la fenêtre, il décide finalement de prendre l'air. Ça aussi, c'est susceptible de lui changer les idées. Au moins pour un temps.

Il enfile donc sa veste — une grande, une à sa taille, une bleu foncé, une pour qui il a eu un coup de coeur lorsqu'on la lui proposée hier — par-dessus un t-shirt à manche longues qu'il a aussi récupéré hier. Puis il descend, et sort enfin. Pas dans la rue, c'est encore trop tôt. Il en frémit rien qu'à l'idée de se retrouver seul et de recroiser l'un des deux types. Dans la cour intérieure, c'est mieux. Il s'y sent plus en sécurité, un peu coupé du monde. Samaël ne sait pas ce qu'il va faire, alors il marche naturellement vers un banc. L'air extérieur lui fait du bien. il inspire à pleins poumons, n'essayant même pas de se souvenir de la dernière fois qu'il s'est senti bien dehors. Puis, lorsque ses yeux, bleus-gris sombres aujourd'hui — le temps n'est pas ensoleillé aujourd'hui —, se rouvrent, ils tombent sur un ballon de foot.

Le jeune homme arrête tout mouvement, comme mis sur pause, en apercevant l'objet visiblement abandonné. Mais un sourire se dessine tout de même sur son visage qui n'en a pas beaucoup connu depuis près de deux semaines. L'anglais s'approche alors. Il n'y a personne dans la cour, alors il ne se gêne pas pour le ramasser. c'est un vieil ami qu'il n'a pas revu depuis longtemps. Bon, son dos le bloque toujours un peu, c'est désagréable, mais ça n'est pas ça qui l'empêchera de faire quelques dribbles. Samaël inspecte un peu le ballon, le soupèse, et le juge correctement gonflé. Ni une ni deux, il le lance en l'air. Pas trop haut, juste histoire de se remettre dans le bain. sans le quitter des yeux, il l'empêche de toucher le sol avec le pied.

Il fait quelques jongleries ainsi. Parfois des têtes, des contrôles de la poitrine, il varie. Le ballon tombe trois fois en sept minutes, preuve que Samaël n'a pas tout à fait perdu la main. A chaque fois, il remet le ballon de foot en piste par une habile maîtrise, même s'il lui faut parfois plusieurs essais. Sans le toucher avec les mains. Il s'amuse comme un gamin. Cela fait tellement longtemps qu'il n'a pas joué, et il se rend compte à quel point ça lui a manqué. A la onzième minute cependant, le ballon lui échappe définitivement alors qu'une de ses vertèbres se rappelle à son bon souvenir, lui interdisant le mouvement qui aurait du l'aider. Il grimace légèrement, se redressant correctement en attendant que la douleur passe. Puis il reprend le ballon en visuel, et le suit pour le récupérer. Jusqu'à ce que le ballon de foot soit stoppé par un autre pied.

Alys est assise devant l’ordinateur, entrain de lire une page sur laquelle elle vient de tomber. Une page internet, relatant les derniers résultats du championnat d’Angleterre. Avec un sourire en coin, elle découvre Manchester United est premier au classement, Chelsea n’étant que 4ème. C’est une bonne chose. Une très bonne chose, même. Vous l’aurez sans doute comprit, derrière le petit bout de femme qu’est Alys, se cache une mordue de football qui ne manque aucun matchs. Et plus particulièrement quand c’est un match de Manchester United. Même si pendant la dernière année elle n’a pût voir aucun match, depuis qu’elle est ici au centre, elle essaie de rattraper son retard du mieux qu’elle peu. Enfin, soit.

Après avoir regardé encore rapidement la programmation cinématographique –faudrait qu’elle se trouve quelqu’un pour l’accompagner voir le dernier Batman …- elle ferme la page internet, éteint l’ordinateur et sort de la salle. Dans le couloir, elle se fige, réfléchit rapidement puis prend à gauche, décidant ainsi de ne pas tout de suite rejoindre sa chambre. Longeant les couloirs, descendant quelques escaliers, elle se retrouve finalement dans la cours intérieure. Tandis qu’elle s’avance vers l’un des bancs, son regard est attiré par une silhouette un peu plus loin et elle se fige à nouveau.

C’est une silhouette masculine. Grande, très grande et presque extrêmement mince. A moins que ce ne soit qu’un effet d’optique. Mais soit. Ce qui intéresse subitement notre Alys et ce pourquoi elle s’est réellement arrêté est le fait qu’elle vient de voir un ballon de foot. Cet inconnu est entrain de jongler avec un ballon de foot ! Et bien en plus. Restant donc sur place, notre jeune canadienne observe cet homme et trouve qu’il se débrouille vachement bien. Bon, il perd plusieurs fois le ballon/ Peut-être est-ce dût à son long manteau ? Ce n’est pas évident d’avoir un correct contrôle sur l’objet rond avec ce genre d’habit qui entrave les mouvements plus qu’autre chose. Soit. Sourcils légèrement froncé, Alys remarque ensuite comment l’inconnu se fige subitement, laissant le ballon lui échappé. Il aurait pu le rattraper très facilement : ne serait-ce qu’en faisant un pas en avant quoi. Mais non. La balle roule donc joyeusement vers notre Canadienne.

Celle-ci s’avance d’ailleurs et stoppe le ballon avec son pied gauche. Puis, relevant la tête, elle croise le regard de l’inconnu, fixe quelques instants ses pupilles, se demandant furtivement quelle en est la couleur, puis sourit doucement.

« Tu devrais faire attention. » dit-elle tranquillement « quand tu rattrape le ballon avec ton pied gauche, ton genou droit fait un drôle de mouvement. Une sorte de rotation quelque peu excessive. Si tu un faux mouvement de trop, trop brusquement dans le feu de l’action, paf, tu peux dire au revoir à tes ligaments croisés. » Elle passe la pointe de son pied sous la balle et la lança en l’air avant de la rattraper et reporter son attention sur l’inconnu « Et ce n’est pas c’que tu veux, je pense, non ? »

Elle lui offrit un dernier sourire avant de reporter son attention sur le ballon. Se concentrant rapidement, elle laisse tomber l’objet. Mais, avant qu’il ne touche le sol, Alys le rattrape avec son pied gauche. Bras légèrement écarté, trouvant rapidement son équilibre, elle se commence à jongler à son tour. Alternant, elle aussi, contrôle du pied gauche, du pied droit, buste, tête et même talon, elle s’amuse pendant quelques instants avant de rattraper la balle. La coinçant sous son bras droit, elle relève le regard vers l’inconnu, lui sourit à nouveau puis s’avance en lui tendant la main.

« Alys » se présente-t-elle.

Le ballon lui échappe une autre fois. Dès que la douleur du blocage de vertèbres est passée, Samaël part à sa suite. Cependant, une autre personne intercepte la balle. Leur regard se croisent un instant, l'anglais s'arrête. Face à lui, une jeune femme. Une jeune fille plutôt. Enfin, son visage fait enfantin, bien qu'un peu marqué par la rue. C'est une résidente, il n'y a pas à en douter. Mais Samaël a ce réflexe de rester sur ses gardes, même si l'inconnue l'avertit d'un ton tranquille de faire attention. Apparemment, il fait un mouvement étrange lorsqu'il rattrape le ballon et risque de se faire mal. La jeune fille a l'air de s'y connaître. Néanmoins, il a toujours fait comme ça. Il a cette habitude depuis qu'il a apprit à jouer avec son père. On le lui a déjà dit, lorsqu'il était en club, qu'il pourrait faire autrement. Mais ça ne rentrait pas, il n'arrivait pas à changer. Et comme il maîtrisait son sujet, on a abandonné toute remarque.

Il est par la suite un peu surpris lorsque la jeune inconnue se met à jongler à son tour. Pendant quelques instants, elle fait preuve d'une belle habilité avec le ballon. Samaël se recule un peu, pour lui laisser plus de place, et en profite pour l'observer de haut en bas. Elle n'est pas si grande que ça, dans la norme, et elle fait un peu maigre. Quoique non, elle est fine, c'est différent. Mais elle se débrouille pas mal avec un ballon. Puis elle s'arrête, coince la balle sous son bras droit, sourit au jeune homme, et s'avance en lui tendant la main tout en se présentant. Alys. Pas très commun. Quoiqu'il est mal placé pour parler. Tout d'abord, il marque un temps d'arrêt, se mordillant la lèvre inférieure — foutue manie. Il n'est toujours pas à l'aise avec les inconnus. Puis il hésite, regardant tour à tour la fille, la main, la fille, la main...

— S- Samaël, répond-il doucement en lui serrant finalement la main.

Il n'a rien à craindre de cette petite, mais il reste tout de même méfiant. C'est ainsi. Partant sur autre chose, il avait remarqué qu'elle n'avait pas l'accent du coin. C'est marrant comme on entend les accent lorsque l'on en a un nous même. Et puis, elle se débrouille plutôt bien avec un ballon de foot, et à l'air de s'y connaître. Déjà que les gens aux États-Unis ne s'intéressent pas vraiment au soccer, ou en tout les cas, ça n'est pas tout le monde qui s'y connaît autant que cette inconnue. Surtout que c'est une fille. N'empêche que, au final il ne lui posera pas la question de sa région d'origine maintenant.

— Tu t'y connais en foot ? demande-t-il en pointant le ballon du doigt, avant de se rétracter, ramenant sa mèche vers l'arrière d'un geste machinal. Non, mauvaise question, mal formulée, reprend-il avec un geste des mains. Tu aimes bien le foot ? Tu t'y intéresses ? Parce que c'est plutôt rare aux États-Unis.

Il vient tout de même de se faire plus ou moins piquer son ballon. Au final, s'il a gagné un compagnon de jeu, cela peut être enrichissant. Samaël n'aime pas vraiment la solitude, il s'en accommode, mais ne la recherche pas à tout prix. Donc si Alys veut bien être en sa compagnie quelques temps, ça ne le dérangera pas.

Cet homme n’a pas l’air très à l’aise. Il semble hésitant à l’idée de lui serrer la main. Pourtant, c’est ce que les occidentaux font, en général, non ? Aussi, il n’as vraiment pas la tête de quelqu’un venant de l’orient où on ne se sert pas la main. Mais peut-être a-t-il été élevé par une famille qui lui interdisait de serrer la main aux inconnus ? Enfin. Alys est sur le point de retirer sa main, lorsque le jeune homme tend la sienne. Après une rapide pression sur ses doigts, se présentant en même temps comme étant un certain Samaël, il lui relâche la main. Et maintenant ? Un temps de silence, pendant lequel Alys est occupé à l’observer.

La première chose qu’elle remarque est sa taille. Effectivement, déjà de loin il lui semblait bien grand, là il lui semble encore plus grand. Elle a léger sourire en coin en se disant qu’elle doit attirer les montagnes. D’abord Logan, puis Axl maintenant Samaël. C’est à se demander s’il y a des petits hommes ici. Enfin, là n’est pas le centre de notre histoire. Ce qu’elle remarque, et qui est bien plus choquant, est la maigreur de ce Samaël. Il ne semble avoir que la peau sur les muscles, sans graisse. C’est bizarre, mais elle n’est pas la mieux placé pour juger. Et puis, il est plutôt mignon. Son visage, avec une forme allongé, son nez qui ne semble pas proportionnel, ces yeux très rapproché l’un de l’autre et son front assez large, a une forme que l’ont définirait comme étant intéressante. Ouais, cet homme, avec ses yeux gris ou bleus et cette mèche qui lui barre le front, est intéressant.

D’ailleurs, il reprend la parole et sa voix est elle aussi intéressante. Un très léger accent inidentifiable se fait entendre. Enfin. Au fur et mesure qu’il parle, le sourire d’Alys s’agrandit jusqu’à se transformer en un sourire amusé lorsqu’il se reprend. Entre sa première question et la seconde il n’y a pas tant de différence. Enfin, soit.

« C’est explicable par le fait que je ne suis pas américaine, sans doute » sourit-elle se reculant de quelques « J’ai grandit au Canada » explique-t-elle en posant la balle au sol « Et mon … p … père » après avoir légèrement grimacé en appelant cet homme ‘père’, réaffiche son sourire et se redresse « au lieu de m’apprend l’hockey sur glace a préféré jouer au football avec moi » Elle relève son regard vers Samaël, hoche une fois la tête puis lui fait la passe « Le football c’pas très commun au Canada mais … c’pas un soucis. Enfin bref » Elle se recule encore un peu, histoire de laisser au jeune homme assez de place pour faire un tire correct « Et toi alors ? Tu t’débrouilles très bien à ce que j’ai pu voir. T’es du genre à avoir grandit sur un terrain de foot, non ? »

La première question de Samaël aurait pu faire penser qu'il demandait quelque chose d'acquis, une question réthorique. En effet, vu la maîtrise de la jeune fille en jonglerie, il est évident qu'elle s'y connait, au moins en technique. Mais on peut aimer un sport sans suivre les matchs et les équipes pro. Et c'est ce que l'anglais a voulu savoir. Si Alys aime tout de ce sport ou juste la pratique. La différence est certes faible, mais elle est là, et Samaël la perçoit. Tandis que ça a l'air d'amuser la jeune femme. Il est habitué à ça de toute façon. C'est rare qu'on le comprenne totalement, ou qu'on le suive aisément.

Ays donc, est canadienne, elle y a grandit, et son "père" — qu'elle n'a pas l'air de porter dans son coeur — lui a apprs le foot à la place du hickey sur glace, sport religion là-bas. Comme le football américain aux USA, ou le football soccer en Angleterre. Soit dit en passant, elle a raison, le football est aussi peu commun au Canada qu'aux Etats-Unis. Et Samaël est toujours aussi peu avancé, suit-elle aussi les rencontres ou non ? Elle se recule un peu pendant qu'elle parle, et pose la balle au sol. Lorsqu'elle lui fait la passe sur un commun accord tacite, elle lui demande s'il n'est pas du genre à avoir grandit sur un terrain de foot, car elle a vu qu'il se débrouille très bien. Le jeune homme rougit au compliment. C'est devenu tellement rare. et puis, ça lui prouve qu'il n'a pas tant perdu la main. Les yeux fixés sur le ballon, un sourire timide appraît sur son visage.

— Merci, répond-il doucement en renvoyant le ballon à son expéditrice d'un geste souple.

Il suit le ballon du regard, puis reporte son attention sur Alys. Elle aurait presque raison. Presque. Parce que son père n'était pas un mordu de foot, il amait bien, c'est tout. Et comme tous les pères, ou au moins tout ceux de Grande-Bretagne, il jouait avec son fils. Sauf que la passion de ce dernier a grandit plus qu'espéré, surotut en arrivant à Londres, qui est quand même l'une des capitales du foot avec un nombre impressionnant d'équipes professionnelles. Comme Samaël habitait plutôt au nord, il porta son admiration à Chelsea. Et encore aujourd'hui, c'est son équipe favorite.

— Ce n'est pas tout à fait ça, reprend-il, un peu amusé tout de même. Mais comme le foot est presque au rang de religion en Angleterre, je n'ai pas pu y échapper, hausse-t-il les épaules sans pour autant regretter ça.

Angleterre. Voilà le mot qui fît tilter la jeune canadienne. Maintenant tout devenait claire dans le tête d´Alys. C´était lors d´un interview de Wayne Rooney, qu´elle avait entendu cet accent. Certes, l´accent de ce joueur professionel était bien plus prononcer que celui de ce Samael, mais on entendait finalement que celui-ci était anglais à la base. C´était tout bonnement génial. Tellement concentré et occupé à lui sourire, heureuse de faire face à un pur anglais, elle en rate la balle qu´il lui renvoya. Réagissant lorsque l´objet passa à côté d´elle en roulant, elle fait un très grand pas en avant et stoppe le ballon avec justesse. Se stabilisant, elle se tourne à nouveau vers son "adversaire" et lui refait tranquillement la passe.

"L´Angleterre ..." dit-elle en souriant franchement "Je sais que le foot est à l´angleterre ce que l´Hockey sur glace ou le curling est au Canada." son sourire s´agrandit "t´as de la chance, tu sais?" Elle rattrape la seconde passe de Samael sans problème "avoir apprit à jouer dans le pays de Manchester Utd -plus particulièrement celui de Rooney- c´est tout simplement génial !" Elle soupire doucement, secouant légèrement la tête.

Quel bonheur serait-ce de jouer sur une pelouse en se disant que les crampons de David Backham en ont déjà arracher des touffes ! C´est un rêve pour notre jeune fille. Mais un rêve qui est et qui restera sans aucun doute innacessible. M´enfin. Autant profiter de la compagnie de cet anglais qui se trouve devant elle, non? Alors, se reculant légèrement, elle lui refait la passe, y mettant un peu plus de force.

"Mais dit-moi, Samael" demande-t-elle en relevant furtivement le regard vers le jeune homme "Tu viens d´oú? Et puis, tu joues au foot, mais est-ce que tu t´intéresses aux matchs professionels aussi? Et si oui ..." Elle intensifia son regard sur Samael, souriant en coin "révèle-moi le nom de ton équipe préféré"

S´il lui répondait Manchester Utd, ils auraient un deuxième point commun. S´il répondait Chelsea, il baissera très rapidement dans son estime ...

Les mots de Samaël, sans qu'il ne comprenne bien pourquoi au début, déconcentre la jeune fille, tout en faisant naître sur son visage un beau sourire. Elle en oublie le ballon et ne le récupère que de justesse, avant de le relancer à l'anglais. C'est donc ça, l'Angleterre. Attire-t-il les amoureux de ce pays ? C'est la première question qu'il se pose. Et puis, il est conscient de sa chance. Même s'il n'avait pas été anglais, il l'aurait voulu de tout son coeur. Elle rattrape facilement la passe suivante, et parle de Manchester United et Rooney.

Le jeune homme sourit faiblement. Elle aime Manchester, alors ils ne s'entendront pas sur ce point. La canadienne lui demande d'ailleurs plusieurs choses, d'où il vient tout d'abord, puis s'il s'intéresse aux matchs professionnels, et enfin, quelle est son équipe préférée. Et avec ça, même l'intensif regard d'Alys n'arrive pas à désarmer Samaël. Ni même sa passe un peu plus puissante. Alors que son sourire s'agrandit, il se concentre davantage sur la balle et, lorsqu'elle arrive sur lui, ne la stoppe pas et la laisse monter en l'air d'un habile coup de pied.

— Northampton m'a vu naître, commence-t-il en empêchant la balle de retomber grâce à son genou. Et Londres grandir, finit-il en renvoyant le ballon en une passe puissante.

Il aurait voulu plus que tout y rester, et chaque jour qui passe renforce son envie de revoir son pays. Mais il n'a jamais eu les moyens, à son plus grand regret. Cependant, ces pensées n'ont aucun impact sur son sourire. Et son esprit n'a pas oublié la dernière question de la jeune fille. Pendant qu'il suit le ballon des yeux qui revient jusqu'à lui — la canadienne a été surprise par la force qu'il a déployé au vue de sa condition physique mais elle a su se reprendre au final —, Samaël l'informe qu'ils ne seront pas d'accord à propos d'équipes. Sans se départir de son sourire néanmoins sympathique.

— On ne va pas s'entendre par contre, Alys c'est ça ? questionne-t-il plus pour ne pas oublier qu'autre chose, et sans même attendre de reponse, il reprend en refaisant la passe à la brune. Je supporte Chelsea depuis que j'ai 6 ans, ça n'a pas changé depuis.

Il a même fini par convertir son père. Car ses parents, stricts avec lui, ne l'autorisaient que très rarement à regarder un match de foot. Ça aurait impliqué de se coucher tard au de délaisser les devoirs. Donc, lorsque son père en est venu à suivre Chelsea — poussé inconsciemment par son fils et consciemment par ses collègues et ses amis —, le petit Samaël avait enfin pu profiter de la télé pour regarder les rencontres de son club favori. Ce doit être la seule raison pour laquelle il ait oeuvré à desseins, égoïstement qui plus est.

Effectivement, ils n´allaient pas s´entendre sur ce point précis: leur équipes favorites différaient de trop. Et, sans qu´elle ne sache se l´expliquer, Alys ne pouvait aucunement supporter Chelsea. Peut-être était-ce parce qu´elle ne supportait pas leur manière de jouer ? Ou parce que sont propre père ne supportait pas cette équipe? Toujours est-il qu´Alys déteste Chelsea et est toujours tenter d´hurler sa joie quand ils perdent et d´hurler son desespoire lorsqu´ils gagnent. Enfin bref.

Après avoir intercepté une passe assez puissante, et de ce fait donc suprenante, Alys lui renvoit la balle, écoute parler son adversair puis stoppe subitement la balle avec son pied. Elle fixe longuement Samael, tandis que son visage se décompose en une grimace de dégout. Puis, se penchant en avant, elle fait mine de vomir.

"Chelsea? Sérieux?" demande-t-elle en se redressant, reportant un regard désolé sur Samael "Mon pauvre, tu dois avoir la vie dure ..." soupire-t-elle doucement.

Puis, se redressant d´avantage, elle fait légèrement rouler la balle, puis la stoppe à nouveau et fait deux pas en arrière. Son regard passant de la balle à Samael, elle se concentre finalement, prend plusieurs profonde inspirations, fait deux pas en avant et frappe dans la balle. Et ce avec une puissance non contenue. L´objet, se levant du sol, tourne sur lui-même tandis qu´il se dirige rapidement vers Samael avant de le dépasser et rebondir sur le mur d´en face. Souriant, satisfaite de son coup, Alys trottine vers le ballon mais s´immobilise à côté du résident.

"On s´fait un petit match, un contre un? demande-t-elle avec un sourire en coin "ce n´est certes pas très palpittant mais ça peut être marrant" reprend-t-elle en haussant les épaules avant de continuer sa course vers la balle.

Elle fait un petit bon au-dessus, la prend entre ses pieds, regarde Samael, sourit puis se met à dribler tranquillement en direction du résident.

"dit, Sam" demande-t-elle en arrivant devant-lui "tu aimes quoi comme genre de film?"

Elle avait complètement changé de sujet, mais ce n´était pas pour rien. S´il aimait les films d´action, fantastique ou de super héro, alors elle vient peut-être de trouver celui qui l´accompagnera au cinéma. Mais c´est peut-être un peu trop tôt pour demander ça, non? Enfin. Cet anglais ne pourra pas dire plus que oui ou non de toute manière ...

Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette fille déteste vraiment Chelsea, et qu'elle ne cache en rien de ce qu'elle pense. Là par contre, Samaël lui, ne sait pas quoi penser. Toujours est-il qu'il trouve ridicule la réaction d'Alys. Une gamine, ça doit être ça le soucis. Le jeune homme ne prend même pas la peine de répondre, il la devine comme étant têtue, et que si il renchérit, elle aussi, et ainsi de suite. Il ne cherche jamais à imposer son point de vue — même dans les cas où il a raison. Il s'explique, et si l'autre en face s'acharne, tant pis. L'anglais n'aime pas vraiment les conflits et préfère les éviter. Et puis, ça serait une perte d'énergie inutile.

Néanmoins, lorsque le ballon lui arrive dessus comme une fusée, il a le réflexe de l'éviter en se penchant un peu sur le côté. Encore un peu, et il se le prenait entre les yeux. Il ne pensait pas qu'elle le ferait. Cette fille doit être folle quelque part. Viser la tête. Même si elle ne l'a pas fait exprès, on ne fait pas ce genre de chose à moins d'être certain de la trajectoire. Et si elle l'a fait exprès, c'est bien ça, elle est folle. Et elle a l'air fière en plus. Samaël ne sourit plus. Son humeur est toujours en dents de scie, et même s'il ne se met que rarement en colère, il sent qu'Alys pourrait bien y arriver. La canadienne lui propose ensuite un match à un contre un. Il la suit du regard et se tourne pur lui faire face lorsqu'elle revient vers lui. Elle lui demande alors ce qu'il aime comme genre de films.

— Tout, sauf horrifique ou apocalyptique et avec une nette préférence pour le fantastique, répond-il calmement.

Il parait même froid. Mais un mot suffirait à le refaire sourire de bon coeur, comme lors du premier rendez-vous avec le kiné. Le tout sans s'offusquer de ce brusque changement de sujet, étant lui-même coutumier de ce genre de procédé. Un instant de silence passé, et le jeune homme ré-affiche un sourire, pas franc, mais engageant. Il n'aime pas tant que ça se froisser avec les gens. Il s'approche un peu d'Alys, et désigne le ballon d'un signe de tête, fixant ses yeux sur celui-ci. Un match pourquoi pas. Il ne sait pas s'il tiendra longtemps, il n'a pas conscience de ses capacités. Il pourrait être vite fatigué, déjà qu'il dort et mange peu. Mais de l’exercice ne peut de toute façon pas lui faire de mal.

— Alors, on se le fait ce match ? interroge-t-il en relevant ses yeux sur la jeune fille.

Il agrémente le tout d'un nouveau sourire puis, avant qu'elle n'ait le temps de se concentrer, fond sur elle. Grâce à un genre de split, il lui vole habilement le ballon et ne tarde pas à s'éloigner. Une fois un peu loin, il jongle un peu avant de bloquer le ballon au sol avec son pied. Il relève ensuite ses yeux sur Alys, avec un sourire. Il est fier de n'avoir presque rien perdu de sa vitesse. A défaut d'une puissance hors du commun, c'est sa vivacité qui faisait le plus souvent la différence. Le foot c'est comme le vélo, ça ne s’oublie pas.

— Gotcha ! lance-t-il amusé, puis reprend quelque peu son sérieux. Bon, un contre un, celui qui a le ballon essaie de le garder le plus longtemps possible, ou tu veux improviser des cages ?

Alys a bien vu le regard que Samael lui a lançé alors que le ballon l´avait presque atteint à la figure. Néanmoins, Alys avait tout de même contrôlé la trajectoire de la balle de manière à ne pas être l´origine d´un nez cassé. Le résident avait surement tout de même eu une mini crise cardiaque. Enfin, plus de peur que de mal. Alys, étant repartie chercher le ballon, s´était immibiliser devant le résident, lui demandant quels genre de films il aimait. La réponse - tout, sauf ce qui est horreur ou apocalyptique avec une sacré préférence pour le fantastique- n´étonna, bizarrement, pas notre canadienne. Celle-ci ne répondit néanmoins, rien, se contentant d´hocher une fois la tête.

Au moment même ou elle s´apprêtait à sonner le départ d´un matchs, elle se voit se faire voler la balle. Et ses reflex laissent réellement à désirer. Alors qu´elle se met en route, son adversaire est déjà à l´autre bout de leur terrain de fortune et l´observe avec un air triomphant sur le visage. Il faut lui laisser le fait que ce sourire accentu très fortement les traits de son joli visage et est très contagieux. Un large sourire bordant ses propres lèvres, Alys s´approche de Samael avant de grimacer légèrement en l´écoutant parler.

"Ce n´est pas pour rien que j´ai toujours fait en sorte de pas être sur le poste de gardien ..." dit-elle doucement "j´ai plutôt joué au milieu de terrain" reprend-t-elle avant de lancer un coup d´oeil au-dessus de son épaule.

Elle réfléchit rapidement. Finalement, son idée de match un contre un se révélait très irréfléchit. De ce qu´elle avait put voir, elle savait qu´elle n´avait aucune chance contre Samael. Certes, il existait beaucoup de petits joueurs professionnel, mais ça devait faire bien 1 an, sinon plus, qu´elle n´avait plus réellement joué. Le fait de gérer une balle et de dribler comme il se doit, ne s´oublie peut-être pas. Mais la condition physique disparait bien rapidement. D´un autre côté, elle n´avait pas non plus envie de se montrer faible face à cet homme.

"Et si on restait aux simples passes ...?" demanda-t-elle, hésitante "Je veux dire, tu reste surement plus longtemps ici, non? On aura bien l´occasion de se faire un match un autre jour ..."