Le réveil de ce matin avait été dur. Non pas parce qu’il avait très peu dormi cette nuit, ni même parce que son poignet le picotait douloureusement ou parce qu’il était courbaturé de partout suite à son entrainement de karaté de la veille. Non. C’était bel et bien à cause d’une seule et unique personne qu’il avait envie de rester au lit : Logan. Oui, vous l’avez compris, Logan en était la cause. Ou plutôt était-ce le geste qu’il avait fait avec lui ? Quoiqu’il en soit, Alexander ne pouvait pas repousser éternellement le moment où il devra à nouveau faire face à cet homme.

Alors, se passant une main sur le visage, il repoussa la couverture et se dressa sur son lit en grimaçant. L’entrainement de la veille avait laissé des marques, autant sur ses avants bras –en forme d’hématome plus ou moins prononcé- que dans ses muscles –sous l’horrible forme de courbatures. Ignorant sa douleur, il s’assit sur le bord de son lit et frissonna lorsque ses pieds touchèrent le parquet froid de sa chambre. Un jour il devrait laisser réparer le chauffage au sol de sa chambre. Soit. Se levant, il marcha pieds nus vers son armoire, en sorti un jean et une chemise puis disparu dans la salle de bain.

Il en ressorti une bonne trentaine de minutes plus tard, propre et bien plus présentable qu’en se levant. Aussi, il se senti plus libre et plus motivé, la douche l’ayant aidé à refouler l’idée d’aller voir Logan. Alors, sifflotant discrètement, il se prépara un café, se fît quelques tartines puis s’installa à table et attrapa le journal. Parcourant les pages, il se rendit comptes que c’était le journal de la veille. Mais vu qu’il ne l’avait pas encore lu, alors il n’allait pas s’en priver.

Ainsi passèrent 1h. 2h. 3. Après avoir lut dans un bain chaud pour détendre tous ses muscles contracté, il s’était préparé un bon repas de midi. Celui-ci d’englouti, il était retourné à sa machine à café. Tandis que le liquide brun coulait dans la tasse, il regarda par la fenêtre. Logan. Ce nom, cette pensée eu l’effet d’une claque sur notre kiné. Il était 13h30. Il fallait qu’il aille voir cet homme. Ne serait-ce que d’ordre purement professionnel, étant donné que sa thérapie n’était pas vraiment finie.

Cette idée lui donna un coup de pied au cul. Oui voilà. Si déjà il ne voulait pas aller voir Logan dans le but de lui parler de ce qu’il s’était passé, alors il irait le voir pour le soigner. Voilà, c’était ça l’idée ! Se redressant vivement, il englouti son café d’une traite puis sorti de la cuisine. Il traversa le couloir, attrapa sa veste, vérifia machinalement si son porte feuille était encore en place, prit ses clefs et sorti. Refermant la porte à clef, il descendit les escaliers, sorti du bâtiment, vira à droite puis à gauche. Il traversa la rue, marcha une quinzaine de minutes, vira à nouveau à gauche, marcha tout droit puis entra dans le centre.

Sans se prendre la peine de passer par la case vestiaire, il grimpa les escaliers. Arrivé au troisième étage, il se dirigea plus lentement vers la porte de la chambre de Logan. Là, il marqua un temps d’arrêt. Son entrain initial venait subitement de le quitter. Qu’est-ce qu’il foutait là ? Faire la thérapie de cet homme signifiait lui faire face, donc être obligé de lui parler. N’était-ce pas là le plus dur et le pourquoi du comment il n’était pas venu depuis plus d’une semaine ? Si, sans aucun doute. Mais il ne pouvait ni ne voulait faire demi-tour. Pas maintenant qu’il se trouvait devant la chambre de cet homme et que celui-ci l’avait surement déjà entendu. Alors, levant le poing, il toqua à la porte. Rien. Aucun mouvement. Il toqua une deuxième fois. Toujours rien. Ce ne fût qu’en levant la main pour tenter une troisième fois, qu’il l’entendit un.

Un bruit, un cri. Quelqu’un qui s’énervait dans la cuisine. Fronçant légèrement les sourcils, Alexander se dirigea vers ladite cuisine. La porte étant ouverte, la curiosité prit le dessus sur notre kiné, il se trouva se le pas de la porte, à observer Logan. Celui-ci ne l’avait surement pas vu, étant entrain de bataillé pour ouvrir une bouteille de bière. Alors –et c’est là que ça dévient bizarre- toute l’appréhension d’Alexander s’évapora. Croisant les bras, il s’appuya contre le cadre de la porte et observa Logan.

« Je ne savais pas qu’ils autorisaient les résident à boire de la bière » sourit-il, captant l’attention de Logan qui, après s’être effrayé, s’était tourné vers notre kiné. Ce dernier se redressa et s’avança vers son patient, tendant la main « Besoin d’aide ? »

Cela faisait plus ou moins une semaine qu'il n'avait pas eu de nouvelles d'Alex. Il ne l'avait tout bonnement pas vu. Quelque part, Logan se disait que ce n'était pas plus mal. S'ils ne se voyaient pas, ils n'avaient pas à s'expliquer. Mais en même temps, le kiné commençait à lui manquer. Sérieusement. Et il ne savait pas pourquoi. Ça devait être ça le pire. Bref. La journée commença normalement, bien que James soit passé par la case grasse matinée parce qu'il n'avait pas du tout envie de se lever. La partie intéressante ne commença qu'un peu après 13h30.

Après un repas englouti en deux temps trois mouvements, l'ancien détenu prit idée de retourner à sa chambre. Peut-être Alexander viendrait cet après-midi, ne serait-ce que pour la thérapie. En parlant de ça, Logan sentait de nouveau une douleur plutôt forte dans son articulation. Sept jours sans rien en même temps, c'était sans doute normal. Mais finalement, James retourna dans la salle commune et, côté cuisine, ouvrit le frigo à la rechercher d'un truc à boire. Par chance, dans un recoin se trouvait quelques bouteilles de bières. Il n'y avait personne aux alentours, alors il s'en prit une. Cherchant un décapsuleur qu'il ne trouva pas, il maugréa un truc incompréhensible avant d'entreprendre de l'ouvrir avec les mains.

Mais son bras gauche le trahit, et la bouteille tomba sur le plan de travail. Elle ne se cassa heureusement pas, néanmoins James avait réussi à se couper sur le pouce. Il se lècha la plaie par réflexe, juste bien placée sur la commissure entre le pouce et l'index. Une bordée d'injures plus tard et il réitéra l'expérience, il ne comptait pas s'avouer vaincu par une bouteille de bière. Soudain une voix l'interpela. Une voix qu'il aurait pu reconnaître entre mille. Il sursauta tout d'abord, puis se tourna vers Alexander.

— Besoin d'aide ? Demanda-t-il en s'approchant tout en tendant la main.

Le voir sourire avait un peu réjouit Logan. Après une semaine de vide, il avait l'impression que son coeur s'était remis à battre. Cependant, il lâcha bien vite cette impression ; une autre venait de prendre sa place. Il éprouvait soudain un certain ressentiment pour Alex. Sans doute lui en voulait-il de ne pas avoir donné signe de vie pendant une semaine, toujours est-il que James n'avait pas envie de sourire pour l'instant. Fronçant les sourcils, il secouant doucement la tête, repoussant ainsi l'offre.

— Laisse, j'vais m'démerder, rétorqua-t-il sur un ton plutôt froid.

Il réfléchit un court instant après avoir reposer ses yeux sur la bouteille, puis il fouilla dans les poches arrières de son jean. Il trouva finalement son briquet dans une poche avant. Aux grands maux les grands moyens. Prenant la bouteille de bière au col de la main gauche, il la décapsula d'un geste sec grâce au briquet dans sa main droite. Il se dit furtivement qu'il aurait pu y penser plus tôt, mais il avait zappé qu'il avait remit son briquet dans sa poche de pantalon au lieu de le laisser dans sa veste. Soit. Logan envoya un regard avec une lueur triomphante jouant au fond de ses iris en direction d'Alex, tout en gardant un visage fermé.

— Et voilà. Prenant une gorgée rafraîchissante de sa bière, il ne quitta pas Alexander des yeux. Ça va ta tête ?

Son ton était toujours aussi froid, comme s'il n'en avait rien à foutre, quand bien même c'était précisément tout le contraire. Il n'ajouta rien de plus. Il n'allait pas faire le premier pas, alors qu'il lui avait fait de plates excuses après la sortie de la semaine dernière. Sachant qu'il n'y était pas franchement pour grand chose, mais il s'était tout de même excusé. D'ailleurs, il n'avait toujours pas pigé ce qui avait pu se passer dans la tête d'Alex pour qu'il l'embrasse ensuite. Mais là n'était pas la question, puisque vu le coup qu'il s'était pris, ce n'était pas tellement étonnant qu'il ait fait des choses étranges. Mais on se pouvait nier que ce baiser avait réussi à hanter deux ou trois nuits de James, à son grand désarroi.

Proposer son aide à Logan. Sérieux, où avait-il la tête ? Ce fût sur un ton froid que Logan lui dit qu’il se débrouillera très bien sans son aide. Quelque peu surprit par le ton utiliser, Alexander hocha doucement la tête et rabaissa la main. L’observant tout de même, il remarqua que son interlocuteur faisait tous les gestes avec la main droite. C’était un signe on ne peut plus évident qu’il avait mal. D’ailleurs, ne l’avait-il pas vu grimacer en utilisant sa main gauche, juste avant ? Sans doute. Se maudissant intérieurement de pas avoir eu plus de présence d’esprit et d’avoir été régulier dans sa thérapie, Alexander accueillie le regard triomphant de Logan avec un léger sourire. Lorsque son patient reprit la parole, il accentua le malaise palpable.

« Ça va mieux, oui » répondit Alexander en se passant machinalement une main sur l’arrière du crâne, l’endroit même qui avait brisé le nez de Groslard.

Alors le silence se remit en place. Lourd. Très lourd. Une tension palpable. Le genre de silence qui mettait mal à l’aise, que l’on voulait briser à tout prix, mais qu’on avait peur de briser car il avait tout de même quelque chose de rassurant. Leur regard était fuyant, aucun d’eux ne cherchant à se perdre dans les yeux de l’autre. Alexander ne savait pas ce qui se passerait s’il venait à plonger à nouveau dans les iris émeraude de son patient. S’y noiera-t-il à nouveau ? Perdra-t-il à nouveau la tête ? Son corps fera-t-il à nouveau quelque chose qu’il regrettera par la suite ? Mais, regrettait-il réellement le baiser ? A vrai dire, non. Il ne regrettait pas le moment, au contraire. Il avait envie de gouter à nouveau à ces lèvres. Mais il ne pouvait pas. Il n’avait pas le droit. Logan n’est pas un homme simple. Il lui en voudra encore plus.

Le bruit d’une bouteille que l’on reposait sur une surface dure, le fît revenir à la réalité. Prenant une profonde inspiration, Alexander croisa le regard de Logan. Le fixant quelques instants, affichant un air doux et rassurant, prit la parole.

« Je vois que tu fais plus de chose avec ta main droite. » dit-il pour enfin briser le silence « C’est sans doute explicable par le fait que tu sois droitier mais je t’ai vu grimacer tout à l’heure » Il désigna son épaule « quelque chose te gènes dans tes mouvements? Tu ressens des changements depuis … depuis la dernière fois ? »

Cela ne faisait pas de doute. Il était presque évident que Logan n’ait pas fait par lui-même des exercices pour la mobilité de son articulation. Pour tout dire, le contraire aurait fortement étonné notre kinésithérapeute. Mais soit.

Au moins sa tête allait mieux, c'était déjà ça. En voyant qu'Alex se passait une main sur l'arrière du crâne par réflexe, Logan désira soudainement ses doigts dans ses cheveux bruns. Ils devaient être doux, soyeux. Cette pensée l'occupa un quart de seconde avant de se trouver reléguer au rang de passade. Un silence pesant s'installa entre les deux hommes. La tension était presque palpable, et quiconque d'étranger qui viendrait à entrer dans la pièce se rendrait compte qu'il y à anguille sous roche. Une baleine même. Ils ne pourraient sûrement pas y couper de toute façon, ils devraient parler. Au moins pour se mettre au point.

Ni l'un ni l'autre n'osa se regarder dans les yeux. Leur regards se fuyaient comme les pôles identiques d'un aimant. Logan s'adossa au plan de travail, reprenant une gorgée de sa bière de manière mécanique. Il remarqua comment Alexander évitait de se plonger dans ses iris, de même que lui ne se risquerait pas de suite à sombrer dans les pupilles chocolat. Cela pourrait être regrettable au final.

Alex avait plus l'air d'être gêné et de regretter son geste qu'autre chose. Au contraire de James qui, bien qu'un peu mal à l'aise, ne serait pas contre réitérer l'expérience. En pensant qu'il ne pourrait peut-être pas regoûter à ses lèvres, il poussa un léger soupir en se disant que ne rester qu'ami avec le kiné serait très, très dur.

Il reposa sa bouteille, après en avoir prit une gorgée, d'un geste un peu sec et le bruit qui en résulta provoqua un mouvement chez Alex. Il brisa enfin le silence — après que leur regards se soient croisés — en parlant de l'épaule gauche de l'ancien détenu, du fait qu'il l'utilisait le moins possible mais que, étant droitier, ça lui facilitait les choses. Il lui demanda s'il avait une gêne dans ses mouvement et s'il avait remarqué des changements depuis la dernière fois. Logan haussa d'abord un sourcil en tournant complètement la tête vers Alex.

— Attends t'es sérieux ? Si t'étais v'nu plus souvent mon épaule se porterait mieux, répondit-il avec un regard dur.

Il détourna ensuite les yeux, la mâchoire contractée. Il aurait aussi pu faire tous les exercices qu'Alex lui avait préconisé, ça aurait peut-être atténué les changements. Mais il en avait tout de même fait un peu. Quand il y avait pensé. Ce qui était déjà pas mal parce que oui, il y avait pensé. Néanmoins, fait est qu'il en voulait à Alexander, et qu'il avait plutôt la rancune tenace.

La réponse de Logan était … déroutante ? Choquante ? Incompréhensible ? Sans doute ces trois mots à la fois. Mais surtout, surtout, elle était énervante. Logan lui mettait tout sur le dos. Qu’il ait mal, qu’il ne puisse plus bouger correctement le bras, tout ça, c’était la faute d’Alexander. C’était partiellement vrai, mais putain ! Merde quoi ! Si Logan avait fait ce qui était bon pour lui, s’il avait fait tous les exercices qu’Alex lui avait ordonné de faire, ils ne seraient pas là. Serrant les poings, grinçant des dents, son regard s’assombrit. Muscles de la mâchoire contracté, il souffla bruyamment, comme un taureau qui s'apprêtait à charger.

« Parce que tu crois que c’était volontaire ? » dit-il sur un ton dur « parce que tu crois que c’est facile pour moi de te faire à nouveau face ? Tu crois réellement que je suis là de mon plein gré ? »

Il se redressa.Il ne savait pas ce qui était plus énervant. Le fait que Logan lui ait ces choses ou le fait que lui-même venait de dire ça. Car plus qu’être énervé contre Logan, c’était lui-même qu’il détestait. Oui, il se détestait pour n’avoir pas eu le courage d’assumer son acte, oui il se détestait qu’à cause de cela son patient devait en pâtir. Oui il se détestait pour pleins de choses. Son regard lançant des éclairs, il vit Logan ouvrir la bouche pour répondre, mais ne lui laissa pas le temps.

« Putain, Logan ! JE T’AI EMBRASSE MERDE !! » Dit-il d’une voix forte.

Enfin. Enfin s’était sorti. Ce mot tant redouté. Ce pour quoi il était réellement là. Ce moment qu’il avait tant redouté. Et pourtant. Pourtant il était lui-même étonné avec quelle facilité il avait dit ça. Oui, il avait embrassé son patient, c’était un fait indéniable. Et maintenant qu’il l’avait dit devant lui et a haute voix, ce baiser semblait être bien plus facile à assumer.

Soupirant doucement, il se passa une main sur le visage. L silence que retomba cette fois-ci n’était plus aussi tendu que le dernier. Comme si un poids venait de disparaitre de la conscience de notre homme.

« Logan … » il releva son regard, croisant celui de son patient « je crois qu’il faut qu’on parle … sérieusement »

Ce disant, il se détourna de la cuisine et alla s’assoir à la table de la salle commune, espérant que Logan soit d’accord pour aborder le sujet.

La réponse de Logan eu au moins le mérite de secouer Alexander. Il souffla bruyamment par le nez, tout ses traits exprimaient la colère. Il employa un ton dur, demandant si James croyait que c'était volontaire, que c'était facile d'être face à lui, qu'il était là de son plein gré. L'ancien détenu n'en revint pas sur le moment. Il écarquilla les yeux avant de se reprendre, n'ayant pas l'intention de se laissé marcher sur les pieds. Il allait lui rétorquer, pour faire simple, que s'il n'avait pas envie d'être là, qu'il dégage purement et simplement. Mais alors qu'il ouvrait la bouche pour exposer le fond de sa pensée, Alex reprit immédiatement.

— Putain, Logan ! JE T'AI EMBRASSE MERDE !!

Il avait élevé la voix, assez pour que Logan laisse le silence s'installer sans rien dire. Alexander avait dit ça avec tellement de facilité, et l'entendre de vive voix, c'était déconcertant. Et James avait la nette impression que le kiné avait dit ça comme si c'était quelque chose de mal. Après tout, il n'avait apparemment pas envie d'être là. Alors sans doute que les émotions — sentiments — ressentis par Logan n'étaient pas partagés. C'est cette idée qui le maintint dans un mutisme persistant. Il croisa le regard brun. Ils devaient parler, et sérieusement, d'après Alex.

Le kinésithérapeute s'assit à la table et, James fit de même en face de lui. Il prit une gorgée de bière puis soupira. Il n'avait rien à dire personnellement. En fait, il n'arrivait pas à voir où il y avait du mal dans le geste d'Alex. Ils s'étaient embrassés, et il avait apprécié. Vraiment. Peut-être trop. C'était le seul constant dont il était sûr. Et il avait pensé, sans doute naïvement, qu'Alexander n'avait pas détesté lui non plus, vu que ce fût lui l'initiateur de ce rapprochement. Logan laissa finalement sa bouteille de bière en paix, après avoir joué avec, puis s'avança au-dessus de la table et posa ses coudes dessus, plantant ses yeux dans ceux du kiné.

— Ok, bien.. parlons. Il laissa passer un silence. Dis-moi d'abord où est le problème. Ouais tu m'as embrassé, et ? 'Fin j'veux dire, si ça t'gêne, on oublie et.. et voilà. Sa voix avait diminué en intensité sans qu'il le veuille, soupirant, il se prit la tête entre les mains. Putain, s'tu savais l'bordel qu'c'est dans ma tête...

En parler était pire que tout. Déjà y réfléchir lui filait la migraine, mais alors mettre des mots sur ce qu'il pensait, c'était encore un cran au-dessus. Il avait crût pouvoir passer l'éponge, si c'était ce que voulait Alex. Il avait cru pouvoir oublié, ou au moins laisser de côté. Or le dire clairement, s'entendre le dire, ça lui faisait comprendre que non, il ne pourrait pas faire comme si rien ne s'était passé. Rien ne serait comme avant. James ne supporterait que difficilement d'être seulement un ami pour Alex. De le voir souvent, lui, ses yeux, ses traits, ses lèvres, sans pouvoir rien faire d'autre que de les observer. Et accessoirement, garnir ses pages blanches. En tout cas pour le moment, le souvenir du baiser était bien trop présent dans son esprit pour passer outre. Il devait se rendre à l'évidence, ça n'était plus que de l'amitié.

Lorsque Logan prit la parole, Alexander n’en crut pas ses oreilles. Avait-il réellement dit que ce n’était pas grave ? Qu’il n’y avait rien de gênant dans ce baiser ? Que s’il voulait oublier, il n’y avait cas passé l’éponge dessus. Alexander n’en revenait pas. Il le fixa, clignant légèrement des yeux. Pour tout avouer, ce baiser ne l’avait pas du moins déranger. Ce qui l’avait le plus déranger dans cette histoire c’est d’avoir obliger Logan à le supporter. Mais, cet homme, ne venait-il pas tout juste de dire que ce n’était pas grave ? Ne sous-entendait-il pas non plus qu’il avait apprécié ce baiser ? Que de questions, que de pensées, pas assez de réponses.

« Je te rassure, ce n’est pas mieux dans ma tête » railla-t-il, espérant détendre un peu l’atmosphère. Et affectivement, c’était le cas. Bien que Logan n’esquisse qu’un demi-sourire, Alexander senti que la pression retombait. Alors, courageux, il osa plus. S’avançant sur la table, il porta toute son attention sur Logan « Dois-je donc comprendre que ce … baiser ne t’as pas déranger ? » Il voulait en être sûr à cent pour cent, histoire de ne pas se donner de faux espoirs. « Une chose est sûre … ce baiser …. » il dévia le regard « je l’ai peut-être un peu trop apprécié … » sa voix se brisa.

Que venait-il de dire ? Etait-il sérieux dans ses propos ? Le pensait-il réellement ? Enfin des questions auxquelles il pouvait trouver une réponse. Et cette réponse était ‘oui’. Oui il avait réellement apprécié ce baiser. Il ne se mentait donc pas. Prenant une profonde inspiration, il expira lentement.

« Et pour ce qui d’oublier … je crois que c’est impossible » il releva son regard et reprit, doucement « autant pour toi … que pour moi » sa voix se fît encore plus basse, tandis qu’il rabaissa le regard, s’entortillant les doigts « et je t’avoue ne … ne pas avoir envie. D’oublier … »

Voilà, au moins s’était dit. Il s’était mit au clair. Autant avec Logan qu’avec lui-même. Et si Logan n’acceptait pas la chose, alors Alexander ne pourra que s’en prendre à lui-même.

Alexander parut d'abord surpris. Il essaya ensuite de détendre l'atmosphère, et réussit. Logan esquissa un demi-sourire en entendant que dans la tête du kiné non plus, ça n'était pas tout bien rangé. Alors celui-ci s'avança, et lorsqu'il demanda avec hésitation si ce baiser l'avait pas dérangé, l'ancien détenu releva les yeux. Lâchant sa tête, il lui fit face et ce fut à sin tour d'écarquiller les yeux. Légèrement au début, puis plus franchement en entendant la suite.

James n'en crut pas ses oreilles sur le moment. Alex avait apprécié ce baisers ? Vraiment ? Donc finalement, ils avaient tout deux ressentis la même chose durant cet instant où leurs lèvres étaient scellées ? Un énorme poids, dont il n'avait pas eu conscience, se retira des épaules de Logan. Il respirait mieux tout d'un coup. Beaucoup mieux. Puis l'américain avoue que c'était impossible d'oublier, pour eux deux, et qui lui n'en avait pas envie. Une chance ; l'ex-dealer pensait la même chose.

Une fois ces informations importantes assimilées, un grand sourire s'insinua peu à peu sur les lèvres de James. Il était heureux. Et il n'avait jamais était aussi content d'avoir tort. Et puis voir Alex ainsi, à ce point gêné, c'était absolument adorable. Bref. Logan eut un léger soupir de soulagement, de même qu'un tantinet désabusé. Un "pas croyable" franchit ses lèvres alors qu'il se passait une main dans les cheveux. Puis il s'avança et, s'appuyant sur ses coudes, s'appropria celles d'Alexander.

Ça faisait presque une semaine que James se demandait ce qu'il ferait s'il avait de nouveau l'occasion d'embrasser Alexander. Il venait de se donner la réponse en un quart de seconde. Il n'avait pas réfléchit plus que ça avant de s'approcher pour s'emparer de ses lèvres. Ça lui avait parut tellement naturel. Et encore une fois, c'était bon. Il ne pourrait jamais s'en lasser. Ce baiser fut plus court que le premier, plus calme aussi, plus rassurant. Lorsque Logan s'éloigna finalement, il arborait un léger sourire.

— Te pose pas trop d'questions va, souffla-t-il doucement.

Mais alors qu'il se rasseyait, il sentit un léger craquement un bougeant son épaule gauche. La maintenir en tension en s'appuyant dessus avait réveillé sa douleur. Il serra les dents avec une légère grimace expirant doucement. Cette putain d'épaule ne le laisserait dont jamais en paix.

Lorsque Logan lui attrapa les mains, le ventre d’Alexander se contracta douloureusement. Lorsqu’il plongea son regard dans le sien, son cœur s’accéléra. Lorsque Logan s’avança vers lui, le souffle lui manqua. Lorsque leurs lèvres se touchèrent, le monde disparu. Une vague d’allégresse submergea notre homme, lui donnant l’impression de ne plus jamais être malheureux dans sa vie. Le tsunami noya ses peines, fît disparaitre ses doutes, ne laissant en lui qu’une flamme d’espoir, de béatitude. Celle-ci grandit, prit de l’ampleur. Les yeux fermés, Alexander se laissa choir dans ce trou de volupté. Pareil une drogue, une fois qu’il avait gouté à ce sentiment il en voulait plus, toujours plus. Allant jusqu’à se demander comment il avait put passer toute une semaine sans toucher à cette sérénité.

Mais ce havre de paix semblait s’écrouler lorsque Logan cessa de lui-même le baiser. Le retour à la réalité était plus dur qu’il ne semblait. La voix, douce et caressante, de Logan semblait venir de loin, l’enveloppant dans un manteau de chaleur. Oui, dès maintenant il ne posera plus de questions. Plus jamais il ne doutera. Il se laissera aller au bonheur de pouvoir jouir de la compagnie de Logan.

Mais une grimace de douleur, contractant les traits de son patient, le fit, pour de bon, revenir sur terre. Son épaule. Ce pourquoi Alexander était initialement venu. Se maudissant quelques peu de ne plus y avoir pensé, de s’être laisser emporter au septième ciel sans se rendre compte que sur terre il n’y avait pas que du bonheur, notre jeune homme afficha une mine inquiète.

« Ça va ? » demanda-t-il doucement.

Avant de se maudire encore plus. C’était quoi cette question ? Sérieusement. Un kinésithérapeute qui demande ‘ça va ?’, comme ça, dans le vent ? Putain. Il aurait pût s’éclater la tête contre le mur. Alors, au lieu de reprendre la parole pour éviter de dire encore une connerie plus grosse que lui, il se leva. Contournant la table, il s’approcha de Logan et lui prit le bras en main.

Palpant tout d’abord les structures osseuses puis musculaires, il lui bougea ensuite le bras, une main posé sur l’articulation même. A gauche, à droite, en avant, en arrière. Attentif à ce qui se passait sous ses doigts, il senti quelques craquements, suivit de légères grimace de douleur.

« Quel con … » marmonna-t-il pour lui-même en se redressant. Il relâcha le bras de Logan, mais garda une main sur son épaule « ça vient pas de l’articulation même, mais de la clavicule. » déclara-t-il, sûr de lui « je l’avais déjà dis la première fois qu’on s’est vu, il me semble, non ? » Il attendit la confirmation de Logan avant de reprendre « Je te le dis franchement … » il tira une chaise et s’installa en face de lui « En tant que kiné, je ne peux rien faire de ce côté. » Il plongea son regard dans celui de Logan « tu devrais aller à l’hôpital, pour qu’ils refassent des radios de ton épaule. Eventuellement aussi une écographie. Mais là … » il soupira doucement « ça me dépasse. »

Lorsqu'Alexander demanda à Logan si ça allait, il y eu un blanc. Le second se retint ensuite de rire face à la tête du premier, qui devait se maudire d'avoir sortit une question aussi conne dans un contexte pareil. Il avait l'air de vouloir sérieusement se taper la tête contre la table, ou un mur, histoire de se remettre les idées en place. Mais au lieu de dire quelque chose, il se leva et s'approcha de Logan pour examiner son épaule.

Quelques mouvements, craquements, et grimaces de douleur plus tard, le kiné se décida à parler, tout en se redressant. James percut d'abord une injure qu'il crut un moment destinée à sa personne, avant de voir l'expression d'Alex et de comprendre qu'il se parlait à lui-même.

Les explications suivirent : le problème de venait pas de l'articulation même mais de la clavicule, et Alexander ne pourrait rien faire de ce côté. Se tirant une chaise pour s'asseoir, il conseilla à James d'aller à l'hosto pour des radios. Celui-ci fit une légère moue : il n'aimait pas les hôpitaux, il y restait le moins possible. Mais s'il y était obligé, il ne pouvait que s'y rendre.

— Pff, fait chier... Soupira-t-il. Mais hm, pourquoi ça vient d'la clavicule maintenant ?

C'était son corps, alors il fallait bien qu'il s'en souci un peu. Il écouta la réponse du kiné puis hocha la tête, ayant plus ou moins pigé. Il espérait juste que tout ça n'aggraverait pas son cas. Il repensa soudain à quelque chose et son regard se fit ferme sur Alexander.

— En parlant d'ça, t'y es allé à l'hosto pour ta tête toi.. ? Questionna-t-il d'un ton devenu sérieux.

C'est vrai, James n'avait eu aucun retour quant à ça. Il savait juste qu'il allait "mieux" mais pas s'il était allé voir un médecin ou pas. Logan était carrément protecteur avec ceux qu'il aimait, et si Alex répondait non, il serait capable de le traîner par la peau du cou immédiatement pour être sûr qu'il n'y avait rien de grave.

Logan ne semblait pas ravi de sa déclaration. Et c’était complètement compréhensible. Qui avait envie d’aller à l’hôpital pour une chose qui aurait put être régler de puis longtemps ? Alexander y était allé, à l’hôpital. Pas plus tard que 6 jours avant aujourd’hui. Et pour tout dire, ce n’avait vraiment pas été une partie de plaisir. Mais Logan était curieux de savoir pourquoi s’était la clavicule qui était le problème maintenant. Alors, calmement Alexander se lança dans des explications qu’il tenta de faire le plus précis possible. Lorsqu’il se rendit compte qu’il commençait à utiliser trop de termes de techniques, il se reprit et continua sur un autre chemin. Au hochement de tête de Logan, Alexander sut qu’il avait comprit. Souriant, il se recula sur sa chaise … puis soupira lorsque son patient lui demanda s’il était allé à l’hôpital, lui.

« J’y suis allé, ouais » dit-il en hochant la tête « mais que le lendemain matin à cause d’une horrible migraine. D’ailleurs, le médecin ne sait pas franchement ce que c’était, elle a été assez vaste, mais je crois bien que c’était un très léger traumatisme crânien. Enfin, rien de bien inquiétant en somme » Ce disant, il baissa son regard sur sa main gauche et serra doucement le poing « Avec ça j’me suis chopé une jolie entorse du poignet. J’crois que si Groslard avait serré plus fort et plus longtemps il m’l’aurait cassé ou déboité, je ne sais pas trop. Pas très agréable, assez douloureux mais pas grave non plus »

Haussant les épaules, il posa ses avant-bras sur la table. Il attrapa la bouteille de bière –qui était resté sur la table. La prenant en main, il la tourna pour lire distraitement l’étiquette. Puis, lançant un coup d’œil à Logan, il profita du fait qu’il ait le regard autre part, pour porter la bouteille à sa bouche. Il en prit une rapide et longue gorgée, puis reposa la bouteille sur la table, au moment où Logan reporta son attention sur lui. Se passant le dos de sa main sur le coin de sa bouche, Alexander désigna la bière d’un coup de tête

« Pas mauvaise. Y’en a d’autre ? »

Logan ne fît que grogner et désigner le frigo de la cuisine avant d’attraper la bouteille et la gardé farouchement contre lui. Alexander, le remerciant d’un hochement de tête, se leva et se dirigea vers le frigo. Il découvrit bien rapidement les deux autres bouteilles de bières, en attrapa une mais se prit le temps d’observer la bouffe qu’il y avait de dans le frigo. Et effectivement, pour parler de bouffe … c’était de la bouffe. Alexander avait beau chercher, il ne trouvait pas un seul produit sans excessivement de matières grasses. Secouant la tête, exaspéré, il se redressa, referma le frigo et retourna chez Logan.

« Tu me files ton briquet ? » demanda-t-il en tendant la main vers son patient.

Il rattrapa le briquet en vole puis ouvrit la bouteille, non sans grimacer légèrement, avant de reposer l’ouvre bouteille de fortune devant son propriétaire. S’adossant à la table, prit une longue gorgé, fourrant sa main gauche dans sa poche. Abaissant lentement la bouteille, il avala puis se tourna vers Logan

« T’as un truc de prévu pour ce soir ? »

Alexander expliqua qu'il était bien allé à l'hôpital, mais qu'il n'avait rien de grave. Le médecin, qui en était d'ailleurs "une", avait été plutôt vague mais le kiné pensait que c'était un léger traumatisme crânien. De plus, à cause de la poigne délicate de Groslard, il s'était chopé une entorse au poignet, mais ça aurait pu être pire. Logan hocha une fois la tête. Les conséquences n'étaient pas si terribles au final, ça le soulageait.

Son regard dévia un court moment, et lorsqu'il le reposa sur Alexandre, il s'aperçut qu'il avait SA bouteille de bière dans les mains. Et lorsque celui-ci, après l'avoir reposée, s'essuya le coin de la bouche en demandant s'il y en avait d'autres, James lâcha un grognement et désigna le frigo. Tout en récupérant SA bouteille. Il envoya ensuite son briquet à Alexander, à sa demande, et le remit dans sa poche une fois qu'il lui fut rendu. Après avoir prit une longue gorgée de bière, le kiné se tourna vers son patient et l'interrogea sur ses occupations de ce soir. Logan releva un sourcil interrogateur sur son ami. Qu'avait-il derrière la tête celui-là...

— Mmh non, j'ai rien de prévu.. pourquoi ? questionna-t-il tout bêtement en buvant une gorgée de bière puis, après avoir avalé, il eût un sourire un peu railleur. Tu vas m'inviter au cinoch' ?

Il rigola ensuite un peu. Pas parce que c'était ridicule ou quoi que ce soit, mais ça sonnait vraiment comme s'ils sortaient ensemble. C'était à la fois étrange et plaisant. Oh mais.. une minute... James cessa de rire en se rendant compte de plusieurs choses. Oui, c'était comme s'ils étaient en couple à présent, ils s'étaient embrassés et tenaient apparemment autant l'un qu'à l'autre. Le fait qu'ils soient deux hommes ne dérangea pas Logan sur le moment, après tout San Francisco était la ville la plus gay des USA, et puis les questions existentielles seraient pour plus tard.

Ce qui l'interpella donc, c'était surtout le concept de "sortir avec quelqu'un" qui lui était plutôt inconnu. Il ne restait jamais avec la même fille en général. Une autre chose qui le fit reporter son attention sur Alex avec un léger écarquillement des yeux fut l'absence de réaction de ce dernier.

— Attends, j'ai tapé dans l'mille.. ? Lâcha-t-il, incrédule.

Pourquoi avait-il posé cette question ? Il ne le savait même pas lui-même. Sans doute un coup de tête. Sans réfléchir. Peut-être était-ce parce qu’il se sentait enfin bien ? Mais finalement, peu importait la raison. Fait est que notre Alexander avait demandé à Logan ce qu’il faisait ce soir et ce pour une simple et bonne raison : il y avait une soirée spéciale ‘Seigneur des anneaux’ au cinéma du coin. Deux fois dans l’année, ils repassaient les 3 films en version longue. Alexander, qui était incollable sur ce sujet, avait toujours voulut y aller. L’idée de passer 12h assit dans un siège ne lui faisait pas peur. Au contraire ! Ce pourrait être excellent ! Et il voulait proposer à Logan de l’y accompagné car, la dernière fois, avant qu’ils ne se fassent agressé, son patient lui avait fait part de ses gouts prononcé pour cette trilogie et parce qu’il avait envie de l’avoir pour lui. Oui voilà. Il avait envie de sortir avec Logan. Alors, haussant les épaules, il prit une longue gorgé de sa bière et se tourna vers le Canadien

« Pour tout avouer, oui, je comptais t’inviter au cinéma ce soir » répondit-il sur un ton comme si s’était la chose la plus naturelle qui soi, avant de reprendre une gorgée de sa boisson et posé la bière sur la table « y a un marathon Seigneur des anneaux au cinéma, avec les films versions longue ! Donc si ça ne te fait pas peur de rester assit pendant 12h d’affilé sur un siège … » Il fouilla dans la poche arrière de son jeans et sorti un billet de cinéma qu’il posa devant Logan, sur la table « … c’est ce soir, 20h. Soit là avant –genre 19h30- car même si les places assises sont numérotés et que j’ai déjà choisi deux des meilleures places, il y aura toujours au moins deux merdeux qui tenteront leur chance pour ne pas avoir une place de merde »

Ce disant, il attrapa sa bière et la finie d’une traite avant d’aller la reposer dans la cuisine, attrapant au passage celle de Logan, vide elle aussi. Après avoir laissé à Logan le temps de réfléchir à la question, Alexander se retourna vers lui et s’approcha à nouveau de sa table

« Alors … ? »

Son ton se fît un peu plus hésitant. Car même si Logan avait apprécié son baiser, qui lui disait qu’il accepterait de se montrer en la compagnie de notre Alexander dans un lieu public ? Même si San Francisco n’était vraiment pas connu pour être une ville homophobe –bien au contraire d’ailleurs- ce n’était pas de l’avis de tout le monde.

Mais d’ailleurs, pourquoi se posait-il des questions sur ce sujet ? Alexander n’avait jamais réellement été intéressé par le regard des autres sur lui, bien qu’il aime bien avoir une bonne réputation. Et puis, il n’était pas rare que deux mecs aillent au cinéma. En ami.

La réponse était toute bête : oui. Oui Alexander voulait l'inviter au cinéma. D'ailleurs, il avait déjà les deux places. Logan aurait pu trouver ça bizarre, le fait qu'il ai déjà les billets alors que rien n'indiquait que leur situation relationnelle allait s'arranger. Mais bref, ce n'était que des détails. L'important était que voir l'intégrale du Seigneur des Anneaux ne se refusait pas. Douze heures dans un fauteuil, ça n'était rien, même si le risque que James s'énerve par la suite à cause du manque de sommeil était élevé. Il ferait au moins un effort pour Alex, les autres iraient se brosser. Bref.

Tandis que le kiné allait reposer leurs bouteilles de bière vides, Logan réfléchit un instant en fixant le billet. Ce soir, 20h — 19h30 —, pour 12 heures de bonheur. En compagnie de Frodon, Aragorn, Gandalf, Gimlî, Legolas, Gollum, et compagnie, et aussi Alexander. Franchement, pouvait-il dire non ?

Alex était littéralement dingue de cette trilogie, James l'aimait aussi. Il avait lu les bouquins lorsqu'il était jeune (oui il lisait, c'était un des rares traits qu'il partageait avec sa mère d'ailleurs), et ces films faisaient partis des rares qu'il s'était permis d'aller voir au ciné à leur sortie. Inutile de dire qu'il de les avait que très peu revus depuis. Et Logan savait pertinemment que le thérapeute n'avait pas oublié leur conversation à ce sujet. Une question hésitante le tira de sa torpeur. Puis il tourna un regard encore un peu dans la lune vers Alex, avant de se reprendre et d'afficher un sourire en coin.

— Question rhétorique, répondit-il en secouant doucement la tête, avant de sourire. Sérieux, comment tu veux que j'refuse ?

C'était juste impensable. Et puis, sortir en public avec Alexander ne le derangeait pas. Cela faisait très très très longtemps qu'il ne se souciait plus du regard des autres. Reste à voir si s'en est de même du côté du kiné. Cependant, celui-ci, après avoir sourit en retour et répété que c'était ce soir à 19h30, déclara qu'il avait encore du boulot, des rendez-vous de prévus. Il n'était que 13h30 après tout.

James s'empara du billet pour le glisser dans sa poche en acquiesçant. Un court silence s'installa mais n'eût pas le temps de durer car Alexander, le brisant par à un "à ce soir", se détourna pour le couloir. Or, Logan, quelque peu plus rapide, s'était levé et lui avait agrippé le poignet avant qu'il ne fasse un pas, l'interpellant au passage. Quelques secondes plus tard et un baiser les liait. Le monde les entourant disparut un instant, pour se rematérialiser dès leur séparation. Ça avait été du genre timide, Logan ne savait si c'était bien ou pas, il avait juste sut qu'il en avait besoin. Il relâcha ensuite Alexander puis sourit.

— A ce soir, dit-il simplement.

Le kiné, ayant lui aussi chopé le virus du sourire accroché aux lèvres, lui répondit avec la même simplicité et s'engagea dans le couloir, prêt à affronter ses patients. Quant à James, il se passa une main dans les cheveux, soupira doucement en se demandant pourquoi il n'arrivait pas à arrêter de sourire, attrapa une pomme et alla la déguster tranquillement dans sa chambre. Non, définitivement non, il ne se lasserait jamais des baisers d'Alex.