Le Logan d'il y a quelques années, vois quelques mois, aurait pu qualifier cet instant de moment de faiblesse. Mais son esprit était trop instinctif pour disserter sur ce genre de chose. Il se rassurait en se lovant contre Alexander, c'était tout ce qu'il y avait à savoir. Dans tout les cas, le kiné ne s'y attendait pas, preuve en est de son petit moment d'absence, avant de le prendre doucement dans ses bras.

Il lui murmura d'oublier, de ne pas penser à ce qui aurait pu arriver. Ça ne s'était pas produit, donc aucune raison de s'en faire pour ça. James acquiesça doucement, perdu dans la mer de chocolat servant de pupilles à l'américain. Ce n'était pas tant ce qui aurait pu se produire qui le troublait, c'était surtout le fait qu'il s'était rendu compte que ça pouvait basculer d'un instant à l'autre.

Aussi bien Alex qui lui pouvait soudainement passer de l'autre côté de la barrière, laissant l'autre seul. Et il n'est de pires tragédies que de vivre avec une seule moitié de coeur. Mais la trendresse et la douceur d'Alexander eurent le don de chasser les sombres pensées du plus jeune. Peu importe ce qu'il adviendrait, ils s'aimaient. Mettre des mots sur cette conclusion secoua intérieurement l'ancien dealer, cependant qu'il se faisait tirer vers un autre sujet par la question d'Alex. Logan rigola doucement, tandis qu'il abaissait la main du kiné sans pour autant la lâcher par la suite.

— Hé j'bouge pas tant que- bon ok p't'être un peu, mais seulement quand j'sais qu'j'ai d'la place, rétorqua-t-il, rieur, avant de reprendre un semblant de sérieux pour lancer un regard ciculaire sur la pièce. Le fauteuil m'suffira.

Oh il avait connu pire. Bien pire. Beaucoup plus pire. Et avec sa grosse veste, il aurait en plus un coussin plutôt agréable. Il était vraiment hors de question qu'il laisse son amant seul dans la chambre. S'il faisait des cauchemars ? Bon, ça n'était pas la raison principale, mais tout de même. Bref, James avait fait son choix : le fauteuil. Toujours plus accueillant pour une nuit qu'un coin de pièce humide ou qu'un lit de cellule. Interceptant dans le regard de l'aîné une attention de rechigner, Logan le prit de court.

— T'inquiète pas pour moi, c'pas une nuit assis dans un fauteuil qui va m'tuer.

Il acheva le tout d'un petit sourire assuré. Il avait dit qu'il serait là, il sera là. Il lui avait promis, et Logam tenait toujours ses promesses. C'est qu'il avait un minimum d'honneur, pour un ex-détenu, et un ex-dealer.

Le reste du temps, ils le passèrent à parler. Ou plutôt, Alexander prévoyait déjà leur départ du lendemain. Ce qui était quelque peu barbant pour James, qui supportait cela parce qu'au moins, le kiné avait la tête occupée à autre chose qu'à sa fracture. Ils leurs faudraient déjà retourner au chalet, pour leurs affaires. Là-dessus, ils pourraient sans doute compter sur Sam et son pick-up. Ensuite, ils devraient rendre l'équipement du canadien et la voiture. Inutile de préciser que ledit canadien sera obligé de conduire. Puis l'arrivée de l'infirmière habituelle mit un terme a leur conversation.

Logan ne fût pas long à répliquer qu’il ne bougeait que s’il savait qu’il avait assez de place. Bon, Alexander voulait bien le croire, mais il souffrait déjà quand lui-même ne se déplaçait ne serait-ce que de quelques millimètre. Si en plus quelqu’un d’autre remuait dans son lit … il n’osait même pas imaginer la torture que ce serait. Toujours est-il que Logan décida finalement que le simple fauteuil lui suffira amplement. Un coup d’œil vers cedi fauteuil et Alexander voulut protester, histoire de faire comprendre qu’il y avait surement d’autre endroit plus confortable que ça, pour dormir. Mais il fût prit de cours par son amant. Celui-ci lui assura que ça lui suffira et qu’il n’allait pas mourir de dormir une nuit assit. Faisant une moue peu convaincu, Alexander hocha doucement la tête. Dans sa position il ne pouvait rien faire ni dire pour tenter de faire changer Logan d’avis. D’autant qu’il se heurterait à un mur plus qu’autre chose. Soit.

Le reste du temps, Alexander et Logan le passèrent à parler et à prévoir le lendemain, sans oublier de rigoler entre temps. D’ailleurs, l’infirmière habituelle vint gâcher un éclat de rire. Sur un ton strict, elle leur fît comprendre qu’il était temps d’éteindre les lumières et, après un coup d’œil sévère vers Logan, elle ajouta qu’ils avaient certes accepté qu’il restait ici, mais que s’il faisait trop de bruit et dérangeait les autres patients, elle n’aurait pas de scrupule d’appeler la police et le faire virer de l’hôpital. Le mot ‘police’ fût sans doute l’élément déclencheur. Logan hocha simplement la tête puis la secoua lorsque la porte se ferma. Alexander croisa son regard et haussa les épaules.

« Bon ben … bonne nuit ? »

Ce disant, ils s’embrassèrent une dernière fois avant que Logan n’aille rejoindre son fauteuil. Alexander l’observa encore quelques instants comment il pliait sa veste pour en faire un coussin, puis sourit et ferma les yeux. Fatigué comme il était, il était persuadé de passer une bonne nuit. Surtout avec Logan dans sa chambre. … Il ne s’était jamais autant trompé de toute sa vie.

A peine eu-t-il fermer les yeux, qu’il glissa dans le monde des cauchemars. Dans le premier il revivait sa chute mais cette chute ne s’arrêtait pas. Lorsqu’il eu l’impression dans un trou noir, ce fût la première fois qu’il rouvrit les yeux. Logan, lui, était encore paisiblement endormi. Le second cauchemar était aussi placé sous le signe d’accident de Snowboard. Sauf que là, ce n’était pas lui la victime, mais Logan. Lorsqu’il rouvrit les yeux pour la seconde fois et que son regard tomba sur le canadien toujours sur place, endormi dans le fauteuil, Alexander soupira de soulagement. Après un coup d’œil sur la montre – qui affichait maintenant 00h12- il referma les yeux. Et comme on le dit si bien … jamais deux sans trois.

Le troisième cauchemar était sans doute le pire qu’il avait connu. Il était à l’hôpital. Plus précisément dans la salle d’opération. Autour de lui se trouvait des appareils habituels. Une forte odeur métallique, de rouille et de sang violait ses narines. En tournant le regard, il voyait les scalpels et odeur ustensiles tâché de sang coagulé et rouillé. Il fût prit d’un haut le cœur. Ce malaise s’accentuait et se transformait en panique en voyant les chirurgiens. Avec leur sourire sardonique, ils discutaient entre eux. Puis, et c’est là que ça devient presque grotesque, l’un d’eux sorti une scie, l’autre une tronçonneuse qu’il alluma promptement. Tout deux éclatèrent de rire puis … lui coupèrent le pied.

Et ce qu’il y avait de plus horrible dans toute cette histoire ? Alexander pouvait très bien sentir cette douleur. Avec un cri de douleur, il s’était dressé dans son lit et agrippait la couverture tandis que les larmes forçaient le passage de ses paupières et coulaient sur ses joues. Les yeux fermés, se mordant sur la lèvre inférieure, Alexander se sentait faible de ne rien pouvoir faire contre cette putain de douleur. Ce sentiment de faiblesse s’accentuait d’avantage lorsqu’il senti la main de Logan dans son dos. Vivement, Alexander se passa le dos de sa main sur les yeux pour essuyer les larmes et dégluti.

« Putain … » ce fût tout ce qu’il dît, sans pour autant ouvrir les yeux ou lever le regard.

L'infirmière, d'un ton strict, leur annonça que c'était l'heure d'éteindre les lumières, car le kiné avait besoin de repos. Elle rajouta aussi que si Logan dérangeait les autres patients, ou quoique ce soit du genre, elle n'aurait aucun scrupule à appeler la police. Elle avait trouvé sur quel bouton appuyer, car James se raidit un instant, puis hocha la tête. Avant de soupirer doucement une fois la porte refermée. Alexander et lui se souhaitèrent bonne nuit, et après un dernier baiser, l'ancien dealer rejoignit son fauteuil. Il s'y installa confortablement et lorsqu'il jeta un coup d’œil à l'américain, celui-ci dormait déjà. Il ne fût d'ailleurs pas bien long à le rejoindre.

Logan eut un sommeil sans rêves. Un sommeil calme, paisible. Lorsqu'il se réveilla, ce fût à cause d'un cri de douleur. D'Alexander, bien évidemment. Tournant les yeux vers lui, James eut un instant d'arrêt en apercevant les larmes. Ensuite, sans perdre de temps, il se leva et s'approcha d'Alex. D'une main, il commença de lentes caresses dans son dos, tandis que le kiné essuyait rageusement ses larmes, sans pour autant ouvrir ses paupières. Le voir ainsi réussit l’exploit de fendre le cœur de Logan. Surtout que ce dernier ne pouvait rien faire pour calmer la douleur d'Alex. C'était insupportable. En plus, il avait sûrement dû faire des cauchemars. Doucement, James posa son autre main l'une de celles de l'aîné, qui étaient crispées sur la couverture. Il lui prit la main, et la caressa de son pouce. Approchant son visage, il déposa un baiser sur sa joue.

— Alex.. chut, calme-toi... murmura-t-il en le prenant dans ses bras.

Cette fois-ci, ce fût l'américain qui se retrouva contre le torse de son amant, et qui fini par s'y blottir. James le berça machinalement, avec lenteur et tendresse. Ils restèrent ainsi de longues minutes, jusqu'à ce que les larmes d'Alexander ne soient plus qu'un mauvais souvenir. IL devait sûrement se sentir faible ainsi, commandé par la douleur. Mais ça n'allait pas être l'ancien taulard qui allait le juger. Alex pouvait bien pleurer devant lui, ça n'est pas pour ça qu'il baisserait dans son estime. D'ailleurs, le blessé devait aussi être quelque peu fatigué — et bien installé —, car le canadien le sentait se relâcher petit à petit. Souriant, il l'embrassa sur le front.

— Et si tu m'faisais un peu d'place, hm.. ?

Il offrit un sourire calme en réponse au regard interrogateur et quelque peu ensommeillé d'Alex. Celui-ci se poussa néanmoins, prenant tout de même son temps pour ne pas avoir mal avec sa cheville fracturée. Après s'être mis en t-shirt, et avoir enlevé chaussures et chaussettes, Logan se glissa doucement sous la couverture. Sur le côté, il prenait le moins de place possible. Il s'excusa en voyant Alexander grimacer furtivement, puis cala sa tête sur son bras et de l'autre, attira Alex à lui. Il déposa un baiser sur sa tempe, puis lui caressa un instant la joue.

— R'pose-toi maint'nant, il est à peine 3h du mat', lui glissa-t-il dans l'oreille en posant sa main sur son torse. J'suis là ok, t'as rien à caindre.

La proximité de son Logan avait beau être rassurante, elle ne changeait rien à sa douleur et à son malaise, ni même à sa faiblesse. La main de Logan n’avait pour seul but, que celui de calmer Alexander et de lui montrer qu’il n’était pas tout à fait seul. Les paupières closes, les larmes se faisant peu à peu moindre, le kiné alla se blottir contre le torse de son amant. Cette chaleur et cette douceur avait quelque chose d’incroyablement revigorant et ressourçant. C’était sans doute grâce à cela qu’Alexander réussi à se calmer. Même la douleur s’atténua quelque peu, tandis que sa respiration se ralenti. Se passant à nouveau une main sur le visage, Alexander s’essuya les dernières larmes puis prit une profonde inspiration, tandis que Logan reprit la parole.

L’américain eu besoin d’un certain temps pour comprendre où son amant voulait en venir, la fatigue n’aidant pas réellement. Il voulait qu’il lui fasse de la place dans le lit ? Alexander hésita grandement. Se déplacer sous les couvertures accentuera à nouveau sa douleur et il n’avait pas envie de revivre à nouveau ça. Mais savoir Logan encore plus près de lui le fît se décider autrement. Alors, prenant appuie ses bras, il se déplaça vers la gauche, se mordant sur la lèvre inférieure pour ne pas crier à nouveau lorsqu’il tira sa jambe droite. Pendant ce temps, Logan se déshabilla à moitié puis, lorsqu’il jugea qu’il avait assez de place, il se glissa sous la couverture. Crispant légèrement le visage en une grimace de douleur, Alexander se mordit plus fort sur la joue avant d’expirer lentement pour faire redescendre la pression. L’instant d’après, il senti la main de son amant l’attirer contre lui. N’opposant aucune résistance, l’américain alla se blottir contre Logan et l’écouta reprendre la parole. Sur un ton doux, il lui assura qu’il n’avait rien à craindre. Alors, souriant légèrement, Alexander tourna la tête –du moins, autant qu’il le pouvait- vers son amant et lui caressa lentement l’épaule.

« Franchement Logan … » murmura-t-il « comment est-ce qu’un ancien dealer et un ancien prisonnier peut-il faire preuve d’autant de douceur, hm ? »

Il s’était déjà très souvent poser cette question, mais n’avait jamais osé la poser. Là, en l’occurrence, Alexander n’avait pas réfléchit.

Ils étaient bien installés. Alex n'avait pas l'air d'avoir mal ainsi allongé, et la proximité de Logan pouvait sans doute l'apaiser. C'était tout ce qui comptait. Lorsque le kiné prit la parole, le canadien eut un instant d'arrêt, en plongeant son regard dans le sien. Il était pris de court par sa question, mais après réflexion, elle était tout à fait légitime. C'est vrai, comment lui, ancien dealer, ancien détenu, pouvait se montrer aussi tendre ? Personne n'aurait parié là-dessus, et pourtant. Dans l'intimité, James se laissait en effet aller. Lorsqu'il appréciait quelqu'un, il pouvait être en effet protecteur. Mais là, il était en plus tendre et doux avec son amant. La raison, il ne fallait pas la chercher bien loin. Logan sourit doucement, puis rigola un peu, avant d'embrasser de nouveau Alex sur la tempe.

— C't'une bonne question ça... mais p't'être que j'suis comme ça parce que c'toi, chuchota-t-il simplement.

Avec un sourire, il observa ensuite son amant sombrer doucement dans le sommeil, visiblement plus en paix que tout à l'heure. James mit du temps à s'endormir. En fait, il n'avait plus franchement envie de dormir. Mais il resta là, sans bouger, avec Alexander tout contre lui. Lorsqu'il ouvrit de nouveau les yeux, il se rendit compte qu'il avait bel et bien dormi. Le kiné lui, était toujours tranquillement au pays des rêves. Logan eut un sourire attendri en le regardant, puis l'embrassa doucement sur la pommette. La belle au bois dormant de se réveilla pas, bougeant à peine la tête. Mais néanmoins, une esquisse de sourire s'invita sur ses lèvres. Le sourire de l'ex-dealer ne s'en agrandit que davantage.

Un regard à sa montre lui indiqua 5h24. Avec un léger soupir, il referma les yeux. Il était encore tôt, il pouvait bien rester là encore un peu. Puis un petit quelque chose se rappela à son esprit : les infirmières. Si l'une d'elles les trouvaient ainsi, déjà elles gueuleraient comme pas possible, et ça ne leur apporterait que des ennuis. Cependant, il avait encore du temps devant lui. Il resta alors quelques temps encore auprès d'Alexander. Vers 6h moins quart, James sorti de sa somnolence par la faim qui lui tenaillait l'estomac. C'est vrai qu'il n'avait rien mangé depuis... hier. Il avait avalé un petit truc en attendant le réveil d'Alex, mais rien d'autre. Il posa une main sur son ventre en entendant celui-ci protester. Ça n'était pas le moment.

Il se retint de grommeler en s’extirpant tout doucement de sous la couverture. Par chance, il ne réveilla pas son amant. Ce dernier bougea à peine, marmonna un truc dans son sommeil, puis se tût et continua sa nuit comme un bienheureux. 5h47 à la montre de Logan qui lui, était parfaitement éveillé et n'avait plus aucune envie de dormir. Sans bruits, il se rhabilla entièrement et s'empara de son porte feuille, avant de sortir discrètement de la chambre. En se retournant face au couloir, il eu un léger frisson en se rendant compte qu'il n'y avait rien de plus glauque qu'un hôpital la nuit.

Cependant, il mit bien vite cette idée de côté et se mit en recherche d'un distributeur de boisson et de grignotages. Il y avait toujours des trucs comme ça dans les hôpitaux, et c'est donc avec bonheur qu'il tomba sur un de ces distributeurs, au rez-de-chaussée. Il se prit un coca, un twix, et un kinder bueno. C'était peu, certes, mais c'était accessoirement ce qui restait et il pourrait toujours prendre un autre truc plus tard. Sur le chemin le ramenant à la chambre, il dévora le tout, et fini par siroter son coca. Et il eu le temps de se perdre. Trois fois.

Alexander le savait déjà, mais cette situation le lui confirmait à nouveau : s’endormir en sachant Logan à ses côtés, était on ne peut plus rassurant. Très vite, après que son amant lui ait répondu que la cause pour sa soudaine douceur se trouvait dans ses bras, Alexander glissa dans le monde du sommeil. Un sommeil calme et sans rêve, tout ce qu’il y avait de plus agréable. Profondément endormi, il ne remarqua que son amant se fît la mal … que lorsqu’une infirmière vint le réveiller. Alexander posa un regard autant surprit qu’endormi sur elle, avant de paniquer légèrement en ne voyant plus son amant. La femme avait surement dût voir Logan dans son lit ! C’était la seule explication possible !

Se redressant, le kiné observa la chambre d’un regard circulaire, scrutant chaque recoins dans l’espérance d’apercevoir le canadien. Mais il n’en fût rien. Tout ce qu’il vit, était le regard interrogateur de l’infirmière.

« Il est où ? » demanda vivement Alex

« Qui ça ? » voulut savoir la femme, visiblement surprise par la question de son patient.

« Mon am … ami. » répondit l’américain, sans réfléchir.

« Ah lui … je ne sais pas. Il n’y avait personne quand je suis venue. Il … » commença-t-elle avant d’écarquiller les yeux « EH ! Non mais ça ne va pas ?! » Elle s’approcha vivement et attrapa Alex par les épaules « vous restez allongé ok ? Il ne doit pas être bien loin »

Effectivement, en entendant que Logan n’était déjà pas là lorsque l’infirmière avait allumé la lumière pour le réveiller, Alexander –sans doute sous l’effet de la surprise mélangé avec une panique soudaine- s’était redresser d’avantage et avait déjà déplacé sa couverture dans le but de se lever. Heureusement, il n’avait pas eu le temps d’aller plus loin, car l’infirmière le retint. Avec un sourire confiant, elle le repoussa légèrement et l’obligea à se rallonger.

« Il va revenir, ne vous inquiétez pas » reprit-elle calmement « Et ce n’est pas en souffrant plus qu’il ne le faut que vous allez le faire revenir plus vite, hein » Elle lui tapota doucement l’épaule « allez, rallongez-vous. Votre ami est surement allez faire un tour pour se dégourdir les jambes. » Elle se redressa puis désigna le fauteuil « faut dire que passer la nuit dans un fauteuil n’est pas ce qu’il y avait de plus intelligent à faire, ni ce qu’il y a de plus confortable »

Malgré lui, Alexander ne pût s’empêcher de sourire discrètement. Oh si elle savait où Logan avait réellement dormi elle ne serait pas aussi gentille ni aussi douce. Enfin. Se résignant finalement, l’américain se rallongea, tandis que l’infirmière se dirigea vers la porte.

« Je vous rapporte le petit déjeuné dans cinq petites minutes, ok ? »

Ce disant, elle sorti de la chambre. Lorsque la porte se referma derrière elle, Alexander se passa une main sur le visage, puis sur la nuque et grimaça. Il avait l’impression que les muscles étaient encore plus contracté et qu’il avait encore moins de mobilité dans les cervicales. Avec ça, il commençait sérieusement à sentir des douleurs dans le reste de son dos. De retour à San Francisco il ira chez Dan pour qu’il lui remette tout en place. Enfin.

Lorsque la porte de la chambre s’ouvrit, Alexander tourna le regard dans cette direction et se redressa. Soupirant discrètement, il ne pût marquer sa déception de ne pas voir Logan. Putain. Mais où est-ce qu’il était cet enfoiré ?

« Surprise ! » s’exclama joyeusement l’infirmière en s’avançant pour déposer le plateau sur la table de chevet. Derrière elle se trouvait Logan. Là, Alexander ne cacha pas son soulagement et soupira longuement. « Il s’était tout simplement perdu » expliqua la jeune femme en souriant à son amant avant de reporter son attention sur Alexander « Le médecin passera dans 30 minutes. Jusque là, vous pouvez manger tranquillement. »

Ce disant, elle reparti et les laissa seul. Esquissant un léger sourire, le kiné se redressa et, ignorant la douleur, il s’installa au bord du lit. Expirant lentement, Alexander étira légèrement son dos et grimaça en entendant un craquement assez sonore au niveau vertèbres thoracales et de ses côtes. Soupirant doucement, il dégluti et lança un coup d’œil au plateau petit déjeuné. Il n’avait pas franchement faim et voir ce croissant, ces deux petits pains et cette sorte de mousse rougeâtre lui donnait plus la nausée qu’autre chose. Enfin, il allait bien être obligé de se forcer à manger, non ? Du coin de l’œil, il vît comment Logan lorgnait sur le plateau et les garnitures. Alors, attrapant un pain, le croissant, le beurre et la confiture, Alexander les posa sur le plateau vers Logan.

« Cadeau. » déclara-t-il simplement avant de se servir du café. Il en prit une gorgé et grimaça –autant parce qu’il avait du mal à reculer la tête dans la nuque que parce que ce café était dégueulasse- puis reporta son regard vers Logan « T’étais où pour te perdre ? »

L'infirmière de ce matin était bizarrement joyeuse. C'est donc un peu dérouté que Logan la regarda le héler, puis s'approcher de lui avec un grand sourire, en disant que son ami était réveillé et qu'il s'inquiétait à son sujet. James se mordit l'intérieur de la joue en se rendant compte qu'il avait traîné plus que prévu. Il aurait préféré être là quand Alex se réveillerait, comme ça, il n'aurait pas pu lui reprocher de s'être barré en douce. Enfin, il avait de bonnes excuses aussi : la faim n'attend pas. Les mains dans les poches après s'être débarrassé de ses déchets de goûté, il suivit tranquillement la jeune femme qui avait un plateau repas sur les bras. A vrai dire, c'est alors qu'il avait reconnu le couloir qu'il était tombé sur elle, donc dans tous les cas, il n'était pas loin de la chambre d'Alexander.

En entrant, l'infirmière s'exclama qu'elle apportait une surprise, et bien que Logan secoua discrètement la tête, il pu voir le soulagement nettement visible chez son amant. La jeune femme avait aussi deviné que le canadien s'était perdu. Pris en flagrant délit, il détourna la tête comme si de rien n'était. Avant de sortir, l'infirmière précisa que le médecin passerait dans trente minutes, et que le blessé avait donc le temps de manger son petit-déj'. Mais au vue de sa tête, ledit blessé n'avait pas l'air d'avoir très faim. Il se redressa et s'installa douloureusement au bord du lit, puis proposa à James le croissant et un petit pain, qui les fixait sans s'en rendre compte depuis quelques minutes déjà. Se servant du café, le kiné lui demanda alors où il était passé.

Logan vint s'installer à côté de lui sur le lit, et eu la présence d'esprit de ne pas demander de café. Vu la grimace de l'américain, ça n'était pas une bonne idée. S'emparant d'un petit pain, il le trancha au milieu, le garni de beurre et de confiture, et croqua dedans. Ça n'était peut-être pas de la grande qualité, mais ça se laissait manger. Et la faim est le meilleur des assaisonnements. Avalant sa bouchée, il pût enfin parler correctement.

— J'avais plus envie d'dormir, j'avais faim, j'avais pas envie qu'une infirmière nous chope dans l'lit, alors j'suis allé chercher un truc à bouffer, haussa-t-il simplement les épaules, il reprit une bouchée de son petit pain. J'ai pris deux trois trucs au distributeur en bas, mais ça a pas suffit.

Il soupira tout en finissant son petit pain, puis s'attaqua au croissant. Finalement ouais, ça se laissait manger. Leurs croissants étaient tout de même pas mal. Mais ils étaient quand même dans un des hôpitaux de Vancouver, et c'était une grande ville. Disons que l'ancien dealer avait connu pire comme petit-déjeuner dans un hôpital, mais soit. Mangeant son croissant en silence, il se perdit quelques minutes dans ses pensées. Lorsqu'il finit sa viennoiserie, il tourna les yeux vers Alex en se léchant machinalement les doigts.

— J'te raconte pas comment c'est glauque un couloir d'hôpital à six heures du mat'. Pis c'est un vrai labyrinthe, j'ai pas r'trouvé tout d'suite ta chambre, lâcha-t-il en maugréant.

Sur ce, quelques coups à la porte furent donnés. Tandis qu'Alexander disait d'entrer, Logan rejoignit son fauteuil. Et comme prévu, c'est le médecin qui se pointa dans l'encadrement de la porte, puis s'avança en saluant les deux hommes.

Logan ne fût pas long pour réagir. S’installant à côté d’Alexander, il attrapa le pain proposé par notre kiné, le garni et le mangea avec gourmandise. Pendant qu’il mangeait, il expliqua le pourquoi du comment il était parti en douce. Il avait plusieurs raison pour avoir agit de la sorte : la faim, la non-envie d’être découvert et le fait de ne plus réussir à dormir. Bon, Alexander jugeai ces explications comme étant légitime. Donc, acceptant silencieusement les excuses de son amant, il attrapa le couteau et coupa l’autre pain en deux avant de le garnir et mordre dedans. Pendant qu’il mangeait, Logan, lui, s’attaquait au croissant. Le reste du petit déjeuné se passa silencieusement, chacun occupé par sa propre bouffe. Puis le canadien reprit la parole.

Ce qu’il dit arracha un petit sourire à notre américain. L’hôpital à 6h du mat, Alexander connaissait ça. Et pour tout avouer, il trouvait ça on ne peut plus glauque. Et puis, il savait très bien comment se perdre dans un hôpital : ses premiers jours de stages avaient toujours été placé sous le signe de l’orientation. Enfin bref. Ouvrant la bouche, Alexander s’apprêtait à répondre quelque chose mais fût coupé par deux coups à la porte. Tandis qu’il dit d’entrer, Logan alla s’assoir sur le canapé. Au même moment, le médecin, suivit de deux autres personnes –le même groupe que la veille, donc- entra. Machinalement, Alexander se redressa.

« Bonjour Mr. Carter » lança le médecin en s’avançant vers Alex, main tendue
.
Pour toute salutation, le kiné hocha la tête et serra la main.

« Alors, vous avez passé une bonne nuit ? » demanda l’homme à l’attention de notre américain.

Ce dernier hésita grandement. S’il disait qu’il avait mal dormi à cause des douleurs, il y avait de fortes chances qu’on le garderait encore la journée, ce dont il n’avait vraiment aucune envie. S’il disait qu’il avait très bien dormi, le médecin saura qu’Alexander ment vu qu’il était quasiment impossible qu’on dorme bien après une telle chute. Enfin. Sous le regard insistant du médecin, Alexander baissa son propre regard.

« Bof, pas trop. J’ai été réveillé en pleine nuit par ma cheville » il haussa les épaules et releva le regard, souriant innocemment « enfin, je pense que c’est tout à fait normal ça, non ? »

« Effectivement. » répondit le médecin « sinon, d’autre douleur ? La nuque je pense, non ? »

Un instant, Alexander se demanda comme cet homme pouvait savoir une telle chose, avant de se rappeler les premières paroles de l’infirmière de la veille : « En plus vous devez attendre le résultat de vos radio des cervicales. » Donc, le médecin devait avoir les résultats et devait à peu près savoir ce qu’Alexander pouvait ressentir. Pas besoin donc de lui mentir sur ce coup là, non plus.

« Ouais. J’ai du mal à bouger la tête … » avoua-t-il

« C’est tout à fait normal. » avoua le médecin avant de s’approcher un peu plus de son patient « vous avez deux cervicales de bloquées dont une qui s’est légèrement déplacé. Sinon, votre dos en a prit un bon coup aussi. Là on compte en tout … deux vertèbre de déplacées dont une au niveau du thorax ce qui engendre un blocage au niveau des côtes, et une autre de bloqué, plus bas. »

Alexander grimaça légèrement. Il savait qu’il avait mal, mais pas à un tel point non plus. Enfin, sa décision était de toute façon prise : dès sont retour à San Francisco, il obligera Dan à le remettre en place. Et puis, la thérapie pour sa cheville se fera aussi dans son cabinet. Bref.

« Bon. J’imagine que vous voulez sortir aujourd’hui, pas vrai ? »

Là, l’attention d’Alexander remonta en flèche. Relevant la tête, il porta un regard intéressé sur le médecin puis hocha la tête. L’homme sourit doucement.

« Très bien. Mais vous devriez attendre 12h. Etant donné que pendant les prochaines 5 semaines vous n’aurez pas le droit de poser le pied à terre, on vous a commandé des béquilles qui n’arriveront qu’à 12h, à peu près. Sinon après. »

Alexander grimaça. Non pas de douleur, mais de dégout et désespoir. Il avait déjà souvent eu des gens en béquilles dans sa thérapie, mais jamais il n’aurait imaginé devoir un jour se déplacer lui-même avec ces trucs. Enfin, il n’avait pas le choix de toute manière. Et puis, tant qu’il pouvait sortir aujourd’hui. Il hocha donc une fois la tête.

« Je vous prescris aussi des antis-douleurs et des anti-inflammatoires. Enfin, vous aurez tous ça dans la lettre que vous pouvez récupérer à l’accueille quand vous sortirez. Ok ? »

« D’accord. » Répondit simplement l’américain avant de serrer la main au médecin.

Ce dernier, après un dernier au revoir, bon courage et toute la panoplie, s’en alla, suivi des deux autres. Alexander se demanda d’ailleurs furtivement quel rôle les deux autres avaient à jouer, mais bon. Ce n’était pas important.

« Les prochains temps vont être joyeux … » il se figea et grimaça « … à commencer par le vol du retour … »

Effectivement, Alexander n’était pas sûr que sa cheville et son dos soient trop enclins à aimer les turbulences qui risqueraient fortement d’y avoir …

Le médecin questionna Alex sur sa nuit, sur d'autres éventuelles douleurs, comme à la nuque. L'américain ne mentit pas, malgré son envie évidente de le faire pour pouvoir sortir plus vite. Le docteur expliqua ensuite au kiné ce qu'il avait à la nuque et au dos. Quelques vertèbres et une cervicale de déplacées, et d'autres bloquées. Bref, c'était pas la joie mais au moins, Alexander pouvait compter sur ses collègues pour le remettre d'aplomb.

Puis vint le sujet intéressant : la sortie. Comme ils avaient commandé des béquilles et qu'elles n'arrivaient qu'aux alentours de midi, Alex ne pourrait pas sortir avant. Le docteur lui prescrit aussi anti-douleurs et anti-inflamatoires, avant de sortir non sans avoir versé quelques bon courage et tout ce qui va avec. Une fois la porte refermée, Alex devina que les prochains temps seraient joyeux, avant de prendre en compte le vol de retour.

Logan, qui n'avait écouté la conversation que d'une oreille, revint totalement sur terre en entendant le mot vol. Il dégluti discrètement. Ayant plus ou moins zappé ça, il se dit que ça passerait comme l'allée, pour se rassurer. Parce que bon, c'était pas encore ça hein... Mais au moins pour Alex, qui lui souffrirait sûrement à chaque secousse, James devait laisser de côté sa propre peur. Pas besoin de le fatiguer encore plus avec son angoisse. Finalement, il hocha la tête.

— Ouais, ça risque d'être fun, glissa-t-il simplement puis reprit, suite à pause. J'espère pour toi comme pour moi qu'on s'tap'ra pas d'turbulences...

Sur ce, il poussa un long soupire. En effet, le voyage allait être haut en couleurs, surtout avec les béquilles d'Alex. Bon point par contre, ils n'auraient pas à traîner la planche de snowboard. Il fallait bien trouver de bons côtés, histoire de se dire que tout n'était pas tout noir. Puis Alexander lui demanda de lui passer ses fringues pour s'habiller, car il en avait marre de cette espèce de blouse d'hôpital. Et c'était tout à fait compréhensible.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard et de nombreux gémissements et grimaces, Alex était enfin habillé normalement. Il s'était débrouiller seul. Pour s'habituer. Et Logan l'avait laisser faire. Cela lui avait rappelé leur première rencontre, lorsque James avait du enlever son haut lui-même avec une épaule luxée. Là, il prenait une mini-vengeance, mais voir Alexander en pâtir ainsi et grimacer de douleur à chaque mouvement trop important de sa nuque ou de sa cheville. Pour le coup, le canadien ressentit une pointe de compassion, mais qui disparue finalement.

— Pour rentrer au chalet, on aura qu'à d'mander à Sam, vu qu'ils ont dit qu'ils r'passeraient. Pis tu pourra-

Il fut coupé par la porte de la chambre qui s'ouvrit sur une infirmière et un patient, qui avait un teint très pâle, et un peu verdâtre. Et la bassine qui fut déposée à côté de son lit n'augurait rien de bon.

Logan approuva facilement que le vol du retour sera ‘fun’, autant pour Alexander que pour lui-même. C’est vrai ça. Notre kiné avait presque oublié à quel point Logan aimait prendre l’avion. S’ils étaient deux à souffrir – l’un physiquement l’autre mentalement- ça n’allait pas le faire. Mais ils avaient encore toute la journée pour se préparer psychologiquement. Au pire Alexander se shootera aux antis-douleurs, histoire de survivre au vol. Enfin, chaque chose en son temps. Pour le moment, le kiné ne supportait plus cette espèce d’affreuse blouse qu’on lui avait refilée. Désignant son jean et son pull posé sur la chaise, il demanda à Logan de les lui donner puis entreprit de les enfilés.

Et c’était plus simple à dire qu’à faire. Alexander avait d’abord commencé par son pull, c’était plus simple. Plus simple, certes, mais pas mal douloureux. Cette nuque raide l’handicapait sérieusement. C’était horrible. Enfin, il mit seulement 5 minutes à enfiler ce maudit pull. Maintenant, son regard passait de son jeans à ce qui lui servait de pied droit puis de nouveau à son jeans puis vers Logan. Ce dernier le fixait d’un aire de dire « débrouille-toi comme tu peux, mais compte pas sur moi pour t’aider ». Alexander soupira doucement. Bon, il n’avait pas été plus tendre, lui, lors de sa première rencontre avec Logan. Mais soit. Attrapant le pantalon, il l’observa longuement, tout en réfléchissant au meilleur moyen de l’enfiler.

Finalement, au bout de 20 minutes, une bonne centaine d’injures et autant de grimace et gémissement de douleur, Alexander fût habillé. Il était entrain de prendre de profondes inspirations pour se calmer, lorsque Logan reprit la parole. Il eut seulement le temps de dire qu’ils pourront compter sur Sam et son pickup pour rentrer au chalet, avant d’être coupé par la porte qui s’ouvrit. Apparu une infirmière avec un patient qui n’avait pas l’air dans son assiette. L’homme s’assit sur le lit et la femme déposa une bassine à ses pieds.

Après l’avoir observé rapidement, Alexander reporta son attention sur Logan.

« J’crois qu’on pas tarder à y aller … » murmura-t-il

Il eu à peine fini de parler que le tout se produisit. Un gémissement suivit d’un haut le cœur plus tard et Alexander entendit le bruit de gorge caractéristique et tellement insupportable. Fermant les yeux, grimaçant, le kiné se détourna en soupira discrètement. Il avait beau se concentrer sur autre chose, les bruit derrière lui, lui donnait envie de rendre lui-même son petit déjeuné. Finalement, l’autre patient arrêta. Expirant lentement, Alexander ouvrit un œil … qu’il referma instantanément lorsque le compagnon de chambre reprit de plus belle.

« Putain Logan … on s’barre » souffla-t-il

En plus des bruits ignobles, il y avait maintenant l’odeur qui s’y ajouta. Et ça c’était tout bonnement insupportable. Aussi, il n’eut pas besoin de le dire une deuxième fois. Rapidement, comme si c’était la seule chose qu’il attendait, Logan se leva et s’avança vers Alexander. Celui-ci se leva et, soutenu par son amant, se dirigea vers la porte.
Et finalement, la porte se referma derrière eux. Soupirant lourdement, Alexander s’appuya contre le mur et se passa une main sur le visage puis dans les cheveux avant de frissonner violement.

« Tu peux pas savoir à quel point ça me répugne, ça … » son visage se tordit en une grimace de dégout avant qu’il ne rouvre les yeux et s’accroche de nouveau à Logan « hors de question que je retourne là-dedans » il avisa deux chaises dans le couloir « on attend ici, ok ? »

A peine Alexander eut-il finit de dire qu'ils devraient sortir que le nouvel arrivant décida de rendre le contenu de son estomac, avec bande son écœurante. Rien de bien sympathique donc. Logan se passa une main sur le front en se retenant de soupirer fortement. La rue et la prison l'avaient rodé à pas mal de choses, dont les vomissements. Mais ça n'empêchait pas que c'était très désagréable. Aussi, lorsque Alexander voulu s'en aller, James l'y aida volontiers. Soutenant son amant pour permettre de se déplacer, l'ancien dealer referma enfin la porte, non sans un certain soulagement. Avec un violent frisson, le kiné lui fit part de son dégoût profond pour ce truc-là, avant de remarquer deux chaises et de préciser qu'il ne voulait pas retourner dans la chambre.

Logan acquiesça simplement, et se dirigea à la vitesse d’Alex vers les deux chaises. Ils s'y assirent tout deux, et purent ainsi voir une infirmière entrer dans la chambre, en ressortir, et y rentrer de nouveau avec apparemment quelques médoc'. Le tout sans même faire attention au blessé qui n'était plus dans son lit. Ce qui n'était pas plus mal. Après quelques instants de silence, James posa finalement ses yeux sur l'américain. Il l'observa encore un instant, avant de parler.

— T'as vraiment pas d'bol toi, d'jà qu't'aime pas les hosto, faut qu'en plus l'gars dans ta chambre ai la gerbe. Tu dois être maudit.

Il afficha un sourire devant l'air entendu et quelque peu dépité de l'aîné. Pour quelqu'un qui supporte pas les hôpitaux, il avait du y passer la nuit, et maintenant il était passé à deux doigts de devoir supporter les haut-le-cœur d'un autre patient. Bref, c'était joyeux. Le regard attiré naturellement sur les douces lèvres du kiné, Logan eut envie de s'y pencher, histoire de les ravir un court instant. Cherchant aux alentours une quelconque vie humaine, il eut un petit sourire en remarquant qu'ils n'y avait personne. Alors, reportant son attention sur Alexander, il lui sourit furtivement, avant de lier leurs lèvres. De ça aussi, il en avait faim. C'était une douceur incomparable qui plus est.

Mais lieu de passage oblige, ils durent se séparer rapidement. Et synchro oblige, l'infirmière sortit à ce moment-là de la chambre. Logan la regarda passer distraitement, comme si de rien n'était. Il n'empêche que, pour faire un métier pareil, fallait en avoir dans les tripes. Bref ; c'est aux alentours de 11h35 à la montre du canadien que Sam et toute la clique débarquèrent.

Logan avait, encore une fois, raison. Tellement raison. Alexander devait être maudit. Ouais, c’était ça le mot juste. Maudit. Maudit que la vie ai choisi de faire la salope avec lui, maudit d’avoir dût passer la nuit à l’hôpital et enfin maudit qu’il se retrouve dans la même chambre qu’un mec qui vomit ses tripes. Enfin. Alexander avait voulut répondre quelque chose, mais il fût coupé les douces lèvres de son Logan. Instantanément, le couloir, aux mûrs grisâtres, disparu, ne laissant place qu’à une mer d’extrême bonheur.

Bonheur qui fût bien trop court. Le couloir fût très vite à nouveau assaillit de gens. Des infirmières qui couraient, des médecins qui discutaient, des patients qui déambulaient. Bref, ils ne furent pas tranquilles. D’autant que l’inconfort de la chaise se faisait très vite sentir. Alexander avait un besoin constant de changer de position. Sauf que changement de position rimait avec douleur. Le kiné prit donc nettement sur lui, avant de lancer un coup d’œil à Logan. Ils engagèrent rapidement une discussion ce qui lui permit d’oublier un peu sa situation.

« Eh l’cascadeur ! »

Cette voix. Bien qu’il ne la connaisse que depuis 2 jours, Alexander la reconnaitrait entre mille. Se tournant vers la direction d’où ladite voix provenait, il remarqua Jill qui devançait le groupe habituel. Son sourire éternel était rayonnant et se voyait déjà au loin. L’américain ne pût s’empêcher de soupirer doucement : comment un être humain pouvait-il être constamment de bonne humeur ? C’était un mystère. Mais soit. Poli, Alexander répondit à son sourire et salua le reste du groupe.

« Qu’est-ce que vous faites ici ? » demanda Sam en fronçant les sourcils, après avoir regardé vers la porte.

« On fuit Vomito » répondit Alex avant de lancer un coup d’œil vers la montre du couloir « Et on attend qu’on me donne le feu vert pour pouvoir me barrer d’ici. »

Là, ce fût Sara qui fronça les sourcils, le regardant avec incompréhension.

« Feu vert ? » reprit-elle, curieuse de savoir ce qu’Alexander entendait par là.

Ce dernier soupira doucement et dévia le regard.

« Vu qu’j’ai pas le droit de poser le pied à terre pendant les 5 semaines à venir, l’hôpital a commandé des béquilles qui n’arrivent qu’à midi, sinon après. »

« Vois le bon côté des choses : t'as perdu une patte et t'en a gagné deux ! » s’exclama Jill avec un sourire encore plus grand.

Logan, évidement, se mit à rire tout de suite. Mais Alexander n’avait vraiment aucune envie de recommencer ce jeu. Alors, au lieu de répliquer par la parole, il fronça les sourcils et, mâchoire serrée, la fusilla du regard.

« Ta gueule, Ok ? Commence pas. » Dit-il d’un ton froid et cassant.

Sans doute autant étonné par la réaction d’Alex que par son ton, Jill fît un pas en arrière et baissa le regard. Sam et Sara échangèrent un regard étonné mais eurent la présence d’esprit de ne rien dire. Et heureusement pour eux car Alexander n’était, aujourd’hui, vraiment pas d’humeur à vouloir rigoler ou quoique ce soit dans ce genre. Le baiser de Logan et l’intéressante discussion qui avait suivit avaient, certes, réussi à lui faire oublié ce pourquoi il était assit ici. Fait est que, la venue du groupe, lui rappelait toutes ces choses comme une baffe dans la gueule.

5 semaines en béquilles, 4 mois sans sport. 6 semaines sans pouvoir bouger correctement ni faire correctement son boulot. Bref. Life is a bitch.

Jill était constamment de bonne humeur. C'était parfois drôle, parfois horriblement chiant. Pour le coup, ça n'était ni l'un ni l'autre lorsqu'elle affubla ce cher Alex du surnom de "cascadeur". Sam quant à lui, ramena un tant soit peu de sérieux en demandant pourquoi ils n'étaient pas dans la chambre. Le kiné se chargea de répondre, et la conversation se poursuivit sur les deux béquilles qu'il attendait pour avoir le droit de sortir.

Et là, Jill balança une réplique du tac-o-tac. Logan ne pût que rigoler, de même que Sara et Sam qui n'avaient rien vu venir. Mais la réaction d'Alex fût elle aussi étonnante. Froid et cassant, il surprit d'autant par son expression faciale que par ses mots. Sam et Sara eurent la bonne idée de ne rien dire et Jill se tût, dépassée par la réaction qu'elle avait provoqué sans le vouloir. Cessant de rire, James ne perdit en tout cas pas son temps pour remettre Alexander à sa place. Un vrai gamin celui-là, aux humeurs très changeantes. Mais il était blessé, affaibli, ce dernier point était donc plutôt compréhensible.

— Hé Alex, lâcha-t-il sèchement en lui posant une main sur l'épaule et en captant son regard. Pas b'soin de t'énerver comme ça, elle y peut rien pour les béquilles, alors passe pas tes nerfs sur elle.

Le Logan ferme mais pas méchant était de retour. Il n'était pas à proprement parler en train de défendre la jeune femme, c'était plutôt que l'américain avait été parfaitement injuste. Certes, Jill aurait pu éviter une telle remarque. Mais ça n'était pas une raison pour déverser sa colère sur elle. L'ancien dealer fût quelque part étonné de voir à quel point Alex était désormais tendu, alors que tout allait bien avant l'arrivée du groupe. Il garda un instant son regard rivé sur le sien, pour lui faire comprendre de se calmer, avant de détourner les yeux vers Jill et les autres.

Un silence s'installa deux secondes, puis une conversation partie sur l'initiative de Sara. Logan en profita pour demander à Sam s'il pouvait les ramener au chalet, ce qu'il accepta tout naturellement. Jill resta en retrait un moment, puis s'intégra finalement à la conversation, lançant deux trois regards d'excuses à alex et évitant soigneseument de déchaîner à nouveau sa colère. Une infirmière arriva soudainement avec une paire de béquilles, tel un nija surgissant de l'ombre. Regardant sa montre, Logan pût remarquer qu'il était 11h58.

— Monsieur Carter ! Voici pour vous !

Alexander avait sur réagi. Il en avait bien conscience. Lorsque Logan lui intima fermement de se calmer et de na pas passer ses nerfs sur la pauvre Jill, le kiné fût tenté de répondre qu’elle l’avait cherché … mais il se ferait encore traiter de gamin par son amant. Et effectivement, ce genre de réponse était qualifiable de ‘puéril’. Bref, Alexander choisi de se taire, mais ne s’excusa pas non plus au près de Jill. C’est vrai, mine de rien, c’est elle qui lui devait des excuses. Enfin. Ignorant la conversation qui se déroulait entre eux, l’américain croisa les bras et détourna le regard. Non, il ne faisait pas la tête. Il n’avait juste pas envie de s’immiscer dans une conversation qui ne le concernait que partiellement.

Ce fût une infirmière qui le sorti de ses pensées. Avec un sourire, elle lui tendit les deux béquilles … qu’Alexander se contenta d’observer. Longuement. Très longuement. Comme s’il hésitait à les accepté. Mais finalement, soupirant, il décroisa les bras et, se redressant, les prit en main. Elles étaient étonnement légères. Etait-ce une bonne chose ? Il n’en savait foutrement rien. Tout ce qu’il savait que ça le faisait déjà chier. Enfin. Hochant la tête, souriant poliment, il remercia la jeune femme.

« Et, avant que je ne l’oublie » Elle lui tendit une grande enveloppe jaune « là-dedans se trouve tout ce que vous avez besoin … ou pas » elle sourit doucement avant de redevenir sérieuse « enfin, y a vos radios, quelques conseils et l’ordonnances pour vos médicaments. » Puis elle lui tendit une autre feuille « Finalement j’aimerais avoir un autographe ici … »

Alexander attrapa distraitement le stylo et lut en diagonal ce qu’il y avait écrit sur la feuille avant de signer le fait que, dès à présent, c’était à ses risques et périls quand il sera dehors. L’infirmière lui offrit un charmant sourire et lui tendit la main.

« Bon courage pour la suite »

L’américain, toujours en silence, lui attrapa la main, la serra furtivement puis l’observa partir, soupirant, avant de baisser à nouveau le regard sur les béquilles puis l’enveloppe puis sur Logan.

« J’te donne les béquilles, j’garde l’enveloppe, deal ? » demanda-t-il au canadien.

Vivement, ce dernier s’empara de l’enveloppe et se leva. Avec une moue, Alexander l’observa avant de soupirer, pour la centième fois aujourd’hui. Enfin. Prenant finalement sur lui-même, il prit appuie sur les béquilles et se leva. Une fois debout, il eu besoin d’un certain temps pour s’habituer et trouver son équilibre. Il en profita d’ailleurs pour se remémorer ce qu’il avait apprit lors de sa formation, ce à quoi il fallait attention, ce qu’il fallait faire ou pas faire.

Relevant finalement le regard, il remarqua que le groupe l’observait avec une certaine attention. Grimaçant, il prit la parole.

« Ça va, ça va, je ne suis pas handicapé à ce point non plus hein » il désigna la sortie « Allez, on sort d’ici. Et vite »

Ce disant, il se mit en route. Et ce de manière très incertaine et très peu sûre. Ouh, ça allait vraiment être un plaisir …

L'infirmière fournit, outre une paire de béquilles, une grande enveloppe jaune contenant les radios, l'ordonnance, et deux ou trois autres papiers. Après avoir souhaité bon courage à l'américain, qui regardait les béquilles comme on regarde quelque chose qui concourt forcément à notre perte, la jeune femme partit vers d'autres patients. A présent, Alex était libre par la petite signature qu'il avait du donner de sortir de l'hôpital, à ses risques et périls. Il tenta bien de garder l'enveloppe contre les béquilles, mais Logan s'empara de la première sans répliquer. Avant de se lever.

Le kiné l'imita après un fort soupir. Son équilibre n'était pas assuré, et il prit son temps pour le trouver totalement. Naturellement, tous les regards s'étaient tournés vers lui. Aussitôt, il argua qu'il n'était pas handicapé à ce point et désigna la sortie avant de s'y diriger. C'était lent, c'était bancal, c'était on ne peut plus aléatoire. C'était la manière dont Alexander se débrouillait avec ses béquilles. James restait le plus possible à son niveau, de même que Sara d'ailleurs, qui paraissait soucieuse à son propos. On aurait presque dit qu'elle le plaignait de toute son âme.

La marche jusqu'à l'extérieur fût longue. Très longue. Et silencieuse. Chaque seconde passait au son des béquilles sur le sol. C'était infiniment rébarbatif. Une fois dehors par contre — vestes enfilées bien sûr, parce que James avait eu la présence d'esprit d'aller récupérer leurs affaires —, la partie allait gagner en niveau de difficulté. Si déjà l'américain avait du mal en intérieur, avec la neige et le verglas visible par endroits, cela allait être d'autant plus dur.

— Je vais avancer la voiture, attendez moi là-bas, proposa Sam en indiquant un endroit où il pourrait venir les chercher.

Quelle bonne idée, cela évitait au blessé de devoir parcourir tout le parking pour rejoindre le pick-up. Il avait toujours un bout de chemin à faire, mais c'était toujours moins. Ainsi, Sam accompagné de Jill se rendirent au véhicule. Pendant ce temps, les trois autres rejoignirent le point de rendez-vous. En quelques mètres, une des béquilles d'Alex voulu se faire la malle discrètement grâce à une plaque de gel. Heureusement, Logan eut les réflexes immédiats pour le soutenir et l'empêcher de se rétamé. Expirant doucement, il attendit que le kiné soit de nouveau stable. Bien qu'il ne lui lâcha pas tout de suite le bras.

— Tu veux r'tourner à l'hosto ou quoi ? railla-t-il avec un sourire en coin, sans méchanceté, avant de se faire plus doux. Fais gaffe hein.

James ne serait pas toujours là pour le rattraper. Sara, qui avait perçu l'échange, eut un regard quelque peu étrange vis-à-vis des deux hommes mais ne dit rien. Deux minutes plus tard et le pick-up était garé à l'endroit prévu. Alexander prit bien son temps pour monter sans se cogner le plâtre, mais ce fût vain. Sans attendre, Sara proposa de se rendre directement à la pharmacie. Puis Logan referma la porte, et Sam démarra.

Horrible. Chiant. Laborieux. Bancal. Enervant. Voilà 5 des nombreux adjectifs que l’ont pourrait utiliser pour décrire la ‘marche’ d’Alexander jusqu’à la sortie. Enfin on ne pouvait vraiment pas parler de marche là. Ce n’était pas tant un problème de coordination –avec le karaté et le snowboard, Alexander avait de la coordination à souhait. Non, c’était plutôt un problème ... d’équilibre ? D’habitude ? Sans doute que le manque d’habitude engendrait un manque d’équilibre. Enfin bref. Toujours est-il que finalement, il atteignit la sortie sans trop de casse. Par contre après avoir enfilé sa veste et être sorti dans le froid mordant, Alexander sût que les choses allaient se corser.

Placé là où il était, il avait une vue d’ensemble sur le parking. Et ce qu’il vit le fît grimacer de douleur à l’avance. Une bonne grosse couche de nouvelle neige recouvrait le parking. Par endroit, la boue du dégèle avait formé des plaques de verglas à cause du regèle. Et le comble de tout ça ? Alexander avisa le pickup orange de Sam tout au bout du parking. Une moue de désespoir se forma sur son visage. Il allait devoir traverser tout ça. Il allait devoir déjouer tous les pièges et … finalement non. Sam, après lui avoir lancé un coup d’œil, décida d’aller chercher la voiture. Silencieusement, comme à son habitude, Alexander le remercia d’un hochement de tête et observa comment Jill et Sam s’en allèrent, d’une démarche sûre.

Puis, ce fût au tour de Logan, Sara et Alex de remettre en route. Ils eurent à peine fait quelques mètres, que le tout se corsa : une de ses béquilles échappa à tout contrôle –contrôle déjà fort aléatoire jusque là. Instantanément, Alexander fût déséquilibré. La première pensée qui lui vint était de ne pas se rattraper en posant le pied à terre, au risque de devoir faire demi-tour. La seconde pensée était qu’il se voyait déjà au sol, mâchoire éclaté, entrain de crever de douleur.

Heureusement, rien de tout cela n’arriva. Avant même que sa béquille gauche ne tombe à terre, il senti un bras fort le retenir dans le dos, tandis qu’une forte poigne lui agrippa le bras. Levant le regard, Alexander remarqua la proximité de Logan. Putain, s’il n’avait pas été là … Soupirant lourdement, le kiné se redressa et fût reconnaissant que son amant ne le relâche pas tout de suite. Ce fût avec un léger sourire en coin qu’Alexander répondit à la raillerie du plus jeune.

« Au moins je n’aurais pas à attendre longtemps pour me shooter aux antis-douleurs … » souffla-t-il pour lui-même en reprenant sa béquille en main, avant de rejoindre les autres.

La montée dans le pickup était une chose simple. Tu parles ! Ce plâtre lourd et encombrant eu la charmante idée d’aller se cogner contre la carrosserie du véhicule, ce qui eu pour effet un cri de douleur étouffé de la part d’Alexander. En plus de ça, il eu besoin de bien cinq minutes avant que la douleur ne s’atténue pour ensuite se mettre correctement assit. Une fois ceinture attaché et la porte refermé, Sam démarra. Suite à l’excellente proposition très réfléchie de la part de Sara, le chauffeur roula jusqu’à la pharmacie. Après avoir demandé l’ordonnance à Logan, il s’engouffra dans la pharmacie et en ressorti quelque temps plus tard avec un sachet qu’il tendit à Alex, avant de s’installer au volant et démarrer de nouveau.

Le reste n’est pas ce qu’il y a de plus intéressant. A part les secousses, dues à la vieillesse et la raideur des amortisseurs de la voiture ainsi qu’aux nombreux nids de poules, que le dos et la cheville d’Alexander supportaient mal, il n’y a rien de bien palpitant à leur route de retour. Après que le groupe leur ait souhaité un bon voyage, qu’ils aient échangé leur coordonné, dès fois que le kiné et l’ancien taulard reviennent au Canada et que Jill se soit enfin excusé, ils repartirent.

Une vingtaine de minutes plus tard, Alexander était maintenant assit sur le canapé entrain de contemplé avec un mélange de douleur, de peine et de dégout, son pied droit posé sur la table basse. Après un énième soupire, un verre d’eau apparu dans son champ de vision. Se tournant légèrement, il vît Logan qui tenait dans son autre main deux cachets d’antis-douleurs. C’est vrai qu’il y avait ces médicaments. Alexander les avait presque oubliés.

« Tu penses vraiment à tout hein … ? » sourit-il en se redressant avant d’avaler les deux cachets avec l’eau et reposer le verre sur la table.

Pendant ce temps, Logan s’était installé à ses côtés. Alors, au lieu de reculer à nouveau sa tête contre le dossier, Alexander le laissa lentement glisser vers son amant et posa son tête contre son épaule.

« Désolé d’avoir gâché ce week-end … » souffla-t-il en fermant les yeux, luttant à nouveau contre les larmes de désespoirs.

Après un détour par la pharmacie, ils arrivèrent au chalet. Le petit groupe souhaita un bon retour à James et Alex. Ils échangèrent leurs coordonnées, dans la possibilité d'un futur nouveau week-end, puis Sam, Sara et Jill repartirent. Et cette dernière eut même le temps de présenter des excuses au kiné. Puis, tant bien que mal, celui-ci rentra dans la maison, suivi de Logan. Le froid était bien plus mordant ici, alors inutile de préciser qu'il y avait plus de neige, et donc de chance pour Alexander de se vautrer.

Vingt minutes plus tard, et l'américain était installé dans le canapé, contemplant avec dépit son plâtre posé sur la table basse. Logan lui tendit alors un verre d'eau ainsi que deux cachets d'anti-douleurs, rompant sa méditation dépressive. Il s'assit alors à ses côtés pendant qu'il avalait les médicaments à coup de gorgées d'eau. Reposant le verre sur la table, Alex fit remarquer que James pensait à tout. Celui-ci ne pût s'empêcher de sourire en coin. C'était, à quelques mots près, ce que lui-même lui avait dit lorsqu'il lui avait offert les lunettes avant le départ. Ironie de la vie ? Sûrement.

L'américain se laissa ensuite glisser pour appuyer sa tête contre l'épaule de son amant. Fermant fort les yeux, refoulant des larmes malvenues, il souffla qu'il était désolé d'avoir gâché leur week-end. Logan eut un léger soupire, souriant néanmoins, avant de passer son bras autour des épaules de l'aîné. Il serra alors contre lui, fermant lui aussi les yeux et posant sa tête contre la sienne.

— J't'interdis d'dire ça, ok.. ? rétorqua-t-il doucement. C'pas à cause d'une fracture que c'week-end va être gâché, sérieux... l'reste vaut cent fois plus.

Suite à une pause de quelques secondes, il rouvrit les yeux, et embrassa l'américain sur le sommet du crâne. Soit dit en passant, Logan se demandait encore comment ses cheveux pouvaient être aussi doux. Il s'imprégna un instant du parfum qui s'en dégageait, puis chercha un contact visuel qu'il obtint sans grandes difficultés. Un petit "hé", un geste de sa main libre pour lui relever la tête, et le tour était joué. Une fois le regard de l'aîné capté, le canadien lui offrit un sourire rassurant.

— Ce week-end est l'une des meilleurs choses qui m'soient arrivé dans ma vie, alors pense pas qu'il est gâché par une nuit à l'hosto, laissa-t-il échapper en posant son front contre le sien, avant de baisser d'un ton. On était ensemble non ? C'tout c'qui compte.

Sur ce, Logan scella leurs lèvres dans un besoin irrépressible de sentir Alex là, tout proche. Et pour lui faire savoir que lui aussi était là.

Cet homme avait le don de rendre chaque instants irrésistible. Même les pires moments il réussissait à les égaie. Et encore une fois, Alexander se demandait comment c´était possible qu´un ancien détenu pouvait avoir ce don. Enfin. Il profita de la chaleur des caresses et des mots de son amant. Celui-ci lui assura que même cette nuit à l´hôpital n´avait pas réussi à gâcher ce week-end à deux. Ensemble. Finalement, Alexander avait encore une fois tord. Certes, le week-end c´était soldé avec une fracture et quelques vertèbres de bloqué, mais à quoi bon se morfondre?

Il y avait tout de même eu tellement plus de bons moments. La première descente, les premières chutes, les premiers fous rire, la bataille de boule de neige et même le début de leur hors piste. Mais surtout, surtout, il y avait eu cette nuit de pure allégresse. Cette nuit inoubliable pendant laquelle chacun d´eux avait laissé libre court à leurs pulsions et à leurs désirs. Finalement, Alexander ne regrettait rien. Les 6 prochaines semaines et les mois qui suivront seront sans doute insupportables, mais ce week-end en sera d´autant plus inoubliable. Alors, répondant avant délice au baiser, Alexander oublia ce qui le tracassait, avant de rompre l´alliance de leurs lèvres et se blottir d´avantage contre son bien aimé.

"T´as raison ..." souffla-t-il en caressant distraitement le torse du canadien "t´as toujours eu raison ...depuis hier" il sourit doucement et ferma les yeux, expirant lentement "Faut qu´t´arrête un peu d´avoir le dernier mot. C´est mon rôle ça."

Son sourire s´agrandit d´avantage, se fît plus franc. Logan était celui sur qui il pouvait compter. Mais ce sera aussi celui qui devra pâtir de la mauvaise humeur du plus âgé. Rien que cette pensée engendra la disparition du sourire, faisant place à une légère grimace. C´est vrai. Alexander avait toujours été du genre turbulent, à ne pas pouvoir rester sur place. Se dépenser en sport de tout genre avait réussi à le canaliser et à le calmer.

"D´ailleurs, je m´excuse déjà pour les prochains temps pendant lesquels je risque d´être très peu supportable" il se redressa légèrement et leva le regard vers Logan "je compte sur toi pour me remettre en place avant que ça ne dégénère, ok?" Il intensifia son regard puis embrassa furtivement son amant "mais évite de me casser l´autre pied, ok ...?"

Alexander réafficha un sourire. Mais un sourire plus doux et malicieux.

Alex ne se fit pas prier pour répondre au baiser puis, quelques instants plus tard, ce fût lui qui rompit le lien pour aller se blottir d'avantage contre Logan. Ce dernier trouvait toujours les mots pour le rassurer, pour l'apaiser. Et il n'y avait qu'avec lui que James pouvait se vanter d'avoir ce don, car en d'autres circonstances, il ne saurait quoi dire ou faire. Faire preuve de compassion n'entrait pas vraiment dans son champs d'action. Mais ça marchait avec l'américain, qui avouait qu'il avait encore raison, comme à chaque fois depuis hier, et d'ajouter que c'était son rôle ça.

Logan eut un léger éclat de rire. En tout les cas, Alexander lui avait le chic pour toujours remonter la pente plus vite que son ombre avec une petite phrase dont lui seul avait le secret. Et le sourire du kiné s'agrandit aussi du même coup, avant de se transformer un peu en grimace lorsqu'il s'excusa d'avance pour les prochains temps, durant lesquels il sera sûrement insupportable. James se fit ensuite embrasser, tout en entendant qu'il ne devait pas casser l'autre pied du kiné, même s'il devait le remettre à sa place. L'ancien dealer eut un sourire amusé, il n'allait pas être sévère à ce point, mais qu'Alex fasse la remarque était marrant.

— J'essaierais d'éviter, t'en fais pas, assura-t-il en lui rendant son sourire.

En effet, les prochaines semaines seraient sûrement longues et placées sous le signe de la mauvaise humeur. L'ancien taulard n'était ce qu'il y avait de plus compréhensif et si Alexander lui pétait un câble dessus pour cause de surtension, c'était sûr qu'il ne se gênerait pas pour le remettre à sa place. Voir même, ils arriveraient à s'engueuler comme des chiffonniers pour ensuite se demander pourquoi ils se disputaient.

— Mais toi, t'essaiera de t'souvenir de pas trop pousser l'bouchon hein, j'risque de pas être aussi indulgent qu'ça. Pis sinon j't'trouve où tes parents habitent, j'te fous chez eux, et j'reviens t'chercher deux s'maines plus tard. J'sais pas encore comment, mais j'vais bien m'débrouiller si j'arrive plus à t'supporter.

James savait bien comment lui-même fonctionnait ; être face à un type qui lui cassait les pieds — peut importe ledit type —, engendrait souvent chez lui de fortes réactions. Claires, nettes, précises, et parfois musclées. Ainsi, avec Alex, il risquait de dire des choses qu'il ne pensait absolument pas sans même s'en rendre compte sur le coup.

Sa première déclaration engendra un éclat de rire chez son amant. Rire qui ravit grandement Alexander. Depuis leur première rencontre, les rires de Logan ne le laissait pas indifférent. Peut-être était-ce parce que notre kiné ne connaissait que partiellement le passé de son amant mais qu´il avait très franchement l´impression que Logan n´avait pas dût rire souvent dans sa vie passée. L´entendre rigoler joyeusement faisait vraiment chaud au cœur. Enfin.

La première déclaration de Logan eu l´effet d´agrandir le sourire sur les lèvres du plus âgé. Non pas qu´il croyait Logan réellement capable de lui casser le deuxième pied. Si finalement le canadien le faisait, alors Alexander sera encore plus insupportable. Bon, ok, y aura toujours encore bien 200 os à casser, mais Logan ne voulait pas non plus le tuer, non? Bref.

Ce fût la dernière prise de paroles de son amant qui jeta un froid sur sa bonne humeur. Ses parents. Lorsque Logan menaça de foutre Alexander chez eux, le temps qu´il se calme, ce dernier dévia brusquement le regard, tandis que son sourire disparu. Déglutissant, il se mordit légèrement sur la lèvre inférieure et senti comment, malgré lui, sa main gauche se referma légèrement sur le t-shirt de Logan. Ce dernier n´avait déclarer cela que pour rire, c´était sûr et certain. Alexander n´avait pas le droit de lui en vouloir. Mais il se devait de mettre les choses au clair.

"Aux dernières nouvelles ils habitent à Washington" Il desserra son emprise sur le haut de son amant "après, ils peuvent très bien avoir déménagé à San Francisco sans que je ne le sache" Il soupira doucement "J´ai plus de nouvelles d´eux depuis ... depuis bien 5 ans." Il se redressa et se mit à nouveau assit correctement, grimaçant douloureusement en déplaçant son pied sur la table ... avant de s´immobiliser "quoique ... non ! La dernière fois que mon père m´a appelé c´était quand on était au cinéma, le lendemain." Il baissa à nouveau le regard puis sourit, ironiquement "Je ne sais plus trop ce qu´il a dit, mais ce devait être un truc du genre qu´il regrettait de ne pas avoir utiliser de préservatif 9 mois avant ma naissance" Alexander se tut, laissant le silence s´installer, puis reprit au bout de quelques instants "J´ai jamais été proche de lui, mais ... " il grimaça "ce n´est pas ce qu´il y a de plus plaisant à entendre ... Et ma mère s´en fout complètement. En 5 ans elle n´a jamais chercher à me joindre ou quoique ce soit ..."

Mais ... pourquoi est-ce qu´il racontait ces choses à Logan? Ces choses de sa vie qui n´étaient finalement que de futiles et inutiles détails. Sa vie était parfaite. A part quelques fautes dans son adolescence, Alexander avait toujours tout eu. Et puis, il se plaignait un peu là, non? Et se plaindre à un ancien taulard n´était pas ce qu´il y avait de plus intelligent à faire. Mais bon.

Même si Logan avait parler des parents d'Alex sur le ton de la plaisanterie, cette référence jeta un froid. Il sentit la main de son amant se crisper, et perdit son sourire en voyant son expression. Il n'aurait jamais pensé que quelque chose n'allait pas avec les parents du kiné. En même temps, il n'y avait jamais fait allusion. Ni l'un ni l'autre n'avait jamais vraiment parlé de leur passé — surtout l'ancien dealer d'ailleurs, alors cette gaffe devait bien arriver à un moment ou à un autre. Et là, c'est James qui se sentit quelque peu mal à l'aise.

L'américain expliqua alors qu'il n'avait plus de nouvelles de ses parents. Depuis presque cinq ans. Se remettant correctement assis, il se corrigea. Le dernier appel de son père datait en fait le lendemain de leur sortie cinéma. Et Logan comprit enfin le brusque changement de comportement d'Alex et leurs au revoir précipités, une fois que celui-ci ait ajouté que son père lui avait fait comprendre tout le bien qu'il pensait de lui. Ironie. Il laissa un court silence s'installer, puis reprit. il n'avait jamais était très proche avec son père, mais de telles paroles font quand même mal, d'autant que sa mère n'en aurait apparemment rien à faire, puisqu'elle n'avait jamais cherché à le joindre en cinq ans.

Le canadien s'était tût tout le long. Et son état émotionnel s'était dégradé au fur et à mesure. Bien qu'il se demandait qu'est-ce qui avait poussé l'aîné à lui raconter tout ça de but en blanc, ça n'était finalement pas plus mal d'avoir mis les choses à plat et ça n'était donc pas la principale question. En fait, Logan ressentait quelque chose de particulièrement confus. D'un côté, ça lui rappelait un peu son propre père, donc il ne pouvait qu'être désolé pour Alex. D'un autre côté, ce dernier se plaignait, alors qu'il pouvait encore parler à ses parents, donc James avait plus envie de lui secouer les puces. Et encore d'un autre côté, il l'enviait parce que lui avait encore une famille, mais ne le comprenait pas car il ne parlait plus à ses parents.

Au final, c'était plutôt une colère froide qui dominait. Couplée à une incompréhension totale. Son regard s'était fixé sur un point vague devant lui, et il avait fini par enlever son bras des épaules d'Alexander vers la fin de son petit monologue. Tout en expirant profondément, James se pencha vers l'avant, positionnant ses coudes sur ses genoux, et se posa ses paumes sur ses tempes. Il tenta de refouler les images de ses propres parents, et essaya aussi de faire comprendre sa pensée sans brusquer l'autre. Après un silence cotonneux mais inconfortable, il soupira brièvement en s'ébouriffant les cheveux, avant de tourner un peu la tête pour jeter un regard en coin au kiné.

— Arrête de t'plaindre, j'parie qu't'as eu une enfance heureuse, avec plus ou moins tout c'que t'as voulu n'est-ce pas ? Alors s'tu veux te réconcilier avec tes vieux, appelle-les, parle leur, va les voir, mais reste pas planté là.

Son ton s'était sans doute fait trop sec, trop accusateur, mais il n'avait pu le contrôler. S'en rendant pourtant compte, il soupira après un pause, se repassa une main dans les cheveux, et se redressa pour se replacer contre le dossier. Il bascula sa tête en arrière et ferma les yeux.

— Putain Alex, j'te comprends pas... souffla-t-il avant de relever la tête pour le regarder. T'as encore une famille nan ? T'es parents sont encore là, alors profites-en, sinon tu vas l'regretter toute ta vie..

Dès lors les avait-il dit, qu´Alexander regrettait amèrement ses paroles. Et il les regrettait d´avantage en voyant la tête de son amant. Bien qu´il ait gardé un visage impassible, Alexander connaissait le canadien. Du moins, assez pour savoir qu´il passait d´une once de compassion à l´incompréhension pour enfin finir sur une colère froide. Là, ça dépassait le kiné. Pourquoi Logan réagissait-il ainsi? Il était évident que quelque chose n´allait pas, sinon le canadien se serait contenu, non? Il était certes, impulsif, mais il n´était pas non plus du genre à montrer ses réels sentiments. Or, là, c´était tout autre chose, un autre Logan. Et Alexander ne sût pas quoi dire, ni quoi faire. Il ne sût même pas s´il devait le regarder ou détourner le regard, s´il devait le rassurer ou le laisser se calmer lui-même, s´il devait s´approcher de lui et le prendre dans ses bras ou si, au contraire, il ferait mieux de s´éloigner le plus possible.

Ce fût pourtant, avec une attention toute particulière, qu´il écouta son amant lorsqu´il prit la parole. Il lui intima d´arrêter de se plaindre car lui, Alexander, avait surement du avoir une enfance heureuse et agréable. Dans le mile. Pour toute réponse, le kiné hocha la tête et laissa Logan continuer. Mais l´attention de l´américain remonta en flèche lorsque Logan prononça une phrase. "tes parents sont encore là". Là, il était évident que quelque chose n´allait pas. Que Logan en avait trop vu, qu´il avait vécu trop de choses. Alors, inspirant lentement, Alexander, ignorant la douleur, approcha de son amant. De sa main droite, il alla lui caresser tendrement le dos puis remonta le long de sa nuque avant de redescendre le long de son épaule. Y exerçant une légère pression, Alexander attira son Logan contre lui et le serra dans ses bras.

"Désolé ..." souffla-t-il "Je ne sais pas ce qui s´est passé dans ta vie, mais je sais que je n´ai pas le droit de me plaindre de la mienne"

il se tu, relâchant légèrement la pression sur l´épaule de son amant. Etant donné le peu de réaction que ce dernier montrait, Alexander crût un instant que Logan allait le repousser. Mais il n´en fût rien. Alors, l´attirant à nouveau contre lui, il ferma les yeux et reprit doucement.

"Qu´est-ce qui s´est passer, Logan ?" il rouvrit les yeux, et dévia le regard vers son amant "Qu´est-ce qui c´est passé pour que tu réagisses ainsi à mes paroles ?"

Encore une fois, Alexander n´avait pas réfléchit à ce qu´il disait. C´était sorti tout seul. Mais il ne regrettait pas. Si Logan voulait lui en parler, alors le kiné l´écoutera. S´il ne voulait pas en parler, alors Alexander n´insistera pas. Mais ce que l´américain savait, dès à présent était qu´il voulait en découvrir plus sur son amant. Le canadien, avait, sans le savoir, nourri la curiosité insatiable de l´américain.

Si ça n'avait pas été Alex à côté de lui, la personne à côté de lui s'en serait pris plein gueule, avec sûrement chocs physiques compris, en plus d'avoir droit à un Logan bien énervé. Là encore, il avait su contenir, et sa colère cassante était moindre car il savait qu'Alexander n'était pas du genre à se plaindre, et que ses paroles n'avaient pas eu pour but de le faire s'énerver. C'est vrai que si le kiné avait voulu s'épancher sur ses quelques malheurs, il était mal tombé avec James. Celui-ci avait en effet dépassé de loin ce stade, tellement la vie n'en avait pour ainsi dire rien eu à foutre de lui.

Réaction plutôt étonnante de la part de l'américain : il prit son amant dans ses bras, faisant fi de sa propre douleur, s'excusant même. Il avait vite compris que se plaindre de sa propre vie, surtout de sa famille, n'était pas une chose à faire en compagnie de l'ancien taulard si on tenait à un minimum à avoir une relation amicale avec lui. Malgré le contact, Logan ne réagit pas. Pas même un doux frisson lorsqu'une main s'était posée dans son dos, remontant ensuite à sa nuque. Pas même en semblant de réponse à l'étreinte d'Alex. C'était tout juste s'il entendait les mots ; les excuses n'avaient jamais eu grand effet sur lui. Cependant, il ne repoussa pas non plus le kiné, qui le serra une fois de plus contre lui, avant de lui poser quelques questions sur sa vie et donc les raisons de sa réaction.

James, après qu'Alexander eut parler, ne perdit pas de temps pour dévier son regard du sien. Il savait qu'il ne pourrait pas toujours échapper à ces putains de questions. Il ne pourrait pas éternellement cacher son passé, ce qui a fait qu'il est lui aujourd'hui. De surcroit à l'homme qui risque finalement de le connaître mieux que personne et de le côtoyer plus longtemps que personne. Le regard de Logan fini par se baisser, et il vint poser son front contre le cou d'Alexander. Ses mains passèrent dans son dos, et s'agrippèrent à son haut. L'ex-dealer ferma les yeux.

— T'imagine pas la chance que t'as d'avoir encore tes parents Alex, souffla-t-il doucement. T'as une famille putain...

Toute colère ou ressentiment paraissait s'être envolé, et avoir laissé place à une sorte de nostalgie profondément ancrée. Un déchirement, presque sanguinolent encore aujourd'hui. L'ancien taulard s'était peut-être forgé une armure pour se défendre, comme tout gamin de quinze ans totalement seul et qui avait l'instinct de survie l'aurait fait. Son caractère, déjà pas mal solide, s'était affermi avec les années. Il ne laissait rien passer ; très peu de choses l'atteignaient et le touchaient au cœur. Pourtant, lorsque l'attaque venait de l'intérieur, il ne pouvait pas faire grand chose. C'est pour cela que son passé, et plus particulièrement tout ce qui touchait à sa famille, ne remontait que peu à la surface. Même s'il avait du prendre plusieurs années d'un coup ce fameux jour, il ne fallait pas s'étonner que Logan ai parfois des comportements de gamin. Ça c'était arrêté trop brusquement pour lui.

— Moi j'ai plus personne, il resserra sans le vouloir les prises de ses mains en se blottissant un peu contre Alexander, enfouissant davantage son visage dans son cou. J'avais même pas quinze ans... Ils sont morts, tous les deux, j'me suis r'trouvé totalement seul, lâcha-t-il par à-coups, puis il esquissa un pauvre sourire désabusé. Imagine toi, dans les Rocheuses, le Canada, seul, à quinze ans.

Ça lui faisait mal de remuer tout ça. Il savait Alexander curieux, alors il n'y couperait pas. Et puis, il n'était peut-être pas obligé de rentrer dans les détails. Après tout, l'américain n'avait sans doute pas besoin de savoir que c'était James qui avait tué son propre père.

Après avoir manqué de réaction lors de ses excuses, Logan se rattrapa en se blottissant contre Alexander. Les yeux fermés, il posa son front contre le cou de notre kiné et lui agrippa le pull, Dès lors, l´américain sut que Logan allait se confier et que ça n´allait pas être tout rose. Alors, accentuant légèrement sa pression sur l´épaule de son amant, Alex l´attira d´avantage contre lui, près à lui offrir toute son attention.

Mais ce que le plus âgé apprit, dépassa de loin son horizon d´attente. A tel point que sa respiration se stoppa subitement. " T’as une famille". putain. C´est pas vrai. Non. Logan n´allait tout de même pas ... mais si. Après une courte pause, il reprit qu´il n´avait plus personne, que ces parents étaient mort alors qu´il n´avait que 15 ans. Cet homme n´avait été qu´un adolescent lorsqu´il s´était retrouvé seul dans les rocheuses Canadienne.

Alexander avait donc eu raison: Son amant avait vu et vécu bien trop de chose à un âge bien trop jeune. Tellement de choses cruelle que notre kiné avait du mal à comprendre comment cet ancien dealer avait réussi à survivre jusque là. Détestant le fait de ne rien pouvoir faire face aux faiblesses de son amant, Alexander se contenta de lui caresser tendrement l´épaule,

"Putain..» souffla-t-il finalement, après quelques instants de silences "Logan..» il resserra d´avantage son emprise sur son amant et l´attira un peu plus contre lui "Mon Logan..» Il alla lui caresser la joue de son pouce "dire que je suis désolé n´arrangera rien du tout. Je ne peux même pas imaginer ce que tu as vécu" Il posa sa tête contre celle de son amant "Je sais juste que je n´aurais sans doute pas survécu à tout ça ..."

Alexander ferma les yeux, soupira furtivement puis les rouvrit et, repoussant légèrement le canadien, Alexander l´obligea à le regarde. Il plongea quelques instants son regard dans les yeux verts de son ben aimé avant de sourire tendrement.

"Ce week-end était parfait. Je pense que même cette fracture valait la peine" sourit-il.

Puis, il s´avança vers le canadien. De son autre main alla lui caresser les cheveux puis lui attrapa le visage entre ses deux mains. De ses pouces, il lui étira la commissure des lèvres, l´obligeant à sourire.

"Allez, t´es plus mignon quand tu souris" dit-il avant de poser son front contre celui de son amant. Gardant sa main droite sur sa joue, il reprit son sérieux "Je ne demande pas d´oublier, c´est impossible. Mais dès que tu te surprends à y repenser, tourne tes pensées plutôt vers ce week-end, ok?" sa main droite alla se loger dans la nuque du canadien "Tu mérites que le reste de ta vie sois plus agréable et d´être heureux" Il s´avança et alla l´embrasser puis se recula légèrement, juste assez pour souffler 3 mots "Je t´aime, Logan"

C'était pire que des faiblesses. C'était en plus trop profond pour se refermer. Logan avait vécu avec tout ça depuis vingt ans. Il avait réussi à passer outre, parce qu'il y avait été obligé pour se remettre sur les rails et continuer sa vie, ailleurs. A quinze, il avait la vie devant lui. Et il n'était pas du genre à baisser les bras et à se laisser faire. C'était un battant. Enfant, sa mère s'amusait à dire de lui qu'il était un guerrier, ce n'était pas pour rien. Mais justement, ces fissures se rouvraient parfois. La dernière fois, c'était au début de son séjour en prison, lorsqu'un des gars lui avait cherché des noises sur un terrain glissant : sa famille. Un nez, une pommette, un bras, une cheville, deux côtés et une épaule de touchés plus tard, James était enfin revenu de sa rage transcendante. Radical.

Aujourd'hui, cette ouverture engendrée involontairement par Alex était aussi apaisé par lui. La colère passa d'elle-même, exorcisée par les mots de l'américain, par son attention, puis envolée par ceux du canadien, laissant place à quelque chose de plus tragique. Parler un peu aurait presque fait du bien à James, mais au bout de vingt ans, il y a peu à espérer, une totale guérison ne serait peut-être même pas souhaitable, puisque c'est justement ces failles qui ont construit l'homme. Paradoxe, quand tu nous tiens. Mais fait est que Logan, à trente-cinq ans, avait vu et vécu bien assez pour toute vie. Prenant les douces caresses de son amant comme calmant, il sentit soudain davantage l'emprise de celui-ci, qui ne murmurait pour l'instant que son prénom, ajoutant un petit pronom possessif de la première personne devant.

C'était évident, quelqu'un avait un autre caractère n'aurait pas pu grandir. Mais Logan avait eu derrière lui des années de coups paternels pour se forger, sans compter qu'il avait le même caractère que son père, appuyé encore par celui de sa mère. Et les canadiens ont la tête dure. Alexander avait donc raison, lui n'aurait peut-être pas supporté. Et encore, il ne connaissait que la partie visible de l'iceberg. Bref. Il repoussa ensuite légèrement James de sorte à pouvoir rencontrer ses iris, puis lui offrit un tendre sourire, en affirmant que ce week-end était parfait et que même cette fracture en valait la peine. Ensuite, il passa sa main dans le cheveux du plus jeune, avant de prendre son visage en coupe et de l'obligea à sourire en lui étirant la commissures des lèvres.

L'ancien dealer était apparemment plus mignon avec le sourire, ce qui lui arracha naturellement un léger sourire amusé, qui diminua lorsque, front contre front, Alex lui dit que dès qu'il repensait à ce qui était derrière lui, il devrait plutôt se concentrer sur ce week-end. Logan ne pouvait pas oublier, de toute manière, alors ça coulait de source. Le canadien frémit agréablement quand la main du kiné vint se loger dans sa nuque. Il avait l'impression d'être entouré de nuages, il n'avait pas envie de quitter cet environnement si doux et tendre. C'était trop bon. Clairement, Alex ajouta qu'il méritait à présent d'être heureux, d'avoir une vie agréable. En même temps qu'un baiser clôturait cette phrase, James ne pût s'empêcher de penser que déjà, depuis qu'ils s'étaient rencontrés, ça allait beaucoup mieux.

Le baiser terminé, Logan perçut trois mots. Trois petits mots qui firent l'effet d'une bombe nucléaire à l'intérieur de lui. Son ventre se contracta, son cœur doubla sa cadence, tandis que le "je t'aime" résonnait en échos entre ses deux oreilles. Il baissa légèrement la tête, sentant ses joues prendre des couleurs, et ferma les yeux. James n'avait jamais été à proprement parlé à l'aise avec les sentiments. Alors pour lui, ces mots-là étaient forts et signifiaient énormément. Preuve : il ne les avait jamais dit (outre à ses parents), et ne les avaient jamais retournés aux quelques femmes qui avaient pu les lui destiner. Il avait toujours pensé qu'il n'était pas fait pour ça, que ça sonnait faux pour lui, qu'il ne savait pas aimer. Il n'avait jamais ressentit ça pour personne avant Alexander.

Recommençant à respirer, sans même s'être rendu compte qu'il avait arrêté, il entoura les épaules de son amant de ses bras et l'attira à lui, agrippant son pull plus franchement. Sa tête vint se replacer dans le cou de l'aîné. Putain, ce que c'était bon de se sentir important pour quelqu'un. On sentait exister. Vivre. Logan serra fortement l'américain contre lui, sous l'impulsion. Sentant que le trop plein d'émotions voulu s'extérioriser sous forme de larmes — de joie pour la déclaration, de tristesse pour le passé, c'était un peu le bordel —, il ferma plus fort ses yeux, appuya son étreinte, et crispa la mâchoire. Entre ses dents serrées, il arriva à murmurer quelque chose, mais ne pût cacher le trouble dans sa voix.

— T'es un vrai con, mon amour... souffla-t-il, sa voix diminuant un prononçant le dernier mot, avant d'expirer doucement, prenant son temps. T'imagine pas.. t'imagine même pas à quel point c'est... putain, et voilà, c'est d'nouveau le bordel dans ma tête... grommela-t-il sans pour autant être mécontent, en référence à l'après-premier-baiser.

Alex avait vraiment un don pour lui retourner les idées et les sentiments sans prévenir. Mais franchement, Logan n'avait absolument rien contre ça, pour le coup, c'était même franchement agréable. Il avait un peu l'impression de découvrir le bon côté de la force, avec des vrais sentiments, tout ça. Doucement, il releva la tête, et plaça ses yeux dans ceux d'Alexander, se délectant par là-même de leurs reflets chocolatés. Ce gars était à croquer. Soit. James ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt. Il n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à prononcer les mêmes mots que son amant, alors qu'il les pensait pourtant. Il avait bien compris qu'il l'aimait, mais il n'arrivait pas à le dire.

Logan dévia quelque peu le regard, désolé, relâchant son étreinte. Les mots se bloquaient dans sa gorge, c'était insupportable. Comme un mauvais rêve où l'on court sans fin, au ralenti, les pieds dans la colle, tandis que nos pires cauchemars nous rattrapent. Il prit une petite respiration et ferma furtivement les yeux. Il ne pensait peut-être jamais avoir envie de dire je t'aime à quelqu'un, mais le cas échéant, il n'aurait jamais pensé en être incapable. La vie devait bien se marrer.