Résident du Centre Personnel du Centre Autour du Centre

Dans la famille Parker, je demande la bécasse. Bon, Sheryl n’est pas complètement stupide mais il y a des moments où l’on peut se demander si le peroxyde de son faux blond ne lui a pas atteint le cerveau. Sheryl est un peu un stéréotype à elle toute seule. C’est une fille, une vraie. Elle crie quand elle a peur, pleure quand elle est triste, fait attention à sa ligne et peut passer des heures à faire du shopping sans se lasser.

Née au Texas il y a 30 ans (même si elle préfère dire qu’elle en a 29), elle a grandit entourée de 4 sœurs et d’un petit frère. Vraie petite star, elle a cumulé les activités périscolaires comme la danse, les cheerleaders, la chorale et bien d’autre. Populaire au lycée, petite meneuse, Sheryl aime depuis toujours que tous les regards soient tournés vers elle. Et pour que la boucle soit bouclée et que l’univers soit à sa juste place, Sheryl et son petit ami de l’époque (capitaine de l’équipe de basket) sont même devenus Roi et Reine du Bal lors de leur dernière année.

Voilà la vie de Sheryl, un amoncèlement de bonheur parfait dont n’importe qui pourrait être jaloux. Diplômée de justesse après un redoublement, à 19 ans elle est couronnée Miss Texas, elle entre à l’université où elle passe deux petites années et trouve rapidement un poste de secrétaire à sa sortie. Sheryl est ce qu’on appelle une chanceuse, une vraie chanceuse et on pourrait croire que sa vie est totalement merveilleuse sauf qu’elle a un terrible défaut, alors que tout va bien, que tout lui sourit, la demoiselle à la fâcheuse tendance à tout détruire. C’est la fatalité. Ce petit ami capitaine de l’équipe de basket qu’elle avait au lycée ? Elle a bien réussit à l’avoir à l’usure à force de crises de jalousie alors qu’il était parfait. Ce titre de reine de beauté, elle l’abandonne à sa première dauphine au lieu de concourir pour Miss America. Cette chance d’aller à l’université alors qu’elle a un niveau scolaire plutôt moyen, elle la gâche en ne pensant qu’à sortir et s’amuser. C’est ainsi, Sheryl se saborde toute seule à chaque fois, alors ça n’étonnera personne si aujourd’hui, secrétaire dans une clinique de chirurgie esthétique, heureuse en ménage avec John Duke, un avocat rencontré deux ans plus tôt dans une soirée de bienfaisance en ville, depuis peu fiancée avec celui-ci, elle s’est réveillée avec un goût amer de bonheur dans la bouche. Et là voilà qui tente discrètement de remplir son sac avec les belles sapes griffées qu’elle pouvait s’offrir avec le salaire de Duke, elle quitte la chambre à pas de velours, laisse un petit mot sur le frigo « Suis chez Matthew » et claque la porte derrière elle sans même prendre ses clés.

Un innocent petit départ pour rendre visite à son frère. Oui, sauf que Matthew habite à 2000 miles de là et qu’elle n’a pas posé de jours de congés à son travail pour cette escapade improvisée. A l’aéroport, son impulsivité légendaire l’empêche même de penser trois secondes à ce qu’elle est en train de faire. Six heures de vols plus tard, elle frappe au 385 Grove Street à Haight Ashbury, revêt son plus beau sourire et lance devant la mine déconfite de son petit frère : « SURPRIIISE !! »

Volontaire, efficace entreprenante et active, Sheryl aime diriger et commander lorsqu’il s’agit de sa vie sociale. Elle aime briller, impressionner et attirer le regard sur elle. Originale, altière, fêtarde, elle méprise la médiocrité et n’aime pas être reléguée au second rôle. Sheryl refuse de vieillir, fait très attention à son apparence et si elle ne s’est pas encore refait faire les seins, c’est parce qu’elle a une irrémédiable peur des hôpitaux. Elle ne supporte pas ses propres échecs et les provoquent pourtant indubitablement à cause de son impulsivité maladive. Sheryl peut aussi se montrer tyrannique et exclusive, elle a du mal à partager. Elle a des goûts de luxe et agit bien trop souvent avant de réfléchir. Et voilà comment elle arrive à gâcher toutes les chances que la vie lui accorde.