Comme toutes les journées, celle-ci commençait par une douche. Une douche chaude et agréable. Finalement, Alys ne se passera sans doute jamais de cette douceur extrême de l’eau ruisselant sur son corps. Corps qu’elle se gardait bien d’observer, ayant encore et toujours de la répugnance envers celui-ci. Toujours aussi squelettique, plat et sans forme. Bref, Alys avait vraiment du mal à s’accepter comme elle était. Elle ne s’aimait pas, mais ce n’était pas le problème du jour. Non.

Le vrai problème était qu’elle allait devoir dire ses problèmes. Et exprimer les problèmes à haute voix était faire face à ceux-ci. Ce dont elle n’avait aucunement envie. On lui avait laissé le temps de s’acclimater au rythme quotidien sans réellement lui imposer des choses, mais aujourd’hui quelqu’un –Alys ne savait pas vraiment qui- avait décidé qu’elle allait devoir se présenter à un psychologue. Non pas qu’elle n’en avait pas envie, c’était juste qu’elle ne saurait pas comme réagir face à une personne inconnue. Et puis, personne ne pouvait l’obliger à parler, non ? Enfin bref.

Ce fût un jet d’eau plus froid que le reste qui la sorti quelque peu brutalement de ses pensées. Tressaillant puis frissonnant, Alys éteignit l’eau, attrapa sa serviette et sorti de la douche. Debout sur le tapi de bain, elle se sécha vigoureusement puis enfouie son visage dans la serviette. Il lui semblait qu’elle était extrêmement douce aujourd’hui. Finalement, tout était plus doux ici. Le matelas, la couverture, le manger, la chaleur. Oui, même les résidents. Prenant une profonde inspiration, s’imprégnant de l’odeur de la serviette, elle se redressa et abaissa ses mains. Prenant bien soin de ne pas regarder le miroir, Alys alla s’habiller puis se sécha les cheveux à la va vite. Avec un élastique elle les attacha pour ne pas qu’ils la gène, puis sorti de la salle de bain.

S’avançant, elle s’immobilisa et lança un coup d’œil par la fenêtre. Dehors, le soleil brillait, mais elle avait comme l’impression qu’il faisait froid. Alors, attrapant un pull qui était trois fois trop grand pour elle mais dans lequel elle se sentait bien, Alys se dirigea vers son lit, prit son livre en main, puis sorti de la chambre. Comme à son habitude, elle marqua un temps d’arrêt devant la chambre de Logan, écouta distraitement, puis se décida à continuer.

Et, par on ne sait quel miracle, elle se retrouva dans la cours intérieure. En sortant, un vent frais s’invita sous les mailles de son pull, mais il n’était pas désagréable. Au contraire. Sans plus hésiter, Alys s’avança vers un banc et s’y installa. En tailleur, les jambes croisées, elle ouvrit son livre et continua là où elle était.

« 20 000 lieues sous les mers ». C’était son livre préféré. Cet univers créé par Jules Verne l’accompagnait depuis longtemps. Elle pouvait le lire et le relire, elle ne s’en lassait jamais. Au contraire. A chaque lecture elle découvrait un autre détail marquant qui changeait toute sa vision. Ce qu’elle préférait, était les moments où le Capitaine Némo emmenait ses invités hors du Nautilus. Oh oui. Qu’est-ce qu’elle aimait s’imaginer les mers et les abysses profondes. En l’espace de quelques lignes, Alys parvenait à tout oublier. Son passé, son présent, son futur. Ses peines, ses échecs. Lorsqu’elle lisait ce livre, il lui semblait que tout était bonheur. Sauf quand on la dérangeait.

Comme maintenant. Un bruit derrière elle la fît revenir à la réalité. Comme une claque en pleine figure, ce retour était douloureux. Fermant furtivement les yeux, soupirant doucement, elle tourna légèrement la tête. Rouvrant les yeux, elle regarda au-dessus de son épaule et se détourna vivement lorsqu’elle vit une silhouette féminine s’approcher d’elle. Rapidement, Alys se redressa, afficha sa mine neutre et ferma le livre.

C’était son monde à elle. Elle ne laissera personne y entrer. Jamais.

Alys avait le regard baissé et fixé sur son livre, tandis que son attention était portée vers les pas de l´inconnue. Les entendant s´approcher, la jeune canadienne se raidit. Elle n´avait pas envie d´engager la conversation. Ou plutôt, elle ne savait pas comment ce faire. Elle ne saurait pas quoi dire ni ne saurait comment se comporter. Quel ton adopter, quelle attitude montrer. De la gratitude? De l´intérêt ? Tant de question fusèrent dans son esprit, si bien qu´Alys tressaillit légèrement lorsqu´elle entendit la voix de l´inconnue retentir à côté d´elle. Les yeux légèrement écarquillé, marquant sa surprise, elle tourna la tête vers la jeune femme. Depuis combien de temps était-elle déjà là? Comment était-elle arrivée tellement rapidement ici? Puis, Alys se remémora les paroles de l´inconnue: elle avait dit des livres de Jules Verne qu´ils étaient géniaux. L´adolescente buta un instant sur ce mot. Elle même aurait utilisé un autre mot pour décrire ces livres. Fabuleux, magique, époustouflant, grandiose. "Géniaux" était trop ... peu.

"Ses livres sont indescriptibles" répondit-elle finalement sur un ton sans doute trop froid. Ou plus froid qu´elle ne le voulait réellement.

Automatiquement, ses doigts s´étaient refermé sur la couverture du livre, le serrant un peu plus contre elle. Pourquoi ce geste? Elle ne saurait se l´expliquer elle-même. Peut-être avait-elle peur que cette inconnue ne lui vole son livre et donc la prive d´un bonheur bien à elle? Alys s´en voulait d´avoir d´aussi puériles pensées. Les sourcils légèrement froncés, se mordant sur l´intérieur de sa lèvre, contractant quelque peu les muscles de sa mâchoire, elle se maudit intérieurement. Puis, brusquement, elle prit sur elle. Expirant lentement pour se calmer et se détendre quelque peu, Alys releva le regard vers l´inconnue.

"T´as déjà lu celui-là ?" demanda-t-elle sur un ton plus doux, manquant d´assurance.

Tandis qu´elle retira sa main du livre pour faire apparaitre le titre, Alys observa discrètement son interlocutrice. La première chose qui lui sauta aux yeux était ses cheveux. Long, épais, soyeux, couleur miel. Magnifique était encore trop peu pour décrire cette chevelure. Les reflets du soleil dans la couleur donnaient à l´ensemble de l´inconnue un air angélique. Ses yeux bleus semblaient avoir une douceur extrême. Cette inconnue était belle. Si belle, qu´Alys ressenti une petite pointe de jalousie.

Cette inconnue était tellement belle. S´il en allait seulement pour Alys, elle l´aurait observer toute la journée. D´ailleurs, son regard ne l´avait pas quitté. Pas même lorsque la voix de la jeune femme retentie à nouveau, lui répondant que 20 000 lieues sous les mers était le premier roman de Jules Verne qu´elle avait lut. Elle lui précisa ensuite que, pourtant, ce n´était pas son préféré. Là, ce fût un nouveau sentiment presque inconnu, qui fût éveillé en notre adolescente: la curiosité. On lui avait toujours dit de ne pas se montrer curieuse, que c´était un défaut qui devait être punit - c´était d´ailleurs bien souvent l´excuse de son père pour tester la chambrière sur elle ...-, qu´Alys avait toujours refoulé ce sentiment. Ce qui allait même jusqu´à oublié ce qu´était, la curiosité. Mais là, sur ce coup, ce sentiment se rappelait à elle comme s´il avait toujours existé. Et pour une fois, elle avait l´impression qu´on ne la blâmerait pas pour une telle chose.

"Pas ton préféré?" reprit-elle, comme pour s´assurer que c´était bel et bien ce que l´inconnue lui avait dit "mais alors ... c´est lequel que tu préfères? Le tour du monde en 80 jours ? Voyage au centre de la terre ? De la terre à la lune?" elle soupira doucement "j´aimerais tellement lire l´île mystérieuse ..."

Lorsqu´on la voyait là, assise en tailleur sur le banc, avec son pull bien trop grand pour elle et sa chevelure emmêlé dans une queue de cheval, il était difficile à croire que cette adolescente avait une telle culture littéraire. Du moins, en ce qui concernait les œuvres de Jules Verne. Et même lorsqu´on la connaissait, il était difficile à croire une telle chose. Considérant le monde de lecture comme quelque chose d´extrêmement personnel, Alys ne confiait à personne son goût prononcé pour la littérature. D´ailleurs, elle ne se confiait à personne. Enfin, ce n´est pas dans le centre de notre histoire, ça.

Durant sa prise de parole, la jeune fille n´avait quitter l´inconnue du regard. Et ce n´est que maintenant qu´elle remarqua que celle-ci était restée debout, gardant ses distances. Avait-elle peur d´Alys? Cela ne l´étonnerait guère: elle devait avoir un physique qui ne revenait pas à tout le monde. Et puis, elle l´avait presque agressé avec ses premières paroles. Mais Alys n´était pas méchante, juste solitaire et avait du mal à s´ouvrir. Elle ne voulait importuner personne. Et puis, cette belle inconnue ne lui avait rien fait, elle avait juste eu envie de parler. Alors, se redressant, Alys décroisa ses jambes et, gardant son livre en main, se déplaça sur le banc.

"c´est plus confortable d´être assise, je pense ..." reprit-elle avant de dévier le regard sur son livre.

Elle était gêné. Non pas par la proximité de l´inconnue mais par le fait qu´elle ne savait pas quoi dire d´autre. Elle n´avait jamais trouvé ça facile d´engager des conversations avec des inconnus. Mais elle n´avait pas non plus envie de repoussé la jolie blonde. Restait donc plus qu´à espérer que celle-ci s´y connaisse mieux ...

« Je l'ai volé à la bibliothèque » Ces mots raisonnent encore dans l’esprit de notre jeune canadienne lorsque son interlocutrice se présente. Cette femme au physique d’ange a volé un livre ? Un livre, un objet d’une telle grande valeur morale n’est pas un objet que l’ont peu volé sans se poser de question ! Alys tourne son regard vers celle qui s’est présenté comme étant une certaine Thea, et la fixe comme ont fixerait un condamné à mort qui ne mérite que ça.

Déjà, l’adolescente ne comprend pas pourquoi des gens devaient voler des autres gens. Elle n’a jamais pu s’y résoudre. Même dans les pires moments de sa vie à la rue. Elle s’est toujours arranger pour ne pas priver quelqu’un d’autre d’un bien personnel. Elle ne voulait pas vivre aux dépends d’un autre humain qui n’avait rien demandé. Alys avait fait beaucoup de mauvaises choses dans sa vie, mais elle n’avait jamais volé. Elle ne le fera jamais.

« C’est mal de volé. » dit-elle simplement en détournant à nouveau son regard.

Pouvait-elle blâmer Thea pour son acte ? Non, bien sur que non. Elle avait surement dût avoir une bonne raison d’avoir agit de la sorte. Et encore une fois, cette déclaration attisa le feu de curiosité qui brûlait à l’intérieur de notre Canadienne.

« Mais tu as surement dût avoir tes raisons » reprit-elle finalement. Puis, caressant la couverture de son livre, elle prend une profonde inspiration avant de relever son regard vers Thea « Je m’appelle Alys. » s’empressa-t-elle d’ajouter en se rendant compte qu’elle n’avait pas répondu à la dernière question de son interlocutrice.

« Pourquoi est-ce que tu as volé ce livre ? » voulut-elle savoir.

Son regard, initialement clair, se terni et se durcit quelque peu, lorsqu’elle voulut en savoir plus sur les motivations de l’acte de Thea.

Il est vrai que finalement, voler un livre n’était pas la pire chose qui était. Surtout si on comparait cet acte à un braquage de banque. Il y avait toujours moyen de relativiser. D’autant que bon, Thea avait volé ce livre dans une bibliothèque. Elle ne privait donc qu’un potentiel intéressé d’une fabuleuse lecture. Et puis, qui lui disait que ce livre avait été traité avec respect et à sa juste valeur ? Personne. Peut-être qu’il était mieux maintenant qu’il était dans les mains de cette ravissante inconnue. D’autant qu’elle lui avoua qu’il avait une valeur sentimentale. Alys en avait conscience de ça : chaque livre, soit-il des plus ennuyeux, avait une certaine valeur.

« Je comprend » dit-elle en hochant la tête. « Finalement, le monde littéraire est tellement vaste que chacun trouve chaussure à son pied, tu crois pas ? »

Alys s’était tourné à demi vers Thea et s’était même autoriser un léger sourire. Elle était finalement contente qu’elle avait été déranger dans sa lecture. D’autant que cette jeune femme avait tout pour plaire. Des yeux bleus aux reflets émeraude, des cheveux couleur miel qui donnaient envi de passer ses doigts dedans. En générale, cette douce inconnue avait un certain don. Celui de réussir de mettre Alys plus ou moins à l’aise en compagnie humain. Ce qui n’avait jamais été facile.

« Je veux bien que tu me le prêtes, ce livre. » reprit-elle après s’être à nouveau délecté de la beauté de Thea.

Puis elle détourna à nouveau le regard et, reculant sa tête dans la nuque, dirigea son visage vers le ciel, fermant les yeux pour ne pas être ébloui. Prenant une profonde inspiration, elle profita avec délice des rayons du soleil qui lui caressaient doucement le visage. C’était bon. Tellement bon. Lors de ses mois de errance dans les rues de San Francisco, Alys n’avait jamais prit le temps d’apprécier ces petites choses. Mais elle devait arrêter de penser à ce passé. Tout ce qui importait maintenant c’était le moment présent en cette bien charmante compagnie.

« Ça fait longtemps que tu es ici ? » demanda-t-elle en tournant à nouveau son regard vers la résidente, rouvrant les yeux pour la voir.

Cette Thea était adorable. Autant physiquement -Alys ne se lassera sans doute jamais de l´observer et de se le dire- que moralement. Effectivement, elle accepta, après avoir semblé quelque peu hésitante, de lui prêter le livre tant désiré par notre jeune canadienne. Celle-ci lui sera sans doute longtemps reconnaissante. Mais elle attendra d´avoir le livre en main pour remercier l´autre résidente. D´ailleurs, elle lui avoua être au centre depuis fin Décembre déjà. Réfléchissant rapidement, Alys se dit que ça faisait quand même bien longtemps que Thea habitait ici. Ce ne devait donc pas être un endroit trop mauvais.

« J´entame seulement ma deuxième semaine ici » avoua-t-elle finalement, haussant légèrement les épaules.

Puis, elle reporta son attention complète sur son interlocutrice. Tête légèrement incliné sur le côté, une question traversa son esprit: comment une si jolie personne pouvait-elle finir dans ce centre? Thea avait tout pour elle. Du moins, était-ce là l´impression qu´elle donnait à Alys. Après, il est évident que cette jeune femme avait surement dût avoir vécu quelque chose de particulier. Sinon, elle n´aurait pas fini par s´échouer sur les rives de ce foyer. Les lèvres légèrement pincés, Alys hésita quelques secondes, avant de se décider à poser la question.

"Comment t´es arrivé ici?" demanda-t-elle "je veux dire ... comment est-ce que tu l´as connu, ce centre?".se rattrapa-t-elle rapidement.

Sa première question était mal formulée. Alys ne voulait pas connaitre le passé de Thea. Enfin si, elle voulait le savoir, mais elle n´avait pas envie de se montrer trop curieuse, sachant pertinemment que son interlocutrice ne lui avouera pas son vécu. Ce pour quoi, Alys ne pouvait aucunement la blâmer.

Et puis, pour tout avouer, elle n´avait pas pu s´empêcher de poser cette question car elle voulait mettre quelque chose au clair dans son esprit: Logan, était-il son sauveur personnel, ou était-il le bon samaritain d´autres personnes, encore? Non pas que ça la dérangerait, bien au contraire.

Ainsi Thea avait aussi droit à un sauveur. Mais elle n’avait pas révéler son nom. Se pourrait-il que ce soit tout de même Logan qui l’ait sorti de la rue ? Ce n’était vraiment pas à exclure. Et puis, ça leur ferait un second point commun et cet homme remontera encore plus dans l’estime qu’Alys avait pour lui. Estime déjà bien grande. Enfin soit.

« Moi aussi » dit-elle finalement, en réponse à la curiosité de Thea « J’étais dans la rue, assise sur le trottoir, quand deux hommes ont fondu sur moi et … » elle se tut subitement, étonné par le faire qu’elle confie une telle chose à cette résidente, qui était tout de même encore une inconnue. Enfin. Se reprenant rapidement, elle reprit « Heureusement, un des résidents les a vu et les a stoppé avant de me parler de … »

Brusque silence. Flashback. Alys se voyait à nouveau dans cette ruelle, entrain d’hurler et se débattre comme elle pouvait. Elle voyait le poing de l’homme s’approcher de son visage et sentait les phalanges l’atteindre violement à la mâchoire. Elle se voyait tanguer en arrière dans les bras du deuxième homme qui, lui passant un bras autour de la gorge, serrait avec force. Elle se sentait étouffer, sentait comment elle perdait connaissance. Elle voyait comment Logan arrivait et faisait fuir ces hommes. Elle se voyait comment elle disait à son sauveur qu’elle aurait put se débrouiller sans lui mais qu’au fond d’elle elle lui était extrêmement reconnaissant.

Clignant des yeux, secouant la tête, Alys revint brusquement à la réalité. Elle venait de rendre compte que sans ce Logan elle ne serait pas ici. Il était même peu probable qu’elle soit encore de ce monde. Elle sentit un long frisson parcourir son échine. C’était tellement horrible.

C’est alors que notre jeune canadienne se rappela de la présence de Thea à ses côtés. Se tournant doucement vers la résidente, Alys sourit légèrement.

« désolé » s’excusa-t-elle pour son temps de latence « Je disais donc mon … Sauveur … comme j’ai tendant à l’appeler … est un résident de ce centre. Grand, très grand. Cheveux bruns et yeux verts ou bruns, je ne sais jamais. » Elle fixa Thea, hésitante « il habite sur mon étage, dans la chambre voisine … et s’appelle Logan. » Elle pinça légèrement les lèvres « tu le connais … ? »

Perdue dans ses pensées, Alys n’avait pas entendu Thea devenue curieuse au point de demander ce que ces gens lui voulaient. Ce n’est que lorsque la jeune femme lui dit qu’elle ne connaissait pas Logan avouant en même temps qu’elle ne connaissait pas grand monde ici, que la canadienne se rappela furtivement la question de Thea. Encore une fois, elle baissa le regard et joua avec ses mains, quelques peu mal à l’aise.

« Je pense que, comme moi, tu sais ce que me voulaient ces gens… » Elle prit ensuite une profonde inspiration puis offrit un petit sourire à Thea « Mais je te propose une chose, Thea. On arrête de parler du passé, ok ? »

Elle n’avait aucune envie de continuer sur ce sujet et son interlocutrice devait sans doute comprendre cette décision. D’ailleurs, elle ne lui avait rien révélé, elle. Mais Alys ne la jugera pas pour ça et ne lui en voudra pas. Elles avaient beau avoir la même passion pour les livres, elles n’avaient pas le même caractère. Et c’était quelque chose pour quoi la jeune canadienne ne pouvait la blâmer. Soit.

« Tu dis que tu ne connais pas grand monde ici … eh ben maintenant tu peux ajouter une personne à ta liste. » reprit-elle sur un ton doux avant se redresser « Et à part la lecture, tu aimes quoi d’autre dans la vie ? »

Autant continué sur un sujet moins sensible. Chacun avait au moins une chose dans sa vie qu’il aimait et de laquelle il était plus agréable de parler. Peut-être qu’Alys et Thea se découvriront ainsi d’autre points communs ?

Heureusement pour Alys, Théa accepte sans hésitation son changement de sujet. Mais, avant de répondre à la question de notre jeune canadienne, elle lui demande qui elle connait. Alys, n’a pas besoin de réfléchir bien rapidement. A part Logan et maintenant Thea, elle ne connait qu’une seule autre personne : Axl, qu’elle a énormément de mal à cerner. Mais soit. Ensuite, la belle résidente avoue que ce qu’elle aime, en plus de la lecture, c’est la danse.

Les lèvres d’Alys s’étirent en un sourire. Vu comment cette jeune femme en parle, il est évident qu’elle voue une passion toute particulière à ce sport. Et c’est tant mieux. Au moins elle a trouvé un moyen de pouvoir s’évader et d’oublier ce monde de brute qui les entoure. Se plonger dans ses passions quand ça va mal, c’est une excellente chose.

« L’équitation, pour ma part » avoue la canadienne, son sourire se faisant plus franc « On avait deux chevaux à la maison. Et puis, comme toi avec la danse, ce n’est qu’a cheval que je me sent bien. » Elle grimaça légèrement «c’est sans doute ce que me manque le plus. Ça fait presque 3 mois, sinon plus, que je n’ai pas été en compagnie de ces animaux. Au début ce n’était pas si dérangeant que ça, mais au final c’est ce qui me permettait d’oublier les tracas de la vie et de couper le train-train quotidien »

Alys n’avait pas plus de cheval depuis qu’elle avait dût vendre Bobby. Et ce pour s’acheter de quoi manger et se payer le transport pour San Francisco. D’ailleurs, maintenant qu’elle en parlait, elle se demandait comme se portait ce hongre. Etait-il encore en vie ? Le fermier à qui elle l’avait vendu n’avait pas eu l’air d’être quelqu’un de correct. Il se pourrait très bien que l’animal ai fini à la boucherie. Elle ne se le pardonnerait jamais, mais elle ne pourra, malheureusement, pas y changer grand-chose.

« Et sinon, a part Logan et toi, je ne connais qu’un jeune homme, mon âge à peu près, sinon plus âgé, qui s’appelle Axl … il m’semble. Je sais plus … »