Encore une fois, Katie rôde près du centre de son petit frère. Cela fait quelques jours que la jeune femme ne travaille pas dans son magasin et quand elle n'y est pas, elle se sent terriblement seule alors elle vient toujours embêter son frère. Mais ce jour là, elle ne le cherche pas vraiment, au contraire. Aujourd'hui, elle inspecte seulement les lieux. Même si elle a toujours refusé de participer à ce projet, même si elle a toujours voulu s'écarter volontairement de cet endroit, elle ne peut s'empêcher de surveiller les alentours. Katie tient toujours à son rôle de grande soeur. Mais ça, Katie se refuse de le dire à Dean, il pourrait le prendre mal. Après tout, elle fait seulement des petites visites des lieux, c'est tout. Elle veut s'assurer que tout fonctionne comme le voudrait Dean. Elle est terriblement fière de lui.

Bref, Katie se dirige vers la salle du personnel. La jeune femme est plus ou moins connue par les personnes de ce centre, du moins, on sait juste à quoi elle ressemble. Elle est juste la soeur du directeur, c'est tout. Et Katie ne parle pas vraiment aux employés de son frère, seulement à Neal. La jolie blonde ne veut pas embêter Dean, alors elle préfère ne pas parler à ses employés.

Comme tous les jours de ce mois, il faisait froid et Katie était une jeune femme frileuse, alors avant de partir affronter le froid, elle enfile toujours son gros manteau et laisse ses cheveux sur ses oreilles pour les protéger du froid. En se dirigeant dans les couloirs, elle regarde une porte qu'elle ne connait pas. La salle du personnel. Curieuse de voir si son frère s'y trouve, elle entrouvre la porte. Mais, elle soupire en ne le voyant pas. Elle ne voit personne alors elle se dirige vers la machine à café. La jeune femme ne voulait pas se faire remarquer, ce n'est même pas dit qu'elle a le droit de rentrer ici mais elle a froid et un café ça fait toujours du bien. Au moment d'allumer la machine, elle se rencontre que cette machine est vieille et que le bruit de celle-ci est horrible.

C'est peut être le moment de leur trouver une nouvelle machine..

Pense tout haut la jeune femme.. Elle grimace tout le long de la préparation du café. Cette machine est vraiment naze. Seulement, au moment de le prendre, la porte s'ouvre.. Katie se retourne vivement et espère vraiment que ce n'est pas son frère, elle ne veut pas se faire gronder ^^

Judith pouvait enfin se reposer un peu, heureuse de ne pas avoir trop de travail au Foyer ce jour-là. Il lui faudrait sans doute retourner d’ici peu à son appartement pour étudier dans sa chambre, mais pour l’heure, elle décida de profiter de ce trop rare temps libre pour se détendre. Elle croisa quelques collègues dans les couloirs du centre, quelques résidents qu’elle salua avec une joie sincère, avant de se rendre dans la salle de pause du personnel, le lieu de rendez-vous incontournable pour quiconque travaillait là. Ici, on s’échangeait les derniers ragots, on parlait de la pluie et du beau temps, et Judith adorait cet endroit. Pour faire plus ample connaissance, il n’y avait pas mieux. Et la plupart des employés ici étaient des passionnés, tout comme elle, capables de converser des heures durant sur un sujet précis sans se lasser.

Jude poussa la porte de la salle, songeant déjà au liquide infâme qu’elle prendrait, communément appelé « café », pour se réveiller et se réchauffer en cet hiver glacé. Elle s’engouffra donc dans la pièce et se figea dans l’encadrement de la porte. Il n’y avait personne, si ce n’est une silhouette blonde qui lui tournait le dos, déjà face à la machine à café. La jeune femme en question se retourna vivement, probablement surprise d’être ainsi dérangée, et Judith vit enfin son visage. Visage totalement inconnu à ses yeux ; elle ne devait donc pas travailler ici. En même temps, Jude n’était arrivé que récemment au centre, elle ne connaissait donc pas tout le monde. Tandis que la machine émettait de curieux bruits, comme si elle agonisait pendant tout ce temps, Judith plaisanta, un sourire amusé aux lèvres :

« Ah ! Je tiens enfin la fautive… Je me demandais qui avait cassé cette merveilleuse machine à café, notre amie à tous ».

Elle s’avança, nullement gênée, pour dévisager l’inconnue tout à son aise. Très joli visage, soit dit en passant. Enfin, elle s’arrêta à sa hauteur. Ce n’était un secret pour personne, les rares machines à café présentes au sein du Foyer menaçaient de rendre l’âme, surtout celle qui se trouvait dans la salle réservée au personnel. A chaque passage, on craignait d’être responsable de sa « mort ». Il fallait dire aussi que la machine était loin d’être toute jeune, et avait dû voir passer un certain nombre d’hivers !

« Je plaisante, évidemment » assura Judith en donnant une tape amicale contre l’appareil. « Je crois qu’il faudrait vraiment en acheter une nouvelle ! Et, un conseil… Ne buvez pas ce jus de chaussette, il est vraiment infect ».

En règle générale, Judith privilégiait le Starbucks, absolument divin, même s’il lui fallait pour cela débourser plus d’argent. Elle ne prenait un café au Foyer qu’en cas d’extrême urgence, ou bien en cas de retard. Elle contempla un instant l’inconnue, ne sachant trop sur quel pied danser.

« Vous êtes nouvelle ici ? Je ne vous ai jamais vu dans le coin… »

En même temps, elle n’était pas du genre très physionomiste. Les visages lui échappaient toujours. Mais elle en était sûre, pourtant, de n’avoir encore jamais croisé cette jeune femme.

Katie aimait beaucoup rôder dans les parages pour faire attention aux moindres détails qui pourraient être désavantageux pour ce centre. Sans y participer, elle y tient vraiment. En même temps, c'est compréhensible, ce centre rend hommage à son fils : Adam. Alors, elle veut en prendre soin à sa manière, elle se promit d'acheter une nouvelle cafetière pour cette salle. Sans dire un mot, Katie attendit son café avec impatience. Elle avait froid et se demandait si il fallait aussi changer les chauffages.. Elle se retient d'aller poser sa main sur le chauffage, elle savait très bien qu'elle était particulièrement frileuse et que ça venait d'elle.

Katie ne voulait déranger personne mais avec ce bruit monstrueux d'une cafetière presque morte, elle est presque sûre d'avoir réveillé tout le monde dans les alentours. Et effectivement, au moment de prendre son café, Katie entend la porte s’ouvrir. Elle fit volte face en priant que ce ne soit pas Dean. Alors c'est qui ? Katie soupire de soulagement en voyant que c'était une jeune femme. Ouf. Katie voulait se présenter mais la jeune femme prit de l'avance pour l'accuser d'avoir casser la machine. Katie recule en fronçant les sourcils, croyant, évidement, qu'elle était sérieuse.

Bonjour, je suis désolée.

Soupire Katie se sentant un peu mal pour les membres de ce centre, elle a cassé la machine u__u. Mais Katie se sent tout de suite rassurer quand la jeune femme lui annonce que c'est une plaisanterie. Bon, au moins, elle n'est pas méchante.. La jeune Anderson commence à apprécier les employés de Dean, ils sont loin d'être des tyrans ou bien des personnes désagréables. Dean sait trouver les bonnes personnes.

Katie est étonnée quand la jeune femme lui annonce qu'elle ne l'avait jamais vu. Ah ! Pour une fois ! Katie tend la main par simple politesse, en se présentant :

Katie, Katie Anderson. Non, je ne suis pas nouvelle.

Je suis, tout bonnement, la soeur de Dean, le directeur de ce centre.

En prononçant ces quelques paroles, Katie se sentait fière d'être la soeur du directeur..

Et vous ? Une de ses employés, j'imagine ?

Judith esquissa un mouvement de recul à peine perceptible quand l’inconnue se présenta, un peu gênée. Anderson ? Comme… Dean Anderson ? Elle ne l’aurait jamais imaginé une seule seconde ! Certes, elle connaissait vaguement l’existence de cette sœur, sans toutefois s’en intéressé franchement. Car après tout, ce n’étaient pas ses oignons ! Légèrement décontenancée par cette découverte, elle hésita l’espace d’un instant, avant de retrouver son assurance ; un large sourire naquit sur son visage pâle tandis qu’elle tendait la main vers la dénommée Katie Anderson pour la serrer en retour, avec une inébranlable sincérité.

« Enchantée de vous rencontrer, Katie… Je peux vous appeler Katie, au moins ? »

Certes, la sœur du directeur du centre paraissait avoir bien une dizaine d’années de plus qu’elle, mais en règle générale, sauf si la situation ne s’y prêtait pas, elle appelait tout le monde par son prénom. De plus, elle se voyait mal l’appeler Madame Anderson ! Sauf bien sûr si l’intéressée refusait toute familiarité, auquel cas elle s’abstiendrait. Son regard se posa de nouveau sur la machine à café et une lueur d’incertitude traversa son regard. Visiblement, Katie n’avait guère apprécié sa petite plaisanterie. Peut-être était-elle seulement intimidée, ou tout simplement attristée ? Judith évitait généralement les conclusions hâtives, alors elle se contenta de continuer sur sa lancée :

« Je m’appelle Judith Callaghan. En fait… je ne suis qu’une stagiaire ici. J’étudie la psychologie, alors… je bosse ici, ça m’aide ».

Elle s’abstint d’évoquer le travail fou que cela lui rajoutait ; elle n’avait plus une minute à elle et parfois, aurait aimé que les journées soient rallongées de quelques heures pour parvenir à tout faire. Certes, elle était une passionnée. Cette vie lui convenait et l’enrichissait chaque jour un peu plus. Mais parfois, elle était tout simplement épuisée !

« Vous venez voir votre frère, je suppose ? » s’enquit-elle finalement, légèrement curieuse.

Judith s’interrogeait en effet sur la raison de la venue de Katie Anderson au Centre. Comme elle ne l’avait encore jamais croisé dans les couloirs alors qu’elle y passait un certain temps, la présence de la sœur du directeur devait être relativement rare et donc, de ce fait, suffisamment importante !

Katie savait très bien que ce nom de famille pouvait perturber les employés de son frère. Mais Katie était une soeur adorable et qui n’embêtait personne. La jeune femme connaissait certains films où la grande soeur était souvent redoutée car elle correspondait plus à un tyran qu'à une soeur... Katie, c'est tout l'inverse. Elle, elle s'amuse avec son nom, Anderson. La plupart des gens peuvent croire que c'est l'épouse du directeur et ça, ça amuse beaucoup Katie.

La jeune Anderson a tout de suite remarqué le jeune âge de la fille. Elle doit au moins avoir 10 ans de moins qu'elle. Oulala, Katie se sent automatiquement très vieille u__u. Katie est quand même rassurée quand la jeune femme décide de répondre à sa politesse en lui serrant la main. Cette jeune femme n'est vraiment pas méchante, enfin pour l'instant.

Oui bien sûr, appelez moi Katie.

La jeune femme se sent presque rassurée devant la stagiaire. Elle ne sait pas pourquoi mais elle se sent tout de suite en confiance.. C'est certainement grâce à son sourire qui est presque toujours présent sur ses lèvres.. Le sourire.. Katie ne le connait plus, il reste absent pour l'instant. Mais son visage n'exprime pas non plus de la tristesse, ni de la dépression, il exprime juste le vide, la neutralité.. Rien de plus. Katie commence à boire tranquillement le café avant de faire une énorme grimace et de le recracher dans l'évier..

Arf ! Vous aviez raison !! Il est vraiment mauvais, je dois en parler à Dean...

Désolée..

Dit-elle après s'être essuyée la bouche.

Enchantée Judith. Je pense que votre stage va être très bénéfique pour la suite. Les thérapeutes, ici, sont incroyablement studieux et très forts aussi..

Katie ne connaissait que Neal en thérapeute alors elle part d'un cas typique qui pourrait représenter tous les autres. Enfin, elle espère qu'ils sont tous comme Neal, parce qu'il est vraiment fort ce thérapeute.. Katie tourne la tête vers la jeune femme après avoir nettoyé la tasse. Elle aurait aimer sourire à ce qu'elle vient de dire mais seulement un léger rictus se forme dans le coin de ses lèvres..

On va dire que oui ! Mais en général, je ne le trouve jamais donc je fais des rondes pour savoir si tout va bien dans son centre. Il n'est pas au courant que je fais cela, il serait inquiet..

Vous êtes en stage depuis longtemps ?

Curieuse, aussi, Katie veut toujours en savoir plus sur la jeune femme.

Intérieurement, Judith poussa un soupir de soulagement. Son interlocutrice semblait loin d’être méchante, même amicale. Au moins, la sœur de son patron n’était pas une de ces femmes arrogantes et superficielles que la jolie blonde honnissait particulièrement. C’était déjà ça. Néanmoins, elle ne parvenait à expliquer l’air apathique de Katie. Aucun sourire, aucune expression ne venait trahir les traits de son visage, son magnifique regard bleu dans lequel Judith se perdait aisément restait figé, dénué de tout sentiment. Tout le contraire de Jude qui, elle, s’évertuait à afficher un optimisme inébranlable, un sourire à toute épreuve. Etre fort, c'est sourire quand on a envie de pleurer. Cette citation sonnait comme le fondement de ses principes. Elle ne montrait jamais ses émotions ; pour elle, il s’agissait d’un signe de faiblesse. Qualité ou défaut, tout dépendait de la situation, mais la jeune femme s’efforçait de se montrer forte en toute circonstance. Pour mieux aider les âmes esseulées dans leur combat pour le bonheur, probablement.

« Il n’y a pas de mal ! » la rassura-t-elle avec bienveillance, tandis que Katie se débarrassait de son café dans l’évier. « Et ce serait formidable si vous pouviez en toucher deux mots à votre frère… Une nouvelle machine à café est notre rêve à tous ! »

Un léger rire lui échappa, même si sa phrase frisait l’exagération. Il n’empêche qu’elle n’avait pas tout à fait tort ! Elle, sans café – surtout le matin – elle peinait à émerger convenablement et flottait dans un brouillard toute la journée.

« Oui, je partage votre avis. Les thérapeutes ici sont vraiment géniaux, avec moi en tout cas. Ils ont chacun leur propre manière de travailler, et apprendre à leurs côtés est très enrichissant. Exaltant serait le terme, je crois ».

En aucun cas Judith ne regrettait d’avoir sacrifié une partie de son temps libre pour venir travailler au Centre, au contraire. Elle avait encore quelques années d’étude devant elle, mais pouvoir apprendre auprès de professionnels aussi compétents la ravissait. Bien sûr, elle s’était également attachée aux résidents et, désormais, dès qu’elle possédait un moment, Jude adorait venir le passer ici.

« Je comprends. Cela va bientôt faire deux mois que je suis arrivée… Je ne compte pas partir pour l’instant, sauf si on me met à la porte ! Et vous ? A part… a part faire des rondes dans le Centre, vous faites quoi dans la vie ? »

Elle se demandait quel pouvait être le métier pratiqué par une femme telle que Katie, qui restait tout de même la sœur de son patron. Une femme qui intriguait fortement Judith, elle ne pouvait que le reconnaître.

Katie se sentit tout de suite à l'aise avec la jeune femme dénommée Judith. Elle ne la trouvait pas méchante et pas du tout désagréable, surtout avec le sourire qu'elle affichait presque en continu. Mais ce sourire réchauffait peu à peu le coeur de Katie toujours meurtri par le décès brutal de son fils, Adam. Evidement, elle pense tout de suite que si Adam n'était pas parti, cette jeune fille ne serait pas à étudier avec les thérapeutes du centre, puisqu'il n'y aurait pas de centre.. Pour la jeune femme, le lien qui existe entre les résidents et ce centre est le lien qui existait entre elle et son fils mais il a disparu et elle n'arrive toujours pas à faire son deuil. En y pensant, Katie n'avait qu'une envie, retrouvée son frère. Juste pour être réconforter ou bien même parler de Adam, cela lui fait aussi du bien, mais elle n'en parle à personne, elle ne pourrait le faire.. Seul son frère et peut être un peu son thérapeute, évidement.

Katie tapote légèrement sur la cafetière avant de reprendre :

Oui, je vais m'en occuper ! Je vais essayer d'en trouver une autre, je ne pense pas que Dean prendrait le temps pour changer cette cafetière, je le trouve bien trop occupé en ce moment..

Soupire la grande soeur du directeur. C'est vrai, cela fait un moment qu'elle ne l'a pas vu, ni aperçu.. Elle ne s'inquiète pas plus que ça car elle sait très bien que Dean a toujours été un mordu du travail donc il doit être dans son bureau comme toujours..

Quand Judith reprend sur les thérapeutes, elle repense automatiquement à Neal qui l'aide beaucoup en ce moment. Et effectivement, ce thérapeute est très fort, Katie n'a pas de mal à lui parler.

Et qu'est ce que vous faîtes pour apprendre ? Vous êtes avec eux pendant les consultations ?

Katie ne peut s'empêcher d'être curieuse sur le stage de la jeune Judith. Cela ne doit pas être facile d'être confronté à des cas difficiles, elle est bien trop jeune pour affronter ça.. Mais elle n'est qu'en stage, rien de plus. Katie se dirige vers le robinet pour boire un peu d'eau, elle sentait sa gorge qui brulait à cause du mauvaise café. Pour faire passer le mauvais goût, elle boit plusieurs verres d'eau jusqu'à qu'elle tourne la tête vers la jeune femme, plantant ses yeux bleus dans les siens avant de lui répondre :

Je suis fleuriste. J'ai mon propre magasin pas très loin d'ici, je travail à mon compte.

Dit-elle avant de regarder partout autour d'elle :

Ici, je vais aussi devoir rajouter des fleurs, c'est bien triste cette salle..