Il avait embrassé un mec. C’était un fait indéniable et pour le moins troublant. Alexander avait toujours crut être hétérosexuel jusqu’au bout des ongles. Il avait déjà souvent enchaîné les coups d’un soir avec des femmes. Il avait eu plusieurs relation avec la gente la féminine, dont une qui avait duré pas mal d’année. Ils avaient même abordé la question du mariage et des enfants. Mais ils étaient encore fort jeunes et bien insouciant à l’époque. Ces paroles n’avaient été que des paroles dans le vent. Mais l’envie de fonder une famille n’avait pas quitté Alexander. Il était bien décidé à se trouver une petite femme qu’il aimera assez pour lui faire des enfants.

Fait est que tout ces plans étaient foutu en l’air. En seulement l’espace de quelques secondes. Il y a de ça deux jours, Alexander avait payé un café à Logan, son nouveau patient du centre. Ils s’étaient faits agressés, et notre kinésithérapeute avait fini accroché aux lèvres de ce bel homme. La question qui se posait maintenant était … comment est-ce cela a-t-il put se passer ? Franchement, il n’en savait rien. Il …

« Je vous sert un autre verre ? »

La phrase du barman le fît revenir à la réalité. Clignant des yeux comme pour avoir une vision plus claire sur son monde, Alexander fixa le jeune homme comme s’il venait de voir la sainte vierge descendre d’une soucoupe volante. Puis, toussotant doucement, il afficha un sourire pour reprendre contenance.

« Oui je veux bien » il lui tendit le verre et observa comme l’homme le remplit à nouveau de ce liquide brun qui l’on appelait whisky. Puis, reprenant son verre, il hocha une fois la tête « merci bien » souffla-t-il

Il reprit une gorgé et se replongea dans ses pensées.

Alexander était tellement plongé dans ses pensées qui n´allaient que dans un sens: Logan. Si bien qu´il ne remarqua pas la porte du bar qui s´ouvrit et tressailli assez violement lorsqu´une voix retenti à ses côtés. Heureusement, son verre était posé sur le comptoir: Alexander ne risquait donc pas de renverser une goute de ce bon breuvage. Soupirant doucement, il tourna la tête et reconnu son interlocuteur en la personne de Peter Davis. Celui-ci était non seulement un thérapeute du centre, il était aussi un très bon ami de notre kiné et avait un humour infaillible et à toute épreuve. D´ailleurs, ce qu´il dit arracha un sourire amusé à notre américain. Sourire qui, malheureusement, disparu bien trop rapidement, suite aux dernières paroles de Peter.

Soupirant à nouveau, Alexander dévia le regard et joua distraitement avec son verre. Le regard rivé sur le liquide brun, il réfléchit rapidement à comment il pourrait aborder le sujet, avant de finalement choisir de ne pas le faire.

"On ne peut rien de cacher à toi, pas vrai?" demanda-t-il doucement en lançant un rapide coup d´oeil à son ami "Enfin ..." il détourna à nouveau le regard "ça va aller. Juste une petite phase de ... comment dire ... remise en question? Ouais, ce doit être ça."

Il dégluti doucement. Il n´avait aucune envie de parler de ses problèmes à Peter. D´ailleurs, ce baiser n´était pas vraiment un problème, non? Mais, bien que Peter, de part son boulot, devait entendre des histoires bien pires et ridicules que la sienne - qui finalement était plutôt agréable ...- Alexander ne savait pas comment son ami réagirait. Peut-être était-il homophobe et ne voudra-t-il plus rien savoir de notre américain? Putain de pensée puérile ! C´était le genre de foutue crainte qu´on devait avoir quand on était gosse, pas quand on était adulte et qu´on s´approchait dangereusement de la quarantaine ! Pourtant, Alexander ne pût empêcher cette idée de s´installer dans son cerveau. Mais soit. Tournant son regard vers Peter, il s´efforça de sourire doucement.

"ça va toi? T´as passé une bonne journée?" Demanda-t-il, pour changer de sujet.

Il aurait pût continuer sur la lancée des alcoolos anonymes, il savait qu´il avait assez de répartie. Mais, contre toute attente, c´était ce genre de paroles horriblement banales qui étaient sorties de sa bouche. Enfin. Le connaissant, Peter ne se laissera surement pas berner par cette vaine tentative de changement de sujet. Pourtant, au fond de lui Alexander espérait que son ami ne posera pas d´avantage de questions.

Ah si seulement Peter pouvait avoir raison quant à son idée de remise en question. C´est vrai quoi, la crise de la quarantaine c´était quelque chose de bien plus agréable que la crise de savoir si l´on est homosexuel ou pas. Et puis franchement, Alexander donnerait n´importe quoi pour transformer son propre problème en ce futile problème de savoir si Peter allait ramasser toutes ses conquêtes. Sauf que ... non. On ne pouvait pas changer ses problèmes, malheureusement. Enfin.

Heureusement pour lui, Peter changea de lui-même le sujet, détournant la conversation vers sa propre personne. Pour une fois, Alexander fût reconnaissant que son ami fasse quelque peu preuve d´égoïsme. Pourtant, ce qu´il lui avoua, gâcha le semblant de soulagement que notre kiné commençait à ressentir. Peter lui parla d´Elisabeth Altman, sa collègue avec qui il avait l´impression de vivre autre chose dans sa vie. Si on remplaçait ´collègue´ par ´patient´et Elisabeth Altman´par ´James Logan West´, les problèmes de nos deux amis pouvaient sembler similaires. Alors, soupirant légèrement, il hocha doucement la tête et porta son verre à ses lèvres.

"Un peu que j´comprend ..." avoua-t-il finalement en prenant une gorgée de son whisky.

Le silence retomba entre eux. Les pensées d´Alexander se tournèrent à nouveau vers son patient, puis vers Peter puis vers la question de Peter, puis vers son propre boulot, puis vers sa formation, puis vers ses voyages. Bref, il repensa à tout. A tel point que, dans un léger grognement, il ferma les yeux et secoua la tête, comme pour chasser ces dites pensées. Remarquant du coin de l´œil le regard interrogateur de son ami, Alexander se dit que, finalement, il n´allait sans doute pas passer à côté d´une plus ample interrogation. Alors, sans réfléchir d´avantage, il tourna son regard vers son ami et porta à nouveau son verre à ses lèvres.

"Dit moi, Peter. J´t´ai jamais demander mais ... c´est quoi ton avis sur ... l´homosexualité?"

Il avait tenté de ne pas paraître hésitant. En vain. Enfin soit. Reprenant une gorgé de sa boisson, Alexander espérant secrètement que la réponse de Peter ne sera pas trop négative ...

Avec Peter, il fallait apprendre à écouter entre les lignes. Cet homme avait la foutue habitude de ne pas être complètement explicites dans ses propos. C´était sans doute ce qui faisait la difficulté de communiquer avec lui. Mais Alexander avait l´habitude de ses allusions et avait appris à le comprendre. Ainsi donc, notre kiné comprit la chose essentielle: Peter n´était pas homophobe. Au contraire. Il lui avoua carrément que l´idée de se retrouver dans le même lit qu´un autre homme lui plairait pas ma, sauf qu´il n´était pas de ce bord. Alexander ne pût s´empêcher de soupirer de soulagement.

Un instant, il avait réussi à douter que son ami était à ce point ouvert d´esprit. Finalement, ses espérances ne furent pas mises à mal. Alors, conforter dans l´idée que Peter ne le jugera surement pas, il prit une profonde inspiration, puis se prit le temps de vider son verre et le poser sur le comptoir. Le gardant une main, regard rivé sur le fond du verre, il reprit la parole.

"J´ai embrassé un homme" avoua-t-il finalement, ne voulant pas garder ce sujet plus longtemps pour lui "c´était il y a deux jours et ... je ... j´ai ... peut- être un peu trop apprécier ce baiser." il ferma furtivement les yeux puis les rouvrit en tournant son regard vers son ami "j´ai embrassé un homme Peter. Et maintenant, je ne sais plus quoi penser." il détourna à nouveau son regard vers son verre "Putain, si tu savais comment s´est confus dans ma tête. A te donner la migraine quoi !"

Plus il parlait, plus il avait l´impression de paniqué. Effectivement, il ne savait pas quoi penser de toute cette situation. Cet acte avait remit en question toute sa propre personne. Et ça, c´était sans doute ce qu´il avait de plus horrible.

La première réponse de Peter accentua la panique d´Alexander. Il venait de choquer son ami. Et si ce n´était pas réellement le cas, alors le thérapeute lui en donn fortement l´impression. Instantanément, notre kiné dévia le regard et joua avec l´idée de partir sur le champ, se bourrer la gueule chez lui et regretter amèrement son aveux.

Avec sa deuxième réponse, Peter éveilla la curiosité de son interlocuteur. Oui d´accord, Alexander savait qu´on se découvrait nouvellement à chaque moment crucial de sa vie. Ce n´était pas une nouveaut. Pourtant, l´entendre de la bouche d´un ami thérapeute avait quelque chose de rassurant. Alexander décida donc de rester et se détendre au bar.

La troisième prise de parole de son ami, arracha un sourire puis un rire à notre kiné. Cet homme, sérieux. S´il n´existait pas, il faudrait l´inventer. Il avait une repartie hors norme et trouvait toujours les mots justes pour remonter le moral. Du moins, il remontait ainsi le moral de notre kiné. Secouant la tête, il alla coller son poing contre l´épaule de son ami.

"Putain Peter, sale fou." l´injura-t-il en rigolant doucement puis soupirant doucement pour se calmer "Enfin, mon premier baiser est déjà donné, désolé. Si tu avais été plsu rapide peut-être que t´aurais pu être ma Juliette" reprit-il en accentuant ses paroles avec un clin d´oeil. Puis, toussotant, il se redressa "Enfin, plus sérieusement. Si je comprend bien, tu dis que ... je dois accepter mes ... sentiments face à Logan?"

A peine eu-t-il dit cela, qu´il regretta ses paroles. Putain. Il s´était pourtant jurer de ne pas évoquer le nom de Logan avec Peter ! Même s´il faisait confiance à son ami, Alexander savait qu´il connaissait son patient ... qui devait surement aussi être celui de Peter. Enfin. Le mal était fait ...