Il était 10h30 lorsqu’Alexander toqua à la porte de Logan. Sauf qu’il n’eu aucune réponse. Après trois vaines tentatives, notre kiné, se demandant où son amant pouvait bien être, se détourna et redescendit les escaliers. N’ayant aucune envie de chercher son Logan partout dans l’immense centre, il devait au moins s’assurer qu’il n’était pas sorti ou qu’il n’avait pas fugué. Alors, se dirigeant vers l’accueille, il posa la question et une réponse brève : Logan se trouvait en thérapie avec un psychologue pour un temps indéfini. Ne pouvait cacher sa déception, il remercia la secrétaire puis tourna les talons.

Sans savoir comment ni pourquoi, Alexander se retrouva dans la cours intérieure. Avisant le terrain de basket, il s’y dirigea et attrapa la balle. Remerciant le manque d’ordre des résidents de ce centre, notre Alexander fît légèrement rebondir la balle sur le sol, tout en observant le terrain d’un regard circulaire. Rapidement, il arrêta la balle, enleva sa veste, la posa sur un banc puis revint au centre du terrain. Remontant les manches de sa chemise, il reprit la balle en main et fixa son attention sur le panier. Demi-sourire sur les lèvres, il testa à nouveau le rebond du ballon avant de se mettre en route. Doucement au début, il se mit à trotter puis prit de la vitesse. A quelques pas du panier, Il prit le ballon en main, fît encore trois pas puis sauta en l’air et laissa sans problèmes, le ballon tomber dans le panier. Se réceptionnant en pliant légèrement les genoux, il rattrapa la balle, dribla, puis courut à nouveau vers le panier.

Ainsi passèrent une dizaine de minutes. Pourtant, au bout d’une quarantième approche, Alexander calcula mal sa force et lança le ballon contre le cadre. La force fût telle qu’il rebondit, retournant avec rapidité vers son lanceur. Les yeux écarquillé, Alexander eu tout juste le temps de se baisser pour ne pas se prendre le ballon en pleine tronche. Le cœur battant à tout rompre, autant pas l’effort physique qu’il venait de faire que par la peur qu’il venait d’avoir, il se redressa doucement, secouant la tête. Il était moins une …

Alexander avait bien évidement entendu la balle rebondir derrière lui, mais lorsqu´en plus il entendit une voix humaine retentir derrière lui, son cœur rata un bond. Putain. Le ballon n´était tout de même pas aller se loger dans la tronche d´une personne inconnue? Urgh. Rien que l´idée d´être peut-être à l´origine d´un nez cassé était presque insupportable. Bien qu´en tant que Kiné il était payé pour faire mal. Mais ce n´était pas la même chose. Prenant une profonde inspiration, Alexander se prit le temps de se calmer avant de se tourner.

Ce qu´il vît lui arracha un soupir de soulagement. Un jeune homme se trouvait un peu plus loin de lui, s´approchant avec la balle en main. Pas de sang qui coulait de son nez, il n´avait pas non plus l´air hébété. Bref, Alexander n´avait blesser personne. Ouf. Alors, haussant les épaules, il afficha un sourire innocent.

"Ce n´est pas ma faute, cette balle est libre. Elle s´est sauvé" dit-il pour sa défense en faisant un pas vers l´inconnu "désolé. J´espère qu´elle ne vous a pas fait mal"

il accentua l´ironie de ses paroles par un sourire amusé et s´approcha d´avantage vers le jeune homme. L´observant discrètement de haute, en bas, notre kiné remarqua qu´il était pas mal musclé. Ou du moins, était-ce l´impression qu´il donnait. Une idée lui vint alors à l´esprit. Une idée sans doute farfelus mais ...

"Vous vous y connaissez en basket ?" demanda-t-il en lui prenant la balle des mains. "ça vous dit un petit match?"

Lançant le ballon en l´aire, il observa l´inconnu avec un air de défit sur le visage. Notre kiné avait toujours été sportif. À 10 ans il avait même fait parti d´une équipe de basket. 1 an après, lors d´une victoire, il avait pourtant remarqué qu´il n´était pas fait pour les sports d´équipe. Depuis, il se concentrait essentiellement sur le karaté. Mais ça ne l´empêchait pas de se faire quelques paniers en solitaire quand il en avait l´occasion.

Pour toute réponse à sa proposition, l’inconnu s’élança alors qu’Alexander s’amusait distraitement avec la balle. Attrapant le ballon en vol, l’homme courut vers le panier, sauta en l’air et marqua. Le tout avec une facilité déconcertante. Alexander n’avait pas réagit et était resté sur place, à observer les mouvements de l’inconnu. D’ailleurs, ce dernier semblait s’y connaitre plus que notre kiné ne l’avait imaginé. Enfin.

Souriant et allant à la rencontre de l’homme, Alexander entendit comment il se présenta. Il avait donc affaire à un certain Jon. Hochant une fois la tête, il lui attrapa la main en souriant.

« C’est toujours bon de connaître le nom du perdant » rétorqua-t-il, ironique au plus haut point, avant de relâcher la main « Alex » se présenta-t-il à son tour.

Puis, faisant un rapide pas en avant, profitant du fait que son futur adversaire n’était pas concentré, notre kiné alla lui frapper la balle des mains. Rattrapant l’objet rond, Alexander dribla vers le centre du terrain afin de mettre de la distance entre eux. Une fois arrivé sur place, il se tourna vers Jon et, sans cesser de faire rebondir la balle sur le sol, désigna le panier.

« On garde les règles normale du basket quant à la marche avec le ballon et les zone devant le panier » expliqua-t-il avant d’attraper le ballon en main et faire complètement face à Jon « Notre jeu différera d’un jeu normal par le simple fait qu’on est qu’a deux et ... » il glissa un rapide coup d’œil vers le panier « hm …. On va jusqu’à 20 points ? Le perdant ... » il reporta un regard malicieux sur Jon « paye une bière à l’autre. Deal ? »

La première remarque de Jon passait et été légitime. Personne n´aimait se faire traiter de nul. Et avec sa déclaration, Alexander sous-entendait fortement que ce Jon allait perdre. Mais notre kiné était d´une humeur excellente. Et quand il était de bonne humeur, il ne faisait pas spécialement gaffe à ce qu´il disait, ni à qui il disait une telle chose. Celui lui avait déjà valut un bon nombre d´engueulade. Mais soit là n´est pas la question.

Par contre, ce que Jon dit en acceptant le deal posé par notre kiné, frustra quelque peu ce dernier. Papy. Il n´avait quand même pas osé. Si? Non mais franchement, pour qui il se prenait ce gamin? Hein? Sérieux. La jeunesse de nos jour n´avait plus aucun respect pour la génération un PEU plus agé ! Enfin. Secouant doucement la tête, Alexander fît face à son adversaire, contrôlant admirablement les rebonds de la balle.

"Le plus vieux commence" déclara-t-il avec un sourire en coin.

Ainsi, légèrement penché en avant, le regard fixé sur le plus jeune, Alexander ne cilla pas. Diminuant les rebonds de la balle, les faisant plus petits, il attendit le moment propice. Voyant une légère faille dans la défense de son adversaire, il en profita. S´élançant, contournant Jon brusquement par la droite, il vit le panier libre. Accélérant d´avantage, il courut, prit la balle en main, fît deux pas, sauta en l´aire et marqua. Facil. Se réceptionnant, les genoux légèrement plié, Alexander rattrapa le ballon et l´envoya à Jon.

"Alors gamin, on flanche déjà?" demanda-t-il en souriant.

Jon l´avait traité de papy. Pourquoi lui n´aurait.il pas le droit de le traiter de gamin, hm? Soit. Se plaçant devant son adversaire, regard allant de la balle à son visage, Alexander se concentra, puis hocha une fois la tête dans sa direction.

"J´t´ai jamais vu au centre. T´es nouveau?" demanda-t-il espérant ainsi déconcentré le plus jeune.

Ainsi donc, cet homme n´est pas du centre. Il vient seulement "voir une amie". Alexander est quelque peu déçu: à part son Logan, il ne connait aucun résident de ce centre. Enfait, il aimerait vraiment savoir comment tiquent ces gens. Est-ce qu´ils sont plus du genre renfermé ou plutôt ouvert? Peut-on savoir, rien qu´en les voyant, qu´ils n´ont pas toujours été gâté par la vie? Logan n´était pas un exemple assez objectif: Alexander le connaissait plutôt bien et savait donc, dans les plus gros des détails, que sa vie n´avait pas été rose. Du moins, jusqu´à cette nuit de cinéma, pendant laquelle Alexander avait découvert en cet homme quelqu´un d´extrèmement charmant et presque un peu trop attentionné. Mais il n´allait en aucun cas le changer, non. SON Logan était parfait et ses défauts le rendaient encore plus parfait. Enfin. Là n´est pas le centre de notre histoire.

Le kiné avait donc affaire à un autre homme, un "ami d´une résidente". Ainsi donc, Alexander n´était pas la seule personne extérieure à faire connaissance avec la gente résidentielle. Ce n´était pas plus mal que ça. Mais, un ennième rebond et le démarage en trombe de son adversaire en direction du panier, ne lui laissèrent guère plus de temps pour réfléchir à ce sujet.

Sans plus d´hésitation, Alexander se lança à la poursuite de l´homme, le rattrapa et se plaça entre lui et le panier. Le regard fixé sur lui, légèrement penché en avant, en équilibre sur ses pieds et souple dans les genoux, Alexander était préparer à toutes éventualité d´attaque. Sauf celle que le plus jeune choisisse de tenter le tout pour le tout et d´envoyer le balon de là oú il se trouvait ... directement dans le panier. Sans effleurer les bords, la balle retomba sur le sol. Mine abasourdie sur le visage, Alexander la rattrapa et se tourna vers Jon.

"Pas mal ..." dit-il en hochant la tête Bien pensé. Respect"

Du respect, Alexander en avait réellement. Finalement, ce gamin lui donnera sans doute plus de fil à retordre qu´il ne l´aurait initialement pensé. Mais ce n´était pas un souci, bien au contraire. L´esprit de combattant d´Alexander Darwin Carter ne se laisse réduire à néant rien que par cette démonstration de force. Alors, tranquillement, cachant son vrai état d´esprit derrière un grand sourire, le kiné se remit en place au centre du terrain. Penché en avant, dos droit et regard rivé sur son adversaire, l´américain fît rebondir la balle devant lui.

"C´est quoi ta fonction dans le centre?" Demanda-t-il "Je veux dire ... t´as pas trop la tête d´un thérapeute .."

Cette dernière phrase n´était pas à prendre personnellement. Et puis, Alexander ne connaissait qu´un seul thérapeute ici et il s´agissait de Peter Davis, qui n´était, lui non plus, pas un exemple très objectif.