Aujourd'hui, c'est le jour J pour Abigail. Elle a décidé de se rendre dans le bureau de sa mère, de lui montrer qu'elle va bien et que maintenant, elle peut vivre sa vie comme elle le veut. La petite blonde de son côté, veut aussi montrer à sa mère qu'elle saura se débrouiller toute seule, sans elle, comme elle l'a fait jusqu'à maintenant. Se faisant jolie pour discuter avec sa mère, après ces trois ans sans la voir, elle défait une par une les tresses qu'elle s'était faite la veille et passe un coup de peigne humide pour laisser ses jolies boucles tomber en cascade sur ses épaules. Portant cette petite jupe qu'elle a trouvé au centre et qu'elle adore, elle enfile aussi ces collants en laines ainsi qu'un pull à col roulé. C'est devenu sa tenue favorite~

Faisant un peu de toilette, la petite blonde se sent tout de même particulièrement stressée à l'idée de discuter avec elle à nouveau. Elle est sure et certaine que sa maman lui demandera de rentrer avec elle, mais jamais elle ne se laissera faire... Bien évidemment, Abigail ne sait plus trop quoi croire concernant cette adoption que son (ex) petit ami lui assurait réelle. Et à dire vrai, elle préfère ne pas y penser, ne pas en parler. Sa mère lui manque et c'est celle qu'elle appelle ainsi qui la élevée alors, c'est elle qui reste sa mère.

Poussant un soupir, elle se met à déambuler dans les couloirs à nouveau, là où se trouve les bureaux du personnel, jusqu'à ce qu'elle tombe sur la bonne porte, celle sur laquelle se trouve le nom de famille qu'elle portait encore il y a deux ans. La porte est entrouverte, ce qui rassure Abigail sur une chose ; sa mère doit encore être à l'intérieur. Hésitante, son cœur vient tambouriner contre sa poitrine à n'en plus pouvoir, ses mains deviennent moites et son souffle court. Ne frappant pas, elle se contente de laisser la porte s'ouvrir d'avantage à peine la pousse t elle et la voit enfin.

Cela faisait un bon moment qu'elle ne l'avait pas vu d'aussi près. Elle ne peut s'empêcher de la fixer sans un mot et lorsque leur regard se croisent, Abi retient son souffle. Que va t il se passer maintenant ?

Bien qu'Abigail sentait son ventre se nouer, ses jambes trembler et son cœur battre à tout rompre, elle essayait de se donner un peu de contenance devant sa mère. Cela faisait vraiment longtemps qu'elles ne s'étaient vu et bien évidemment qu'elle lui manquait, mais elle n'avait pas envie de lui montrer ses faiblesses parce qu'elle avait réussi à tenir jusqu'à aujourd'hui. Elle déglutit tout de même et serre un peu les poings, histoire de ne pas laisser l'émotion dominer son petit corps fragile. Encore un peu faible de part son séjour dans les rues, elle a un peu de mal à regarder sa mère dans les yeux. Savoir qu'elle est face à elle et qu'elle est en train de la regarder, cela lui fait tout de même quelque chose.

Abigail ne pensait pas pouvoir affronter sa mère un jour. Elle se demande ce qu'elle peut ressentir : est elle en colère contre elle ? Ou est elle seulement déçue par son comportement ?... Ou est ce encore tout autre chose ? Gardant les yeux sur la pièce, elle ne voit la larme qui roule sur sa joue que lorsqu'elle entend Elisabeth prononcer son prénom, puisque c'est à ce moment là qu'elle décide de la regarder. Elle ne l'avait pas vraiment entendu, mais elle l'avait vu bouger et avait ainsi pu lire son prénom se former sur les lèvres de sa mère.

Lorsque sa mère vint s'écrouler à ses pieds, Abby fut tellement surprise qu'elle ne bougea plus. Que devait elle dire ? Que devait elle faire ?... Laissant la conseillère prendre ses mains dans les siennes pour les embrasser puis, l'enlacer, la petite blonde ne pu rester insensible bien longtemps. Elle passa ses doigts dans les cheveux de sa maman.

Je... J'ai grandi tu sais...

Souffla t elle, ne voulant pas la brusquer mais ne réussissant tout de même pas à lui dire quelque chose de gentil... Sans doute parce que dans sa tête, c'est à cause de ses parents si elle s'est retrouvée dehors alors, elle n'a pas à être tendre avec eux...

Abigail se sent un peu perdue, mais sait tout de même qu'elle l'est beaucoup moins que sa mère. Elle le sent... Si de son côté, elle tremble, c'est parce qu'elle se sent un peu terrifiée quand à la réaction que sa mère va avoir, quand à apprendre ce qu'il s'est passé dans sa vie à cause d'elle mais aussi, parce qu'elle imagine que ce qu'elle va vouloir, c'est qu'elles se retrouvent toutes les deux à la « maison »... mais ça n'est pas ce qu'elle veut, et le plus dur sera sans doute de le lui faire comprendre.

Quand elle entend sa mère l'appeler « mon Bébé », elle ne peut s'empêcher de lui dire qu'elle n'est plus un bébé, qu'elle a grandit maintenant. Elle est une adolescente et elle est même en âge de travailler. Ça n'est pas encore au programme, même si elle sait qu'il faut qu'elle rencontre un conseiller d'orientation.

Merci...

Souffle t elle, émue, lorsque sa mère lui affirme qu'elle est devenue une jeune femme. C'est un bon début et c'est ce qu'Abigail veut : ne plus passer pour une petite fille qui fait des bêtises... Elle sait qu'elle en a fait et qu'elle n'est toujours pas à l'abri d'une erreur, mais se sent d'avantage mature que lorsqu'elle est partie. D'ailleurs, lorsque sa mère lui affirme que maintenant, elles peuvent rentrer chez elle, elle le sentait venir et ne peut s'empêcher de laisser un blanc s'imposer de lui même entre elle ; un peu comme pour lui faire comprendre que ça n'est pas au programme.

Non... J'peux pas...

Affirme t elle en la regardant dans les yeux, pour lui montrer qu'elle est sérieuse.

Depuis le temps qu'elle était parti de chez elle, il est clair qu'Abi a changé. Elle n'est plus la petite fille capricieuse qu'elle était avant, même si il est bien possible qu'elle soit encore une adolescente qui râle parfois pour un rien. Ce qui est sur, c'est qu'elle a changé physiquement ! Mais elle peut comprendre que sa mère veuille reprendre leur vie là où elles l'avaient laissé. Sauf que cela ne convient pas du tout à la petite blonde. Elle ne veut pas de ça et voudrait continuer sa vie, seule, comme une grande. Parce que c'est ce qu'elle était.

Voilà pourquoi lorsque sa mère lui demande de rentrer avec elle, Abigail lui répond qu'elle ne peut pas, que ça n'est pas possible. Après tout, cela fait deux ans qu'elle vit seule, chose qui aurait fini par arriver si Abi avait continuer ses études. La petite blonde a envie de continuer dans cette voie là ; elle pense bien s'en sortir toute seule alors, il serait idiot de ne pas continuer.

Non, non !!... Calmes toi, c'est pas ça...

Souffle t elle avant de froncer les sourcils.

Papa et toi n'êtes plus ensemble ?...

Lui demande t elle en la regardant dans les yeux.
Elle était loin de se douter que depuis qu'elle n'était plus à la maison, de l'huile avait été posée sur le feu dans le couple que formaient ses parents. Eux qui s'aimaient tant et qui n'avait jamais un mot plus haut que l'autre... C'est sous le choc qu'elle regarde sa mère, attendant une réponse de sa part.

Il est évident que d'apprendre la séparation de ses parents la persuade que c'est de sa faute, mais le dire n'aiderait sans doute pas. Elle est pourtant soufflée et ne sait pas bien quoi lui répondre... Elle regarde sa mère agir, un peu comme si elle était l'adolescente et elle, l'adulte. Cela lui fait une drôle de sensation : sa mère a l'air complètement perdue alors qu'Abigail, elle, semble en savoir d'avantage sur ce qu'elle attend de l''avenir.
Quand elle lui demande alors si vraiment elle et son père ne sont plus ensemble, Abi sent qu'elle a fait une bourde, qu'elle n'aurait peut être pas du être aussi cash avec sa mère et que celle ci semble vraiment déboussolée. Mais d'un autre côté, elle la sent aussi dans le même état d'esprit qu'elle dans ce sens où elle a l'impression qu'elle aussi aurait voulu lui parler de ce divorce d'une autre manière.

De toute manière, il n'y a pas de bonne façon d'apprendre le divorce de ses parents. D'une manière ou d'une autre, elle aurait fini par mettre le doigt dessus et autant que ça soit maintenant... Elle se doutait bien que c'était par sa faute, et c'est pour ça que poser la question à sa mère était quelque chose d'idiot à faire. Surtout que cela doit déjà être quelque chose de douloureux à se remémorer.
La suivant des yeux, elle la regarde donc aller s'asseoir sur le canapé qui se trouve dans son bureau et l'écoute.

Et... Tu ne t'es jamais dit que c'était la même chose pour moi ?

Lui demande t elle avec un léger sourire.
Savoir que ses parents ne sont plus ensemble la fait un peu culpabiliser : pas de les avoir séparer, parce qu'après tout, si ils n'ont pas pu rester ensemble suite à son départ, c'est peut être que leur couple n'avait plus lieu d'être, qu'ils s'aiment en tant que parents mais pas en tant que couple ; mais de laisser sa mère toute seule, ça par contre, cela ne lui plait pas...
L'écoutant une nouvelle fois, Abigail vint s'asseoir à ses côtés et prit la parole.

Je n'aime pas trop que tu sois toute seule mais... - Elle prit sa main dans la sienne – Je n'peux pas rentrer à la maison... Peut être que tu vas dire que je veux faire la grande, mais je veux m'en sortir toute seule....