Hold your breath and count to ten

- WITH NEAL -

Il est l’heure pour Max de rejoindre le bureau de Neal, pour leur rendez-vous. A l’époque où elle était nouvelle au Centre, la jeune femme redoutait vraiment ces entretiens. Mais les choses ont beaucoup changé dernièrement, puisque son thérapeute est parvenu à gagner sa confiance, et qu’avec le temps, Maxine a commencé à se sentir à l’aise avec lui. Elle est parvenue à se confier, à mettre des mots sur sa douleur. Et même s’il reste encore beaucoup de chemin à faire, la jeune femme n’est plus aussi nerveuse qu’avant à l’idée de se rendre à un de leurs rendez-vous. Il faut dire qu’en compagnie de Neal, Maxine se sent vraiment à l’aise, et bien mieux dans sa peau, aussi. Elle a l’impression de pouvoir tout lui dire, sans se sentir jugée, qu’il fait de son mieux pour la comprendre, avant d’émettre une quelconque opposition. C’est sans aucun doute la personne qui la connaît le mieux, depuis son arrivée au sein du foyer. Et puis, ce qui ne gâche rien, c’est qu’il est vraiment séduisant et ça, Max l’a remarqué dès le tout premier jour. C’est sans conteste son charme naturel, sa patience et son air rassurant qui lui ont donné envie de faire le programme avec lui. Max aurait très bien pu choisir une thérapeute femme… ! Mais Neal lui a donné envie de faire une exception, et ce n’est pas un choix qu’elle regrette à ce jour, bien au contraire.

La porte de son bureau étant fermée à son arrivée, Max vient s’asseoir sur un fauteuil dans le couloir, pour patienter. Elle a pris pour habitude de ne pas frapper pour le prévenir de son arrivée, afin d’éviter de le déranger au cours de son travail avec un autre résident par exemple. Qui plus est, en règle générale, le jeune homme est plutôt à l’heure et à jour dans ses rendez-vous. Il ne lui arrive jamais d’attendre plus de 10 minutes habituellement.

Si Maxine a eu l’occasion de voir Neal à une réunion collective, elle n’a pas eu l’opportunité de s’entretenir individuellement avec lui depuis les fêtes. Elle imagine donc qu’il va l’interroger sur cette période, peut-être plus difficile que les autres. La jeune femme envisage aussi de lui parler de cet « accrochage », avec Ash. Avec lui, la belle brune craint de ne pas s’être comportée de la meilleure façon qui soit. Elle devrait peut-être en parler avec son thérapeute. Quoi qu’il en soit, la résidente n’appréhende pas de retrouver Neal au cours d’une séance de travail. Elle aurait presque hâte, en fait, ça fait un moment qu’ils ne se sont pas retrouvés seuls pour discuter. Et Max, avec le temps, a appris à apprécier ces instants qu’elle considère comme privilégiés. Elle sait qu’elle ne passera pas un mauvais moment, qu’il prendra soin d’elle – comme toujours.

Les entretiens de Neal s’enchainent en cette fin d’année. Depuis la fin de l’automne, le Centre a accueilli beaucoup plus de résidents… et c’est probablement dû au froid dehors. C’est une motivation supplémentaire disons. Neal sait bien qu’il fait trop froid pour survivre à l’extérieur. Les fêtes sont passées à présent et la vie à bien rapidement repris son cours. Le break qu’il s’est accordé en retournant en Angleterre lui a fait particulièrement du bien. A San Francisco, il est incapable de penser à autre chose que son travail. Il lui arrive de sortir bien évidemment mais ça reste toujours dans un coin de sa tête. Il n’arrive pas à tout laisser derrière lui. A Londres, entouré de sa famille, il lui était plus aisé de lâcher prise le temps de quelques jours. De revoir ses proches qui lui avait tant manqué lui a redonné la pêche. Cela dit, pour rien au monde il ne souhaiterait changer de continent. Il sait à présent, malgré ce foireux échec amoureux que sa place est ici.

D’ailleurs, il est à présent en pleine séance avec une résidente, qui a toujours eu particulièrement du mal à s’ouvrir. Les mois passent et ça ne donne pas grand-chose. Ça frustre Neal bien évidemment mais il ne cherche pas à le montrer. Il se doit de rester très positif. Ce n’est pas en dégageant de mauvaises ondes qu’il parviendra à faire parler ses patients. Ça, il l’a bien rapidement remarqué. Heureusement, s’il peine avec certains, avec d’autres, Neal ressent une nette évolution et ça l’encourage vivement. Neal sait remettre ses méthodes en question pour ceux avec qui ça ne fonctionne pas mais tout le monde n’est pas pareil heureusement. Alors que la séance prend fin, le jeune homme range ses feuilles dans le dossier de sa patiente et la ramène naturellement jusqu’à la porte et la salue.

Son prochain rendez-vous, avec Maxine, une patiente qu’il suit depuis des mois risque d’être beaucoup moins difficile. C’est notamment avec elle que Neal voit que son travail n’est pas vain. Il y a eu une nette évolution et Neal ne peut qu’en être ravi. Sans parler du fait qu’il ne peut s’empêcher de ressentir une certaine affection pour cette jeune femme. Rien d’ambigu mais sa façon d’être la touché. Et puis, il se sent quelque part privilégié dans le sens où Neal a bien compris qu’au fil du temps, Maxine lui avait accordé sa confiance. Depuis la fin de l’année, Neal n’a pas eu l’occasion d’avoir un entretien individuel avec cette dernière. C’est avec beaucoup d’interrogations qu’il se dirige vers cette dernière. Le thérapeute ne cache cependant pas un sourire bienveillant et chaleureux. Sa main se tend naturellement vers la sienne pour la saluer.

Bonjour Maxine !

Souffle le thérapeute, en ajoutant :

Je vous en prie, rentrez. Ça me fait plaisir de vous revoir, vous savez.

Avoue le jeune homme, sans s’attarder pour autant dans le couloir. Il invite la demoiselle à le suivre en renfermant doucement la porte derrière eux.

Maxine fait preuve de patience, parce qu’elle sait que Neal n’a jamais beaucoup de retard, et parce qu’elle sait combien ces séances sont importantes. Tous les résidents ne s’en rendent pas compte, mais elle, elle l’a compris depuis longtemps. Le travail qu’elle a effectué avec Neal jusqu’à maintenant lui a été d’une grande aide, à bien des niveaux. Il reste cela dit un très long et périlleux chemin à parcourir. Avec ce qui lui est arrivé, la jeune femme ne peut pas se remettre sur pied en un clin d’œil, c’est tout à fait logique. Il n’empêche qu’elle a la sensation d’avoir beaucoup évolué ces derniers mois. Et ça, elle le doit à son thérapeute, ça ne fait pas le moindre doute pour elle. C’est d’ailleurs pour ça que Max ne regrette pas de lui avoir donné sa chance ! Elle a pourtant hésité à le choisir lui plutôt qu’une femme. Mais aujourd’hui, ces questions ne se posent plus. Elle est bien avec Neal, elle a la sensation d’avoir fait le bon choix.

En entendant la porte de son bureau s’ouvrir, Max a immédiatement le réflexe de se lever. Elle regarde la résidente – avec laquelle il s’entretenait précédemment – le saluer, puis focalise son entière attention sur le thérapeute, qui se rapproche d’elle, pour lui serrer la main. En réponse à son attitude, polie et bienveillante, la jeune femme ne peut qu’esquisser un sourire. Il faut dire qu’il lui a glissé, qui plus est, une gentille remarque par la suite. Et elle n’a pas pu s’empêcher de la relever, ni d’y répondre d’ailleurs.

Moi aussi, ça me fait plaisir.

Concède la belle brune en passant la porte. Elle retire le sac en toile qu’elle portait sur son épaule en entrant, et, tout en s’asseyant sur le fauteuil en face du bureau de Neal, prend soin d’en sortir une boite de chocolats. Elle tourne ensuite la tête pour trouver l’homme dans la pièce, lui sourire, et lui tendre le paquet.

Tenez – j’espère que vous aimez le chocolat ?

Tout ce que Maxine espère, c’est qu’elle est la seule de ses patientes à avoir pris la peine de lui faire un petit cadeau. Ce n’est pas grand-chose, mais elle voudrait lui faire plaisir. Après tout, elle lui doit bien ça, lui qui a eu la patience de l’écouter et de la conseiller, à bien des reprises. Cela dit, plutôt que de commencer la séance, la jeune femme ne peut s’empêcher de poser une question personnelle à son interlocuteur, tout en passant une main dans son épaisse chevelure brune, pour dégager son visage et ses yeux dorés.

Et l’Angleterre, c’était bien… ?

Intimidée à l’idée qu’il soit gêné par ses questions, Max se mordille légèrement la lèvre inférieure. Peut-être va-t-il la trouver trop curieuse ?

Neal a toujours été très ponctuel. Il prend le temps d’écouter ses patients, c’est certain mais ne souhaite pas s’attarder lorsque le temps est écoulé. Surtout qu’il sait toujours se rendre très disponible, il est bien capable de venir lorsqu’il ne travaille pas ou de finir ses journées un peu plus tard si besoin est. Neal veut tout simplement être disponible pour tout le monde. Il veut consacrer sa vie en aidant les autres. C’est quelque chose, un principe qui est ancré en lui depuis un bon nombre d’années à présent. Son temps passé en voyage l’a conforté dans cette idée là. D’ailleurs, il était impatient malgré ses vacances de s’y remettre. Ce break lui a fait du bien mais l’envie de se remettre à la « tâche » a fini par être plus oppressante. Il se sent bien dans ce Centre, Neal s’entend avec ses collègues et malgré certains résidents plus pénibles, il n’est pas à plaindre.

Lorsque sa séance prend fin, il salue sa patiente et se dirige droit vers Maxine, un sourire s’affiche sur son visage lorsque leurs regards se croisent. Il est vraiment ravi de la revoir. La dernière fois, à la réunion, il n’a pas eu l’occasion de vraiment lui parler. Les séances individuelles sont beaucoup plus productives pour certains. Neal, toujours très sincère, se permet un commentaire après lui avoir serré la main. Sa réponse lui arrache un autre sourire. Sans perdre une minute, il entre dans son bureau et referme la porte derrière eux. Comme elle y est habituée, la demoiselle s’installe tandis que lui vient directement se poser sur son fauteuil. Neal se relève pour afficher une moue surprise mais contente tout de même en prenant la boîte que lui tend Maxine.

Oh… bien sûr, j’adore ! Merci beaucoup c’est adorable !

Répond le thérapeute dans un franc sourire. Il ne s’y attendait pas. D’ailleurs, elle n’était pas obligée de lui offrir quelque chose. Lui-même se sent un peu bête de rien n’avoir en retour à lui donner. C’est embêtant. Cependant, il ne reste pas sur cette note puisque sa patiente lui pose une question plus personnelle, concernant ses vacances. Neal lui en avait certainement parlé lors de leur dernière séance. Il sourit en relevant qu’elle s’en est rappelée.

Comme un retour aux sources disons, ça fait du bien ! J’ai pas mal bougé pendant mes vacances. Je vous aurai bien ramené un tableau dans une galerie Londonienne mais ça prenait trop place… !

Souffle Neal dans un sourire doux. Il sait qu’elle aime l’art. C’est un point commun qu’ils ont.

Enfin, si je me mets à parler de mes vacances on y passera l’heure… ! Vous aussi, je suis certain que vous avez des choses à me raconter… ! Comment elles se sont passées pour vous ces fêtes…?

A son arrivée au Centre, Maxine appréhendait énormément ces séances de thérapie. Aujourd’hui, elle les voit d’un œil bien différent. En fait, on pourrait même dire qu’elle est contente de retrouver Neal. Ça fait un bail qu’ils ne se sont pas vus, parce qu’il a passé ses vacances chez lui, en Angleterre. Max a participé à la réunion collective qu’il a animée, mais l’ambiance est différente lorsqu’ils se retrouvent tous les deux. Elle se sent en sécurité en sa compagnie, à l’aise, comme avec personne d’autre – en tout cas du côté de la gente masculine. C’est peut-être pour ça qu’elle a songé à lui acheter, malgré ses maigres finances, une boîte de chocolats. Et puis, elle tient à le remercier, aussi, à sa manière. Il a toujours été présent pour elle, et c’est une chance que d’avoir quelqu’un comme lui au foyer. La belle brune en a conscience – et elle espère qu’il le sait lui-aussi. Elle serait dévastée s’il décidait de changer de travail. Elle a l’impression de beaucoup se reposer sur lui. C’est peut-être une erreur, d’ailleurs ? Pour le moment, en tout cas, c’est comme ça qu’elle parvient à gérer les choses. Et c’est déjà un grand pas pour elle. Une première, même ! Elle a l’impression d’avancer, après un long - très long - immobilisme.

C’est pas grand-chose, je sais… mais c’est pour vous remercier.

Se contente-t-elle de dire, dans un sourire un peu timide. Peut-être ne devrait-elle pas en faire autant ? Tout ce qu’elle espère, c’est de ne pas avoir de regrets, et de ne pas froisser Neal, d’une quelconque façon que ce soit. Elle serait bien embêtée que tout bascule, à cause d’une simple petite boîte de chocolats. En tout cas, la belle brune ne s’offusque pas qu’il n’ait rien à lui offrir ! Elle aurait été surprise du contraire, il n’avait pas de raison de lui acheter quoi que ce soit en fait.

Naturellement, la jeune femme oriente la discussion sur son thérapeute, désirant prendre de ses nouvelles, tout bêtement. Neal accepte de parler de lui un instant, et vient même faire un lien avec sa passion qu’est la peinture. Maxine lui offre un radieux sourire avant de lui répondre.

C’est gentil d'y avoir pensé, mais avec un peu de chance, j’aurais l’occasion de voir la Royal Academy of Arts de mes propres yeux un jour !

Et puis, comme il fallait s’y attendre, le ton de Neal devient plus solennel, et la discussion qui s’engage ressemble davantage aux échanges qu’ils ont, dans le cadre de sa thérapie. Le sourire de Maxine s’efface de ses lèvres, alors qu’elle prend un air plus sérieux également.

Ça n’a pas toujours été une partie de plaisir… C’était la première fois que je me retrouvais toute seule, je veux dire… sans même Richie auprès de moi. Ils ont fait des efforts au foyer, pour éviter qu’on se sente perdus, mais… je suis pas sûre que ça ait servi à grand-chose. On était tous un peu paumés malgré tout, vous voyez… ?

Neal est très satisfait du parcours de sa patiente, Maxine. Il a vraiment l’impression qu’ils avancent au court de leurs séances. S’il ose penser en « on », c’est parce que le thérapeute pense s’investir énormément. Il fait tout son possible pour aider les résidents, les pousser à se confier, à vivre avec leurs passés, leur présent et envisager un futur également jusqu’au moment, où, il l’espère ils n’auront plus besoin de sa personne. C’est un long chemin à parcourir durant lequel, il lui arrive de s’attacher. Comme avec cette résidente dont la personnalité l’a tout de suite poussé à être d’avantage patient et de tout faire pour qu’elle puisse se sentir à l’aise en sa compagnie. Neal sait tout de même que c’est son métier qui la poussée à avoir confiance en lui. Avec son passé, si ça avait été dans d’autres circonstances, Neal a rapidement compris que sa jeune patiente avait d’énormes problèmes avec la gente masculine et ça peut très bien se comprendre. Cette méfiance est justifiée mais pour l’instant, ils n’en sont pas encore là. La séance vient tout juste de commencer et Neal est agréablement surpris de la voir lui offrir une boîte de chocolats.

ça me fait plaisir… c’est une très jolie attention.

Lance le thérapeute dans un sourire, bien que par la suite, il ne peut que s’empêcher de se sentir embêté de ne rien avoir à lui offrir en échange. C’est vrai qu’il ne devrait pas de toute manière mais c’est son caractère qui le pousse à réagir de la sorte. Tout comme elle, il reste un être humain, avec des émotions. En posant la boîte de chocolats sur son bureau, puisqu’il compte bien les dévorer XD Le jeune homme relève les yeux vers Maxine, qui oriente la conversation autour de lui, de ses propres vacances.

Durant celles-ci, le thérapeute n’est pas resté dans la maison familiale, toujours dans le besoin de se balader, il se remémore une de ses visites dans une galerie et en fait la connexion avec une des passions de sa patiente justement. Il arbore un sourire en hochant la tête lorsque Maxine lui répond. Ça ressemble à de l’espoir et c’est une bonne chose, il lui souffle d’ailleurs :

C’est tout ce dont je vous souhaite !

En effet, il espère bien que Maxine s’en sortira, et dans un futur proche, sera bien loin de ce Centre, qu’elle se construira une belle vie bien remplie. Neal est très optimiste, et ne le cache absolument pas. Seulement, justement, il faut en revenir à elle, sans ça, tout ça n’a plus d’intérêt bien que la conversation précédente était agréable. Il hoche doucement la tête en l’écoutant se confier, il peut très bien imaginer d’ailleurs.

Je vois… je suppose qu’une fois qu’il n’y a plus d’animations, que vous vous retrouviez seule ça ne vous empêche pas de penser… ? Mais malgré le fait que vous vous êtes retrouvée pour la première fois face à vous-même, vous êtes parvenue à surmonter ce moment sans vous être complètement démoralisée. Et ça, c’est une très bonne chose.

L’encourage Neal, qui, d’après ce qu’il a entendu, Maxine semblait relativiser quelque part. Ce n’est pas en mille morceaux qu’il retrouve sa patiente aujourd’hui. Le jeune homme n’est pas surpris, il sait qu’elle fait de son mieux et qu’elle est déterminée à s’en sortir. Il affiche un air assuré en croisant son regard.