Mis à part ses parents, Bobby n'a jamais été très proche de sa famille, du moins plus depuis son enfance. Malgré tout, la jolie brune se souvient avoir passé de nombreux bons moments en compagnie de son oncle et de sa cousine Nicky. Cela remonte à des années, mais la cuisinière n'a jamais oublié les heures de jeux qu'elles ont pu s'inventer ensemble. Pourtant, avec le temps, les deux familles se sont éloignées l'une de l'autre sans que la jeune femme puisse s'expliquer pourquoi et depuis de nombreuses années, Bobby n'a pas eu la moindre nouvelle de sa cousine.

Ce n'est que tout récemment que la jolie brune a finit par trouver une piste sur ce qu'à pu devenir Nicky. En effet, bien qu'elle ne soit pas sure qu'il s'agisse de sa cousine, Bobby a récemment remarqué en consultant la liste des sans abris admis au "foyer"et donc autorisés à venir souper au Dealey Plaza, qu'une jeune femme du nom de Nicole Kennedy réside dans la chambre 202 du centre Adam Hawkes.

Après quelques jours d'hésitation où elle a espéré en vain, voir Nicole se présenter à l'accueil du restaurant pour partager avec les autres résidents un repas chaud, Bobby a finalement décidé de faire un saut au centre ce matin, avant l'ouverture du restaurant, afin de se renseigner sur l'identité de cette fameuse Nicole Kennedy.

Vêtue d'une robe noire ajustée et d'une veste bleue électrique faisant ressortir ses yeux clairs encadrés par ses longs cheveux bruns Bobby passe la porte du centre aux alentours de dix heures du matin. Légèrement nerveuse à l'idée de retrouver sa cousine, ou dans le pire des cas, réaliser qu'il ne s'agit pas du tout de Nicky, la jeune femme annonce les motifs de sa présence à l'hôtesse d'accueil et se dirige rapidement vers les escaliers direction le deuxième étage, chambre 202.
Une fois parvenue devant la porte close, la cuisinière inspire profondément, lisse machinalement ses vêtements comme il lui arrive souvent de le faire lorsqu'elle se sent mal à l'aise et finit par donner trois petits coups secs à la porte avant d'attendre qu'on vienne lui ouvrir.

Dans sa poitrine, son coeur bat la chamade à l'idée de retrouver cette cousine perdue de vue depuis si longtemps et avec qui elle a passé de si bons moments, mais aussi à l'idée de pouvoir éventuellement se retrouver nez à nez avec une parfaite inconnue.

La chambre n°202 se décorait petit à petit au fil des jours. Depuis sa venue dans le centre de refuge, Nicole avait créée un espace d’intimité bien à elle dans sa chambre. Elle avait placé sur le mur, près de son lit, un tas de posters de grands pianistes. Mozart regardait étrangement Emil Von Sauer, tandis qu’Hélène Grimaud souriait paisiblement à Marcelle Meyer. Elle aurait tellement souhaité avoir un piano dans sa chambre, pour pouvoir s’entrainer et s’entendre jouer. Quelquefois Nicky allait secrètement dans une boutique qui vendait des instruments de musique et allait jouer un peu de piano. Elle ne pouvait jamais rester très longtemps mais c’était un pur bonheur pour elle de jouer un classique.

Dans sa bulle, elle oubliait tout. Même sa maladie. Elle avait réussit à se procurer un magasine concernant sa passion favorite. D’ailleurs elle eu beaucoup de mal à se le procurer car toutes les librairies ne l’avait pas en vente. C’est donc avec une ferveur brûlante que la blondie feuillette son magasine. Et alors qu’elle lisait l’interview d’ Ignaz Paderewski, Nicky entendit quelqu’un frappé à sa porte. C’est plutôt étrange car il est bien rare que quelqu’un vienne lui rende visite. Elle se leva rapidement de sont lit, et ouvra la porte. Elle y découvrit une jeune femme, brune, qui devait avoir un peu près son âge. Jeune femme qu’elle ne reconnaissait pas, et pourtant son regard, ses yeux bleus, lui disait quelque chose. Elle resta quelques secondes, sans dire mot, et au fur et à mesure qu’elle la dévisageait, elle discerna des traits de son visage qu’elle connaissait bien autrefois. Elle avait les yeux bleus des Kennedy, et si elle ne se trompait pas la jeune femme qui était en face d’elle était sa cousine Barbara.

- Oh mon dieu...

Souffla Nicole, sans voix. Elle mourrait d’honte de la retrouver ici. Les souvenirs de son enfance refirent surface. Le fait que sa famille ne reconnaisse pas sa maladie, toutes ses choses blessantes dont son père lui avait dites ou faites… Certes Barbara, qu’elle appelait affectueusement Bobby n’avait jamais pris part à cette histoire. Elles étaient toutes les deux bien trop jeunes, et le temps / leur famille les sépara sans même qu’elles se demandent pourquoi. La retrouver ici à ce centre de refuge, était comme un vilain de coup de massue.

Les quelques secondes d'attente que Bobby passe devant la porte close affichant le numéro 202 paraissent interminables à la jolie brune qui se sent de plus en plus nerveuse. Elle songe un instant à faire demi tour, puis se ravise avant de se surprendre à espérer que cette fameuse Nicole Kennedy ne soit qu'un homonyme et non pas sa cousine.

En effet, malgré tout le plaisir qu'elle s'imagine avoir en retrouvant sa cousine qu'elle a perdu de vue depuis si longtemps, Bobby ne peut s'empêcher de songer qu'elle serait aussi sans doute très attristée de retrouver Nicky dans ce genre d'endroit. Imaginer Nicky vivre ici, dans un foyer pour démunis, alors qu'elle jouit d'une vie somme toute plutôt convenable la met soudain mal à l'aise.
Que va-t-elle bien pouvoir lui dire?

Rapidement, les mains de la jolie brune deviennent rouges et légèrement moites. Bobby les essuie discrètement sur sa robe tout en lissant à nouveau le tissus à l'aide de ses doigts avant de relever subitement les yeux lorsqu'enfin la porte s'ouvre et laisse apparaitre une jeune femme blonde au yeux d'un bleu que Bobby ne saurait renier. Elle a les yeux des Kennedys.

La bouche légèrement entre-ouverte sous l'effet de la surprise, les yeux écarquillés et légèrement vitreux, voir même humides, la cuisinière, esquisse quelques mouvements de lèvres dans le but de parler, mais rien ne sort. L'émotion est trop grande et la réaction de surprise qu'affiche Nicole en l'apercevant laisse Bobby totalement muette. Reprenant malgré tout ses esprits, la jeune femme finit par retrouver l'usage de sa langue.

-Nicky...? Questionne-t-elle les yeux brillants.

Le ton de sa voix trahit l'émotion qui l'envahit. C'est bien sa cousine qui lui fait face. Elle a énormément changé, les années lui ont ravit son visage enfantin, mais il est impossible pour Bobby de ne pas reconnaitre sa petite cousine.

Etait-ce bien Barbara Kennedy, sa cousine, qui était juste en face de Nicky ? Elle la dévisage, découvrant les mêmes traits de visage que ses souvenirs d’enfance gravés dans sa mémoire. Ses yeux bleus est la preuve d’un héritage de la lignée Kennedy. Oh oui il n’y a pas l’ombre d’un doute, « Bobby » la reconnait aussi, d’ailleurs elle l’appelle par son prénom.

Nicole ne sait pas comment réagir mais la première chose qu’elle fait, dans un élan d’affection, est de l’enlacer cachant ainsi son visage contre elle. Elle sait que les larmes montent, mais elle se contient parce qu’elle souhaite tout de même garder un minimum de dignité.

- J’ai tellement honte…

Dit-elle sans lâcher son étreinte. Elle a l'impression d'avoir raté sa vie. Nicole ne pleure pas, mais les larmes dans ses yeux la trahissent. Peu importe les histoires de famille, les disputes, tout, Bobby n’y était absolument pour rien là-dedans. Comment une petite fille pourrait comprendre que sa cousine était atteinte d'une maladie psychique? D’ailleurs, Nicky fut très affecté d’être séparé de sa cousine durant son enfance. Elle qui n’avait déjà pas beaucoup d’amis, elle s’entendait merveilleusement avec son aîné de deux ans seulement.

Comment était-ce possible ? Comment sa cousine ait pu la retrouver ici, dans ce centre de refuge ? Elle se retire alors de ses bras, elle n’en revient toujours pas de voir ici sa cousine.

- Comment tu m’as retrouvé ?

Demande Nicky, encore émue. Il y a tellement d’années qu’elle ne l’a pas revue, elles étaient deux gamines. Aujourd’hui tellement de choses ont changés, Nicole espère prendre un nouveau départ, et acquérir une vie normale.

Lorsque Nicole l'enlace, Bobby comprend immédiatement que la jeune femme n'est personne d'autre que sa cousine Nicky. Lui rendant son étreinte, les yeux humides, la jolie brune serre sa cousine dans ses bras et savoure ces retrouvailles jusqu'à ce que Nicky ne reprenne la parole pour lui faire part de la honte qu'elle ressent. Secouant négativement la tête, Bobby conserve la proximité qui la lie à la jeune femme tout en lui répondant. Elle craint de se détacher d'elle, de se mettre à pleurer. Ce n'est pas Nicky qui devrait avoir honte.

-Non, non, c'est moi qui devrais avoir honte... J'aurais du chercher après toi bien plus tôt... Gémit-elle le nez enfoui dans les cheveux blonds de la jeune femme.

Se défaisant finalement de son étreinte lorsque Nicky la repousse légèrement, Bobby la détaille un instant comme pour s'assurer qu'elle est bien réelle avant de relever les yeux vers le visage de sa cousine.
Nicky a l'air d'avoir beaucoup souffert. Son visage parait marqué et bien moins innocent que lorsqu'elle était enfant, mais sa beauté reste tout de même flagrante.
Reprenant ses esprits, la jolie brune finit par inspirer profondément avant de reprendre la parole.

-Je tiens le Dealey Plaza depuis la mort de Papa... Ton nom était sur la liste des résidents autorisés à y venir souper... Explique-t-elle rapidement.

-J'étais pas certaine que ce soit toi, mais j'avais besoin de vérifier... Confesse-t-elle avec un demi sourire.

Bobby se demande si sourire est approprié, mais la jeune femme ne sait pas vraiment comment se comporter. Partagée entre la joie de la retrouver et la tristesse de la voir ici, dans un centre pour sans abris.

Aucun bonheur n’est plus palpable que de voir sa cousine, tout aussi émue qu’elle. Les larmes de Nicole représentaient la joie de ces retrouvailles. Autrefois elle était rejetée de sa famille, et aujourd’hui Bobby était venu à sa rencontre. Il n’y avait pas plus beau cadeau pour elle.

- Mais tu es là…

Dit-elle, rassurante. Peut-être que Bobby n’avait pas cherché à la retrouver plus tôt mais en même temps comment aurait-elle pu ? Allez savoir tout ce qu’on a pu lui raconter sur sa maladie. Elles n’étaient que de petites filles lorsque sa maladie les contraint à se séparer.

Nicole apprit alors que sa cousine tient le restaurant de la ville, le Dealey Plaza. Elle aurait été fière de cette nouvelle mais la révélation de Bobby choqua profondément Nicole.

- Ton père est mort ?

Répéta-t-elle sur un ton de panique. Il est vrai que Taylor Kennedy, le père de Nicky, ne lui parlait quasi plus et ça à cause de la maladie de Nicky. Peut-être l’aurait-il appris mais il ne le lui aurait jamais dis ? Aurait-il voulu protégé Nicky ? Peu importe les querelles de famille, Nicole était touché d’apprendre une telle chose par la bouche de sa cousine. Il est vrai qu’elle n’a jamais été proche de son oncle Patrick, mais la famille reste la famille.

- Viens rentre.

Invita Nicole, à rentrer dans la pièce. Sa chambre n’était pas bien grande mais au moins elles pouvaient discuter en toute intimité ici.

Esquissant un sourire légèrement larmoyant tout en hochant positivement la tête, Bobby observe Nicoles sans se déparer de son sourire. Elle est heureuse de l'avoir retrouvée, d'être là.

-Oui, et je compte bien rester cette fois... Souffle-t-elle d'une petite voix avant d'expliquer à Nicky comment elle s'y est prise pour la retrouver.

Finalement, la tâche n'a pas été sur ardue. Les choses se sont d'ailleurs faites plutôt facilement, voir très naturellement. Il a suffit à la jeune femme d'apercevoir le nom de sa cousine sur le listing du restaurant pour avoir immédiatement envie de la revoir. Le courage de faire le premier pas a ensuite mit un peu de temps à se montrer, mais une fois trouvé, Bobby n'a pas hésité une seule seconde.
Lorsqu'elle aborde dans la foulée, la mort toute fraiche de son père, Bobby déjà émue par ces retrouvailles, sent son coeur se serrer légèrement. Six mois sont passés depuis la mort de Patrick, mais la jolie brune n'en est toujours pas totalement remise. Il manque toujours un sourire à sa vie, celui de son père.

-Oui, il y a six mois environ... Un accident cardio-vasculaire... Explique-t-elle en perdant légèrement son sourire.

Ne voulant malgré tout pas perdre sa bonne humeur habituelle, la jeune femme inspire profondément avant d'afficher de nouveau une mine plus joyeuse. L'ambiance est aux retrouvailles et à la joie, inutile de pleurer les morts, ils ne reviendront pas.

Suivant finalement Nicole dans sa chambre lorsqu'elle l'y invite, Bobby jette un coup d'oeil autour d'elle afin de s'imprégner de la pièce dans laquelle vit sa cousine. C'est encore un peu impersonnel, mais plutôt bien aménagé. Il n'y a pas de doute, le directeur Anderson prend soin du confort de ses pensionnaires. C'est la première fois que Bobby met les pieds dans l'une des chambres du centre, mais elle a la nette impression que tout est mit à disposition pour que les résidents puissent retrouver une vie convenable.

-Tu as l'air bien installée... Commente-t-elle avec un sourire.

Il y avait comme une solidarité, un soutien, quelque chose qui réchauffait le cœur de Nicole. Parce qu’elle a toujours désiré qu’on soit présent pour elle. Bobby était là, oui, mais elle comptait rester cette fois. Nicky se sentait soulagée. A présent Bobby était sa seule famille, et il n’y avait rien de plus précieux à ses yeux.
Lorsqu’elle lui annonce la mort de son oncle Patrick, Nicky est touché par cette terrible nouvelle. Cela faisait six mois qu’il était mort d’un accident cardio-vasculaire. Et dire que son père lui a caché cette mort depuis tout ce temps, elle n’en revient pas. Alors qu’elle lui en voulait déjà profondément, Nicky se donna une raison de plus de le détester.

- Je suis désolée.

Dit-elle tristement, sans savoir quoi dire d’autre. Elle invite d’ailleurs tout de suite sa cousine à rentrer dans sa chambre, pour avoir un peu plus d’intimité. Les deux jeunes femmes rentrent dans cette pièce, qui était customisé au goût de Nicole. Bobby lui dit qu’elle semble bien installé, et c’est vrai que cette chambre est tout à fais confortable surtout pour une personne qui a vécu un certain temps dans la rue.

- Oui c’est beaucoup mieux que dehors !

Confirme Nicole, dans un léger sourire. Elle lui montre alors ses posters de pianistes préférés, en pointant son doigt.

- Tu as vu ? J’aime encore jouer du piano.

Dit-elle, enthousiaste de lui exposer sa passion première.

- Enfin je ne sais pas si tu t’en souviens.

Rajoute-t-elle en haussant les épaules. Cela fait tellement longtemps maintenant, mais Nicole fait du piano depuis toute petite. Bien qu’elle ait parvenu à jouer de vraie mélodie qu’à partir de ses sept ans. Peut-être que Bobby s’en souvenait ? Et cette passion ne l’a jamais quitté, ce qui est bien la seule chose.

Même si elle a entendu ces mots des dizaines et des dizaines de fois depuis la mort de son père, Bobby se sent vraiment touchée par les condoléances que lui adresse Nicky. En effet, la jolie brune sait que les paroles de sa cousine ne sont pas une simple marque de politesse comme c'est le cas pour beaucoup. Ces mots son sincères, et la cuisinière ne peut qu'esquisser un sourire de circonstance.

Pénétrant finalement pour la première fois dans l'une des chambres du centre, la jolie brune s'étant jusqu'alors cantonnée au bureau du très sérieux Dean Anderson, Bobby hésite sur ce qu'elle doit dire lorsque Nicole lui confirme qu'elle est beaucoup mieux ici que dehors. Elle est toujours sous le choc en quelque sorte de sa récente découverte. Jamais elle ne s'est douté de la situation plus que précaire dans laquelle se trouvait Nicky. Pour elle, la belle blonde avait fait sa vie ailleurs et avait perdu le contact avec sa famille, c'est ce que Bobby s'est toujours imaginé, faute de nouvelles.

Hochant la tête, la jolie brune retrouve le sourire lorsque sa cousine change de sujet et lui montre les posters accrochés à son mur. Tous de grands pianistes pour le peu qu'en sait la jeune femme.

-Je me souviens oui, j'aimais bien m'asseoir et t'écouter jouer...Confirme-t-elle rapidement.

Elle même a toujours été bien trop survoltée pour apprendre à jouer d'un quelconque instrument de musique, mais elle se rappelle très bien s'être assise dans un grand fauteuil moelleux et avoir passé des heures à écouter Nicky jouer. Même si elle même n'était pas assez calme et attentive pour jouer, elle trouvait toujours le temps de se calmer pour admirer le talent de Nicole.

-Est-ce que tu as l'occasion de jouer ici? Questionne-t-elle finalement.

Elle a beau aider le centre en offrant des repas chauds de grande qualité aux pensionnaires, elle n'en connait pas pour autant le fonctionnement sur le bout des doigts. Elle ignore donc les ressources que met réellement le centre à disposition de ses protégés.

Malgré toutes les querelles et fissures dont pouvait connaitre la famille Kennedy, Nicole se sentait terriblement touché par la perte de son oncle. Elle regrette amèrement de ne pas avoir pu être présente auprès de sa cousine lors de cet évènement. A son grand désarroi, son père lui cachait bien plus de choses qu’elle ne l’imaginait. Mais à partir d’aujourd’hui Nicole n’a aucune nouvelle, ce qui n’était pas plus mal.

Les deux jeunes femmes s’installent dans la chambre, où Nicky montre fièrement son petit logis qu’elle a décoré avec soin. Elle lui montre sa passion, le piano, et évoque les souvenirs d’enfance. Bobby aimait l’entendre jouer. Chose qui lui manquait énormement.

- Non il n’y a pas de piano dans le centre.

Répondit Nicole, un peu tristement.

- C’est dommage.

Rajoute-t-elle en haussant les épaules. Elle aurait bien aimé quand ça lui chante, à son loisir. Mais si il y avait un piano, elle sait qu'elle serait tout le temps dessus!

- Et donc tu tiens un restaurant ?

Nicole était impressionnée par ce parcours qui lui était encore inconnue. Elle n’avait aucune idée qu’à l’époque son oncle détenait un restaurant. En tout cas elle est très fière de voir sa cousine réussir dans sa vie professionnelle. Mais elle est d’autant plus fière de savoir qu’elle puisse aidé les sans-abris du centre de refuge.

- Ce que tu fais c’est génial.

Et elle était sincère.

Lorsque Nicky lui répond que le centre ne possède pas de piano, Bobby hoche silencieusement la tête afin de ne pas causer plus de peine que nécessaire à sa cousine. Elle sait pertinemment à quel point Nicole aimait jouer, et elle se doute bien du manque que doit ressentir la belle blonde à présent qu'elle n'a plus l'occasion d'en jouer. Elle même n'ose même pas imaginer l'état de détresse dans lequel elle se trouverait si elle n'avait plus accès à une cuisine.

-Je trouve aussi, tu étais vraiment douée... Commente-t-elle distraitement avant de relever les yeux vers Nicole à qui elle adresse un sourire tendre.

Joignant ses mains devant elle, jouant nerveusement avec ses doigts, ne sachant pas où reprendre cette relation qui a brutalement pris fin il y a des années de cela à présent, la jolie brune observe de nouveau la pièce qu'elle a déjà eu bien assez le temps de mémoriser avant de croiser de nouveau le regard de sa cousine lorsque celle-ci la questionne à propos du restaurant.
Immédiatement, le visage de Bobby s'illumine, et c'est avec un sourire radieux qu'elle reprend la parole. Parler du restaurant lui semble bien plus facile, parce que c'est un sujet qu'elle maitrise sur le bout des doigts et dont elle n'éprouve aucun malaise à parler, au contraire, elle est même très fière d'en parler.

-Oui, ça s'appelle le "Dealey Plaza". C'était celui de papa. J'ai commencé à travailler avec lui il y a quelques années et j'ai pris la relève après... Enfin, tu vois... Souffle-t-elle avec un sourire légèrement plus triste. Ma mère m'aide beaucoup, c'est vraiment un beau rêve qui a pris vie...

Esquissant un nouveau sourire lorsque Nicky la complimente sur l'aide qu'elle apporte aux sans abris, Bobby hausse brièvement les épaules. Elle ne se sent pas vraiment une "meilleure personne", mais elle est heureuse de pouvoir faire sa part de bonne action.

- Si j'avais été dans cette situation, j'aurais aimé qu'on m'aide et qu'on ne me laisse pas mourir de faim, alors voilà...