-Tu oses appeler ça des crevettes pochées? C'est une blague?

Tout a commencé sur cette simple remarque que Bobby a adressée à son second un peu plus tôt dans la soirée après avoir goûté aux crevettes qu'il venait de préparer. Elles n'étaient pas mauvaises, loin de là, seulement, elles étaient cuites, pas pochées... Voilà le genre d'erreur qui peut mettre la jolie brune dans tout ces états.
C'est pour cette raison d'ailleurs que depuis plusieurs heures déjà, elle échange avec Jon bon nombre d'atrocités sur ce qu'elle pense de sa façon de cuisiner.

Evidemment, elle n'en pense pas un traitre mot, du moins pas aussi violemment qu'elle l'exprime, mais avec cette erreur, le jeune homme a remis en question tout le menu proposé ce soir aux clients du restaurant. Certes, la plupart d'entre eux ne seraient sans doute pas capable de reconnaitre une crevette pochée d'une crevette flambée, mais Bobby, elle, fait parfaitement la différence...!

Parce que le caractère du cuisinier est aussi fort que celui de Bobby, tous les deux ne sont pas redescendus en pression à mesure que les heures ont passés, et la jolie brune n'a pas manqué une seule occasion de remettre le jeune homme à sa place. Après tout ici, c'est elle qui commande!
Elle est tellement furieuse contre lui, que sa colère n'est pas retombée même après la fermeture officielle du restaurant. Bien sur, les clients et les résidents du centre venus par la suite n'en ont rien su, la jeune femme sait rester très professionnelle quand il le faut, mais rien n'a été pardonné pour le moment, au contraire, chacun d'eux s'est plus à jeter de l'huile sur le feu.

-Sérieusement, je me demande vraiment où tu as appris à faire la cuisine... T'as volé ton diplôme ou quoi? Questionne-t-elle rageusement alors qu'elle se retrouve finalement seule avec Jon.

Les derniers résidents du centre Adam Hawkes viennent de quitter les lieux, et le reste de l'équipe a aussi préféré déserter les cuisines le plus vite possible afin d'éviter de subir les foudres d'une Bobby déjà passablement enragée.
Seul est resté Jon. Peut-être n'en a-t-il pas eu assez? (a)

Même si cela fait plus d'un quart d'heure qu'il se fait engueuler, Jon ne bronche pas. Pour lui, il n'a pas fait d'erreur alors, il n'a rien à se faire pardonner. Le regard poser sur la jeune femme qui est sa supérieure, c'est les sourcils froncés qu'il écoute le moindre de ses mots. Certains sont durs, mais elle semble vraiment à l'envers, en colère contre lui.
Pour lui, une crevette ne se poche pas alors, encore une fois, il n'en avait fait qu'à sa tête, et il tenait tête à sa patronne. Jonathan sait que ça n'est pas le comportement à avoir, mais il trouve sa réaction exagérer et n'hésite pas à envenimer les choses en lui répondant.

Ce qu'il lui raconte ne lui fait pas plaisir bien sur, et sans doute doit il lui aussi être dur dans ses propos, histoire de lui renvoyer l’ascenseur. Alors qu'ils s'engueulent comme des chiffoniers, le second remarque que le personnel vide les lieux au fur et à mesure que la fermeture approche. Sans doute sont ils au courant que lorsque cela pète entre Bobby et lui, il ne vaut mieux pas être dans les parages.

Lorsqu'elle s'attaque à sa façon de cuisiner, lui affirmant qu'il a volé son diplôme, Jon serre les dents. Il n'a pas vraiment de qualification dans le domaine et a été énormément pistonner par sa belle mère pour en arriver là où il est. Bien évidemment, il a tout de même un bon nombre de stages en cuisines derrière lui, mais jamais il n'avait eu un poste aussi haut placé dans la hiérarchie de la cuisine.

Je suis désolé mais une crevette, ça ne se poche pas. Ça se cuit, normalement. C'est tout. C'est idiot de laisser une recette de ce style dans le menu.

Balance t il alors en croisant les bras. Accompagnés des serveurs, les derniers résidents du centre quittent le Dealey Plaza alors qu'ils continuent de s'engueuler. Campant sur ses positions, Jon continue de la regarder dans les yeux.

Que Jon pense ce qu'il veut, et qu'ils aillent au diable, lui et ses idées bien arrêtées sur la cuisson des crevettes...! Pour Bobby, il existe une réelle différence, aussi bien gustative qu'esthétique entre une crevette pochée et une crevette cuite et pour la jeune femme son second, tout aussi têtu qu'elle, a bel et bien gâché la recette qu'elle et son père ont mit somme toute, beaucoup de temps à élaborer.

C'est pour cette raison qu'elle lui hurle dessus depuis tout à l'heure, parce qu'il a pris des libertés et a en plus eu le toupet de contredire ses ordres. C'est quelque chose qu'en cuisine, la jolie brune ne peut tolérer. Elle a mit trop de temps et trop d'efforts pour en arriver là où elle en est pour qu'un petit rigolo qui se croit tout permis s'amuse à tout faire rater. Elle se permet d'ailleurs de le questionner sur l'origine de son diplôme. Elle sait pourtant qu'il n'en a aucun, elle était là lorsqu'il a été embauché, mais en ce moment, ce n'est pas Bobby qui parle, mais bel et bien sa colère, et la jeune femme ne prend pas forcément le temps de réfléchir chacune de ses paroles.

-Si tu trouves mon menu aussi idiot, pourquoi t'es encore là hein Jon? Tu veux peut-être aller cuisiner celui de quelqu'un d'autre? Questionne-t-elle rageusement à nouveau.

En le voyant les bras croisés, à attendre comme si de rien n'était, Bobby se sent presque l'envie de lui sauter à la gorge. Elle déteste l'attitude désinvolte qu'il adopte alors qu'elle lui parle avec tout le sérieux du monde. Quoi qu'il en soit, peut importe ce qu'il en pense, ici, c'est SON restaurant, et ce n'est ni à lui, ni à personne d'autre qu'elle de décider ce que doit contenir ou pas le menu, du moins pas avant d'en avoir discuté avec elle et l'équipe toute entière au préalable.

Le regard orageux planté dans celui du jeune homme, les doigts serrés autour du dossier d'une chaise plutôt qu'autour du joli cou du blond, la jolie brune ne décolère pas malgré le départ de tout le monde. Respirant malgré tout profondément afin de tenter de se calmer et d'éviter de finir au poste pour meurtre, Bobby ferme les yeux quelques secondes afin de se détendre, et repose ensuite son regard sur Jonathan.

- Je t'interdis de remettre en question tout ce pour quoi j'ai travaillé jusqu'à aujourd'hui et plus encore, tout ce pourquoi mon père s'est démené toute sa vie. Si je veux des crevettes pochées, tu me poches ces crevettes, un point c'est tout... Finit-elle par ajouter en ne le quittant pas des yeux.