Même si elle adore son job, le moment qu'elle attend le plus dans la journée, c'est quand même l'after work. Elle n'aime pas rentrer chez elle directement après le travail. Certains soirs, elle a ses cours de langue, de danse ou de photo, mais le reste du temps, elle sort. Avec des amis, ou des collègues, même. Elle a la chance de s'entendre avec à peu près tout le monde au centre Adam Hawkes. Elle s'entend parfois plus avec certaines personnes, pour des questions de points communs ou d'affinités. Dans ses précédents boulots, elle ne se liait pas vraiment d'amitié avec ses collègues, elle préférait faire clairement la distinction entre vie privée et vie professionnelle. Mais ici, elle laisse les deux se mêler parce qu'elle en a besoin. Elle a besoin de pouvoir parler de ce qu'elle vit quotidiennement avec des personnes qui vivent la même chose tout au long de la journée. Des personnes qui peuvent comprendre. C'est pour ça qu'elle apprécie, de temps en temps, de sortir avec les collègues prendre un verre ou manger un morceau après le travail. Quand ils en ont besoin, ils s'écoutent, se conseillent, et puis, pour se déconnecter, ils parlent de tout et de rien, déconnent pour oublier les histoires parfois sombres qu'ils peuvent entendre.

C'est la raison pour laquelle Katheryn et Derek se retrouvent souvent après le travail pour boire un verre. Ils sont arrivés au centre à un mois d'écart et le courant est tout de suite passé entre eux. Ils se sont tout de suite bien entendus et ont rapidement créé une sorte d'habitude. Le verre après le boulot, quelques soirs par mois. Comme ce soir, par exemple. Épuisée par sa journée particulièrement éprouvante, elle se rend dans le bureau de son collègue pour le pousser à décrocher. La journée est déjà finie depuis une demie-heure mais comme pratiquement tous les jours, ils ne comptent plus les heures supplémentaires. Mais de temps en temps, ils se forcent les uns les autres à quitter le boulot. Et puis, à l'heure qu'il est, il commence à faire soif ! Et en quelques minutes à pieds, ils se retrouvent dans le bar où ils ont l'habitude de se rendre. Le Belltown commence à les connaître depuis le temps. Ils sont reconnus là bas quand ils s'y rendent. Installés près du bar, le serveur vient déjà vers eux pour prendre les commandes.

« Pour moi, ce sera un Gin Tonic. Derek ? »

Grands habitués du Belltown, Katheryn n'est plus surprise quand tous les serveurs les saluent et préparent limite leur commandes avant même qu'ils n'atteignent le bar puisqu'ils prennent quand même assez souvent les mêmes boissons. Il leur arrive de changer, pour casser un peu les habitudes, mais c'est plus rare, surtout pour Kathy. Ce n'est donc pas étonnant qu'elle commande un Gin Tonic, sa boisson préférée. Le serveur le sait bien depuis le temps. Elle sourit en entendant Derek commander. Lui, il a visiblement bien besoin de décompresser. La journée semble avoir été dure pour tout le monde. Il y a des jours comme ça. Dans un nouveau sourire, Kathy remercie le barman qui se tourne alors pour préparer les boissons. Son attention se tourne vers son collègue. Elle fait mine de réfléchir, toujours souriante.

« Hm...Plutôt bonne ! A part que je me suis un peu accrochée avec Peter, cet après-midi...Définitivement, je crois qu'on est incapable de s'entendre tout les deux ! »

Avoue-t-elle dans une grimace. Elle n'aime pas parler sur le dos des collègues, encore moins avec d'autres collègues, mais là, elle ne dit pas vraiment de mal de lui, elle dit juste qu'elle ne l'aime pas. Ce n'est pas la première fois qu'ils se disputent et au centre, rares sont les personnes qui ne sont pas au courant des animosités existantes.

« Et toi, la tienne ? »

Le barman place leurs boissons juste devant eux et leur adresse un clin d'oeil avant de s'éloigner s'occuper d'autres clients. Katheryn le remercie, lui adressant un sourire, et prend son verre en main avant de l'approcher de celui de son collègue pour trinquer.

« A la tienne ! »

En général, Katheryn sait rester raisonnable en after work. Elle boit un, deux verres au maximum, mais elle n'est pas à l'abris d'en prendre plus. Tout dépend du contexte, de son état d'esprit, de l'ambiance...Pour le moment, elle n'a pas l'intention de se mettre une mine, même après ce genre de journée. Elle est habituée, depuis le temps, à se prendre la tête avec Peter. Ils ont des caractères différents et des manières de traiter bien à eux. Le truc, c'est qu'ils ne sont absolument pas d'accord l'un avec l'autre et chaque prétexte est bon pour se rentrer dedans. Katheryn commence a être plus qu'agacée par les piques qu'il lui envoie sans arrêt. Encore aujourd'hui, il s'est permis de comparer sa maladresse en renversant un café avec ses méthodes thérapeutique, comme si ça avait un lien. Elle n'a pas pu s'empêcher de sortir de ses gonds. Les sarcasmes, elle en a clairement assez. Elle secoue la tête quand Derek lui sort le vieil adage de "qui aime bien châtie bien".

« Non, je t'assure, plutôt crever que d'imaginer ça. On ne se supporte pas et je pense que c'est pas près de changer ! »

Affirme-t-elle, convaincue de ce qu'elle dit. Même si elle devait passer la fin du monde avec lui, elle sait que rien ne serait près de changer. Elle est rancunière. Peut-être un peu trop, parfois, même, mais là c'est justifié. Derek disait certainement ça pour rire, la taquiner, mais sérieusement, elle ne peut même pas envisager qu'un jour il puisse y avoir réconciliation entre eux.

« En même temps, je t'imagines mal t'accrocher avec quelqu'un ! T'es trop cool, pour ça ! »

S'exclame-t-elle, sérieusement. Elle le voit comme une personne sympas et cool qui laisse passer les choses. Le genre de mec qui sait ce qu'il vaut et qui ne laisse clairement personne lui faire penser le contraire. Il laisse parler dans le vent car l'indifférence est une arme redoutable. Les deux amis trinquent et Katheryn boit quelques gorgées de sa boisson un peu vite. Elle avait soif. En reposant son verre, elle pousse un soupire, comme un soulagement.

« Aaaah.... Ça fait du bien par où ça passe ! »

Rien que de repenser à cette nouvelle 'dispute' avec Peter, Katheryn s'en mord l'intérieur des joues et fronce les sourcils. Elle le déteste. Il a cette manière de se croire supérieur à tout le monde parce qu'il est plus vieux ou qu'il a plus d'expérience. Pour elle, ça ne veut strictement rien dire. Il n'est pas forcément meilleur que les autres. Certes, il est peut -être très bon, malgré ses méthodes un peu limites. Kathy n'est pas la seule à le penser, ni à lui dire, mais elle ne sait pas pourquoi, c'est toujours à elle qu'il s'en prend. Peut-être parce qu'elle est l'une des plus jeunes, qu'elle est une femme, ou n'importe quoi d'autre, peu importe. Toujours est-il qu'ils ne se supportent pas et que ce n'est pas près de changer. Mais heureusement, il y a d'autres collègues bien plus intéressants ici, que lui. Derek, par exemple, est un collègue, mais pas que. C'est aussi un très bon ami.

« C'est parce que t'as une belle gueule, c'est tout (a) »

Lui répond-t-elle avant de rire. Elle ne doute pas un instant que tout le monde l'apprécie, que ce soit pour la personne qu'il est ou pour son physique, il faut le dire, très agréable. Il a beaucoup d'atouts, c'est indéniable, même si elle n'y fait pas plus attention que ça. C'est quand même son collègue, ça ferait mauvais genre. Sa spontanéité la surprend. Il l'invite à danser. Lui. Elle se surprend à rire sur le coup, se disant que c'est probablement l'alcool qui le désinhibe un peu. Elle le regarde finir son verre d'une traite et se surprend à faire de même, on sait jamais, ce serait dommage que quelqu'un d'autre le finisse à sa place (a).

« J'espère que tu sais un peu danser au moins ! »

S'exclame-t-elle en se levant de son tabouret, la tête tournant légèrement. Peut-être n'aurait-elle pas du boire aussi vite, étant déjà un peu fatiguée. L'attrapant par le bras, elle l'entraîne un peu plus loin, là où les gens ont l'habitude de danser. On ne peut pas vraiment appeler ça une piste de danse mais ils s'en contenteront.

Il est vrai que Derek est canon mais ce n'est pas vraiment ce à quoi elle pense quand elle pense à lui. C'est son collègue avant tout, et elle l'apprécie énormément. Les after work avec lui, c'est génial ! Ils se marrent toujours et passent du bon temps tout les deux. Et si elle se permet de lui faire remarquer qu'il est franchement beau gosse, ce n'est absolument pas dans l'espoir de lui faire du rentre dedans ou quoi que ce soit. C'est juste pour rire, d'ailleurs, Derek en rigole à son tour, prétextant que son physique l'aide beaucoup. Katheryn se met à rire, lui donnant un léger coup de poing dans l'épaule, pas destiné à lui faire mal. Juste l'air de lui dire "t'es con", en rigolant. D'ailleurs, elle lui dit.

« T'es con ! xD Comme si t'avais besoin de ça ! »

Dans la réalité, toute le monde sait que le physique n'aide pas à se faire apprécier. La preuve, Katheryn n'est pas moche, loin de là, et pourtant, son caractère parfois un peu sauvage rebute quelques personnes, comme Peter par exemple. Dans la vie, on ne peut pas avoir que des amis, la preuve est là. Derek a ce quelque chose de sympathique que tout le monde apprécie. Elle, on l'aime ou on ne l'aime pas, ça passe ou ça casse, des deux côtés. Quand une personne lui semble agréable, elle va faire l'effort, sinon, elle va laisser tomber. Avec Derek c'est venu tout seul. Etant nouveaux à un mois d'écart au centre, ça les a forcément rapprochés. La brunette éclate de rire en voyant le jeune homme se lâcher ce soir, plus que d'habitude. Il l'invite même à danser, preuve qu'il se lâche vraiment, puisqu'ils ne sont que dans un bar, pas en boîte de nuit, mais ça ne va pas les empêcher de bien s'amuser tout de même.

« Oh non pitié, on dirait un épileptique XD »

Lâche-t-elle en l'observant faire quelques pas de danse peu conventionnels. Elle rit mais se met à se déhancher elle-aussi sur la musique, agrémentant ses pas de petites grimaces amusantes dans le but de le faire rire à son tour.

Si son boulot n'est pas facile, Katheryn tient plutôt bien le coup. Elle fait la part des choses et sait se déconnecter du travail. Au début, c'était assez difficile de ne plus penser à toutes ces histoires, tristes, affreuses, qu'elle pouvait entendre à longueur de journée. Elle s'investissait peut-être un peu trop émotionnellement au début. Maintenant qu'elle est habituée, ça va mieux. Beaucoup mieux, mais elle ressent toujours le besoin de faire quelque chose de son temps libre pour être sûre de bien décrocher. Quand ce ne sont pas les quelques cours auxquels elle s'est inscrite cette année, ce sont des petites sorties comme celle-ci, en compagnie de Derek, d'autres collègues ou simplement d'amis, voire même seule.

Vidant leur premier verre un peu vite, les deux collègues se mettent à danser sur la piste de danse improvisée. Ce n'est pas rare de voir des gens danser ici, même si c'est loin de l'ambiance boîte de nuit. Il y a de la bonne musique, des gens qui rigolent, d'autres qui dansent, d'autres encore qui font les deux en même temps...Suivant Derek jusqu'à cette fameuse piste de danse improvisée, la jeune femme se moque de lui un instant quand elle le voit essayer de danser. Elle se retrouve bien vite à faire un tour sur elle-même, éclatant de rire, surprise. Après son tour, elle garde la main de son collègue dans la sienne et vient poser l'autre sur son épaule.

« Ca va, tu te débrouilles pas trop mal, disons ! (a) »

Murmure-t-elle dans un sourire taquin. Il se débrouille bien en fait. Katheryn a connu pire. Bien pire.

Si Katheryn et Derek avaient dans l'idée de passer leur soirée à danser, ils seraient allés en boîte de nuit. Ils voulaient juste se changer l'esprit, boire un verre tranquillement et décompresser en racontant des conneries. Mais danser, c'est bien aussi. Le Belltown, il y sont habitués. Ils viennent ici presque toutes les semaines et ont l'habitude de voir quelques personnes danser là où ils trouvent de la place. Ce n'est donc pas étonnant que, pris d'une envie de se déhancher, ils fassent de même. Il y a toujours de la musique, ici. Des grands standards, des trucs connus sur lesquels ont peut danser ou chanter pour mettre un peu d'ambiance. Vidant leur verre d'une traite, ils se retrouvent, l'un en face de l'autre à danser, un peu n'importe comment, au début, puis un peu plus sérieusement par la suite. Katheryn est d'ailleurs surprise de voir son collègue danser aussi bien. Il faut dire que ce n'est pas un truc réputé chez un homme, ils sont plutôt du genre à danser comme des pieds (a). Elle hausse les sourcils et se met à rire quand il lui parle de cours de danse. En fait, elle se demande même s'il n'est pas en train de se foutre d'elle. Puis, l'image de Derek en plein cours de danse de salon l'amuse.

« Toi ? Des cours de danse ? Tu te moques de moi, c'est ça ? »

Demande-t-elle, toujours dans le même rire, avant de perdre son sourire, le voyant prendre un air bien triste, sans trop comprendre pourquoi. Elle fronce les sourcils, prenant un air sérieux. Elle espère ne pas l'avoir vexé avec sa réflexion.

« Je...Est-ce que j'ai dit quelque chose qu'il fallait pas ? »

Demande la jolie brune, un peu plus hésitante, tout à coup. Peut-être qu'il n'a pas envie d'en parler avec elle, mais elle voit bien que quelque chose en rapport avec la danse, ou au moins avec des cours de danse, s'est passé dans sa vie et lui laisse des souvenirs amer. Peut-être que le moment n'est pas le plus approprié pour en parler, ils sont là pour se vider la tête. Mais si jamais il souhaite en discuter, ils sont amis, alors elle serait flattée qu'ils vienne la trouver. La discussion redevient légère, preuve qu'elle ne l'a pas vexé mais qu'il a bien pensé à quelque chose de triste, ou de douloureux. Katheryn se remet à rire en l'écoutant lui demander si elle a d'autres talents cachés. L'alcool aidant, elle répond sans même réfléchir.

« Bien sûr que j'en ai d'autres ! Mais je préfère pas tout te dire tout de suite, tu risques de t'évanouir (a) »

Des déformations professionnelles, Katheryn en fait tous les jours depuis qu'elle est psychologue. En fait, même, ça a commencé à l'université, pendant ses études de psychologie. C'est comme si tout ce qu'elle voyait ou entendait devenait sujet à réflexion. Elle décrypte les expressions du visage et essaye d'y associer des raisons. Et quand on lui parle, elle cherche des raisons à tout, même malgré elle. Comme à l'instant, quand Derek a affiché cette mine si triste qu'elle ne lui connaissait pas jusque là. Ils sont amis mais n'ont jamais vraiment parlé de leur vie privée, ou si peu. Katheryn ne connait pas tant de choses que ça sur son collègue. Rien qu'elle ne pourrait associer à cette mine si triste qu'il a affiché quelques minutes plus tôt. C'est pour cette raison qu'elle lui demande si c'est elle qui a dit quelque chose de travers, mais il la rassure d'une manière presque tendre, qui l'étonne un peu mais qu'elle met sur le compte de l'alcool, elle-même un peu joyeuse depuis qu'elle a bu son verre d'une traite.

Retrouvant son sourire, rassurée de ne pas avoir provoqué l'air triste de son ami, la jeune femme se met à rigoler quand il s'agit de ses talents cachés. Spontanément, elle ne peut s'empêcher de lâcher une connerie, qu'elle réalise seulement quelques secondes après. Elle n'a pas vraiment de talents cachés, ou du moins, pas dont elle pense pouvoir se vanter réellement, même si il y a bien des choses qu'elle sait très bien faire et dont elle a reçu pas mal de compliments. Mais de là à appeler ça des talents cachés...Elle rit de sa propre remarque et de nouveau quand Derek se montre curieux, la suppliant presque pour qu'elle lui en révèle au moins un. Elle prend quelques secondes pour réfléchir avant de répondre, s'approchant de son oreille.

« Il paraît que j'embrasse très bien. »

Murmure-t-elle comme s'il s'agissait d'un secret que personne ne doit savoir. Elle hausse ensuite les épaules, toujours souriante, en se remettant à danser. On lui a souvent dit, mais difficile pour elle de vérifier. Peut-être bien que ses ex lui disaient ça comme ça, pour lui faire plaisir ou juste pour meubler, n'ayant rien d'autre à dire, mais ça l'étonnerait (a).

Dans sa vie professionnelle, Katheryn fait au mieux pour user de ses talents de thérapeute. Mais dans la vie privée, elle les utilise rarement. Il lui arrive de le faire malgré elle, mais elle aime décrocher aussi. Elle ne tient pas vraiment à ce que ses amis lui demandent conseil pour si ou ça. Elle est psychologue, mais ça ne lui fait rien de connaitre les soucis de personnes qu'elle ne connait pas. Pour ses amis, c'est différent, il y a une barrière qu'elle ne veut pas franchir. Elle ne veut pas agir avec eux comme elle le fait avec ses patients, parce que c'est bizarre pour elle. Elle n'aime pas tellement qu'on vienne la voir à tout va parce qu'elle est dans le milieu. C'est un peu comme aller voir son ami banquier et lui confier son argent, ou son ami agent d'entretien et lui demander de faire le ménage chez soit. Tout ça pour dire qu'elle a beau être amie avec Derek, elle n'a jamais cherché à faire la psy avec lui. Ils parlent rarement de choses vraiment très personnelles et quand ça arrive, ils parlent de choses de base, des trucs communs. Ils ne se confient pas l'un à l'autre.

Détendus, un peu trop peut-être, les deux collègues se mettent à danser au rythme de la musique. Cette activité devient d'ailleurs sujet à discussion quelques secondes avant d'être aussi vite balayé par autre chose. Les talents cachés de la thérapeute deviennent le point central de la conversation. Katheryn en rit, même si elle se laisse un peu portée par cette euphorie causée par ce verre qu'elle a vu trop vite. Elle tient bien l'alcool d'habitude, mais là, avec la fatigue, ça lui est bien vite monté à la tête. Tellement que les mots sortent de sa bouche avant même d'y avoir réfléchit. Elle se met donc à prétendre qu'elle embrasse bien, oubliant complètement qu'avant d'être son ami, Derek est son collègue.

« Je peux difficilement me faire mon propre avis sur la question...

Mais puisque tu te proposes si gentiment (a) »

Dans son ivresse, la demoiselle ne pense tout de même pas à passer à l'acte, pensant que c'est juste pour rire, mais la soudaine proximité que Derek créé entre eux la trouble. Elle déglutit, sentant son coeur s'emballer étrangement, sa respiration s'accélérer. Peut-être ne devraient-ils pas. Peut-être est-ce l'alcool, ou autre chose, mais en relevant les yeux vers le brun, elle glisse sa main, de son épaule jusqu'à son cou puis se hissant sur la pointe des pieds, elle capture ses lèvres, hésitante puis un peu plus entreprenante.

Katheryn n'a pas eut des masses d'hommes dans sa vie. En tout cas, pas beaucoup de relations sérieuses. Quelques unes, plus ou moins longues. Adolescente, elle croyait au coup de foudre, au grand amour et à toutes ces conneries, puis un jour, elle s'est réveillée sans plus croire à grand chose, sans trop savoir pourquoi. Elle n'a pas eut la chance d'avoir le genre de relation qui transporte et qui dure tellement longtemps qu'on imagine l'avenir avec l'autre ou ce genre de choses. Elle ne désespère pas que ça lui arrive un jour, mais ça lui semble tellement abstrait. Peut-être qu'elle est encore trop jeune pour y penser...Quoi que, quand on écoute les parents, et ceux de leur génération, vingt-cinq ans, c'est l'âge où on commence à penser à tout ça. Se stabiliser, fonder une famille...Ce n'est pas qu'elle n'en rêve pas, mais, ce n'est juste pas sa priorité dans la vie. Peut-être que ça lui viendra, mais pas pour le moment. Elle vit sa vie, comme elle vient. Quand une relation se présente, elle tente le coup, même si ça ne dure qu'une nuit. C'est toujours mieux quand ça dure au delà, mais elle se contente de ce qui se présente, mais ça ne signifie pas pour autant qu'elle soit désespérée.

Bêtement, les choses dérapent entre les deux collègues. Au départ, ils ne faisaient que rigoler puis, portés par le moment, ils se retrouvent bien plus proches qu'ils ne l'ont jamais été. C'est troublant et en même temps plaisant. C'est ce côté plaisant qui pousse la jeune femme à entreprendre un baiser, se hissant sur la pointe des pieds pour être à son niveau. Hésitante au début, elle ne sent pas de résistance alors elle le continue, jusqu'à ce qu'il s'arrête. Lorsque le baiser prend fin, Katheryn réalise à quel point elle manquait de respiration, chose qui ne lui passait pas vraiment par la tête pendant qu'elle capturait les lèvres de son collègue. La proximité ne se réduit pas entre leurs corps et un sourire vient se placer au coin des lèvres de la brune, ravie d'entendre la confirmation de Derek, qui ne se débrouille pas mal non plus.

« Je te retourne le compliment (a) »

La main toujours placée dans le cou du brun, elle se glisse jusqu'à sa nuque, s'amusant à caresser les cheveux qui se trouvent là. Son regard, lui, se pose un instant sur ses lèvres auxquelles elle vient de goûter l'espace de quelques secondes. Elle a bien envie de recommencer, mais se contient, troublée.

Katheryn et Derek ont commencé à déconner au moment où ils ont avalé leur verre un peu trop vite. Habituellement, la brune n'est pas une habituée des cul-secs, plutôt du genre à boire doucement en avalant quelques biscuits salés pour que l'alcool ne lui monte pas trop vite à la tête. Ce soir, elle a suivi bêtement Derek, pensant probablement qu'ils ne risquaient absolument rien avec un seul verre. Mais, mêlé à la fatigue et à leur ventre vide, forcément, ils ne pouvaient pas rester sobre très longtemps. Pour autant, Kath' ne pensais pas qu'elle se laisserait aller à ce point avec Derek. Même si c'est un très bon ami, il reste son collègue, ce qui implique un minimum de retenue pour certaines choses, mais l'alcool a le don de faire tomber les barrières, alors elle n'a pas su retenir ses mots en parlant de ses talents cachés, et plus précisément de sa manière d'embrasser, dont elle se vante même un peu. Si c'était d'abord pour plaisanter, elle se rend compte de la gravité de la situation quand Derek lui propose de vérifier. D'abord hésitante, ne sachant pas s'il plaisantait ou s'il était sérieux, elle constate une soudaine proximité à la fois intimidante mais très agréable. L'hésitation la quitte rapidement puisque c'est elle qui fait le premier pas en prenant les lèvres de son collègue.

Le baiser est court, mais doux, simple, agréable, déstabilisant. Lorsqu'il prend fin, Katheryn déglutit, ne sachant pas si elle doit dire ou faire quelque chose. Elle ne met pas fin à leur proximité, en tout cas, et s'autorise même un petit compliment, comme pour rattraper un peu ce dérapage, car c'en est un. Elle reste bloquée un instant, contre Derek, à se demander ce qu'elle doit faire, partagée entre l'envie de recommencer et celle de fuir, se cacher pour faire comme si rien ne s'était passé. L'idée de se défaire de cette étreinte lui déplaît. Elle reste, profitant de cette proximité, s'amusant avant les cheveux courts dans la nuque de son collègue, entortillant ses doigts dedans, ne quittant plus son regard. Plantés sur cette piste de danse improvisée, l'idée de résister à la tentation s'écarte peu à peu d'eux puisque leurs lèvres se retrouvent pour échanger un baiser bien plus franc et passionné que le premier. Le coeur de la brune s'emballe, elle ferme les yeux, attirant son collègue en faisant pression dans sa nuque. Ses lèvres, elles, s’entrouvrent pour aller à la recherche de sa langue, ajoutant encore plus d'intensité au baiser.

Le coeur battant littéralement à tout rompre, Katheryn est dans un tout autre monde à l'instant. Il n'est pas dans ses habitudes d'envisager quelque chose, même temporaire, avec un collègue ou quelqu'un qu'elle est destinée à croiser, de manière obligatoire parce qu'elle n'aime pas les situations embarrassantes. Mais à l'instant, elle ne pense pas du tout à ça. Si au premier baiser elle s'est légèrement inquiétée en essayant de résister à la tentation de recommencer, elle s'est finalement consoler en se disant qu'un certain Oscar Wilde disait que "la meilleure manière de résister à la tentation est d'y céder", mais également en retrouvant les lèvres chaudes de son collègue. Elle réalise ce soir à quel point il est charmant, terriblement attirant. En tant que collègue, elle ne se le permettait pas vraiment. Mais maintenant que la barrière est en partie franchie, elle réalise tout ça et se demande comment elle a fait, pendant tous ces mois, pour rater ça et ne pas avoir été tentée avant aujourd'hui.

Katheryn n'est plus complètement sûre que l'alcool soit le moteur de toutes ses réactions. En fait, elle a même l'impression que tout ce qui se passe l'a fait redescendre sur terre en lui faisait reprendre conscience. En même temps, elle n'a pas énormément bu, alors l'effet de la boisson ne pouvait pas être si long. Mais elle se sent maîtresse de ses agissements et c'est tout à fait consciente qu'elle attirer un peu plus fort son collègue contre elle pour rendre le baiser un peu plus intense, elle se laisse complètement aller, parce qu'elle en a envie. Et malgré sa reprise de conscience, elle a l'impression de planer. Elle est bien, elle se sent bien, et elle veut en profiter, même si ça reste étrange. Ce nouveau baiser prend fin, le temps qu'ils reprennent leur souffle, qu'ils redescendent un peu sur terre. Reprenant son souffle, sans quitter son collègue des yeux. Cherchant à articuler quelque chose, elle se fait devancer par le beau brun qui lui propose d'aller "ailleurs". Une proposition qu'elle ne peut pas refuser. Pas après ce qui vient de se passer. Papillonnant des yeux une fraction de seconde, elle finit par acquiescer.

« Ouai...Tu...tu veux qu'on aille...chez moi ? J'habite à cinq minutes...»

Propose la jolie brune dans un moment d'hésitation, ses mains quittant sa nuque en descendant le long des bras de Derek pour venir caresser ses mains, avec tendresse. Elle en a vraiment envie, même si ça l'intimide un peu.

Kathryn et Derek se connaissent depuis un peu moins d'un an et, même s'ils sont de très bons amis, la jeune femme ne l'a jamais imaginé comme plus que ça. Aujourd'hui seulement elle découvre l'homme qu'il est, aussi séduisant soit-il. Elle le voit autrement, pour la première fois depuis des mois. Elle le trouve vraiment très attirant et ne sait pas comment elle a fait pendant tout ce temps pour ne pas le voir. Maintenant, elle le voit sous un angle complètement différent mais qui ne lui déplaît pas, à vrai dire. Elle en redemande, même. Dès qu'un baiser prend fin, un autre le remplace. Elle a l'impression d'avoir perdu la tête et d'être complètement déconnectée du monde réel, comme si rien de tout ça ne se passait vraiment, et pourtant, les sensations sont bien présentes, bien réelles. Le souffle court, ce dernier baiser, bien plus fougueux et passionné que les précédents, prend fin.

Katheryn ne parvient pas à lâcher son collègue des yeux, et, malgré une légère hésitation, lui propose d'aller chez elle, vu qu'elle habite à quelques minutes à pieds. Elle a peur qu'il refuse, même s'il est le premier à avoir proposé de partir d'ici. Peut-être n'avait-il pas la même idée qu'elle derrière la tête. Elle croit comprendre que si, vu qu'il accepte, lui décrochant un énième sourire. Katheryn n'a jamais invité de collègue chez elle, ni le contraire. Elle essaye de distinguer au maximum vie privée et vie professionnelle. Même si il existe une certaine amitié avec Derek, elle ne l'a pourtant jamais invité chez elle avant ce soir, tout comme elle n'a jamais eut l'occasion d'aller chez lui. Une grande nouveauté ce soir, donc.

La jolie brune frisonne légèrement quand ses doigts se retrouvent enlacés aux siens. Elle a toujours bien aimé ce genre de contact, ça lui donne l'impression d'avoir éternellement douze ans et de vivre sa première amourette. Elle récupère ses affaires là où elles les avait laissées puis salut le barman dans un sourire alors que ses joues rouges la trahissent. Sa main ne quitte pas celle de Derek, c'est étrange, mais qu'est-ce que c'est agréable...

FIN DE LA SCENE.