Résident du Centre Personnel du Centre Autour du Centre

Si derrière les fenêtres de cette jolie maison dans un quartier bien fréquenté de San Francisco, l’ambiance semblait être chaleureuse, Ash n’a pas vécu son enfance de la sorte. Un chiffre pair, deux parents, une sœur jumelle. Le stéréotype de la famille parfaite. Ash n’a jamais cherché à savoir si ses parents souhaitaient réellement deux enfants mais la réponse, au cours de sa vie lui a semblé évidente. Il y a toujours eu une énorme différence entre eux deux : la fille prodigue et le raté. Cette différence a fini par séparer les deux jumeaux pourtant si proches dans leurs premières années. Swann, dès le départ, a su se démarquer dans tous les domaines. Attirer l’attention avec sa manière d’être, ses bonnes notes. Ash, quant à lui, a toujours eu beaucoup plus de difficultés. Un enfant agité, hyperactif, qui contre son gré, faisait perdre patience à ses géniteurs.

Entrés au lycée, c’est la cassure. L’adolescent cherche à se démarquer, à devenir quelqu’un comme il le peut. Il traine comme un bagage ce manque d’attention, d’amour, de considération même de la part de ses parents et échoue tout ce qu’il entreprend. Sa vie lui semble être un énorme échec et le lycéen redouble plusieurs fois, par manque de motivation et surtout de présence aux cours. Il se met à fréquenter des jeunes blessés comme lui. Ash se trouve même une passion pour la musique et apprend seul à jouer de la guitare et un peu de batterie. Une sorte de première échappatoire, cette lubie lassera bien rapidement la famille Teller toute entière, trouvant que celle-ci étant sans avenir.

A cette période, sa vie prend un tout autre tournant. Il décide d’en faire voir de toutes les couleurs à ses parents. Par vengeance, colère. Ash trouve sa vie injuste. Il prend confiance en lui, ou plutôt feint de le faire en jouant un rôle d’un jeune homme qu’il a toujours voulu être. Il se sent enfin « devenir » Le changement est radical. Autant dans sa façon d’être que dans son style, cassant cet air angélique qu’il arbore sur son visage, sur sa silhouette très fine. En plus de la musique, le jeune homme a un style particulier, souvent désapprouvé puisqu’il arbore de très nombreux tatouages sur le corps.

Passé un certain âge, Ash laisse couler. En particulier l’autorité parentale qu’il commence à défier à nombreuses reprises. Il sort bien trop tard, ne rentre pas toujours. Il se rend à des soirées où l’alcool et les drogues coulent à flot. Il entre dans un quotidien d’autodestruction mais ça lui parait être beau et beaucoup plus attrayant que celui qu’il vivait auparavant. De justesse, Ash obtient son baccalauréat et choisit, à la honte générale de s’arrêter là. Ses parents lui font savoir qu’il n’est effectivement pas grand-chose comparé à leur parfaite fille. Il devient une honte pour eux. Ce refrain, le jeune homme le connait par cœur, et malgré les années, continue à le déchirer. Ash se plait à vivre de cette manière-là, probablement pour oublier, enfoncer bien profondément cette blessure qui le ronge.

Il peine à trouver sa voie. Ash choisit de ne rien faire mise à part sa passion, la musique, ce qui finit par être la goutte d’eau. A 20 ans, suite à une énième dispute, le jeune homme se fait chasser de chez lui. Cette période de sa vie devient un flou complet. Il trouve refuge dans des squattes remplis d’hippies et de mecs louches. Au début, ça lui semblait facile. L’indépendance… mais ça n’était que temporaire. Malgré les rencontres, les expériences, la réalité lui revient en pleine tronche. Comme une sorte d’instinct de survie. Il en vient même à revenir chercher ses affaires chez ses parents pour les revendre. En effet, Ash est bien trop fier pour s’avouer vaincu.. Il fréquente des quartiers malfamés, se perdra dans la revente d’herbe, dans des petits vols à l’étalage. Deux années et demie sans vrai foyer. Probablement les plus longues de sa vie mais Ash s’est forgé une solide carapace, il s’est toujours montré débrouillard malgré tout, cette envie de vivre à fond. Il se cache derrière sa personnalité impulsive, franche et de petit con amusant en quelque sorte pour ne pas qu’on l’atteigne, qu’on le blesse. Il cherche constamment à se démarquer des autres, cette soif de ne plus être dans l’ombre alors qu’au fond, il n’y a que des points d’interrogations dans sa tête. Ash a toujours été traité comme s’il était un fardeau, un moins que rien et face à ses échecs a fini par se convaincre intérieurement qu’il en était réellement un.

Le temps passe mais Ash ne parvient pas à remonter la pente. Son moral chute, le désespoir. Il fait face à la réalité : il baigne dans la merde depuis trop longtemps. Pour une nuit dans un vrai lit, Ash est prêt à faire n’importe quoi, à se faire n’importe qui. Un soir d’été, ivre, il en vient même à penser à se vendre pour quelques dollars. Cette pensée parvient à l’horrifier. Et c’est à ce moment-là que le sans abri décide enfin de réagir. Il vaut mieux que ça. Dès le lendemain, le jeune homme cherche à intégrer un centre pour sans abri, ouvert au début de l’année. Ash s’accroche à cette perspective, une première depuis quelques années et parvient à intégrer le centre d’Adam Hawkes en Septembre 2012. Ash a l’impression de vivre à nouveau et se « retrouve » petit à petit laissant tout derrière lui, ou plutôt au fond de lui.