Une semaine et quelques jours étaient passé depuis sa rencontre avec Logan. Bien qu´occupé principalement par sa santé - un nez cassé, plusieurs hématomes qui étaient cachés par ses habits, un oeil au beurre noir et une contusion au poignet droit qui passait plus ou moins inaperçue- il n´avait pas pu s´empêcher d´éprouvé un certain regret pour ce qu´il avait fait à Logan. Encore une fois. La première fois, il avait été rongé par le regret de l´avoir dénoncé juste parce que ce type n´avait pas voulu lui vendre son héroin. Maintenant, il regrettait la blessure qu´il avait engendré. La rumeur courait que Logan s´était luxé l´épaule - avec un déchirement des ligaments et sans doute encore d´autres complications. William l´avait même entre apperçu entrain de marché, courbé et le visage crispé de douleur, vers sa chambre pour s´y enfermé. Depuis, il ne l´avait plus vu. Et c´était tant mieux.

Soit. Aujourd´hui donc, notre américain était sorti de sa chambre dans le simple but d´aller fumer dans un coin, seul et tranquille. Il n´avait aucune envie de compagnie et cela se voyait. Marchant d´un pas stricte, fusillant du regard tout ceux qu´il croisait, il se dirigea vers l´acceuille. S´y accoudant, il désigna la feuille de sortie.

"j´vais m´en griller une. Je dois ...."

Il n´eu pas le temps d´en dire d´avantage car il fût coupé par une voix masculine. Ignorant notre résident, cet homme - qui était apparement l´homme à tout faire- se mit à parler. William leva un regard peu avenant vers lui et toussota pour capter son attention.

"La politesse, tu connais?" grogna-t-il tout en se disant que lui-même ne la connaissait pas, cette politesse. "J´étais là avant, tu me laisse faire mon truc, ok?"

Son regard brun lançant des éclairs, il semblait être sur le point d´égorgé la moindre personne qui se mettait en travers de sa route. Et sa mauvaise humeur n´était due qu´à une seule et unique personne: Logan, qui, finalement, n´y pouvait franchemen rien.

Ok, il avait pas vu ce mec avant de faire son entrée triomphale, mais clairement, celui-là avait l'air d'attendre la moindre excuse pour ouvrir sa gueule et foutre la merde. Déjà, ça n'avait pas été intentionnel de lui couper la route et ensuite, ce manque de politesse ne valait pas la peine de le foudroyer du regard, comme un avertissement avant la mise à mort. Ce nouveau résident avait un problème et il fallait apparemment qu'il en fasse étalage à un public.
Nouveau oui, à n'en pas douter. Même si Luke ne pouvait se venter de connaître tous les résidents et d'appeler chacun par son prénom, ni même de leur avoir tous au moins une fois adressé la parole, mais il était certain qu'il n'avait jamais vu cet homme. Tout du moins pas au centre et vu le personnage, il était sûr que même dans la rue il n'aurait pu l'ignorer. S'il n'avait pas été un des résidents - ce qui voulait dire qu'il avait l'envie et la motivation de s'en sortir et donc qu'il avait un bon fond - Luke l'aurait traité de fouteur de merde. Mais ne laissant rien paraître de son ressentiment - l'incrédulité ressentie par rapport à la scène prenant le dessus - il calma son numéro et répondit plus simplement.

Autant pour moi, je t'en prie vas-y.

Et puis ça ne valait pas le coup de s'énerver pour si peu. Le gars se tourna à nouveau vers l'hôtesse d'accueil et ne sembla pas chercher plus loin pour le moment.

Ce n'est qu'à cet instant que Luke - s'approchant du comptoir malgré tout - accorda un réel intérêt au personnage, qui, même sans son numéro de cirque, valait le détour. Enfin, pour un homme hétéro pas franchement, mais il avait étonnamment de l'allure pour quelqu'un qui venait de sortir récemment de la rue. Et puis, plus il pensait à son regard, plus il se disait qu'il lui disait quelque chose. Le jeune homme avait comme l'impression d'avoir déjà vu son visage. Bwarf, après tout, il l'avait peut être bien croisé dans Haight Ashbury un jour... ou peut être ailleurs.

Fallait au moins laissé à ce type qu’il était coopératif. Ce qui était une très bonne chose. Au moins il n’aura pas à subir la mauvaise humeur de notre homme. Après l’avoir toiser froidement, William attrapa la fiche tendue par la secrétaire et y inscrivit son nom ainsi que l’heure à laquelle il comptait sortir pour fumer. Pourtant, il ne pût se concentrer à cent pour cent sur ce qu’il écrivait : il avait la très désagréable impression que l’autre type l’observait. Dans quel intérêt ? Et puis, c’était qui d’abord ? William lui lança un très furtif regard ? Qu’est-ce qu’il avait à l’observer de la sorte ? Etait-il de la police ? Avait-il découvert quelque chose de son passé ? Que lui voulait-il ? C’était évident que ce type n’était pas là dans un but sain. Non, bien au contraire. Grinçant légèrement les dents, William redonna la feuille à la secrétaire puis releva à nouveau son regard vers l’autre.

« Un souci mon vieux ? » demanda-t-il sur un ton amer, reflétant sa paranoïa naissante « Qu’est-ce tu … »

Il se tu instantanément. Il venait d’apercevoir les yeux de son interlocuteur. Ces yeux verts. Cette lueur. Ces tâches brunes autour des pupilles noires. William n’avait vu de tels yeux qu’une seule fois auparavant : chez son petit frère. Luke. Luke Sacha Connely. Celui qui n’avait même pas deux ans lorsqu’il avait quitté son village natal. Celui qu’il n’avait pas revu depuis qu’il avait coupé les ponts avec sa famille. Putain. Est-ce que ce type pouvait être ce frère ? Ce petit frère qu’il n’avait jamais réellement connu ? Le seul membre de la famille Connely qu’il avait voulu connaître. Le seul innocent, qui ne l’avait jamais fait chier.

« Luke … ? » demanda-t-il dans un souffle.

L'autre finit par remarquer que Luke le dévisageait. Il finit de remplir sa feuille et bientôt se tourna vers lui. Son regard était moins dur, moins noir, mais sa voix tout aussi sujette à l'énervement. En fait, il avait la tête de quelqu'un qui se sentait suivi, traqué. Drôlement bizarre ... Et donc, c'ets sur ce ton qu'il demanda :

Un souci mon vieux ?

Mouais ... ok, toujours aussi sympathique, mais franchement, tout cela passait par dessus la tête de l'artisan. Ce mec devait chercher des noises à tout le monde et lui-même n'avait pas envie de s'éterniser dans une ambiance pareil, tout ce qu'il demandait, c'était sa feuille du jour pour aller bosser, il attendait simplement que ce gars bizarre lui laisse la place ... mais alors que Luke se faisait tout un film dans sa tête, l'inconnu sembla bloquer sur la fin de sa deuxième phrase et un air de stupeur mêlé à je ne sais quoi d'autre se fixa sur son visage, que pouvait-il bien se passer dans son crâne ...?!

Luke … ?

Euuuh, oui, c'était bien lui mais qu'est ce que ... Bordel ... cette intonnation, ce regard, ce visage ... Voilà que le jeune homme rentrait dans le même état figé. Pourquoi quand cet homme prononçaut son prénom, il avait l'impression de retomber en enfance ? Pourquoi, tout d'un coup, il ne lui semblait pas si inconnu que cela ...?!
Bientôt, sa mémoire lui revint et posant lourdement sa malette sur le sol, attrapant son portefeuille dans la poche de son jean et l'ouvrant, il comprit ce qu'il se passait. Allant de l'une des photos qui était dans l'étui à la tête du mec qui se trouvait devant lui, il ne put sortir tout de suite une phrase correcte.

... Putain nom de dieu !! C'est pas possible ... Putain ... Pete ?!

« Pete ?! »

Sur cette terre, il n’y avait qu’un seul être qui l’avait appelé ainsi : son petit frère. Alors qu’il n’avait que 2 ans, il avait du mal à prononcer le –er de son deuxième prénom. Et comme ‘William’ était encore plus dur à prononcer, alors le jeunot avait jugé bon de se faciliter la tache et l’avait appelé Pete. Bien qu’était tout d’abord réfractaire à l’idée qu’on écorche son prénom, ce dernier avait tout de même consenti à laisser son frère l’appeler ainsi. Enfin. Tout cela pour dire que, finalement, il n’y avait plus de doute possible : c’était bel et bon son petit frère qui se tenait là, devant lui. Alors, oubliant toute son aversion envers le contact physique, il s’approcha de Luke et le prit dans ses bras.

« Putain, Luke ! » dit-il en souriant joyeusement, le serrant contre lui.

Il laissa durer l’étreinte pendant quelques instants, puis, l’attrapant pas les épaules, le repoussa et le scruta de haut en bas. Son sourire s’agrandissant d’avantage, William secoua doucement la tête et, abaissant ses bras et relevant son regard vers Luke, il se recula.

« T’as quel âge maintenant ? 26 ? 27 ? Putain Luke … » il se recula d’avantage, afin de voir plus de son frérot « J’peux pas l’croire. Qu’est-ce tu fous là ? »

Il n'y avait pas de doute. Même si cette photo datait d'il y a environ vingt ans, que son père faisait encore jeune et que lui-même n'était encore qu'un bébé, William était reconnaissable, même après tant d'années. Mais est ce que lui-même aurait fait le lien si son grand frère ne l'avait pas reconnu avant ? Ca il ne savait pas, mais après tout, il aurait pu finir par comprendre pourquoi la tête de ce mec lui disait quelque chose.
Luke avait toujours dans son porte feuille quelques photos de famille dont une avec son frère qui devait avoir été prise moins d'un an avant le départ de celui-ci. Il avait pris des rides mais il avait toujours le même regard noir et des pommettes aussi dessinées.

Répondant franchement à l'accolade de son grand frère, le jeune homme avait presque mal au coeur sous le coup de l'émotion. Il n'allait pas verser une petite larme mais il sentait pourtant que ses yeux le picotaient. C'était tout de même incroyable, retrouver son frère après tant d'années dans un endroit qu'il fréquentait autant. Et maintenant il serrait William dans ses bras, son bon vieux Pete.

J'arrive pas à y croire ...

Lâchant bientôt ce dernier, il le laissa l'observer comme une bête curieuse. Autant lui n'avait pas de vrais souvenirs de son frère, à part ce qu'on lui avait raconté et ce qu'il avait vu grâce aux photos, autant Will était grand quand il était parti et savait bien qu'il avait laissé un petit frère derrière lui. S'était d'ailleurs un miracle qu'il l'est reconnu vu comment Luke était petit la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Toujours un sourire franc sur les lèvres, il lui répondit

Eh ouais, le p'tit frère bavard a bien grandi ... J'ai vingt-sept ans, effectivement, t'as vite fait le calcul dis donc ... Toi, du dois approcher la quarantaine, non ? Regardant son frère comme celui-ci l'avait regardé, il se tut quelques secondes et reprit. Je te propose qu'on discute de tout ça dehors vu que tu t'apprêtais à sortir... je pense que t'as de quoi me raconter aussi ... grand frère. Se tournant vers le bureau, il fit un sourire d'excuse. Euuh, la famille appelle, je bosserais plus tard et au pire je reviendrais demain ...