We can't help everyone but everyone can help someone

La brune ramassa les dernières miettes de fondant au chocolat qui résidaient dans le fond de l’assiette. Maintenant qu’elle avait mangé le dernier morceau, elle n’avait vraiment plus aucune raison de rester au restaurant. Déjà, tout le monde était parti, il faut dire qu’à trois heures du matin, l’établissement est fermé depuis un bon bout de temps. Amanda soupira un instant en regardant son téléphone portable. Elle aimerait tellement qu’Ethan revienne sur sa décision et la rappelle. Rien qu’à l’évocation de son nom, ses yeux s’humidifièrent et elle se força à pencher la tête en arrière, comme pour qu’elles retournent d’où elles viennent. Elle se leva et rangea l’assiette vide dans le lave-vaisselle, avant de vérifier que toutes les lumières étaient éteintes.

Elle vérifia aussi qu’elle avait tout dans son sac et prit sa veste, avant de sortir par l’arrière des cuisines, atterrissant dans une ruelle mal éclairée. Elle a l’habitude de rentrer tard le soir, puisqu’elle a des horaires d’horeca, mais il n’y a que l’hiver où c’est vraiment effrayant parce qu’il fait vraiment nuit noire. Quoi qu’il en soit, elle sait que si elle commence à s’imaginer tout un tas d’histoires horribles, elle va vraiment avoir peur. Juste pour se rassurer, elle garda dans une main son trousseau de clé et dans l’autre son téléphone. Elle ferma la porte de l’extérieur et serra ses doigts autour du trousseau. Heureusement, elle n’habite pas bien loin, mais il faudrait vraiment qu’elle investisse dans des cours de self défense, pour se sentir plus en sécurité.

Amanda fit quelques pas dans la ruelle, avant d’entendre un bruit. Son sang ne fit qu’un tour et se figea. Elle se retourna avant de demander :

« Et oh, y a quelqu’un ? »

Elle n’était pas sure du volume qu’elle avait utilisé parce qu’elle flippait carrément. Et comme toutes les filles débiles des séries à qui on crie de s’enfuir, plutôt que d’aller voir ce qui se passe, elle fit demi tour et retourna vers la porte du restaurant et plus précisément l’endroit où elle avait entendu du bruit.

« Et oh ! »

Lança-t-elle cette fois un peu plus fort.

★ Ronald Reagan

**Invité** Invité

Comme d’habitude, et sans réelle surprise, le fil de ma journée se déroula sur le modèle que je suivais depuis trois mois… Rien ne changeait malgré mes belles promesses pour essayer de me sortir de cette vie de misère. Bien sur, je me trouvais toujours les meilleures excuses pour justifier une nouvelle nuit passée dans la rue, mais dans le fond il n’existait qu’un seul véritable motif : la honte. Aujourd’hui encore mes pas de déambulante m’avaient conduite jusque devant le foyer Adam Hawkes… sans que j’en pousse la porte pour demander un entretien. Fidèle à mon attitude des derniers jours, la fuite restait la seule solution à mon mal-être.

Ce soir là, après des heures passées avec Declan dans mes bras, j’avais donc retrouvé la fraicheur de la rue. En attendant que les honnêtes gens rentrent chez eux pour m’installer dans un coin tranquille pour dormir, je marchais devant les boutiques d’une rue commerçante en rêvant de m'acheter des vêtements neufs et des chaussures chaudes. Malheureusement, mon reflet dans la vitrine me coupa toute envie de rester sous les lumières des lampadaires. Les traits tirés par le manque de sommeil et surement creusés par une mauvaise alimentation, les cheveux secs et fourchus qui dépassait en dessous de mon bonnet… S’en était trop pour aujourd’hui. Sans chercher un recoin vraiment« confortable » et éclairé pour passer la nuit en sécurité, je me glissais dans la première ruelle pour m’installer à l’angle d’un mur.

Enroulée dans la chaleur de ma couverture et engourdie par des milliers de pas enchainés depuis l’aube, je m’endormis rapidement.

Le bruit d’une porte me tira pourtant du sommeil quelques minutes ou quelques heures plus tard, j’étais bien incapable de le dire n’ayant aucune notion du temps dans l’obscurité. Me ramassant sur moi-même en entendant un trousseau de clé tinter et une serrure se verrouiller, j’espérais passer inaperçu… sauf que mes pieds firent racler ma bouteille d’eau en plastique sur le sol.

« Et oh, y a quelqu’un ? »

Non. Passe ton chemin, pensais-je alors qu’une jeune femme revenait près de la porte d’où elle avait émergé et donc proche de moi.

« Et oh ! »

Prise au piège, je ne savais plus comment réagir. Ne pas bouger, et faire comme si je n’étais pas là. Ou au contraire, me manifester pour éviter qu’elle n’ait peur inutilement. A sa place je savais que je me serais plutôt mise à courir qu’a revenir sur mes pas pour identifier l’auteur de ce bruit pas franchement rassurant au milieu de la nuit. En me projetant ainsi, je fini par me décider.

- C’est rien, rentrez chez vous, marmonnais-je encore ensommeillée derrière l’épaisseur de ma couverture.

En espérant que ces quelques mots la convaincraient de partir…

Amanda trainait clairement ce soir. Elle n’avait pas envie de rentrer, parce qu’elle savait qu’elle se tournerait et se retournerait dans tous les sens dans son lit, trop occupée à penser et se tracasser que pour arriver à trouver le sommeil. Du coup, elle s’occupait comme elle le pouvait. Elle avait rangé très lentement son matériel, elle avait prétendu devoir réfléchir à une nouvelle recette et tout le monde était parti. Ele avait été chercher un morceau du gâteau au chocolat qu’elle avait fait ce soir et l’avait dégusté à son aise. Elle avait été relativement sage, ne mangeant qu’une des trois parts qui restaient. Finalement, elle n’eut réellement plus de raison de rester et sortit par la sortie de service, à l’arrière des cuisines, en prenant bien soin de fermer derrière elle.

Ca n’était peut être pas le plus malin que de sortir de ce côté, étant donné qu’elle est une jeune femme seule, à trois heures onze du matin. D’ailleurs, alors qu’elle se mit en route vers chez elle, un bruit lui rappela qu’en étant imprudente une fois de trop, elle pourrait bien le regretter. Plutôt que de prendre ses jambes à son cou et de s’enfouir, elle revint sur ses pas et demanda à voix haute s’il y avait quelqu’un. Aucune réponse. A nouveau, elle lança un appel. Peut-être que c’était un rat qui était passé pile à ce moment là ? Son portable à la main, elle voulut s’en servir comme lampe de poche au moment même ou quelqu’un se mit à parler. Du coup, elle lâcha un petit cri, avant de lâcher l’engin qui tomba sur le sol et s’ouvrit, la batterie s’échappant des deux moitiés de l’appareil.

La voix qu’elle avait entendue, c’était une voix féminine et ça la rassurait un peu. Méthodiquement, elle s’agenouilla et tenta de retrouver le plus rapidement possible les trois pièces du téléphone, à tâtons, avant de les réassembler et de le rallumer. Ouf, il fonctionnait. Une fois en marche, elle dirigea le faible faisceau de lumière vers l’endroit où on lui avait répondu et elle s’aperçu qu’il s’agissait d’une sans abri. N’écoutant que son cœur, elle s’avança vers la jeune femme et s’accroupi, pour être plus à son niveau.

« Je suis désolée de vous avoir dérangé. Je suis Amanda Sainclair, je travaille dans le restaurant juste à côté. Ca vous dirait de venir prendre une bonne tasse de café bien chaud ? »

Elle sait d’expérience que pas mal de sans abris refusent son aide, mais à l’intérieur du restaurant il fait chaud, et elle pourrait même lui préparer quelque chose à manger si l’inconnue acceptait cette main tendue.

**Invité** Invité

Dormir pendant une nuit complète m’était totalement impossible alors que mon « lit » se trouvait dans la rue. Quoi de plus normal puisque San Francisco restait toujours en activité. Que ce soit par le moteur d’une voiture qui passait près du trottoir, par un chat qui fouillait dans les poubelles, ou par les mouvements des habitants du quartier, mes phases de sommeil ne dépassaient jamais plus de deux ou trois heures.

Cette fois, c’est le bruit d’une porte qu’on referme qui me tira de ma léthargie.

En voulant me faire aussi petite que possible pour ne pas attirer l’attention, je ne réussis pourtant qu’à bouger mes affaires dans un raclement sourd. Quelle discrétion… Bravo Naïla ! Je m’énervais contre moi-même en espérant que la jeune femme continuerait sa route sans se soucier de ma présence. Hélas, je vis son ombre approcher de mon campement de fortune avant de s'agenouiller près de moi. Comme bon nombre de citoyens, la brunette allait surement me demander de quitter les lieux et je n’aurais plus qu’à marcher jusqu’au parc pour m’installer sur un banc en plein courant d’air pour ne déranger personne.

Mais je me trompais.

« Je suis désolée de vous avoir dérangé. Je suis Amanda Sainclair, je travaille dans le restaurant juste à côté. Ca vous dirait de venir prendre une bonne tasse de café bien chaud ? »

Relevant les yeux que j’avais déjà baissés sur mes mains en la voyant venir à ma hauteur, je fixais son regard pour y chercher une lueur malsaine que cachait une mauvaise plaisanterie. Mais rien… Avec l’habitude d’être rejetée par mes semblables, une telle gentillesse me semblait presque déplacée, voir malsaine. Et même si un la perspective de boire un café me mettait l’eau à la bouche, je restais trop méfiante pour accepter son offre aussi facilement au risque de passer pour une ingrate.

- Merci, mais j’aimerais mieux que ce soit le café qui vienne à moi.

La provocation allait surement me couter ce remontant, mais je ne pouvais décemment pas me relever sans broncher et la remercier de cette délicate proposition.

Une fois sortie du restaurant, bien plus tard que d’habitude, Amanda s’apprêtait à rentrer chez elle. Elle n’était pas vraiment ravie par la perspective de se retrouver au fond de son lit, mais elle n’avait plus aucune raison de rester au restaurant. Du coup, elle se mit en route. Sauf qu’à peine quelques pas franchis, elle entendit un bruit dans la ruelle où elle était. Contre toute raison, elle fit demi-tour, demandant à la ronde s’il y avait quelqu’un. Ca n’était certainement pas la réaction la plus logique dans un tel cas de figure, mais en tout cas, c’est ce qu’elle fit. Elle sursauta lorsqu’on lui répondit enfin. Au final, après le premier appel, elle ne s’attendait pas à ce que quelqu’un soit là, ayant préféré imaginer qu’un animal avait fait du bruit plutôt qu’un être humain.

Prise de panique, la jeune femme poussa un léger cri, avant de ramasser tant bien que mal les morceaux de son téléphone qui s’étaient désassemblés en tombant sur le sol. Elle éclaira ensuite la ruelle autant qu’elle le put, mais l’engin était loin d’être dernier cri. Elle remarqua qu’une jeune femme se trouvait sous une couverture. C’était comme si elle comptait passer la nuit là. N’écoutant que son cœur, la brune se mit à la hauteur de l’inconnue et se présenta, avant de lui proposer de venir au restaurant boire un café.

Amanda pouvait facilement s’imaginer à quel point ça devait être difficile d’accepter l’aide d’un inconnu. Cette jeune femme devait penser qu’elle avait pitié d’elle ou quelque chose dans le goût, mais au contraire, elle avait l’impression de pouvoir ressentir ce qu’elle devait traverser. Elle aurait pu, pour le même prix, être à sa place. Lorsque la métisse lui répondit, Mandy, très naïve, se contenta simplement d’exaucer son souhait.

« D’accord, je vais vous chercher ça. »

Lança-t-elle simplement. Elle lui avait proposé de venir à l’intérieur parce qu’il faisait plus chaud, mais si la jeune femme se sentait plus à l’aise dehors, après tout, ça ne changerait rien pour la brune.

**Invité** Invité

*Je me suis permise de dire qu'Amanda était rentrée pour chercher le café... j'espère que ça dérange pas. Dis moi sinon ^^*

Alors que je venais de manifester ma présence par une simple petite phrase, cette réaction effraya la jeune femme qui s’attendait surement à ne trouver qu’un petit animal de rien du tout dans cette ruelle sombre. De surprise, elle laissa tomber son téléphone. J’entendis l’appareil atterrir sur le sol dans un bruit caractéristique d’éclatement en plusieurs morceaux. Me ramassant dans mon petit coin, indifférente à ce soucis technique, j’attendais de la voir s’éloigner pour retrouver le sommeil… Sauf qu’elle s’approcha de moi pour me proposer de prendre un café.

Cette gentillesse entraina pourtant un élan de crainte dans ma tête, au point que ma réponse fût un peu plus cinglante que je l’aurais voulu. Qui étais-je pour demander qu’on m’apporte directement un gobelet dans la rue. Dans la bouche d’un vieil homme cette réplique pouvait se justifier, mais pas dans la mienne… Je m’attendais d’ailleurs à me faire envoyer balader comme il se doit, mais contre toute attente la brunette se releva.

« D’accord, je vais vous chercher ça. »

Et tout en simplicité, elle rouvrit la porte et s’éclipsa à l’intérieur. Vraiment mal à l’aise de me laisser servir comme une patiente à l’hôpital, je me redressais à mon tour avec l’idée de prendre la fuite… Mais le temps que je rassemble mes quelques affaires, je l’entendais qui revenait déjà. J’eus juste le temps de sauver les apparences en reposant mon sac sur le sol et en m’asseyant sur le seuil de la porte pour l’attendre.

- Fallait pas vous donner cette peine pour moi vous savez… mais merci.

Spoiler:

Lorsqu’Amanda se rendit compte que le bruit qui l’avait éveillée venait d’une jeune femme qui avait prévu de passer la nuit dans la rue, son cœur se serra. Instinctivement, elle se mit à son niveau et se mit à réfléchir à quelque chose qui pourrait lui faire du bien : comme un café bien chaud. La température extérieure est loin d’être glaciale, quand on s’y promène, mais lorsqu’on reste sur place à ne pas bouger, on pourrait avoir froid.

La jeune femme ne réagit pas spécialement bien, en refusant d’entrer à l’intérieur. En même temps, Mandy comprend. Elle doit avoir parfois affaire à des personnes mal intentionnées ou alors avoir une haute fierté. Ca ne dérange pas le moins du monde la pâtissière qui décide donc de répondre à sa requête. Elle l’informa donc qu’elle allait lui préparer un café, avant de reprendre ses clés et d’entrer à l’intérieur du restaurant.

Elle déposa son sac, son téléphone et son trousseau, avant de se mettre en action et de lancer une cafetière. En attendant, elle se mit à réfléchir à cette pauvre jeune femme qui devait mourir de froid et alla prendre un thermos. Bobby ne serait sans doute pas très contente si elle savait qu’elle prêtait du matériel de cuisine à quelqu’un qu’elle ne connait ni d’Eve, ni d’Adam, mais elle n’avait pas besoin de le savoir (a). La brune alla également au frigo chercher une des deux dernières parts du gâteau au chocolat et l’emballa dans du papier alu, avant de prendre une tasse. Le café venait de se terminer. Elle vida la tasse en premier lieu, puis le reste du liquide dans le thermos, avant de se rendre à l’extérieur, les bras chargés.

Amanda ouvrit péniblement la porte, mais aperçut nettement mieux la jeune femme, qui était assise sur le pas de la porte et éclairée par la lumière de l’intérieur du restaurant. D’ailleurs, elle laissa la porte ouverte, avant de tendre le café à la jeune femme.

« Tenez, faites attention, il doit être brûlant. »

L’informa-t-elle, avec un sourire.

« Si vous voulez du lait ou du sucre, je n’ai rien mis encore. Le reste du café est dans ce thermos et j’ai fait un gâteau au chocolat dont vous me direz des nouvelles ! »

Elle était loin de se vanter de sa cuisine, c’était juste une manière un peu différente d’amener le fait qu’elle aidait Naïla. Si c’était pour avoir un feedback sur sa cuisine, peut être accepterait-elle plus facilement la nourriture ?

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