En entrant dans le centre de réhabilitation, Alexander avait, comme d’habitude l’impression d’entrer dans un nouveau monde. Bien que très nouveau et donc très moderne, le centre n’était pas doté d’une aération hors norme. Même les nouvelles technologies ne pouvaient pas masquer les mauvaises odeurs qui y flottaient. Mais c’était une chose normale : plusieurs personnes sur une surface plus ou moins restreinte, ça laisse une odeur fort désagréable, qu’on ne peur éviter. Ajoutons à cela l’odeur de désinfectant –qui n’était, certes pas aussi présente que dans un hôpital, mais tout de même là, à faire violence aux narines de notre kinésithérapeute- et vous avez un sacré pot pourris –et c’est le cas de le dire- d’odeurs.

Enfin bref. Passant à côté de l’accueille et saluant la jeune femme d’un hochement de tête et d’un sourire amical, Alexander se dirigea vers le vestiaire. Il avait prit l’habitude de laisser ses habits blanc et contaminé –compréhensible si on voyait les gens desquels il devait parfois s’occuper- sur son lieu histoire de ne pas ramener tous les microbes chez lui. Soit.

Une dizaine de minutes plus tard, ce fût un Alexander, tout de blanc vêtu, qui sorti des vestiaires. Maudissant, comme d’habitude, ses habits qui ne l’avantageaient vraiment pas, il se dirigea vers le bureau dans lequel étaient répertoriés les dossiers des patients. Là, il chercha le dossier d’un certain James Logan West, le sorti de l’armoire et le posa sur une des tables. Sortant une feuille et un stylo, il s’installa devant et se mit à lire.

Il avait donc affaire avec un dealer, mit en prison il y a 4 ans, mit en liberté sous condition de suivre le programme de réinsertion Adam Hawke. Notant ces quelques informations dans une partie de sa tête, il survola le reste jusqu’à arrivé à la partie la plus intéressante : le diagnostique. «Luxation épaule gauche ». Crispant le visage, il grimaça de douleur. Par expérience professionnelle et personnelle il savait ce que ça faisait, que d'avoir affaire a ce genre de blessure. Deux corps articulaires qui se séparent n'est jamais agréable et pouvait engendrer un très grand nombre de complications. Il ne restait, pour notre kinésithérapeute, donc plus qu'à espéré que ce James avait été a peu près bien soigné. Sinon, il allait encore passer pour un sadique, ce qui n'était pas fort dérangeant non plus.

Il grimpa les escaliers jusqu’au troisième étage, s’immobilisa devant la chambre 302, prit une profonde inspiration puis toqua et, sans attendre de réponse, entra. Refermant la porte derrière lui, son regard tomba sur un homme assit sur le lit. Faisant fît de son regard mauvais, Alexander afficha le doux sourire confiant qui parait son visage dès lors qu’il avait affaire à un patient, et se dirigea vers l’homme.

« Mr. West ? » Demanda-t-il. Après une confirmation de la part du jeune homme, Alexander lui tendit la main droite et observa, de ses yeux d’expert, le mouvement de ce dénommé Logan. « Alexander Carter, kinésithérapeute et chargé de votre cas » se présenta-t-il avant de lui relâcher la main. Tirant une chaise, il s’installa devant son nouveau patient « J’ai eu un appel ce matin me disant que vous avez mal à l’épaule gauche. Je viens de voir que c’est effectivement le cas. Depuis combien de temps ? C’est arrivé comment ? »

Oui, Alexander était habitué à passer directement dans le vif du sujet. Généralement, cette technique fonctionnait plutôt bien. Restait à savoir si ça allait aussi être le cas ici.

Mauvaise rencontre. Un type qu'il ne pensait jamais revoir de sa vie, et surtout pas ici. Bien évidemment, la rencontre avait tourné au vinaigre. Cet enfoiré de William avait vraiment eu de la chance. Sans la blessure de James qui datait d'il y a quelques semaines, il aurait fini à l'hosto direct, et sans passer par la case départ. Et à cause de cette blessure à laquelle il n'avait pas fait grand cas au début, Logan eu le plaisir de se luxer l'épaule. En beauté. Donc c'est lui qui fit un petit détour par l'hôpital, histoire de remettre en place son épaule gauche, de faire quelques radios, tout ça tout ça. Inutile de dire qu'il avait bien souffert. Bref, passons.

Présentement, il était installé sur son lit, au Foyer. Adossé contre sa tête de lit, il entendit soudain quelqu'un toquer à sa porte. Il n'eut le temps de ne rien dire ou faire qu'un homme fit son entrée. James darda sur lui un regard peu avenant, en profitant pour le détailler en vitesse et s'asseoir sur le bord du lit. Pourtant, l'inconnu ne s'y arrêta pas, et s'approcha avec un sourire confiant. Il demanda s'il avait bien à faire à Mr. West, ce à quoi l'intéressé répondit par l'affirmative. Il lui tendit ensuite la main droite, et Logan la serra tandis que l'homme se présentait comme étant Alexander Carter, le kinésithérapeute chargé de son cas.

L'ex-taulard haussa un sourcil. Un kiné qui venait directement au Centre... C'était vraiment, comme dire. On pensait à tout ici. Faut dire que ça le changeait. Alexander se comporta comme chez lui, prenant une chaise, il la tira devant Logan pour s'asseoir en face lui, puis entra directement dans le vif du sujet.

— J’ai eu un appel ce matin me disant que vous aviez mal à l’épaule gauche. Je viens de voir que c’est effectivement le cas. Depuis combien de temps ? C’est arrivé comment ?

Il ne tournait pas autour du pot, c'était déjà ça. James fronça les sourcils en essayant de se remémorer exactement quand il s'était fait ça. Il n'avait jamais tenu un compte précis des jours. Il soupira légèrement.

— Ça a commencé y'a trois semaines, ou peut-être un mois, il passa sa main sur sa nuque. Lors d'une baston.. Mais j'ai fais un faux mouvement y'a pas longtemps, et c'est là que j'me suis luxé l'épaule.

Il eut une petite grimace en se remémorant la douleur qu'il avait ressenti sur le coup. Il avait toujours mal, il était toujours gêné lorsqu'il bougeait l'épaule gauche, mais il avait tenu avec une douleur identique depuis.. un peu avant sa sortie de prison en fait. Donc il faisait avec, et il n'était pas du tout du genre à se plaindre, ou à montrer ses faiblesses. Et lorsque son regard rencontra de nouveau celui du kiné, il ne baissa pas les yeux.

Ecoutant l’homme, Alexander l’observa avec une attention toute particulière. Les cheveux brun foncé, mit long et ébouriffé et ses yeux bruns traduisant sa douleur vécu, lui donnait un air de faiblesse. Mais en même temps, son regard était celui d’un ex-prisonnier : dur, fuyard mais en même temps constant, Alexander sût, dès à présent, qu’il allait être difficile pour lui de gagner la confiance de ce type. Mais c’était un défit que notre kinésithérapeute n’avait pas peur de relever. Soit. Il apprit donc, par la bouche de Logan, qu’il s’était luxé l’épaule il y a ‘pas longtemps’. Hochant doucement la tête, Alexander se redressa et rangea son stylo et sa feuille.
« Je vois. » dit-il doucement d’un air songeur.

Ce que Logan ignorait, c’était que dans la tête de notre Alexander, les idées de thérapies se mettaient d’hors et déjà en place. Mais tout d’abord, il devait lui faire faire quelques test, quoique …

« Vous êtes allé à l’hôpital j’imagine » dit-il, tout en se remémorant d’avoir lut une telle chose dans son dossier. « Il a dit quoi le médecin ? Vous pouvez bouger le bras sans trop problème ? »

Si Logan lui répondait par l’affirmative, Alexander en doutera très fortement. Effectivement, la logique voulait que son bras soit immobilisé, mais qu’il devait avoir une thérapie quasi quotidienne pour éviter trop de complication. Aussi il n’avait sans aucun doute pas le droit de lever le bras à plus de 90°. Enfin, tout ça, il pourra le vérifier de lui-même en feuilletant avec plus d’attention le dossier ou en appelant carrément le médecin. Soit.

Après avoir laissé Logan répondre à cette question, Alexander hocha doucement la tête et, se levant, s’approcha de lui.

« Vous permettez que j’y jette un coup d’œil ? » demanda-t-il en désignant l’épaule gauche de son patient.

Tout en parlant, il plongea une main dans la poche de son pantalon et en sorti un petit flacon remplis de désinfectant pour main.

Alexander l'écouta patiemment, et James se sentit détaillé de la tête au pieds. Comme si le kinésithérapeute voulait, et pouvait, voir qui il était rien qu'en observant ses yeux. Bon, on dit que le regard est le miroir de l'âme, mais y'a quand même des limites. Logan n'aimait pas ça. S'il s'était forgé une armure, ça n'était pas pour que le premier venu passe au travers. Sa méfiance s'accrût un peu du même coup, tandis que l'homme, hochant la tête, avait pris un air songeur.

— Vous êtes allé à l’hôpital j’imagine. Il a dit quoi le médecin ? Vous pouvez bouger le bras sans trop problème ?

James n'eût qu'à réfléchir un court instant. Il avait un mauvais souvenir de chacun ses passages à l'hôpital, et celui-ci n'avait pas fait exception. Sans doute à cause des médecins, qui se croient si supérieurs, ou des infirmières, qui vous collent et vous étouffent comme si vous étiez le dernier des impotents. C'était pour ces raisons (entre autres) qu'il se barrait systématiquement dès qu'il finissait là-bas, après avoir reçu les soins. Les deux fois, on ne l'a pas retrouvé.

— Il a dit que j'devais pas bouger l'bras, ou un truc du genre. De toute façon, ça m'fait mal au moindre mouvement quasiment.

Après avoir eu sa réponse, Alexander hocha une nouvelle fois la tête et se leva, en s'approchant. Instinctivement, Logan se tendit. Se rendant compte de sa réaction, il se força à se calmer, en même temps que l'autre lui demandait s'il pouvait jeter un coup d’œil à son épaule. James l'y autorisa d'un mouvement de tête. Même s'il n'aimait pas vraiment avoir de la proximité avec un inconnu. Bref.

— Ouais, vas-y.

James ne se dérangeait pas souvent avec la politesse. Le kiné fit ensuite son boulot. Il demanda à son patient de faire quelques mouvements. Logan s'exécuta, ne forçant pas et s'arrêtant dès qu'il ressentait une forte douleur. Les muscles de sa mâchoire se contractaient dès qu'il avait trop mal. Néanmoins, il réussit à patienter, bon gré, mal gré.

Puis, s'approchant encore plus de l'ex-prisonnier, Alexander lui prit le bras gauche et lui fit faire quelques mouvements. Quelques minutes s'écoulèrent ainsi, dans un silence qui emplissait toute la pièce. Logan eut le temps d'observer l'homme qui était chargé de s'occuper de son cas. Il avait un visage calme mais concentré, un bouc sur le menton, des cheveux bruns un peu en bataille et des yeux chocolats à vous donner faim. Il y avait quelque chose chez lui qui rappelait un gamin, ce qui fait que lui donner un âge était plutôt difficile. James se dit que dessiner ce type-là serait plutôt difficile s'il voulait rendre avec justesse la lueur dans son regard.

Cependant, il fût tiré brusquement de ses pensées qui lui permettaient d'oublier un peu la douleur. Le kiné n'avait pas sût s'arrêter. Un mouvement de trop. Trop ample. Trop douloureux. James retira sèchement son bras, ayant senti un élancement dans toute son épaule qui se répandit le long de sa colonne. Un cri à demi-étouffé lui avait échappé et, ne se retenant plus, son pied parti à la rencontre du tibia d'Alexander. Il eût le temps du minimiser sa force, mais pas son réflexe.

— 'Scuse.. lâcha-t-il doucement après coup, pourtant, aucun repenti n'était sensible dans sa voix.

Tout en se désinfectant les mains, Alexander demanda à Logan de faire quelques mouvements avec son bras et l’observa très attentivement. Ainsi, il n’eu aucun mal à remarquer qu’il n’avait pas tout la liberté de mouvement requise par l’articulation. Bon d’accord, il s’était déboité l’épaule et avait mal, mais normalement, même dans ces cas là, on arrivait au moins à lever le bras à 80°. Sauf que, à vu d’œil, Logan n’atteignit même pas les 50°. Hochant doucement la tête, il lui attrapa le bras et, par une légère pression sur le poignet, lui fit comprendre que maintenant, c’était lui qui allait le guider. Alors, tout d’abord doucement, il bougea le bras dans toutes les directions. Du coin de l’œil, il vit la légère grimace sur le visage du patient. Pensant pouvoir aller un peu plus loin et un peu plus fort, il testa la vraie limite de mouvement …

… et ressenti lui-même la douleur. Logan, après un cri de surprise ou de douleur, avait envoyé son pied valsé vers l’avant, touchant un point sensible du tibia de notre pauvre kiné. Ce dernier grimaçant et réprimant à son tour un cri de douleur, se recula vivement. Mais, en s’éloignant de Logan, il eu tout de même le reflex de ne pas lui lâcher le bras. Sans pour autant tirer dessus, il fît un pas sur le côté puis relâcha lentement le bras et se pencha en avant pour se masser le tibia. Cet enfoiré n’avait peut-être pas mit beaucoup de puissance dans sa frappe, mais à cet endroit du corps, l’os était directement sous la peau. Donc on sentait passer toutes formes de coup de pied, soit-il des moins puissants. Soupirant doucement, il secoua légèrement la tête.

« Vise la cuisse la prochaine fois » dit-il simplement avant d’attraper à nouveau le bras.

Se mettant de côté, hors de porté d’un pied de Logan, il recommença ses quelques tests. Faisant attention à l’expression faciale de l’Homme, il remarqua que ce dernier faisait tout pour ne pas se montrer faible. Mais malgré ses efforts, les légères contractions des muscles de sa mâchoire, traduisirent la douleur. Enfin. Il continua ainsi pendant bien 5 minutes avant de cesser le calvaire du jeune homme et lui redonner son bras. S’installant à nouveau devant lui, il capta son regard.

« Par expérience autant professionnelle que personnelle, je sais ce que ça fait que de vivre les semaines qui suivent une luxation de l’épaule » dit-il calmement avant de froncer légèrement les sourcils « Mais je dois avouer que je n’ai jamais, en 14 ans de vie professionnelle, rien vu de tel. » Son ton s’était fait un peu plus inquiétant « Les muscles qui tiennent votre épaule en place sont, pour les uns, plutôt lâches, pour les autres très contracté. C’est pour ça que vous n’arrivez pas à bouger comme vous devriez être capable de le faire. » Haussant doucement les épaules, il se tue, affichant une moue de réflexion « je vais vous le dire franchement : si vous décidez de continuer la thérapie, ça va être tout sauf joyeux et agréable. Mais si vous décidez de ne pas la suivre alors là vous pouvez être certain d’avoir de sacré ennuies par la suite. » Il se releva puis désigna la t-shirt de l’homme « vous voulez bien l’enlevez, histoire que je vérifie encore deux ou trois petits truc ? »

Logan hésita, visiblement mal à l’aise. Mais, sous le regard insistant d’Alex, il s’exécuta. Ou du moins, tenta de s’exécuté. Notre kinésithérapeute observa avec attention comment il enleva son t-shirt, devant faire plusieurs pause à chaque faux mouvement avec son bras gauche. De son plein gré, il le laissa se débrouiller : non pas par sadisme de le voir souffrir –quoique ce soit pas mal marrant quand même- mais simplement pour que Logan s’habitue et trouve de lui-même un chemin pour se déshabillé et se rhabiller sans trop de peine.

Finalement, une dizaine de minutes et pas mal de grognement plus tard, Logan se trouvait torse nu devant lui. Au passage, nous allons taire le fait qu’Alex avait jeté un furtif coup d’œil sur ses abdos plutôt bien dessiné. Ce dernier, attendit encore quelques instants, puis s’installa à côté de lui sur le lit. Passant une jambe derrière le dos de son patient, il attrapa son coussin et le plaça sous l’avant bras de Logan. S’approchant le plus possible de lui, il entoura son épaule de ses mains et commença lentement à la bouger.

« Si ça fait trop mal, vous me le dites, d’accord ? » lui dit-il, tout en observant discrètement sa peau « D’ailleurs, je pense que le tutoiement sera de mise, non ? » Après avoir attendu l’hochement de tête affirmatif de l’ex-prisonnier, Alexander reprit « Sur ton dossier j’ai vu deux prénoms, James et Logan. Tu préfères lequel ? »

Peut-être n’avait-il même de préférence, après tout. Mais autant demander. Ces prisonniers n’étaient pas des gens tout à fait sain dans leur tête. Et puis, peut-être avait-il tout simplement une préférence pour un prénom ? Bref, c’était un simple détail ça.

Alexander lui dit de viser la cuisse, la prochaine fois, avant de lui attraper de nouveau le bras. Logan avait la désagréable impression d'être un gamin qui se fait réprimander. Non, en fait, c'était vraiment ça. Quand il était gosse, il avait toujours ce genre de réflexe. C'était donc plus une sensation de déjà-vu. Après 5 bonnes minutes où le kinésithérapeute avait recommencé ses tests — en ayant bien prit soin de se décaler sur le côté pour éviter un nouveau coup —, il revint s'installer devant James, lâchant son bras par la même occasion.

La suite ne fût pas très réjouissante. Apparemment, le cas de Logan était à part, quelque chose qui n'allait pas avec ses muscles. Pour faire simple, s'il continuait la thérapie, il souffrirait, et s'il ne la suivait pas, il souffrirait aussi. Il allait continuer, de toute façon. Il n'avait pas envie de trimballer sa toute sa vie. Et puis, maintenant qu'il avait commencé, il n'allait pas arrêter là sous prétexte qu'il allait avoir mal.

Ensuite, Alexander lui demanda d'enlever son t-shirt. James eut un long moment d'hésitation. Pas qu'il ait un quelconque complexe au niveau de son corps, loin de là, mais enlever ou mettre son haut était plutôt chiant. Surtout l'enlever en fait. Cependant, le regard insistant d'Alexander le fit céder. Avec un soupire résigné, il essaya d'enlever son t-shirt, évitant au maximum les faux mouvements qui s'invitèrent tout de même.

Au bout de dix longues minutes de calvaire, il se retrouva enfin torse nu. Le kiné ne l'avait pas aidé mais, outre le fait qu'il devait être un peu sadique, c'était peut-être pour, justement, le laisser se débrouiller et s'habituer. Bref. Ledit kiné s'assit à côté de lui et, s'installant plus confortablement, il apposa ses deux mains sur l'épaule de Logan. Commençant doucement à la bouger, Alexander lui demanda de le prévenir s'il lui faisait mal. Puis il dit que le tutoiement serait préférable, ce à quoi l'ancien détenu répondit par un simple hochement de tête, sachant que c'était déjà le cas pour lui.

— Sur ton dossier j’ai vu deux prénoms, James et Logan. Tu préfères lequel ? interrogea Alexander sur un ton naturel.

Le concerné tourna la tête, ne cachant pas sa surprise. C'était bien la première qu'on lui demandait cela. D'ordinaire, soit il se présentait directement sous le nom de Logan, soit il devait se montrer plutôt convaincant. Peut-être que le kinésithérapeute pensait que cette question était banale, fait est que pour James, elle ne l'était pas. Cependant, à part l'étonnement passé, il n'en montra rien de plus. Il dévia finalement son regard, lâchant les yeux d'Alex, avant de fixer son attention sur un point devant lui.

— Logan... souffla-t-il, taisant le fait que l'appeler James serait une mauvaise idée.

Le silence fit une courte apparition, puis l'ex-dealer tressaillit. Alexander avait touché un point sensible et le tiraillement, comme une décharge électrique, l'avait fait se redresser un peu. Cependant, ce n'était pas encore trop infernal, ça l'avait juste surpris. Le kiné n'arrêta pas ses mouvements pour autant. Et il dut appuyer sur un point bien précis, car James se cambra brusquement.

— Aïe! Ha bordel, jura-t-il en portant sa main droite à son épaule par réflexe, couvrant à moitié celles d'Alex.

Ça par contre, c'était horrible. Il avait connu pas mal de coups et de blessures, dont quelques-unes étaient encore visibles sur son corps, mais se démettre l'épaule devait être la pire chose qui lui soit arrivée. Car plus que la douleur immédiate, c'était le long terme qui était embêtant. Fronçant les sourcils, il jeta un regard en coin à son épaule puis au kiné.

— Là, ça fait très mal, lâcha-t-il plutôt sèchement, un peu trop peut-être, puisqu'il ne faisait que son boulot.

Il laissa ensuite sa main glisser doucement, pour finir par la reposer sur sa cuisse, ses yeux revenant devant lui.

Spoiler:

Logan était très visiblement étonné par la question sur les prénoms de notre kiné. Soutenant le regard de son patient sans faillir jusqu´a ce que ce fût lui qui ne le détourne, notre jeune homme fronça les sourcils. Cet homme avait envie qu´on l´appel par son 2nd prénom. Pourquoi? C´était sans doute le genre de questions auxquelles ont n´aura jamais de réponse. Du moins, pas dans l´immédiat. Enfin, entre James et Logan il n´y pas franchement de différence aux yeux pour d´Alexander. Et puis, il avait de toute manière une petite préférence pour Logan. Soit.

Ne répondant pas à cette déclaration, Alexander reporta son attention complète sur l´articulation dudit Logan. La faisant rouler dans un sens puis dans l´autre, il en profita pour parler les muscles environnant. Il avait à peine posé son doigt sur le haut de l´omoplate que son patient trésaillit, se redressa légèrent et grimaça. Alexander hocha la tête et, remémorant l´endroit avec le plus de précision possible, il continua sa palpation. Effleurant le coin gauche de la clavicule, il dût à nouveau tombé sur un point encore plsus ensible que le précédent, car Logan se cambra carrément. Jurant sèchement, il posa sa main droite sur son épaule, recouvrant à moitié celles d´Alexander. Celui-ci eu tout juste le temps de remarqué le léger tremblement et à quel point ses doigts froids -signe évident que la douleur le travaillait réellement- que Logan se détendit unpeu et rabaissa sa main.

"je sais que ça fait mal" dit-il calmement en relâchant l´épaule. " Le Trapèze est contracte de partout et j´ai comme l´impression que la clavicule à aussi été mis à mal lors de ton ´accident´." Il réfléchit rapidement puis reposa sa main droite sur l´avant de l´épaule de Logan "Et ici ça fait mal aussi, non?"

Ce disant, il appuya sur le coin exterme du haut de l´épaule. Bien qu´il n´avait que fait de touché le ligament, Logan s´était à nouveau cambré sans pouvoir réprimer un cris de douleur. Et malgré tout, malgré le fait que ce n´était vraiment pas marrant, Alexander eu un sourire en coin. Finalement, il aimait bien ce genre de pouvoir qu´avait un kiné sur son patient. Enfin. Repoussan doucement la main que son patient avait reposé sur son épaule, il reprit l´épaule en main et reprit les mouvements.

"Tu m´crois si j´te dis que je n´ai fait qu´effleurer ces trois points?" Demanda-t-il curieusement sans cesser les mouvements de l´épaule "Tu as simplement l´impression que j´ai appuyé comme un malade dessus parce que ces endroits ne sont plus normaux. Ce sont ... comment dire ...." Il réfléchit rapidement "hm ... on va dire ... trois des endroits ´malades´de ton épaules. Les endroits les plus endomagés, en gros. Oh il n´y a pas que ces 3 points là hein" reprit.-il vivement "si je le voulais j´en trouverais encore d´autre, et ce sans aucun problème"

Il écouta avec attention la réaction de son patient avant relâcher son épaule et se lever.

"Écoute, on va pas aller plus loins maintenant" dit-il finalement "Mais je vais quand même te prouver la justesse de mes paroles!"

Ce disant, il se dirigea vers le côté droit de Logan et, se remémorrant l´endroit des trois points, il les palpa puis appuya dessus. D´abord doucement puis de plus en plus fort. A part un leger trésautement des muscles de la mâchoire lorsqu´Alexander appuya sur le ligament, Logan ne montra pas de réactions.

"Tu vois? C´était exactement les même endroits. A la différence près que cette épaule ..." il tapota doucement l´articulation de son patient "... n´est pas blessée."

Il retira sa main de l´épaule lorsqu´il remarqua les 2 cicatrices. Une au flanc, plutôt grande et bien visible, s´étendant de la dernière côte en digonale vers le bas du ventre. Et une deuxième, plus petite, s´étendant du l´omoplate à l´humérus. Elles étaient déjà blanches, donc assez vieilles. Françant légèrement les sourcils, Alexander en effleura une

"Dit, Logan, elles viennent d´ou toutes ces cicatrices ...?"

Son ton s´était fait un peu plus inquiétant. Logan sortait de prison, ce n´était pas rare qu´on s´en sortir avec des cicatrices. Mais la plupart avaient l´air de provenir de blessures plus ou moins profondes, ce qui inquièta quelque peu notre kiné

Lorsque Logan se redressa de douleur en jurant, Alexander expliqua deux trois trucs au sujet du trapèze et de la clavicule. Le mot ''accident'' prouva d'ailleurs à l'ancien détenu que le kiné n'était pas dupe. Bref. Après un court instant de silence, le thérapeute replaça sa main droite sur l'épaule de James et appuya sur le coin externe du haut de celle-ci, tout en demandant en une question rhétorique si là aussi il avait mal.

Il avait seulement touché le ligament, mais Logan eût une impression tout autre. Il se cambra de nouveau, ne pouvant retenir une exclamation de douleur. Il détestait être faible devant quelqu'un, n'importe qui. Surtout un inconnu. Et là, il avait en plus la sensation de ne rien contrôler et d'être à la merci d'Alex, ce qui, vu la confiance qu'il portait en tout un chacun, devenait difficilement supportable. Savoir qu'il pouvait être maîtrisé en deux trois mouvements, ou allonger au sol hurlant de douleur, ne le faisait pas se détendre. Au contraire.

Le kinésithérapeute reprit ensuite ses mouvements, après avoir doucement repoussé la main de Logan qui était revenue par réflexe que son épaule. L'ancien dealer ferma les yeux en expirant ; il fallait sérieusement qu'il se calme, il n'était plus dans la rue ou en taule ici. Alexander prit ensuite la parole. Il n'avait fait qu'effleurer ces trois points, malgré ce que James avait ressenti, et que ceci n'était dû qu'au fait que c'étaient trois des endroits les plus endommagés. Et le kiné d'ajouter qu'il y en avait d'autres, de points. Logan fronça les sourcils, jetant un regard à l'homme derrière lui.

— T'es sérieux ? Il resta silencieux un petit instant puis pesta en redirigeant son regard devant lui, sa mâchoire se contractant à repensant à ''qui'' était à l'origine de tout ça. Quel enfoiré.

Sa courte phrase se coupa nette, comme s'il eu envie de massacrer ledit enfoiré sans plus de sentiments — ses yeux n'exprimant pas plus de compassion pour le malheureux. Par bonheur, Alexander déclara qu'ils arrêtaient là pour aujourd'hui, mais qu'il allait tout de même lui prouver qu'il avait raison. Il se déplaça donc a la droite de James, et après avoir retrouvé avec exactitude l'emplacement des simétriques des trois points, il appuya dessus, avec une force graduelle. Logan ne senti pas grand-chose, même rien par rapport à l'autre épaule. Normal : cette épaule-ci n'était pas blessée, à la différence de l'autre.

Puis un silence plutôt brusque s'installa. Logan tourna légèrement la tête et vit que le kiné avait remarqué ces cicatrices. Il ne tarda d'ailleurs pas à lui demander d'où elles provenaient, une pointe d'inquiétude touchante dans la voix. James eu un léger frissonement lorsque les doigts d'Alexander en effleurèrent une.

— C'juste des mauvais souvenirs, rien d'autre, souffla-t-il d'un ton égal. Celle de l'épaule c'est une balle, j'courrais, et j'ai eu du bol que l'gars ai hésité, sinon il m'la fichait dans les côtes. Pis celle-là, sa voix marqua un court silence tandis qu'il effleurait la cicatrice sur son flanc gauche. C'est une trahison. Un coup de couteau qui aurait pu m'tuer direct.

La rue est un environnement dangereux. Lorsque l'un a quelque chose de plus, l'autre veut à tout prix l'avoir. James racontait ça comme si c'était banal. Mais il ne fallait pas s'y fier. Et puis, là, il n'y en avait que deux, mais quatre autres étaient gravées dans sa peau. Dont une, petite, dû à son cher père, à quelques centimètres derrière l'oreille gauche, bien cachée par ses cheveux bruns. C'était la plus ancienne, les autres — une sur la cuisse gauche, une sur le mollet droit, et une dernière sur l'aine droite — dataient d'au maximum 6 ans. Sur ces six marques, trois auraient pu le tuer. Quatre en comptant l'erraflure de balle, bien que la blessure en elle-même n'aurait pu l'achever.

James avait reposé son regard sur le visage d'Alex, ne se lassant pas des expressions qui s'y invitaient. Il le dessinerait un jour, c'était certain.

— Tu veux la suite ? Nan parce que, j'en ais encore quatre autres, lança-t-il en pointant du doigt la cicatrice qui aurait pu le tuer en quelques minutes si elle avait touché l'artère femorale.

"Quel enfoiré". Cette exclamation surpris notre kiné. En toute sa vie professionnelle on l´avait déjà traité de nombreux noms d´oiseaux, mais de là à le traiter d´enfoiré. Fallait tout de même pas exagéré, non? Alexander avait voulut lui dire deux ou trois choses et mettre quelques règles au clair lorsqu´il fût frapper par une idée: et si l´enfoiré en question n´était pas lui, Alexander? Et si Logan jurait contre une autre personne? Fronçant légèrement les sourcils, notre jeune homme se dit qu´il allait devoir étudier d´un peu plus près de ce James Logan West. Mais soit.

La suite, vous la connaissez: Alexander se lève, va s´assoir à la droite de son patient, touche les trois points sensibles puis découvre les cicatrices et en demande l´origine à Logan. Ainsi donc, nous en revennons à la réponse de l´ex prisonnier. Lorsqu´il répondit, il semblait s´en foutre de ces marques. Mais il y avait un petit quelque chose indéfinissable qui traduisait le contraire de ses dires. Les paroles dites dans un souffle prouvaient une incertitude face à l´inconnu. Il était évident que Logan ne lui faisait pas encore confiance.Ce qui n´étonnait guère notre homme.

Il n´avait, en tant que kiné, fait seulement une seule fois affaire à un prisonnier, qui s´était ramener avec une fracture assez compliqué de la cheville et contusion de la hanche en tentant de s´échapper de prison. Cet homme était le genre de patient duquel Alexander se souviendra de toute sa vie. Emprisonné pour viol et meurtre, le prisonnier méritait de souffrire ainsi. Mais notre kiné se devait de rester impartial et mettre ses pensée de côté. Les thérapies étaient éprouvantes, autant pour lui -faire la thérapie sous les yeux perçant des policiers de garde, près à intervennir, mettait ses nerfs à rude épreuve- que pour l´homme qui souffrait. Tout cela pour dire qu´il n´avait jamais réellement réussi à gagner la confiance totale de cet inconnu. Traumatisé par ses faits qu´il regrettait amèrement, tyranisé en prison, il ne se détendait pas. Bien que voyant en Alexander une aide extérieure qui ne le jugeait pas, il avait perdu pied. Sa vie était en ruine, un vrai chaos. De telle manière qu´on le retrouva, mort, pendu dans sa cellule.

— Tu veux la suite ? Nan parce que, j'en ais encore quatre autres,

La question de Logan le sorti de ses pensées. Relevant la tête, il croisa le regard de son patient. S´il voulait voir la suite? Alors cet homme avait d´autre cicatrices de blessure en réserve? Un frisson parcouru l´échine de notre kinésithérapeute, ne voulant même pas imaginer tout ce que cet homme avait vécu jusque maintenant. Déglutissant légèrement, il afficha un petit sourire et secoua légèrement la tête

"non .." souffla-t-il avant de toussoter "pardon. Non c´bon. Pas aujourd´hui." reprit-il un peu plus fort en se relevant. "je vais revenir demain" il reprit la chaise "mais j´aimerais tout de même encore savoir deux ou trois choses" En voyant la légère surprise dans les yeux du jeune homme, Alexander rigola doucement et leva la main "ne t´inquiète pas, ce n´est rien de personnel" son regard se posa sur la table de chevet et plus pécisément le carnet de dessin ouvert "c´est ton carnet j´imagine. Donc ça doit être tes dessins." il reporta son regard sur Logan "ça fait longtemps qu´tu dessines? Parce que c´est vachement bien c´que tu fais" Il lorgna à nouveau vers le carnet "Je peux regarder ça d´un peu plus près?"

Le kinésithérapeute, qui était resté plutôt professionnel, concentré, sûr de lui, tout ça tout ça, parût soudain mal à l'aise. La question de James avait donc eu plus d'impact que prévu. C'est vrai que personne ne souhaiterait avoir vécu ce que lui a vécu. Mais il y avait pire aussi, il n'en doutait pas. Il pût aussi lire la gêne directement dans les pupilles chocolat d'Alexander, ainsi qu'au travers de ses paroles, même si un léger sourire dissimulateur était présent sur ses lèvres.

— Non... souffla-t-il avant de toussoter. Pardon. Non c'est bon. Pas aujourd'hui. Je vais revenir demain, mais j'aimerais tout de même encore savoir deux ou trois choses.

Logan fût un peu surpris, et cela dû se ressentir dans son regard, car le thérapeute se mit à rire doucement. Il avait un beau rire aussi — "agréable" fût le mot qui trouva écho dans l'esprit de James. Alexander, en levant la main, précisa tout de suite que ce n'était rien de personnel. Puis l'ancien détenu suivit son regard, et tomba sur son carnet à dessin. Ouvert, bien sûr, tant qu'à faire. Lui qui n'aimait pas franchement se faire remarquer d'ordinaire, et encore moins par ses dessins...

— Ça fait longtemps qu'tu dessines ? Parce que c'est vachement bien c'que tu fais. Je peux regarder ça d'un peu plus près ?

Ayant eu un instant d'absence, James dû se reconnecter à la réalité. Il fixa un moment le kiné, comme pour juger si oui ou non il le laisserait regarder ses dessins. C'était un peu dévoiler une part de soi, ses sentiments, ses ressentis, sa vie. Alors il ne laissait pas n'importe qui feuilleter son carnet. Il fini par acquiescer doucement. Après tout, Alexander était là pour l'aider non ? Et puis, Logan étant du genre instinctif, et son instinct lui disant qu'Alex était peut-être différent, cela l'amena à la conclusion qu'il pouvait bien le laisser regarder ses croquis.

— Vas-y... dit-il doucement, suivant les mouvements du kiné du regard, il s'accorda en même temps un instant de réflexion avant de reprendre. Ça doit bien faire... 20 ans, un peu moins, 18.. ouais un truc comme ça. Il soupira en ébouriffant un peu plus ses cheveux d'une main. Bon sang, dit comme ça on dirait qu'chui vieux.

Sa demande, de voir son carnet de dessins et croquis, semblait ne pas convenir à Logan, si bien que ce dernier eu un long moment de latence. Alexander était sur le point de dire que finalement, c´était bon et qu´il n´avait pas besoin de lui montrer ses effets personnels, lorsque, doucement, Logan hocha la tête et, attrapant le carnet, le tendit à notre kinésithérapeute. Hochant une fois la tête, il le gratifia d´un rapide sourire, avant de tourner les pages. Observant silencieusement, les oeuvres de Logan, il fût quelque peu étonné.

Comment un prisonnier pouvait-il être l´auteur de si belles choses? Non pas que ces dessins étaient dignes de Claude Monnt ou Van Gogh, mais Logan maniait la plume avec justesse, précision et beauté. Pourtant, tous ces dessins -du moins, ceux sur lesquels il s´attardait- avait toujours un air ... indéfinissables. Mais si on devait vraiment y mettre un mot dessus, nous dirons que "mélancolique" s´y rapporte assez près. Soit.

Lorsque Logan reprit la parole, Alexander releva le regard et ne pût s´empêcher de rigoler de bon coeur lorsque l´homme lui dit que ça le rendait vieux. Refermant le carnet, notre américain le redonna à son propriétaire et se recula contre le dossier de sa chaise.

"Et moi alors? Je devrais dire quoi, hm?" retorqua-t-il "je suis dans ma 29ème année de karaté." il se redressa et haussa les épaules en affichant un air entendu "Et je ne m´en porte pas plus mal" reprit-il avec assurance. Il observa encore quelques instants le jeune hommes, puis inclina légèrement la tête vers l´avant "Bon, est-ce que t´as encore des questions ? Me concernant moi, ou concernant ton épaule, ou encore en quoi consistera la thérapie"

Ce disant, son regard s´illumina légèrement, comme s´il venait de se rappeler d´une chose primordiale.Se redressant un peu plus, il tourna la tête et, d´un regard circulaire, scruta les environs, à la rechercher de ce dont il venait de se rappeller. Mais, ne le trouvant pas, il fronça légèrement les sourcils et reporta sa concentration sur Logan.

"T´es aller à l´hôpital pour remettre ton épaule en place ainsi que pour te faire une batterie de test, non?" lui demanda-il "le médecin à surement dû te donner une écharpe pour garder ton bras immobile, non? Elle est ou ...?" reprit-il après affirmation de son patient.

Une nouvelle fois, le rire d'Alexander résonna dans la pièce. Refermant le carnet, ce dernier le rendit à James avant de rétorquer qu'il était dans le même cas. Il en était à sa 29ième année de karaté et ne s'en portait pas plus mal. Logan nota dans un coin de sa tête de ne pas trop énerver ce gars-là. 29 ans de pratique du karaté, ça n'est pas rien. En parlant de ça, il devait donc avoir dépassé les 35 ans, en partant du principe que commencer le karaté à 6 ans était déjà tôt. Bref, détail.

Le kiné demanda ensuite si James avait encore des questions. Avançant le sujet de la thérapie, la lueur dans ses yeux changea. Il se redressa et fouilla la pièce du regard. L'ancien dealer reposa son carnet sur la table de chevet pendant ce laps de temps, et donc ne remarqua qu'un peu plus tard le froncement de sourcils d'Alex.

— T'es allé à l'hôpital pour remettre ton épaule en place ainsi que pour te faire une batterie de test, non ? Le concerné acquiesça. Le médecin a surement dû te donner une écharpe pour garder ton bras immobile, non ? Elle est où... ?

Encore une fois, Logan eût l'impression d'être traité comme un enfant. Décidément, ça devenait une habitude. Une mauvaise habitude. Il décida d'y faire attention la prochaine fois. Alexander avait déjà une forme de supériorité sur lui, à cause de son épaule blessée, pas la peine qu'en plus il ai une autorité comme ça.

— Une écharpe.. répéta-t-il doucement. Elle doit être dans la commode... dit-il en désignant celle-ci d'un geste vague de la main, avant de hausser les épaule et d'ajouter. Et si elle y'est pas, j'sais pas c'que j'en ai fait.

Il ne se souvenait plus exactement en fait. Le médecin lui avait bien filé un truc pour maintenir son bras immobile, mais il ne savait plus ce qu'il en avait. Déjà il ne l'avait pas mise, cette écharpe. C'était sûr et certain. Et il ne la mettrait pas. Et Logan, une fois qu"il a décidé quelque chose, pour une raison ou une autre, il ne revient pas là-dessus.

Ainsi donc, ce Logan ne savait pas ce qu´il avait fait de l´écharpe. C´était une preuve incontestable du fait que finalement, il ne l´avait jamais porté. Sinon, il saurait sans doute oú il ´avait rangé. Logan avait beau désigné la commode, Alexander sût, avant même de s´y diriger et de la fouiller, qu´il ne trouvera rien qui ressemble de loin ou de près à une écharpe. Se redressant finalement, il lança un coup d´oeil vers Logan au-dessus de son épaule puism croisant les bras, il se retourna vers lui, s´adossant à ladite commode. Soutenant longuement le regard de son patient, comme s´il voulait lire ses pensées, Alexander secoua fnalement la tête en souriant doucement.

"Tu m´as l´air d´être quelqu´un de très borné. J´me trompe?" Ce disant, il arqua un sourcil et se poussa de la commode avant de sourpirer doucement "Enfin je comprend tout à fait que c´est chiant de se trimballer avec un bras immobiliser .." il dévia légèrement le regard "et crois-moi, je sais de quoi je parle ..." il reporta son attention sur Logan "mais ce serait quand même pas mal judicieux que ton bras soit immobilisé. Au moins quand tu te promènes, que t´es debout ou quand tu dors." il s´avança encore plus vers Logan, prit son bras en main et le plia au niveau du coude "En plus d´annuler la gravité qui exerce tout de même une assez grande pression sur ton épaule, c´est une position plutôt agréable. Ou plutôt une position qui est moins douloureuse"

Il darda encore quelques instants son regard sur Logan puis sourit et relacha délicatement le bras. Se redressant, il regarda autour de lui pour vérifier qu´il n´avait rien oublier, avant de reprendre la parole.

"Enfin, tâche de retrouver cette écharpe, d´accord?" lui dit-il avant de lui tendre la main "Sur ce, Logan, bonne journée et à demain"

Il secoua la main tendue par l´homme puis sourit une dernière fois et reparti tranquillement, sifflotant un peu.

[Fin de la scène]