Le problème quand Peter a un rendez-vous avec un résident, c'est qu'il ne tient pas en place, surtout quand le dossier de la personne en question le fait déjà jubiler, oh oui, il se peut que Satan ait un nom en réalité, et c'est sans nul doute possible : Peter Davis ! Pour le moment, il est dans son bureau à savourer un bon café, il n'aura Nicole Kennedy dans son bureau que dans approximativement cinq minutes et se dit qu'il a le temps pour un petit solitaire avec son jeu de cartes. Peter a ses méthodes à lui, il sait que certains résidents se braquent souvent au premier entretien dans son bureau, mais il sait aussi qu'il fait son métier à la perfection, et que dans cet ambition de sauver les résidents de leur misère ne cesse de le motiver à rester ici. Alors, il reste assis, posé sur son siège, et à commencer sa partie, ce qui est bien, c'est qu'étant non-fumeur, il n'a pas à passer son temps dehors entre les pauses, et que ça lui permet de s'adonner à ses petits jeux et à ses petites théories.

Peter regarde l'horloge, et semble un peu trop inspiré par le solitaire que par son rendez-vous, comme ça, d'une seconde à l'autre, il change souvent d'avis quand cela l'arrange, mais malheureusement pour lui, il est trop tard pour annulé son rendez-vous, le pauvre va devoir encore une fois se faire un peu maltraiter afin de rendre le sourire à quelqu'un … Assez comique, lui qui n'aime pas souvent rire pour un rien et qui est buté, il se dit un sauver de la misère, ahah … Peter entend alors quelqu'un frapper à la porte, pile à l'heure, malheureusement, il soupire, pose sa carte, la partie presque terminée, et dit d'un air ironique.

« Je vous laisse compter jusqu'à 100, je me cache, et entrez ! », au moins, si la résidente prend ça au pied de la lettre ça lui laisse encore un peu de temps pour jouer les deux cartes suivantes, qu'il est fort pour les jeux à un joueur, enfin, le connaissant, mauvais perdant comme il est, il se pourrait qu'il arrange les cartes pour tomber sur les bonnes. Mais pour le moment, Peter attend que Nicole entre pour lâcher sa carte, mais pour s'assurer qu'elle passe bien la porte, il finit par reprendre un petit air sérieux pour s'adresser de nouveau à elle.

« Vous pouvez entrer, je suis caché ! », lui dit-il en soupirant, c'est un peu ennuyeux de s'assurer qu'on se comprend bien, surtout chez lui, qui ne prend presque jamais rien réellement au sérieux, c'est son mode de vie … Et par moment ça ne lui apporte pas que des amis.

Voilà un rendez-vous dont Nicole redoutait plus que tout ! Le rendez-vous avec un thérapeute du centre de refuge. Mille et une questions se posent dans sa tête. Comment va-t-il l’aider ? Va-t-il comprendre sa maladie ? Va-t-il trouver un moyen de la guérir ? Parce que oui, Nicole a bien entendu déjà eu affaire à un spécialiste, mais il n’avait pas réussi à communiquer comme elle l’aurait souhaité. Le dialogue fut difficile et elle n’avait pas l’attention de faire un pas vers lui. Etant donné que son père ne gagnait pas suffisamment d’argent pour « essayer » un autre psychologue, Nicole ne put se résoudre de sa maladie. Maladie appelé «maniaco-dépression » qui pouvait se révéler fatale car statistiquement parlant, 15% des patients bipolaires non traités se suicident. Quant à Nicky, elle avait tenté de mettre fin à ses jours à deux reprises. Après tout si elle s’était retrouvée à la rue, c’était une grosse partie à cause de sa maladie.

Nicky, n’avait quasiment pas dormi. Elle avait pensé/imaginé/réfléchit à cette visite un millier de fois dans son esprit. C’est le visage pâle, et avec un sentiment de faiblesse que Nicky se présenta. Elle toqua à la porte et entendit une voix lui dire de compter jusqu’à cent. D’abord elle crue à une blague et voulut tenter de toquer à une autre porte.

Pourtant il y avait bien indiqué qu’il s’agissait du bureau du Dr Peter Davis. Au doute, elle rentra tout de même. Elle découvrit un homme qui approchait sans doute la quarantaine, le regard froid. Nicole ne se sentit pas en sécurité.

- Vous êtes bien, le Dr Davis ?

Interrogea Nicole, les sourcils froncés. Elle avait remarqué un jeu de carte éparpillé sur son bureau. Elle se demandait si c’était une blague, et s’il ne se foutait pas d’elle. C’est pourquoi elle restait debout, sur la défensive.

De ce qu'il peut voir, le premier contact reste froid, il est tombé sur un cas bien difficile à mettre à l'aise, d'ordinaire, on prend ce genre de répliques comme une blague, mais pas elle, un peu trop sérieuse à son goût se dit-il au premier abord, mais bon, il doit faire avec, il ramasse donc ses cartes, les range l'air de rien et reprend un petit air sérieux, enfin, un minimum sérieux … En réalité, il a envie de pleurer quand elle lui demande si il est bien le Dr. Davis, déjà qu'il devient de plus en plus vieux, alors si en plus tout le monde commence à l'appeler Dr. Davis au lieu de Peter, il risque réellement de faire une crise de la quarantaine dans cinq ans ! Pourtant, d'un coté, il est fasciné par le personnage qu'est Nicole, ce n'est pas tous les jours qu'il reçoit une résidente aussi sérieuse, et qui a l'air si féroce d'apparence, enfin ça, c'est sans doute à cause de son regard qu'il trouve assez dure !

« Heu … Disons Peter s'il te plait, Dr. Davis ça peut attendre la cinquantaine, hein ? », ouais, vaut mieux, puis, il n'est pas réellement agressif avec elle, il arbore même un ton assez sympathique, autant employer les méthodes douces pour le moment avant qu'elle ne se braque entièrement. Au final, il finit par pointer le siège devant son bureau pour lui faire signe qu'elle peut s’asseoir, le pauvre n'a pas encore eu l'occasion d'acheter un divan pour faire dans le cliché ! Enfin bref, maintenant, il faut passer un peu à la pratique, il sent déjà qu'il va avoir du pain sur la planche durant ce rendez-vous, qui va souffrir le plus … Nicole ou lui ? Telle est la question ! Il la laisse prendre place avant de reprendre.

« Bon, alors … Mademoiselle Nicole Kennedy, comme tu as pu le constater, je suis ton Thérapeute, et ma mission est de t'aider à aller mieux, enfin, tu connais le refrain, on va devoir passer par des moments de ta vie, et aussi tragique soit-il, tu te rendras compte que tu as une vie remplie de bonheur, du moins … Qui va se remplir de bonheur et je l'espère pour toi, as-tu quelque chose de particulier à me dire ? Quelque chose sur lequel tu voudrais débattre et essayer de trouver des réponses en priorité ? »

Oui, autant attaquer sur le vif du sujet, de toute manière, chaque résident à plus ou moins eu des problèmes entièrement, et c'est essentiellement sur ça que Peter aime travailler, il en rit un peu souvent pour essayer de leur montrer que l'avenir peut être meilleur, mais chez certains, c'est dramatique … Mais bon, il ne change pas sa manière de faire pour autant.

Nicole n’avait aucunement l’attention de se dévoiler. Elle qui prenait sa maladie très au sérieux, avait toujours beaucoup de mal à se faire comprendre. Son propre père n’avait pas accepté la maladie, alors pourquoi un inconnu, aussi bien qu’il soit un spécialiste, comprendrait sa maladie ? Pourtant elle misait gros sur cet entretien, elle espérait au fond d’elle trouver une voie de guérison. La maniaco-dépression lui gâchait la vie, et peu importe ce qu’il se passait autour d’elle Nicky se réveillait chaque matin, brisée et fragile à la fois.

Le thérapeute lui fait signe de s’assoir, et malgré qu’il puisse être le plus sympathique possible, Nicky est sur la défensive. Elle s’assoit devant lui, le regard baissé. Il se présente alors. Elle n’avait aucune idée des pratiques du Docteur Davis. Il ouvre le dialogue et néanmoins elle n’ose pas lever son regard vers lui.

- Je pense qu’on a du vous dire l’essentiel, non ?

Dit-elle en haussant les épaules. Selon elle, lui raconter sa vie ne résoudrait en rien sa maladie. Tout le monde la prenait pour une cinglée.

- C’est comme ça, j’y peux rien. Je suis née avec cette douleur.

Bien que cette douleur n’ait rien de physique, ce n’était pas quelque chose dont on pouvait remarquer au premier abord. Nicky parlait d’une douleur psychique, une douleur qu’elle ressentait au plus profond d’elle. Cette douleur était sans doute étroitement liée à la mort de sa mère. En tout cas même étant gamine, Nicole s’est toujours révélée comme une petite fille différente. Elle dormait peu, mangeait peu et n’arrivait pas à se confronter aux « règles » des adultes.

Peter regarde la jeune fille, ce qu'elle lui répond l'ennui, il sent que cet entretien va durer une éternité si il ne trouve pas un moyen de le rendre plus attrayant, mais d'un sens, il ne lui en veut pas, il connaît son problème, et sait très bien que ce n'est pas une chose qui va s'en aller du jour au lendemain ! Mais bon, pour lui, il n'est pas la pour faire passer son temps avec quelqu'un ne réagit à aucune de ses paroles, il est là pour aider, à sa manière, une personne maniaco-dépressive, mais ce n'est pas une mince affaire, et c'est peut être l'une des rares fois où il va se montrer léger dans ses propos. Il ne tient pas à gâcher cette opportunité de voir si il est assez compétent pour aider une personne comme Nicole, ce n'est pas tous les jours qu'il a un cas aussi fascinant, et il ne veut surtout pas qu'elle parte chercher ses réponses chez sa répugnante collège Katheryn.

« Donc selon toi, si on me dit que tu es une idiote qui ne sait pas être heureuse, je dois en tenir compte ? J'ai pas envie de me montrer tendre, ni même faire le gars qui va se sentir touché par ta maladie, loin-de-là ! Mon job c'est de t'aider avec ce que TU vas me dire de toi, sur tes douleurs, le pourquoi, et si tu penses que quelque chose te manque pour arriver à te débarrasser de tes petits tracas, il faut me le dire ! »

Peter marque une pause, il ne l'a pas agressée verbalement, il lui a parlé sur un petit ton moralisateur, et il dit vrai, lui se fiche de ce qu'on peut lui raconter d'un résident, ce n'est pas avec une bouche à oreille qu'il va réussir à cerner le personnage, même si la en l’occurrence c'est fait. Nicole n'est pas une résidente comme les autres, les autres ont des problèmes, et elle, elle a une maladie complexe qui fait qu'il a été très intéressé par son cas, et c'est pourquoi il s'est limite battu pour l'avoir dans ses thérapies. Cependant, après cette petite leçon donnée, elle vient rajouter quelque chose, il lève légèrement les yeux au ciel, puis la fixe, soupirant, il déteste les personnes qui s’apitoient ainsi sur leur sort, elle n'y peut rien, c'est vrai, mais qu'elle tente au moins de le faire comprendre avec une phrase moi agaçante !

« Et moi je suis né avec une barbe de trois jours, c'était pas la joie tous les jours … Mais peu importe ce qu'il peut nous arriver, nous sommes en vie, et c'est le plus important, même si on a perdu les personnes à qui l'on tient le plus, il faut se dire que la vie continue et qu'on doit en profiter avant d'y passer à notre tour ! Je sais, c'est dure de vivre en étant maniaco-dépressive, mais faut pas non plus vivre autour de la maladie, il faut aussi essayer de vivre autour d'un point d'encrage qui va nous permettre de sortir la tête du trou. », dit-il d'un air passif, comme-ci la maladie était une chose banale, il tient à lui montrer qu'il peut la comprendre, qu'il peut savoir ce que c'est, mais qu'il veut aussi lui montrer qu'il ne faut pas s’empêtrer toute sa vie sur une telle maladie. Le fait de dédramatiser la situation lui permet de voir si elle peut aussi le faire, essayer de voir autre chose que sa souffrance et son problème, le monde est vaste, et malheureusement certaines personnes ne pensent jamais à ce qui pourrait leur arriver si ils savaient se montrer plus ouvert.

« Bon, maintenant, je reprends ma première question : as-tu quelque chose de particulier à me dire ? Quelque chose sur lequel tu voudrais débattre et essayer de trouver des réponses en priorité ? »

Le thérapeute lui fait comprendre clairement qu’il n’est pas là pour être tendre avec elle, et qu’il est là pour l’aider. Frustrée, Nicole se braque. Si il comptait qu’elle se dévoile en lui disant ça, il se met le doigt dans l’œil. Elle n’ose même s’exprimer, et le laisse parler. Elle avait l’impression d’avoir de nouveaux neuf ans, et que son père lui force à lui dire ce qui ne va pas. Son père n’avait jamais compris, ni accepté. Jusqu’au jour où il avait vendu le piano de sa défunte mère, leur lien s’était brisé.

Son regard en disait long, elle continue de regarder le sol sans prêter attention à ce que disait son thérapeute. Elle l’écoute, mais n’en dit pas un mot. Elle a vraiment l’impression qu’il se moque d’elle et ses mots la heurtent.

Nicole n’a qu’une envie : partir d’ici. Il a répété tout ce qu’on n’a cessé de lui dire toute sa vie, qu’elle devrait cesser de se plaindre. Qu’elle refuse le bonheur. Qu’elle devrait profiter de la vie, etc. elle se rappelle aussi toutes ses questions « mais Nicole, pourquoi tu t’enfermes dans ta chambre ? Mais Nicole, pourquoi tu pleures ? Mais Nicole, pourquoi tu es malheureuse ? » . Toutes ses questions qu’elle ne pouvait répondre.

Encore une fois Nicky reste silencieuse. Alors qu’il lui demande si elle a quelque chose à lui dire, Nicky relève le menton.

- Je voudrais savoir s’il est possible de discuter un autre thérapeute.

Elle reste froide, bien qu’elle semble sur le point de craquer. Dans le sens, où elle aimerait s’énerver. Ce qui est chose coutume chez les patients maniaco-dépressifs, ils s’avèrent agressifs lorsqu’ils passent dans cette phase « maniaque ». Pour l’instant elle n’en est pas encore là, mais le comportement du thérapeute l’a offensée. Sa méthode l’a blessé et elle pense qu’il lui sera d’aucune utilité.

Peter soupire, en réalité, cela s'avère bien plus difficile qu'il ne le pensait au début, mais pourtant, il ne va pas lâcher l'affaire aussi facilement, il continu de la fixer, elle ne réagit toujours pas, assez navrant, doit-il la pousser à bout jusqu'à ce qu'elle se mette à crier et ameuter tout l'étage ?! Allez savoir, lui se pose la question, et pas qu'une fois, cependant, si Nicole a toujours vécu dans l'ignorance des autres, ça peut se comprendre, il ne se moque pas réellement d'elle, mais veut lui montrer qu'il n'y a pas que sa maladie dans sa vie, qu'elle manque des choses qu'elle ne pourra plus vivre plus tard, à son âge. Enfin, de toute manière, il sait que sa seule personne ne peut pas régler la maladie, que des traitements médicamenteux existent pour venir en aide à ses personnes, mais lui et les médicaments, ça n'a jamais réellement collé.

Quand Nicole relève la tête pour s'adresser à lui avec un ton froid, il sourit, oh non, à ses yeux, il n'y a pas plus compétent et ancien que lui dans ce centre, ses méthodes ont toujours portées leurs fruits, et ça, depuis qu'il a décidé de quitter la médecine pour ce boulot qu'il trouve assez passionnant. Peter continu donc de la fixer, avec un petit air sévère, mais qui trompe juste son amusement à la situation, et lui répond directement, du tac au tac.

« Non, désolé, mais ici tu ne trouveras pas plus compétent que moi … Et malheureusement, avec la soudaine épidémie de gastro, je suis le seul présent, faut dire que je suis tenace dans le genre grand méchant loup ! », il finit par sourire, il blague, mais il ne veut pas qu'elle parte, cela ne sert à rien de vouloir changer de thérapeute juste parce qu'on se braque au début de la séance. Peter a toujours été comme ça, et au bout du compte, chaque résident ayant une certaine résistance à ses méthodes sont finalement revenu à la charge pour une nouvelle séance.

« Tu te demandes peut-être pour qui je me prends, quelle cirque je te fais là, mais je suis comme ça, tout comme tu es maniaco-dépressive, moi je suis un thérapeute détestable, mais compétent, ce que je veux te faire comprendre, c'est que si je suis ainsi avec toi, c'est parce que je le suis avec tout le monde, ce n'est ni une blague, ni un canulars, ni de la moquerie, simplement la réalité. Ta maladie t'oblige à être dépressive, maniaque, à avoir des envies de suicide, de partir, ou de craquer à tout moment, moi, ce que j'ai vécu me force à être dure, à tout prendre à la légère, car un jour, et ce sera peut être demain, tu guériras, avec mon aide, et aussi un traitement adapté, et quand tu ouvriras les yeux, tu verras que durant tout ce temps tu as vécu dans une ombre possessive et qui te ronge encore de l'intérieur. » C'est un peu vrai ce qu'il dit, à la différence que lui n'a pas de traitement pour la personne qu'il est, et que contrairement à Nicole, il est fier de la personne qu'il est, c'est là une marge qu'il y a entre le thérapeute et la résidente.

Il prend du recul, s'adosse proprement à son fauteuil, croise les bras, et l'examine du regard, il se connaît, et si il enfonce le couteau dans la plaie il va s'en mordre les doigts, car gérer une crise c'est bon pour les femmes ratées de la crèche, enfin, de son point de vue. Vaut-il mieux s'aviser à jouer la carte de la compréhension et de tenter de la faire changer d'humeur ? Cas bien trop fascinant en réalité, il en perd presque son latin, c'est pour dire …

« On peut tout aussi bien faire un jeu, essaies juste de te mettre dans ma peau deux secondes, de te regarder de l'extérieur, et dis-moi ce que tu vois de toi, moi je vois une jeune femme qui peut avoir un bel avenir, mais qui se laisse ronger par sa maladie … Je te laisse deux minutes pour faire un autoportrait de toi, peut-être que tu auras l'envie de t'impliquer dans la thérapie juste après, malheureusement je ne suis diseuse de bonne aventure, donc je ne peux pas le savoir à ta place … », pourquoi ne pas le faire après tout ? C'est une chose qu'il a déjà tenté avec d'autres résidents, de se regarder selon le point de vue d'un autre pour mieux se connaître et mieux situer les problèmes à arranger. Si elle ne veut pas se confier, alors autant travailler directement sur sa personne.

Nicole croise les bras, agacée. Son regard se détourne, une fois de plus. Elle ne s’attendait pas que la séance se passe (ou plutôt débute) aussi mal. Les méthodes du Docteur Davis sont bien particulières, et franchement pas au goût de « Nicky » qui a toujours beaucoup de mal à se dévoiler. Parler de sa maladie est un tabou, est justement si elle n’en parlait pas c’était pour la simple et bonne raison qu’elle ne veut pas voir ce genre de réaction. Personne ne peut la comprendre. Elle-même ne comprend pas la raison de cette maladie. Il lui a fallut un bon nombre d’années pour l’accepter, pour le reconnaitre. A ce jour, elle ne pourrait expliquer pourquoi chaque matin elle se sent brisée à l’intérieur.

Malgré que le thérapeute assure qu’il est le meilleur spécialiste du centre, Nicky ne le croit pas une seule seconde. Et finalement son discours l’incite à changer. Il lui dit qu’il est comme ça avec tout le monde et qu’en définitive elle guérira grâce à son aide. Guérir… est le vœu le plus cher aux yeux de Nicky. Elle souhaiterait être « normale », ne plus vivre de ses changements d’humeur, de ses phases maniaques qui la fait passer pour une personne insensée.

Il lui propose alors un jeu. Elle se met dans sa peau, dans le but qu’elle se voit de l’extérieur et qu’il lui dise ce qu’elle voit. Nicole n’a pas une bonne opinion d’elle-même, à vrai dire, elle se rabaisse constamment. Elle soupire bruyamment, elle n’a pas du tout envie de faire ce jeu stupide. Elle déteste parler d’elle-même, parce que son reflet ne lui convient pas.

- Docteur Davis…

Commence par dire Nicky, qui n’a pas pris compte de la remarque précédente de son interlocuteur. Elle ne veut pas l’appeler son prénom, elle n’a aucunement confiance en lui.

- Je suis navrée de vous le dire, il n’y a rien de bon en moi. Personne ne le comprend, et comment pourrait-ils comprendre quelque chose dont je ne peux moi-même expliquer ? Je ne dors pas la nuit, je pleure, je m’écorche de l’intérieur parce que je ne vaux rien.

Elle se tait, baisse son regard et ferme les yeux. Elle est sincère, fidèle à son tempérament :

- Mon père n’est plus là. Ma mère ne l’a jamais été. Et quand on n’a personne vers qui se tourner, comment voulez-vous que j’aille bien ?

Finalement, il n'est pas mécontent de sa prestation, même si aux yeux de la résidente il passe pour un idiot, il sait au fond que dans peu de temps il finira par avoir raison d'elle, tel le grand méchant loup ayant raison du chaperon rouge, il le sait, il connaît bien ses capacités de thérapeute et ne doute pas un seul instant de sa réussite. Il la laisse faire, même si elle se ferme une nouvelle fois, ce n'est rien, au bout du compte elle finira par dire ou faire quelque chose qui confortera sa manière de faire, lui aussi à eu de mauvaises passes, et c'est ce qui les rapproche le plus … Cependant, il y a une grande différence entre eux, c'est que lui a toujours fait le choix de s'en remettre qu'à lui-même, et non à ce qu'il a pu ressentir par le passé, c'est sans doute par le refoulement de ses émotions qu'il n'est jamais devenu comme elle. Oh non, certes, il se ment au quotidien, derrière ce masque qu'il porte, mais il se porte bien ainsi, dans le cas de Nicole, elle s'avoue les vérités, mais ne les digère pas de la bonne manière, elle se sent mal car elle se repose trop sur ses problème.

Peter ne cesse de la fixer, et soupire quand elle l'appelle Docteur Davis, qu'est-ce-qu'il peut détester qu'on l'appel ainsi, mais il ne peut plus rien faire, elle ne risque pas de l'appeler Peter d'une seconde à l'autre, et il se fait donc à l'idée d'être le Docteur Davis, comme par le passé. Finalement, elle commence à parler de la manière dont elle se voit de l'extérieur, et cela ne change pas de son point de vue interne, assez navrant, mais chez les personnes comme elle, c'est commun, on voit ça tous les jours.

« On ne comprend que ce qu'on veut comprendre, c'est un système assez laid je trouve … Si tout le monde te voit comme quelqu'un qui ne veut pas être heureuse, moi je dis que tu es une personne qui n'arrive pas à l'être car tu ne cesses de te voir qu'avec tes défauts, tu ne te juges qu'à travers ta maladie, c'est compréhensif, mais il faut essayer de l'oublier un peu, de te sortir de ta bulle … »

A son tour il se tait, après ce petit discours, il lui laisse de nouveau la parole, oh oui, elle a n'a pas eu le meilleur des passés, mais lui non plus, dans un sens, lui aussi n'est compris par personne, mais il ne se repose pas sur ce qu'on peut dire de lui ! Les événements tragiques de sa vie ont renforcés la maladie, et malheureusement c'est peine perdue de vouloir tout faire dans la force brute, quand elle baisse les yeux et les ferme, il tousse un peu pour la « réveiller ». Ce qu'il compte dire, c'est quelque chose qu'il ne va pas dire à n'importe qui, et Nicole est un cas unique, le thérapeute doit engager la conversation sur du vécu, car avec elle, c'est la seule chose qui risque de marcher.

« En me regardant, cela va de soit, non ? Regarde moi, quand je n'étais encore qu'un adolescent rêveur et crédule, ma mère a été fauchée par un horrible cancer … Eh oui, certaine maladie, comme la tienne, se révèle meurtrière, mais toi tu as le choix, tu peux te repentir sur le chemin du bonheur et de la bonne humeur, ne crois-tu pas être égoïste en te disant malheureuse à cause de ta maladie ? Elle n'est pas si terrible, si ? Désolé, c'est cruel, mais vois les choses en face, on te laisse le choix de guérir, et depuis des années tu te dis impuissante car personne n'est là pour toi, c'est pitoyable je dois dire … Car aujourd'hui, moi je suis là, et ce foyer aussi. », Peter revient sur ses sarcasmes et sa cruauté, mais cette fois-ci, il cerne bien le cas.

Il dit la vérité, Nicole a le choix, sa mère ne l'a pas eu, on peut repousser la mort par le cancer, mais pas éternellement, on ne peut pas toujours se dire qu'on va tromper la mort avec des traitements qui ne peuvent neutraliser le cancer. La résidente qu'il reçoit aujourd'hui peut se débarrasser du poison qui la hante au quotidien, dans un sens, il lui en veut de réagir ainsi, de ne se voir que comme une jeune femme perdue et abandonnée à son triste sort, cependant … Le thérapeute va reprendre un ton assez doux, voir passif, il veut lui faire comprendre qu'elle doit saisir la solution et s'y accrocher pour se sortir du cercle vicieux dans lequel elle se situe depuis tant d'années.

« Toute ma vie, j'ai du m'en remettre à moi, et à moi seul, aujourd'hui je m'en suis sortis, et même si on dit de moi que je suis malheureux, pour moi je suis en vie, heureux, avec un métier que j'aime particulièrement … Sans doute parce que je suis un sadique, mais au moins, personne ne peut m'atteindre, et tu devrais faire de-même. Tu te laisse mourir sous le coup de ta maladie alors que tu as tout pour devenir quelqu'un, et je vais t'aider à aller mieux, je vais te montrer des choses que nul ne pourra te montrer, car ici, c'est moi le magicien, je me trompe ? », il rit un peu, sa tirade est un peu ironique, mais bon, lui au moins lui ouvre les yeux, c'est une forme de magie à lui, et il en est très fier. Il finit par lui laisser la parole, ne la jugeant plus du regard, mais simulant un faux intérêt, au fond elle intéresse par sa maladie, mais bon …

Nicole n’a aucune idée des méthodes / pratiques habituelles du Docteur Davis. Elle ignore comment il établira le diagnostic, s’il sera différent des autres élaborées auparavant. Chaque spécialiste procède de leur propre façon, et cela n’a aucune importance pour elle. Tout ce qu’elle souhaite, c’est guérir et c’est la raison pour laquelle elle essaie de s’ouvrir un minimum au thérapeute. Il est difficile pour elle de lui avouer qu’un mal l’écorche de l’intérieur et qu’elle ne saurait expliquer pourquoi. Suite à quoi il répond qu’elle devrait sortir de sa bulle, et qu’elle ne voit que ses défauts à travers sa maladie.

- Vous en parlez comme si je le faisais exprès.

Dit-elle sur un ton de reproche. Elle s’est confiée à lui, et à elle a l’impression de faire un pas en arrière. Gagner sa confiance semble être plus bien plus compliqué. De nouveau elle se braque, et détourne son regard. Oui il est vrai qu’elle se sous-estime, mais elle n’y peut absolument rien. Elle ne maitrisait pas ses émotions, elle n’y parvenait pas du tout. Pourtant ce n’est pas comme si elle n’avait pas essayer toute sa vie. C’est un combat permanent, dont elle perd à chaque bataille.

A son tour, le thérapeute se confie sur sa vie privée. Il lui parle de sa mère, atteinte d’un cancer. Il compare cette maladie à celle de Nicole, mais elle secoue indéniablement la tête. Il s’agissait de deux maladies complètement différentes mais tout aussi fatale.

- Je n’ai pas choisi, d’être comme ça !

S’énerve Nicole, qui perd patience.

- Oui je voudrais guérir, mais je n’y suis jamais parvenue. Et si c’est pour me dire que tout ça c’est dans ma tête… Sachez qu’on me l’a assez répété toute ma vie.

De nouveau, elle croise ses bras. Elle va finir par croire que cette séance ne mènera à rien.

Décidément cette thérapie devient un peu plus intéressante, telle une gamine vexée, Nicole vient reprocher à son thérapeute de l'accuser de faire exprès d'être comme elle est, ce n'est pas vraiment ce qu'il pense, c'est simplement mal formulé. Il la regarde, continu de l'examiner, et de nouveau elle se braque, oui, il peut la décrire comme une gamine, c'est sans doute aussi pour ça qu'elle reste figée sur sa maladie et son passé, ça ne doit pas être facile tous les jours … Enfin, Peter en vient à sourire, puis croise les bras à son tour, l'imitant, et vient à reprendre la parole.

« Oh non, faire exprès ce serait horrible … Mais à force de réagir ainsi, c'est devenu un instinct, voir même un trait de caractère peu aimable chez toi. Et malheureusement, ce n'est que le début, c'est peut-être par là que nous allons commencer … », finit-il par dire sur un ton perplexe. Effectivement, si chez Nicole c'est devenu un trait de caractère, ce sera bien plus dure de la guérir au niveau comportement, car quand on est, par exemple, extravertie, c'est dure de venir introvertie du jour au lendemain.

Au bout de quelques secondes de silence, Nicole revient à la charge, mais cette fois-ci, elle semble être énervée, cela amuse Peter, qui ne le montre pas, il préfère garder ce moment pour lui, et ne pas le partager avec elle, il ne manquerait plus qu'à ce qu'elle vienne le baffer (a) ! Néanmoins, ce n'est pas pour autant qu'il ne la prend pas au sérieux, au final, il est vrai qu'elle n'a pas choisie d'être ainsi, mais bon, elle manque de volonté, c'est tout.

« J'ai presque peur … Mais je me doute bien que personne n'aimerait devenir maniaco-dépressif comme tu l'es, donc je te crois, tu ne l'as pas choisi, mais la n'est pas la question, ça fait déjà une petite demi-heure qu'on papote comme des petites folles, et à aucune reprise je ne t'ai pas entendu dire une seule fois que tu pensais pouvoir réussir à guérir … », à vrai dire, il ne dit pas faux, une nouvelle fois il vise un peu la corde sensible. Il est vrai que Nicole ne fait que dire qu'elle a essayée, mais elle ne lui a pas encore dit qu'elle voulait réussir avec conviction, après, peut être que c'est le caractère de Peter qui fait que ça ne lui est pas venu à l'idée.

« Au fond, si c'était dans tête, on ne serait pas ici à parler de ta maladie, non ? Ce qu'il te manque, c'est de la volonté ainsi que de la conviction, et ne pas te laisser écraser par les autres, tu es bien trop fermée, et si tu veux aller mieux, il faudrait commencer par t'ouvrir à ton entourage, parler de toi, te faire des amis, un peu comme au lycée, quand on est bête et qu'on pense que l'amitié a de la valeur … Après, cela ne tient qu'à toi d'accepter mon aide et celle du traitement que tu vas devoir suivre ! »

Peter semble désormais un peu sévère dans ses propos, il ne tient pas à l'effrayer, mais à la convaincre, c'est la seule solution pour y parvenir, et se morfondre ne l'aidera en rien, au contraire, cela ne fera que l'enfoncer encore plus qu'elle ne l'est déjà.

Incomprise. Nicole avait l’impression d’être incomprise et ça depuis son enfance. Personne ne l’a jamais soutenue, son propre père ne reconnaissait pas sa maladie. Elle devait bien se douter qu’un inconnu, spécialiste ou non, ne la comprendrait pas. Voilà pourquoi elle s’était énervée. Une chose est sûre, elle n’est pas prête de lui donner sa confiance. Et plus que jamais, elle voudrait partir de cette pièce, ou elle casserait tout les objets qui seraient sur son passage.

- Un trait de caractère ? Vous vous foutez de moi ?

Il insinuait que sa maladie faisait partie de son tempérament ou quelque chose comme ça ? Elle se demandait qu’est-ce qu’elle faisait là. La phase maniaque s'emparait d'elle. Ahurie, elle regarda le thérapeute droit dans les yeux. D’après lui il ne l’avait pas entendu une seule fois dire qu’elle pensait pouvoir réussir à guérir.

- Je viens de vous dire que je voudrais guérir, si vous ne m’écoutez pas je ne vois pas l’intérêt de venir ici.

Lui fait-elle remarquer, agacée. Il rétorqua qu’au fond, si c'était dans sa tête, ils ne seraient pas ici à parler de sa maladie. C’était le comble pour Nicole, elle avait l’impression qui la traitait comme une cinglée. Reconnaitre d'être une maniaco-dépressive d'elle-même lui avait pris un temps affolant, et aujourd'hui encore il lui était douloureux de l'accepter entièrement. Elle mit ses mains sur ses oreilles, pour cesser de l’entendre.

- Je ne veux pas de votre aide, vous ne me comprenez pas. Vous ne me connaissez pas, vous me jugez sans cesse, j’en ai marre.


Elle se leva, face à lui, les yeux brillants de larmes.

- Je veux voir un autre thérapeute!

Nicole hurlait maintenant, les mains prises sur ses oreilles.

Se foutre d'elle ? Oh non, Peter ne se moque de personne voyons … Néanmoins, elle interprète très mal ses paroles, certes, elle avait dit qu'elle voulait, mais pas qu'elle pouvait, il y a toujours eu un contracte entre vouloir et pouvoir, et c'est ça le problème, trop de personnes disent qu'ils veulent dans penser qu'ils peuvent, l'erreur est humaine après tout ! Cependant, Peter la regarde, il touche à son but, au bord d'une falaise, il n'attendait qu'une chose, qu'elle s'y jette, il veut voir l'autre coté de la résidente, jusqu'où sa maladie peut la pousser. Les mains sur les oreilles, Nicole semble se refermer entièrement, ne voulant plus rien entendre, mais il n'y a pas que par les mots qu'il peut atteindre, il est cruel et sans cœur, mais c'est ainsi qu'il fait avec tout le monde.

« Oh oui, tu as dis que tu voulais, mais pas que tu pouvais, saches que tout le monde veut, mais que très peu de monde peut, apprends la différence ! Je n'attends qu'une chose, que tu prennes sur toi et que tu penses le fait de pouvoir réussir, que tu t'en persuades jusqu'au plus profond de ton être, et cette idée deviendra une réalité en très peu de temps ! »

Peter semble dure dans ses paroles, mais jouer la comédie pour faire le thérapeute touché par sa réaction, ce serait la conforté dans cette idée qu'elle a raison, mais elle a tort, il n'a jamais cherché à la comprendre, juste à l'analyser pour mieux la cerner. La comprendre c'est trop complexe, elle semble presque aussi complexe que lui, à la différence que lui n'est pas maniaco-dépressif, et encore heureux. La réaction de Nicole se résume à celle d'une gamine qui ne veut pas accepter la vérité, c'est comme ça qu'il perçoit sa réaction, a t-elle eu le temps d'atteindre un âge mature intérieurement ?! Il en doute.

Le thérapeute se lève, passe son bureau, se met en face d'elle alors qu'elle se met à hurler, prend ses poignets, les écarte de ses oreilles, et plonge son regard dans le sien, comme-ci il s'interrogeait sur sa personne. S'en est finit des réactions de gamins, il y a un temps pour faire semblant, et un temps pour assumer. Peter ne la lâche pas, continu de la fixer, et reprend la parole avec un ton sérieux et sec.

« Et après ça j'ai tort ? On aurait juré que c'était une réaction normale, mais c'est la ton véritable problème, tu te laisses toujours submerger par tes émotions, ton ressenti, et ta maladie en profite pour prendre le dessus. C'est tellement plus facile de se laisser aller pour ne pas entendre ce que personne n'ose nous dire, mais bon … Après tout, peut-être que nous perdons réellement notre temps, aller, je vais réagir comme toi désormais, pour te montrer à quel point c'est agaçant … »

Peter lâche ses poignets, se dirige vers la porte, l'ouvre, et reporte son regard sur celui de Nicole, ok, il va la jouer à sa façon si elle aime tant être confortée dans son idée d'incompréhension et de défaite infinie.

« Pars, tu peux partir, après tout, ce n'est pas mon problème si tu ne veux pas rester, ce n'est pas moi le malade ici, mais, comprends une chose Nicole, c'est que personne d'autre ne saura te dire les quatre vérités comme je peux te les dire sans problème. Tu ne trouveras ici que des personnes qui chercheront à te mentir, à dire qu'ils te comprennent, juste pour t'aider alors qu'ils ne feront que t'enfoncer. », son ton est sec, lui aussi baisse les bras sans réellement le faire, il veut simplement lui montrer ce que ça fait.

Alors que les reproches du Dr Davis submergeait Nicole, elle avait posé ses mains moites sur ses oreilles pour ne plus l’entendre. Elle suait, et semblait manquer d’oxygène. Sa respiration s’haleta, et bien qu’elle ait envie de pleurer, Nicole contenait ses larmes avec une nervosité féroce. Le thérapeute venait à elle, pour lui enlever ses mains. Il ne la lâchait pas mais Nicole sentit tout son corps frissonner, comme des tremblements nerveux.

- Arrêtez ! Stop !

Suppliait-elle maintenant, les yeux fermés. Ce n’est pas qu’elle ne voulait plus l’entendre, c’est qu’elle ne pouvait plus. Elle se sentait incapable d’écouter les jugements du thérapeute. Il y avait comme de la méchanceté dans ses paroles, et Nicole ne supportait plus entendre cette dureté dans le ton de sa voix.
Il lâcha ses poignets, et ce n’est pas pour autant que Nicole se sentit plus apaisée. Elle aurait préféré disparaitre sur le champ, et ne plus exister. Et alors que le Docteur Davis lui permit de quitter les lieux, le corps de Nicole était comme paralysé par la peur. Son corps ne répondait plus, et elle avait l’impression d’avoir été humilié.

Pourtant il fallait qu’elle parte, elle ne pouvait pas rester une seconde plus ici. Selon lui, il lui avait dis ses quatre vérités. Selon elle, il l’avait rabaissé plus bas que tard. Et il n’y a pas une seule seconde où elle s’est sentie comprise par le thérapeute. Comment pouvait-il dire que les personnes ici lui mentiraient ? Elle se souvient de son premier entretien avec Elisabeth, sa conseillère d’orientation et elle ne voulut croire ni imaginer qu’elle l’enfoncerait. Au contraire, elle, ne l’a jamais jugé et la poussait vers le haut. En y pensant, elle trouva la motivation de retrouver ses esprits ce qui pris plusieurs secondes.

- Alors ne me dites pas que vous me comprenez.

Elle avait dis cela avec calme, bien qu'elle avait l'impression d'être salie. Et sans se retourner Nicole prit la porte.

Nicole refuse encore et toujours en bloc ce que lui dit le Dr. Davis, il faut dire que le petit saligot ne fait plus de manières, oh non, il est passé à un tout autre niveau, sa patiente se dirige vers la porte sans hésiter, décidément, on le fuit de plus en plus en ce moment, il pense même à un complot de ses collègues pour faire avorter sa vocation de psy' dans le foyer ! Comme quoi, ses délires peuvent aller loin par moment, mais bon, passons.

Néanmoins, il semble que sa patiente ait enfin retrouvé son calme, Peter n'ajoute rien pour le moment, et la laisse prendre la porte après sa petite phrase qui le fait sourire, dommage que le petit jeu soit terminé pour aujourd'hui, mais il ne doute pas du fait de la revoir, elle reviendra … Sans doute comme certains de ses patients ayant décidés de fuir puis au final, qui sont revenus quelques jours plus tard, il n'y a que deux explications, soit ils sont masochistes, et aiment souffrir, ou alors ils trouvent un semblant de vérité dans la parole du bon vieux Dr. Davis.

« Il ne faut pas s'inquiéter pour ça, tu viens de perdre le peu d'intérêt qui me faisait croire en ta guérison. », il lâche ça sur un ton sec en fermant sa porte, retournant à son bureau, pour aujourd'hui, c'est terminé.