Résident du Centre Personnel du Centre Autour du Centre

Jonathan HYNE se marie avec Marcia GENE en Juillet 1986.
Il a trente ans, elle en a vingt-sept.

Ils deviennent les parents de Simon l’année suivante, en Septembre 1987.
Ce ne sont pas des parents aimants et présents. En fait, ils sont la définition même de la distance. C’est dans un climat froid et sévère que Simon grandit.
Pourtant, sa mère a des failles et cela se voit. Dès que Jonathan hausse la voix, Marcia semble tétanisée, tous ses muscles se crispent. Elle est la victime de son propre mari. Quelques fois, Simon croit déceler un désir d’affection dans son regard et dans ses gestes. Mais Jonathan n’est jamais loin, il veille au grain. Aucun débordement émotionnel ne sera toléré.

Au printemps 2000, lorsque Simon a 13 ans, sa mère devient amie avec Cecile FITZGERALD, la femme de Flynn GARRISON, un ancien écrivain.
Simon voit Flynn comme un homme ressemblant à son père. Ils rigolent aux mêmes blagues, se tapent sur l’épaule, fument des cigares, parlent affaires. A cette époque-là, Simon est encore trop jeune pour réaliser que la façon de se comporter pendant un barbecue est une pièce de théâtre. Tout le monde fait semblant.

Flynn a trente-sept ans. Sa femme est la directrice d’un lycée privé où Flynn y enseigne la littérature, et la mère de Simon, l’histoire.
Ils se sont mariés dans la fleur de l’âge. Il avait vingt ans, et elle, dix-huit.
Ils n’ont jamais eu d’enfant.


Durant sa première année de lycée, Simon a Flynn comme professeur. C’est un professeur passionné, incroyablement cultivé. Il essaie de transmettre son savoir et son amour pour la littérature à tous ses élèves. Certains y sont insensibles. Simon, lui, se découvre.

Le fait que sa mère soit amie avec la femme de Flynn fait qu’ils se voient souvent en-dehors des cours. Flynn lui prête des romans, lui donne des conseils pour les devoirs, sans pour autant lui faciliter les choses. Simon, à la différence de ses camarades, a très une grande capacité d’écoute et d’assimilation. L’éducation stricte que ses parents lui ont inculquée le transforme rapidement en garçon indépendant, malgré son jeune âge.

Simon se rend compte que le Flynn avec qui il discute pendant des heures après les cours n’est pas le même que celui qui sert des chipolatas. Il y a un monde, entre son attitude mondaine et la personne qui se cache derrière les rires gras et les cigares cubains. Le jeune Hyne lui reproche un soir d’être hypocrite, ce à quoi Flynn répond simplement :

« La société, mon fils, ce sont les apparences. Si tu ne trouves pas vite un masque pour te protéger, tu finiras par te faire bouffer tout cru. »

Flynn devient, en fait, le père que Simon n’a jamais eu.

Seulement, cette amitié inédite devient vite une gêne pour la mère de Simon.

Un soir, après le dîner, elle surprend un geste qu’elle ne comprend pas, puisqu’elle ne l’a jamais fait à son fils : Flynn pose sa main sur le dos de Simon. Une simple accolade.
Sa réaction, vraisemblablement exagérée, est immédiate : le lendemain, Marcia fait tout pour que Simon ait un autre professeur de littérature. Arrivant à la fin de l’année scolaire, cette demande n’est pas prise en compte. L’affaire s’estompe.

Pourtant, l’année suivante, Flynn ne compte pas Simon parmi ses élèves.


Evidemment, Flynn et Simon ignorent que Marcia et Cecile sont aux commandes de cette manipulation.

Néanmoins, à force d’être privé de sorties, de ne plus voir les Garrison aux barbecues, Simon commence à avoir des soupçons. Après les cours, il décide d’aller voir Flynn pour lui faire part de ses observations. Le professeur en touche un mot à sa femme le soir même. Ses conjectures sont confirmées.

Flynn démissionne une semaine plus tard. Son divorce avec Cecile est prononcé dans les six mois qui suivent.


A la suite d’une dispute avec ses parents, mis au courant de ses escapades littéraires avec Flynn par l’ex-femme de celui-ci, Simon abandonne ses études en 2007. Flynn évoque le souhait de prendre ses distances, sous le joug de la culpabilité. Simon ne tente pas de le rattraper.

Il rencontre alors Marilou PORTER. Il a vingt ans, il tombe amoureux pour la première fois. Marilou semble alors être un palliatif pour contrer l'absence de Flynn.

Trois mois et demi après leur rencontre, ils se marient.
L’année suivante, la jeune femme tombe enceinte. Simon enchaîne les petits boulots, travaillant en parallèle sur son roman. Ils vivent avec les parents de Marilou, à Oakland. Le couple s’effrite, les mois passants.

Le retour de Flynn dans la vie de Simon, début 2008, n’arrange pas les choses. Marilou lui reproche ses absences à répétition et son manque d’investissement. Pour autant, Simon assiste à chaque échographie, chaque rendez-vous en rapport avec la grossesse de son épouse. Il veut être présent, il veut être un bon père.


Hiver 2008, Margaret Zelda HYNE est née. Le deuxième prénom, Zelda, est en hommage à F. Scott Fitzgerald, l’auteur préféré de Flynn et Simon. Pour Marilou, c’est la goutte d’eau. Six mois après la naissance de leur fille, elle demande le divorce.

Simon n’obtient pas la garde partagée, étant donné qu’il est sans emploi. Il tient quand même à vivre près de Margaret, et s’installe dans un hôtel miteux à Oakland. C’est dans ce même hôtel miteux qu’il termine son roman, en 2010.


Essuyant de nombreux refus, aucune maison d’édition ne veut de lui. Ils déclarent le roman « trop sombre », « pas assez élaboré », « excessivement vulgaire » et, le comble, « ne convenant pas à la société littéraire ».

Il recommence les petits boulots, malgré sa santé fragilisée par l’état insalubre de sa chambre d’hôtel.

Flynn lui rend visite, en juin 2011. Il lui annonce qu’il est atteint d’un cancer généralisé. Il lui explique calmement qu’il n’a pas assez d’argent pour se payer un traitement. Les frais médicaux s’élèvent à des sommes faramineuses, Simon sent son monde s’écrouler.

Quand Flynn quitte sa chambre, le jeune homme se jette sur son roman. Par chance, il se souvient qu’une maison d’édition serait susceptible de prendre son roman si « des modifications étaient possibles ». Simon sait très bien de quelles modifications il s’agit. Les éditeurs vont changer le roman de telle sorte qu’il convienne au grand public.

Le lendemain, Simon envoie le script, vendant ainsi son âme au diable.


La publication de son roman a lieu en Janvier 2012.
Très vite, il se place au rang de best-seller. L’histoire est assez originale et malsaine pour intéresser « la société littéraire ». Les éloges sont au rendez-vous, et les critiques assassines ne font qu’augmenter la popularité du roman. Simon devient le nouvel écrivain en vogue.

Il garde cependant la tête froide, il sait que ce succès n’est pas mérité. Il veut simplement être payé, pour pouvoir payer ce traitement à Flynn. Mais le processus est ralenti quand Simon apprend qu’il va devoir faire des salons de lecture et de nombreuses conférences à travers les Etats-Unis. La promotion devrait durer trois mois, lui assure son agent.

Le jeune homme n’a pas vraiment le choix. Il accepte, se disant que trois mois, ce n’est pas grand-chose. Il embrasse Margaret une dernière fois avant de partir.


Flynn décède en Mars. Simon stoppe dès lors la promotion pour revenir à San Francisco. Il n’assiste pourtant pas à l’enterrement, bien trop coupable. Il aurait pu le sauver. L’argent aurait probablement suffi. Simon réalise alors qu’il est entré dans le moule de la… société.

En colère, Simon part à Las Vegas de manière impulsive pour dilapider tout son argent.
Bien vite, il se trouve sans le sou et se fait expulser de la ville lumière après plusieurs excès de tempérament. Ce n’est plus tout à fait le même jeune homme posé, calme et tendre.

La disparition de Flynn l’a complètement changé.

Désormais à la rue, Simon fait du stop pour retourner à Oakland.
Marilou lui claque évidemment la porte au nez. Simon devient fou, il ne conçoit pas qu’elle puisse l’interdire de voir sa fille. Après une semaine, à force de faire le pied de grue devant chez elle, Marilou accepte de lui parler.

Elle lui propose un marché, il trouve un endroit où se loger, et il pourra revoir Maggie. Il est hors de question de lui donner une mauvaise image de son père, qu’elle n’a pas revu depuis des mois. Simon accepte.


Ses recherches le mènent vers le Centre Adam Hawkes, à San Francisco. Simon aurait préféré ne jamais revenir dans cette ville, sauf qu’il n’a pas le choix. Il se présente, et fait preuve d’une telle motivation, d’une telle fougue, qu’il est admis rapidement. Sa fille est le seul sentiment qui l’anime encore.

Le sept Décembre, le jour des 4 ans de Maggie, il intègre le Centre.