Le simple fait d’être dans une pièce au chaud, comblait Nicole de gratitude. Quand elle y repense son cœur se resserre par de pareils souvenirs. Rester plusieurs mois dans la rue sans pouvoir manger à sa faim, ou sans même pouvoir se laver, fut horrible. Elle se demande encore comment aurait-elle fait pour survivre? Il est vrai qu’elle doit beaucoup à ce centre de refuge, mais elle ne s’y sent pas encore à sa place. Cela ne fait que deux semaines qu’elle est ici, et Nicole essaie de prendre ses repères.

Par ailleurs, elle est agréablement surprise de voir de nouveaux résidents arrivés. Surtout qu'ils sont nombreux! Elle espère même pouvoir se faire de nouveaux amis, qui pourraient pourquoi pas la comprendre. Mais avec sa maladie, il est vraiment difficile pour elle de garder des amis. Qui voudrait d’une amie comme elle ? Avec des pensées suicidaires, et des désordres bipolaires ? Son propre père n’acceptait pas sa maladie, qui pourrait donc le faire ?

Quoiqu’il en soit, « Nicky » s’était décidé d’aller vers les autres. Alors qu’elle marchait dans le couloir pour aller en cuisine, Nicky croise une jeune femme qui a l’air un peu paumé. Instinctivement, elle se retourne vers elle.

- Je peux t’aider ?

Demande-t-elle avec un petit sourire. Elle se rappelle qu’elle aussi était un peu perdue au début. Le centre parait immense! Il accueille énormément de sans-abris et au début on peut avoir un peu de mal à s'y retrouver. Ce n'est qu'une question de temps et Nicky a finit par s'y habituer au fil des jours.

Abigail est encore une petite chose fragile qui n'a aucune marque, aucun repère dans ce lieu si grand et si bondé de monde... Elle sait qu'elle est ici dans le but de reprendre la vie là où elle l'avait laisser avant de rencontrer … De Le rencontrer, mais sait aussi que cela ne va pas être chose facile. Ce dernier est encore très présent dans sa vie, dans sa tête et elle sait que si jamais elle le voit à nouveau devant elle, elle risque de craquer encore une fois et de le laisser prendre le dessus sur sa volonté. Il faut dire qu'elle n'en a aucune, de volonté... Si ça n'est, pour le moment, celle d'essayer de s'en sortir par ses propres moyens.

Si elle a choisi ce centre, ça n'est pas par hasard. Abby a vu que sa mère travaillait ici. Elle la surveillait pendant une semaine, jour pour jour, et le chemin s'arrêtait dans cet endroit. Voilà pourquoi, aujourd'hui même, l'adolescente blonde a décidé d'intégrer le centre. Là, elle vient de recevoir un petit bout de papier sur lequel sa chambre est notée... Mais elle est tellement distraite par ses pensées, et elle a tellement froid et faim qu'elle s'est bien perdue... Elle se rend compte qu'il y a très peu de jeune de son âge dans le centre, ou en tout cas, elle n'en croise pas beaucoup. A part cette jeune femme, blonde, à qui elle pourrait très bien ressembler dans quelques années et qui lui demande si elle peut l'aider. Un peu timide et intimidée par tant de gentillesse – il faut dire, qu'à part sa grande amie Swann, elle n'a pas connu beaucoup de personne qui en ont fait preuve – Abby hésite avant d'affirmer d'un signe de tête.

Je... Cherche la chambre 110...

Articule t elle alors avant de se racler la gorge et de tousser un peu contre sa main. Il est rare pour elle de discuter avec les gens. Elle avait prit pour habitude d'affirmer d'un signe de tête, et ces derniers jours, il a fait tellement froid qu'elle est certaine d'avoir au moins une grippe.

Tu... Tu crois que je peux boire ?

La jeune fille qui s’était perdue dans ce gigantesque centre, ressemblait étrangèment à Nicole. Pourtant ce n’est pas quelque chose qui la frappa immédiatement, mais quand elle la vit face à elle, elle s’en rendit compte. Elle était blonde, aux yeux d’un bleu azur. Son regard était triste, et un sentiment de compassion submergea Nicky. Elle devait être beaucoup plus jeune qu’elle, et elle aussi s’était sans doute retrouvée dans la rue.

- Chambre 110 ?

Répéta Nicky, qui s’aperçut qu’elle s’était tout simplement trompé d’étage.

- Au fait c’est juste en bas, je vais t’accompagner.

Il est évident que la jeune fille venait d’arriver. D’une part parce qu’elle n’avait pas encore trouvé sa chambre, d’autre part parce qu’elle semblait encore fragile psychologiquement. Et Malgré tout, Nicky l’était aussi. Alors que la rue et le froid avait laissé des marques à la jeune fille, elle toussait et sans doute était-elle tombé malade. Elle se demandait si elle pouvait boire quelque chose, et ce sentiment de compassion envahit de nouveau Nicky.

- On va passer à la cuisine avant. C’est au bout du couloir…

Indique-t-elle en lui faisant signe de venir avec elle.

- Comment tu t’appelles ?

Demande-t-elle ensuite, sur un ton le plus amical qu’il soit.

Abby n'avait encore eu le temps de rien faire dans cet immense centre. Elle pensait que la première chose qui lui ferait envie quand elle arriverait, ça serait de parler un peu avec sa mère, mais il faut croire que pour le moment, elle a juste envie de trouver sa chambre et de piquer un petit roupillon après avoir pris une bonne douche. Peut être même boire et manger un petit quelque chose avant de faire tout ça ! Il y a tellement de chose qu'elle ne fait plus depuis un bon moment, qu'elle se demande si elle va réussir à revenir à « la normale ».
Perdue dans les couloirs du centre, elle croise alors une petite blonde, presque comme elle mais en plus jolie et un peu plus âgée aussi ; plus mature. Celle ci lui propose son aide et c'est avec plaisir qu'elle lui avoue chercher la chambre 110.

Oh... Merci.

Souffla t elle, émue par une telle gentillesse. Sa gorge et son nez sont un peu prit, mais cela ne l'empêche pas de lui offrir un sourire. Puis, timidement, elle lui demande si elle pourrait, possiblement, boire quelque chose. Elle qui n'a pas l'habitude d'avoir le droit de faire ci ou ça, c'est très difficile de voir qu'ici, si elle a besoin de quelque chose, elle n'a qu'à demander. Cela se fera peut être plus naturellement avec le temps.

Lorsqu'elle entend le mot « cuisine », cela lui paraît bizarre. Cela fait un bon moment qu'Abigail n'a pas mit les pieds dans une cuisine, ni même dans une pièce en fait ! A part quelques squattes... C'est vraiment étrange de se retrouver dans un endroit comme celui là, du jour au lendemain. La suivant de près, Abigail vient finalement se mettre à côté d'elle non sans tousser encore une ou deux fois.

Abigail... Et toi ?

La jeune femme, semblable à Nicky, blonde aux yeux bleus, a visiblement besoin d’aide. Et c’est tout naturellement que Nicky vient la renseigner. Elle l’accompagne jusqu’à la cuisine, en profitant de ce moment pour faire les présentations. Elle apprend alors qu’elle s’appelle Abigail, joli prénom, qu’elle retient de ne pas lui signifier. Elles viennent tout juste de rentrer dans la cuisine, qui se trouve tout près finalement.

- Moi c’est Nicole. Mais tout le monde m’appelle Nicky.

Se présente-t-elle à son tour, dans un sourire. Elle est ravie de pouvoir faire connaissance avec une nouvelle personne, et peut-être même qu’elle pourra l’aider à s’intégrer ici ? Ce ne sera pas bien difficile même sans son aide, les personnes sont tellement accueillantes ici. Surtout le personnel, le centre de refuge a une équipe de conseillers génialissimes. On se sent comme à la maison.

- Tu peux te servir dans le frigo si tu veux, il y a des paquets de biscuits dans le placard aussi.

Nicky ouvre alors le placard, et lui montre les paquets en question. Ici on ne connait plus la faim, on mange suffisament.

- Tu as quel âge ?

Demande-t-elle ensuite, afin d’en apprendre un peu plus sur la petite Abigail.

Perdue entre les couloirs du centre, Abigail ne sait absolument pas où peut être sa chambre. Elle a eu un petit papier sur lequel son numéro de chambre est noté, mais trouver le bon étage et la bonne chambre, c'est une autre histoire. Heureusement pour elle, une jolie blonde aux yeux bleus, qui aurait très bien pu être sa grande sœur, lui indique qu'elle s'est trompée d'étage mais qu'elle veut bien lui montrer le chemin. Mais avant ça, elles décident de passer par la cuisine pour se nourrir un peu. En effet, Abby aimerait manger un peu avant de se rendre dans sa chambre.

Nicky... Tu es ici depuis longtemps ?

Lui demande t elle en la regardant, se décoinçant un peu au fil du temps passer avec elle. Elle n'a pas l'air méchante et en plus, il semblerait qu'elle ait envie de s'occuper d'elle. Ou du moins, que cela ne la dérange pas de l'aider pour aujourd'hui. Se faire une place dans ce genre de centre, cela ne doit pas être facile... Abigail est une personne sociable, mais elle est aussi quelqu'un de très timide.
Tandis qu'elles arrivent dans la cuisine, donc, la jeune femme apprend qu'elle peut se servir où dans le frigo, ou dans les placards. C'est un fait rare pour la demoiselle de voir un frigo ! Sans doute doit il être rempli en plus. Elle l'ouvre alors, assez timidement, et découvre une paquet de yaourts, des fruits, ou encore des boissons sucrées. Hésitante, ses yeux brillent lorsqu'elle tend la main vers un des pots de yaourt. Puis, elle regarde en direction de Nicky qui lui montre un paquet de gâteaux secs. Elle tend alors la main, un sourire aux lèvres.

19 ans. Et toi ?

Lui demande t elle en ouvrant l’opercule du yaourt pour commencer à y tremper son doigt dedans. Une cuillère ? Pas besoin ~

« Nicky... Tu es ici depuis longtemps ? » demanda Abigail. Nicole secoua la tête négativement. Elle n’était pas ici depuis très longtemps, mais suffisamment pour connaitre quelques personnes dans le coin.

- J’ai 22 ans.

Répondit Nicole, lorsqu’Abigail l’interrogea sur son âge. Elles avaient un peu près le même âge à trois ans de près. Nicole espère la connaitre un peu plus. Elle voit bien qu’Abigail n’a pas encore pris ses repères dans le centre. Effectivement, elle semble un peu réservée. Nicole le remarque suivant ses gestes, très timides et hésitants. Elle remarque aussi qu’elle ne se sert pas d’une cuillère pour manger son yaourt, et sur le coup Nicole est assez amusée.

- Tu sais ici, tu peux utiliser des cuillères !

Dit-elle dans un rire. Loin de vouloir la mettre mal à l’aise, Nicole trouva la situation assez drôle. Abigail semblait avoir resté un bon bout de temps dans la rue. Elle se leva donc de sa chaise et sortit une cuillère du tiroir.

- Enfin rien t’oblige, hein !

Elle ne voulait pas avoir l’air d’insister, ou encore moins de paraitre grossier. Nicole aussi a vécu dans la rue, elle comprend donc tout à fais la réaction de la jeune blondinette. Elle lui demande enfin :

- Ca fait longtemps que tu es dans la rue ?