C'était au tour de Charlène de faire les courses aujourd'hui. Avec Emily, elles avaient convenu qu'elles feraient les courses chacune leur tour, une semaine sur deux et cette semaine, c'était au tour de la louisianaise. La voilà donc qui revient du supermarché, et qui, après avoir prit les transports en commun, a encore quelques mètres à parcourir à pieds pour rejoindre l'appartement qu'elle partage avec sa meilleure amie. Il n'y a pas grand chose dans ses sacs : du shampooing, de la confiture, quelques bricoles pour le repas de ce soir mais aussi des paquets de mouchoirs ou encore une nouvelle casserole, l'ancienne étant vraiment rayée. Bien que n'ayant pas grand chose par rapport à d'habitude, elle se demande comment elle a fait pour faire rentrer tout ça dans ses deux sacs en plastique... Mais bon ! C'est rentré et c'est l'essentiel.

Poussant tout de même quelques soupirs de devoir se taper tout ce trajet toute seule avec ses sacs, il faut avouer que la jeune femme est un peu en mode « grognon ». Elle est épuisée par son travail en ce moment, avec la sortie de ce blockbuster très attendu, et est aussi un peu déçue de ne pas avoir pu le voir avant tout le monde ! Mais elle s'imagine le regard des personnes du foyer quand, comme n'importe qui, ils pourront avoir le film Le Hobbit devant leurs yeux ! Elle pourra même partager cet instant avec eux, et cela lui fait chaud au cœur.

Le sourire lui revenant rien que d'y penser, elle se retrouve de suite beaucoup moins heureuse lorsqu'elle entend un bruit qui ne lui annonce rien de bon... Et pour cause, ses courses viennent de s'éparpiller par terre, son pot de confiture de littéralement exploser sur le trottoir. Charlie regarde un instant ce spectacle qui vient d'avoir lieu sous ses yeux, les poignets soudainement plus légers, puis, elle soulève les deux plastiques complètement troués avant de fermer les yeux et de prendre une profonde inspiration.

Eh merde !! ><

*CLATCH*

Eh merde !! ><

Luke ne continua pas son chemin comme beaucoup auraient fait, mais il trouvait ça juste pas sympa et même sadique de laisser quelqu'un qu'on croise dans la merde sous prétexte que ce ne sont pas nos affaires. S'arrêtant près de la jeune femme, il ramassa un paquet de lasagnes et deux trois autres trucs avant de lancer à leur propriétaire :

On devrait leur faire un procès pour nous vendre ça dans des sacs aussi merdiques, n'est ce pas ? dit-il avec un léger sourire à l'inconnue. Est ce que je peux me permettre de vous proposer mon aide ?

Bin quoi ? Non, non, c'était pas un plan drague, quoique la demoiselle était mignonne et avait de ravissants yeux bleu-gris, mais c'était juste qu'il était de bonne humeur et qu'il avait du temps à perdre. Il avait un rendez-vous cet après midi là mais rien ne pressait, il n'avait pas convenu d'une heure avec le client alors y'avait pas de soucis. Et puis son patron ne trouverait rien à redire ! ... Ou alors, il serait obligé de s'expliquer aussi vu qu'il était son propre patron, héhé ... Hem ... En tout cas, par pure solidarité - parce que ça lui était déjà arrivé mais pas de manière aussi catastrophique - il était tout prêt à prêter main forte !
De toute façon, cette enseigne n'était qu'une chaîne radine qui non contente de vous extorquer vos deniers sous prétexte qu'elle se trouvait être un magasin de proximité, s'amusait à rogner de partout pour se faire des marges confortables. Bon, tout ce qui était alimentaire était contrôlé quoi, mais leur électroménager était le pro du court-circuit ! Foutus produits chinois ...

Si la vie était un dessin animé, sans doute de la fumée sortirait elle des oreilles de la jeune femme. Ses lambeaux de sac entre les doigts, elle reste là, sans bouger, à regarder ses courses éparpillées par terre. Tant pis, la confiture, ça sera pour un autre petit déjeuner... Elle pousse un gros soupir et se met accroupi, poussant d'un geste gracieux de la main les mèches de cheveux qui viennent se mettre devant son visage.

Puis, une voix masculine lui parvient et Charlie se rend compte qu'un jeune homme est à ses côtés, en train de lui dire qu'ils devraient faire un procès aux personnes qui leur vendent ces sacs pourris. La projectionniste ne peut pas être plus d'accord avec lui. Lui offrant un léger sourire elle affirme d'un signe de tête.

Carrément. Je suis entièrement d'accord avec vous !

Lui répond elle avant d'affirmer d'un signe de tête lorsqu'il lui propose son aide. Des personnes serviables, il n'y en a pas beaucoup alors, quand une vient lui proposer de l'aide, il n'y a pas de raison de refuser.

A qui ai je l'honneur ? Superman ?

Demande t elle avec un regard en coin vers son « sauveur », tandis qu'elle se met à ramasser les quelques courses qui se trouvent par terre, évitant avec soin les bouts de verres laissés par le pot de confiture. La voir comme ça étendue sur le trottoir, cela lui fait vraiment de la peine... Puis, Charlie repose son attention sur lui, attendant une réponse avec un sourire aux lèvres.

La zénitude de la demoiselle l'impressionnait assez ... A sa place, il aurait pesté plus que ça, à se faire entendre pendant cinq minutes jusqu'au trottoir d'en face et il serait peut être même allé jusqu'à shooter dans ce qu'il restait du pot de confiture... Bon, ptet pas, mais ça l'aurait démangé. Peut être que sa présence soulageait déjà quelque peu sa camarade d'infortune, ça serait cool pour elle en tout cas. Ramassant alors la poêle et les deux trois trucs qui restait en sa compagnie, il se redressa et ne put s'empêcher d’émettre un petit rire :

Haha, oui, mais il ne faut révéler mon identité secrète à personne, je compte sur vous ! Mais je ne peux m'empêcher de porter secours aux poêles en détresse... finit-il en brandissant le dit instrument comme s'il s'agissait d'un trésor.

Elle avait de l'humour en pareille situation en plus, elle devait être de bonne compagnie. Se penchant à nouveau, tout en évitant de perdre tout ce qu'il tenait, il reprit son sérieux et examina le reste. On pouvait peut être s'en sortir sans aller chercher un autre sac ... Fourrant tous ses objets dans la poêle pour en s'en servant comme plateau, il la tendit à la jeune femme le temps de ramasser un des sacs déchirés et l'autre bout de débris qui était sensé être le même que le premier.

Bon, on peut au moins essayer avec ce qu'il reste de celui-là et l'autre truc là, on peut l'utiliser pour emmener le verre à la poubelle la plus proche. J'espère qu'elle est pas à trois kilomètres...

Il commença donc à ramasser les morceaux de verre gluants et à la disposer sur le plus gros morceau de plastique qu'il restait, pour le coup, ça allait être sympa à transporter ça...

Charlie est calme vu comme ça, mais elle bouillonne de l'intérieur. Ce qui l'agace le plus, c'est de voir un pot de confiture gâché par ces sacs pourris qui n'ont pas tenu la route pour ses courses. Ce pot, elle comptait bien en faire plusieurs petit déjeuner avec de bonnes biscottes et lorsqu'elle était sans abris, ça n'était pas le genre de chose sur lequel on crachait ! Vraiment, cela la foutait en rogne que l'on puisse arnaquer les gens comme ça, mais elle essayait de se contenir pour ne pas passer pour une dingue qui hurler à n'importe quelle occasion. Que quelqu'un vienne vers elle pour l'aider, elle trouve ça assez étonnant mais agréablement surprenant.

Ah les poêles ! C'est ça votre truc...

Lui répond elle avec un nouveau sourire avant de lui tendre la main.

Moi c'est Charlie.

Se présente t elle, toujours souriante. Vaut mieux qu'elle le fasse maintenant puisqu'il est certain que dans quelques minutes, ils auront les mains prises. Pour porter tout ça, ils auront sans doute besoin de leurs quatre mains. Elle le laissa faire, prit alors la poêle remplit de ses courses dans ses bras et se mordit l'intérieur de la joue de voir toute la confiture éparpillée sur le sol. Rien que de penser que ça va finir à la poubelle...

Y'a les trois poubelles devant mon appartement... C'est pas très loin.

Explique t elle alors en haussant les épaules. Elle avait envie de lui dire de faire attention de ne pas se couper, mais se souvint que c'est lorsque l'on disait ça que cela arrivait après alors, elle se retint. Charlène ramassa quelques courses qui se trouvaient encore à ses pieds et les fourra dans sa poêle.

Merci beaucoup en tout cas !...

C'est clair que sur le coup, il n'avait pas du tout pensé à se présenter. Le coup du "Superman" aurait du lui faire penser mais bon. C'est sûr que c'était toujours plus sympa de savoir à qui on s'adressait, alors, il se redressa et serra la main que la fameuse Charlie lui tendait - peut être un peu trop fort - et lui répondit avec un petit clin d'oeil :

Ah, je m'attendais à avoir secouru Loïs Lane, mais Charlie me va aussi, ça changera un peu. Moi c'est Luke.

Charlie ... se devait être un diminutif; puisque que ce prénom était plutôt rare pour une femme - et là il n'y avait aucun doute, s'en était bien une ... même si des fois on a de drôles de surprises ... - mais c'était mignon, ça lui allait bien. En tout cas, elle semblait tout de même pennée en regardant sa jolie confiture rouge gélatineuse colorer le trottoir, mais elle passa à autre chose en embarquant ses courses du mieux qu'elle pouvait. Lui finit de ramasser les plus gros morceaux et se saisit du débris de sac qui servait de poubelle à verre et attrapa ce qu'il restait des courses que sa camarade n'avait pas pu prendre. Tout prêt à la suivre - parce qu'ils étaient bien partis à papoter gentiment alors pourquoi ne pas continuer le chemin ensemble - il se mit en route à sa suite :

Pas de quoi !

Ne sachant pas trop jusqu'où elle allait l'emmener, il se contentait de suivre en s'assurant dans temps à autre que les morceaux de verre n'allaient pas déchiqueter le plastique encore plus qu'il ne l'était. Disons qu'il n'avait pas trop envie de se retrouver avec un pantalon couvert de confiture si ça devait arriver, alors autant prendre des précautions. Passant maintenant au tutoiement* vu que les présentations étaient faites, il engagea la conversation.

Alors Charlie, tu fais quoi dans la vie à part faire des courses qui tournent mal ?


*Ouais je sais, en anglais ou américain ça change pas grand chose mais vu qu'on écrit en français ... x)

Si il ne voulait pas lui donner son nom, Charlie se contenterait de Superman de toute manière. Cela lui allait bien en plus alors pourquoi pas~ Un sourire aux lèvres, la demoiselle se présente alors et lui tend la main pour qu'il puisse la serrer et lui dire à son tour comment il se nomme. Elle apprend donc qu'il s'appelle Luke et qu'il s'attendait à ce qu'elle s'appelle Lois Lane... Serait il en train de la draguer par hasard ?... Lois et Superman, ne sont ils pas un couple du cinéma ?

Luke Kent donc.

Lance t elle souriante avant de lâcher sa main pour prendre la poêle dans laquelle il y a toutes ses courses. Se focalisant quelques secondes sur sa confiture étaler par terre qui lui fait de la peine, elle pousse un soupir et va de l'avant. Rest In Peace. Elle le remercie sincèrement avant qu'ils n'aillent ensemble vers chez elle ; puisqu'il y a les poubelles et l'appartement de Charlie dans cette direction. Ce jeune homme semble très sympathique ! Et en plus, il l'aide à ramener ses courses. Il aurait pu la laisser dans sa misère. Tandis qu'ils marchent l'un à côté de l'autre, il lui demande ce qu'elle fait dans la vie (à part râter ses courses). La jeune femme se met alors à rire et lui répond rapidement.

J'attire les jolies garçons dans mon antre et je les torture jusqu'à ce qu'ils deviennent mes esclaves (a)

Un sourire en coin, elle attend une réaction de sa part. Mais elle décide d'être un minimum sérieuse.

Je suis projectionniste, dans le cinéma du quartier.

Humour quand tu nous tiens... Y'avait pas de quoi s'ennuyer avec Charlie, quand elle y allait, elle faisait pas semblant et apparemment, dès qu'on rentrait dans son jeu, on ne l'arrêtait plus. Luke l'aimait déjà ! En tout cas cette rencontre avait tout pour égayer sa journée. Pas qu'elle était morose, mais c'est toujours sympa un petit imprévu de ce genre, un petit hasard qui te fait passer du bon temps.
Voilà qu'elle se faisait passer pour une prédatrice impitoyable, elle avait de ses idées ! Mais loin de trouver ça agaçant, Luke se laissa aller à la blague :

Ouuuh, c'est pas rassurant ... Je dois me sentir en danger ?

Bin ouais quoi, il allait pas prétendre plus que ça, ça aurait fait un peu trop sûr de soi là ... Enfin, même en temps normal, il n'allait pas jusqu'à se dire beau gosse, mais il savait qu'il avait un certain charme, mais ça s'arrêtait là. Et puis c'est elle qui avait commencé après tout, elle semblait laisser croire que si elle était vraiment cette prédatrice, il avançait droit dans la gueule du loup alors ...
Mais après tout, sa manière de tout tourner à la rigolade, il crut un instant que c'était surtout pour qu'elle puisse passer un bon moment à papoter sans en dire trop sur elle, mais il avait tort. Déjà, si c'était réellement le cas, elle ne s'aventurerait pas à accepter son aide jusqu'à son propre appart, mais ensuite, en reprenant un peu son sérieux, elle lui répondit réellement et lui avoua être projectionniste dans le cinéma du coin. Du coup, il n'y avait même pas anguille sous roche, c'était juste une fille sympa qui aimer délirer.

Jsais pas en quoi ça consiste mais ça a l'air cool, juste le fait de travailler dans un ciné. Genre, c'est toi qui met les films en route ?

Charlie était d'humeur taquine et joueuse. Elle trouvait le jeune homme fort sympathique et, il faut l'avouer, assez mignon. Quand il lui demande ce qu'elle fait dans la vie, elle ne peut s'empêcher de lui répondre par l'humour. A le voir, Charlène pense bien qu'il ne la prendra pas au sérieux... d'un autre côté si c'est le cas, c'est qu'il a de sérieux problème psychologique ! Quand il lui demande si il doit se sentir en danger, elle se mordille la lèvre inférieure et lui offre un clin d'oeil avant de lui répondre.

T'as qu'à venir jusque chez moi, on verra bien~

Oui. Charlie était un peu aguicheuse. D'un autre côté, le jeune homme le cherchait un peu ! Il ne semblait pas dérangée par sa compagnie et c'était tant mieux puisqu'elle non plus, cela ne la dérangeait pas d'être accompagné par Luke. Il avait de l'humour, il était charmant et semblait de son côté, beaucoup l'apprécier. Elle le trouve plutôt beau gosse donc, ouais, sans doute a t il de quoi se sentir concerné par ses dires. Bien évidemment, elle n'est pas sérieuse. Elle n'est pas une psychopathe et très rapidement, elle lui avoue alors qu'elle exerce le métier de projectionniste. Son job lui plaît énormément et sans doute ne remerciera t elle jamais assez le centre Adam Hawkes pour ce qu'il a fait pour elle. Se découvrant une passion pour le cinéma, Charlène est vraiment comme un poisson dans l'eau dans son job.

Luke lui demande alors en quoi cela consiste mais lui affirme aussi que ça a l'air cool, juste parce qu'elle travaille dans un cinéma. Cela la fait sourire car ça n'est pas la première fois qu'elle entend ce genre de remarque.

C'est ça ! Je programme la température des pièces, l'heure de lancée et d'arrêt des films ; et c'est aussi moi qui choisi quelles pubs se trouvent au début de quel film !...

Explique t elle avec excitation avant de le regarder.

Et toi alors ? A part sauver les poêles du trottoir, tu fais quoi ?

Charlie était maline, elle avait trouvé la bonne parade pour ne pas en dire trop sur ce qu'elle pensait de lui, même si son expression avec un petit côté coquin qui se mêlait à la plaisanterie semblait parler pour elle. Mais il ne s'agissait que de rigolade entre deux inconnus. Lui avait décidé de l'aider et elle avait eu la bonne idée de jouer d'humour pour passer le temps. Peu à peu, on avait l'impression qu'un petit flirt s'en était mêlé, mais rien de bien défini, ils passaient tous deux un bon moment malgré cette mésaventure et c'est tout de qui contait réellement pour Luke.

Mais ce qui était tout aussi sympa était le fait qu'en dehors de la plaisanterie, ils en profitaient tout de même pour faire connaissance. Quand elle lui parla de son métier plus en détail, Luke finit par se demander ce que les autres employés du ciné pouvaient faire vu qu'elle s'occupait quasiment de tout. Il devait rester un ou une caissière, une personne pour l'entretien et ça devait bien être tout... Après, tout dépendait de la taille du ciné et du nombre de salles à disposition. En tout cas, elle semblait réellement aimer son métier, il y avait une petite étincelle dans son regard qui ne trompait pas. Faire un métier qu'on aime, c'est un luxe et un bonheur...

Mes amis à moi s'appellent tuyauterie, circuit électrique et clé à mollette ! lui lança-t-il en guise de réponse à sa question. Souriant, il reprit : Je suis artisan en plomberie et électricité. Je fais autant chez le particulier que dans les boîtes tant que je peux tout faire sans main d'oeuvre, et je m'accorde même un jour de congé pour donne un coup de main au Centre Adam Hawkes ! Je fais dans l'humanitaire à ma façon quoi ...

Jamais Charlie n'aurait imaginé que de faire tomber ses courses auraient pu être une bonne expérience ! Elle reste tout de même bien dégoutter pour son pot de confiture – elle n'a toujours pas avalé qu'elle ait réussi à le briser par terre et à en foutre partout – mais rencontrer des personnes aussi charmante quand on est dans le besoin, c'est juste génial. Elle, elle aurait toujours voulu qu'on lui montre le chemin à suivre quand elle était jeune, plutôt que l'on l'exile à San Francisco, parce qu'elle était enceinte... Il lui arrive d'ailleurs de rejeter la faute de sa fausse couche sur le dos de ses parents. Si ils avaient été plus compréhensifs, peut être seraient ils grands parents à l'heure qu'il est !... Rien que d'y penser, elle a l'impression de le sentir bouger à nouveau en elle et ne peut retenir un léger mouvement vers son ventre... Revenant alors immédiatement à la réalité, elle chasse ses mauvais souvenirs pour laisser paraître un beau sourire sur ses lèvres.

Le Superman, Luke Kent, qu'elle a à côté d'elle est mignon en plus d'être un gentleman alors, autant continuer de voir le bon côté des choses ! Continuant donc les présentations, elle lui apprend qu'elle est projectionniste et lui demande ensuite ce qu'il fait lui, pour gagner sa vie. Il lui explique que son quotidien est à base de tuyauterie, de circuit électrique et de clé à mollette ce qui lui arrache un nouveau rire. Mais ce qu'il lui fait tilt, c'est quand il lui parle du centre Adam Hawkes.

Ah oui ?... Je suis une ancienne résidente du centre.

Explique t elle, sans honte. Même si parler du passé lui fait un peu mal, elle n'a pas honte d'en discuter. Venir dans ce centre est sans doute la meilleure chose qu'il lui soit arrivé alors, elle n'a pas à avoir honte !

Et j'interviens toujours auprès des résidents moi aussi !... On a instauré un vidéo club avec une amie.

Le plus naturellement du monde, Charlie lui répliqua, non pas simplement qu'elle connaissait ce fameux centre d'accueil pour sans abris, mais qu'elle a elle-même été l'une de ses pensionnaires. Sur le coup, Luke se demanda s'il n'en avait pas trop fait. C'était bien de l'"humanitaire", c'était un mot juste pour ce qu'était son aide dans ce foyer, mais il aurait pu décemment le dire autrement. Là il semblait fier de sa bonne action et pour quelqu'un qui a connu cet environnement en tant que résident, il aurait pu passer pour quelqu'un d'irrespectueux. Ce n'était pas le cas, loin de là, mais Charlie ne pouvait pas s'en douter après quelques minutes ...

Pourtant, elle ne sembla pas du tout offusquée par ses mots et continua la discussion dessus. Apparemment, elle faisait partie de ceux qui s'en étaient tirés avec excellence grâce au centre, ça faisait plaisir de voir que tout cela marchait réellement et que toute cette aide ne servait pas à rien. Et puis, voir les anciens venir soutenir ceux qui ont pris leur place dans ce foyer de la nouvelle chance, c'était beau à savoir. Souvent, les personnes qui étaient d'un meilleur soutien étaient celles qui avaient vécu la même chose et qui pouvaient parler de leurs expériences. Au moins, elles savaient de quoi elle parlait.

Ce malaise que Luke avait eu passa bien vite en vu que sa camarade en parlait avec simplicité. Il continua donc sur le sujet :

Ah ok... Je suis content de voir que tu, enfin, que tu aies trouvé une nouvelle vie... Donc en fait, ça se trouve qu'on aurait pu se connaître avant ! J'aide là bas depuis un peu plus de six mois je crois, on s'est peut être croisés sans le savoir !

Souriant à nouveau, il ne chercha pas à en savoir plus. Le passé était le passé et puis personne ne racontait son histoire à des inconnus comme ça, même si c'était un inconnu sympa.

Bien évidemment, avoir un passé de SDF, de jeune fille qui a perdu son bébé, avant de passer par un centre pour réussir à se réhabiliter, à trouver à nouveau une vie normale, ça n'est pas quelque chose de simple à raconter. Mais ça ne dérange pas non plus Charlie ; elle n'a pas honte de ce qu'elle a fait et aurait préféré pouvoir s'occuper de son enfant... Et même si elle se dit qu'elle aurait sans doute eu une autre vie en restant auprès de ses parents, avec leur éducation, elle préfère la vie qu'elle a aujourd'hui. Cela lui a permis de rencontrer des personnes formidables, de réussir à retomber sur ses pieds et de se forger un caractère un peu plus fort que celui qu'elle avait au début de son adolescence. Il arrive à la projectionniste de se demander comment s'en sorte ses parents sans elle, si ils la recherchent ou si ils ont fondé une « nouvelle » famille...

Mais pour l'instant, elle est en train d'avoir une discussion des plus agréables avec un jeune homme qui est à son goût~ Non, elle n'est pas offusqué par ses mots et trouve que d'offrir ses services au centre est quelque chose de louable. Ça n'est pas parce qu'elle a vécu au centre et que maintenant, elle a décidé de rester lié à celui ci qu'elle vaut mieux que Luke. Pourtant, quand ils se mettent à parler du centre, de son expérience au sein du centre, il semble un peu moins à l'aise... La jeune femme trouve ça plutôt mignon, pour tout dire.

C'est bien possible !... Mais je n'étais pas du genre à rester à l'intérieur. Dès que j'ai pu, je me suis mise à travailler et je restais au centre uniquement pour dormir, parfois pour manger.

Explique t elle avec un sourire.

Ceci expliquait cela, parce qu'il était presque persuadé de ne jamais avoir vu Charlie avant ce jour là. Si elle était plutôt du genre hyper motivée et à ne pas tenir en place et que dans son cas, il passait une demie journée - voire plus - par semaine au centre, multiplié par le nombre de résidents, de salles et de couloirs ... enfin bref. Tout ce qui était sûr c'est que personne n'aurait dit que la jeune femme avait été une sans domicile à une époque. Elle passait inaperçu dans une foule, une mortelle parmi les mortels ..., ou presque, parce que son physique était assez attrayant pour qu'on ait l'envie de se retourner sur son passage. Au goût de Luke, ce n'était pas une mannequin, et tant mieux ... qui serait attiré par un sac d'os tellement fade qu'il faut le peinturlurer pour le remarquer ?!

Tous deux marchaient en bavardant et malgré qu'ils ne se connaissent que depuis quelques minutes, le dialogue était très sympathique et Luke aurait facilement été à raconter sa vie à cette demoiselle, ils parlaient vraiment sans se soucier et ça faisait franchement du bien. Bien entendu, ce n'était pas comme s'ils se côtoyaient depuis des années, mais la limite entre "inconnu" et "connaissance" était presque dépassée.

Aaah, bon dieu, j'ai les doigts qui poissent maintenant, haha... C'est pas trop loin ? C'est pas que je suis pressé de te quitter, loin de là, mais j'ai franchement peur que ça finisse par terre ...

Tout sourire, Luke se demanda justement ce qui était le mieux ? Que le voyage dure plus longtemps pour profiter de cette rencontre ou d'arriver rapidement pour lâcher ce truc écoeurant et reprendre le cours de sa vie ?

Charlie était beaucoup moins sauvage qu'à l'époque où elle était adolescente ; celle là même où elle enchaînait les conneries, après avoir perdu son bébé. Elle a désormais le désir du contact, elle a envie de discuter avec les autres, de se faire des amis et de leur montrer que tout va bien, tout en faisant de son mieux pour les aider. Et puis, cela ne la dérange pas de se laisser aider par un autre ! Surtout si le garçon est mignon, et c'est le cas.
D'ailleurs, il se trouve que Luke travaille au centre dans lequel elle était avant d'enfin se réhabiliter dans la vie active. Mais il ne lui semble pas l'avoir vu ; sans doute s'en serait elle souvenu si ça avait été le cas.

Leur discussion était assez plaisante (tout comme le physique du garçon d'ailleurs~) et ils se rapprochent de plus en plus de l'appartement de la jeune femme, qu'elle partage avec son amie. Il était déconcertant de voir qu'elle discutait avec lui comme si ils se connaissaient depuis longtemps. Parfois, cela l'étonne elle même de voir qu'elle peut se faire des amis aussi rapidement.
Son interlocuteur semble s'impatienter quand à ce qu'il a dans les mains et elle peut le comprendre. Un sourire aux lèvres, Charlène lui répond alors.

Non non, regardes ! Tu as les poubelles de verres juste là.

Annonce t elle en la lui désignant du doigts. C'est trop romantique de parler poubelle XD Et la situation fait bien rire la jolie brune.

J'habite pas très loin, par là.

Non non, regardes ! Tu as les poubelles de verres juste là.

Suivant des yeux la direction qu'elle pointait de son index, Luke poussa un gros "Aaaaah" avec un sourire franc et amusant sur le visage. Ne réagissant pas de suite à ce qu'elle avait ajouté par la suite, il se dirigea d'un pas caricatural vers le fameux conteneur à verre, s'y arrêta et passant la main et le morceau de sac à l'intérieur, il secoua le tout pour que le verre y tombe. Ressortant sa main et tenant toujours le plastique, il prit un air dégoûté en le regardant et essaya tant bien que mal d'emballer le reste de confiture pour éviter d'en avoir trop sur les doigts. Mais il avait beau tourner autour des poubelles, il n'y avait pas le nécessaire pour les ordures ménagères.

Ah bah bien sûr, y'a tout sauf ça ... Jvais le garder jusqu'à la prochaine poubelle alors, ça le ferait mal de le laisser dans un coin ... Regarde, j'en ai plein les doigts bwaaah ! fit-il en s'approchant d'elle, faisait comme s'il l'attaquait avec des mains crochues. Il ne poussa pas le vice jusqu'à lui en mettre sur la figure mais finit par sourire et s'essuyer les mains sur son pantalon. Je sentirais la fraise pour une fois tiens ... Et maintenant, j'ai les mains quasi libres alors je peux te décharger, passe-moi en un peu là., après je te suis.

Oui, il s'entendait bien avec elle et avait envie de la faire rire. En tout cas, comme à son habitude - sauf avec certains clients - il était totalement lui-même à ses côtés. Il joignit alors le geste à la parole et lui prit deux-trois trucs des mains en souriant, gardant le plastique poisseux dans l'autre main. Il risquait de salir un peu les affaires, mais au pire ça se lavait hein, et vu que ça avait déjà fini par terre ...

Le regardant faire, Charlie a l'impression d'être devant un gamin~ Elle se demande si c'est parce qu'il s'est détendu et que du coup, il se lâche un peu avec elle, ou si il est comme ça. En tout cas, cela la fait sourire. S'arrêtant pour l'attendre – de toute manière, il ne reste pas beaucoup de chemin pour arriver jusque chez elle – elle le regarde faire et se demande si elle se doit de l'inviter à monter chez elle ou non ?... Va t il le prendre pour une « invitation douteuse » ou juste pour une façon de le remercier de l'avoir aider à apporter toutes ses affaires jusque chez elle ?

T'es vraiment dingue !

Lui répond elle en riant se reculant pour ne pas prendre la confiture sur le visage. C'est assez écœurant rien que de voir le poisseux liquide avec du gravier coller dessus en plus... Elle avait pourtant l'air appétissante, la confiture, quand elle était encore dans le pot. Louant son comportement de gentleman, elle lui passe quelques unes de ses affaires avec plaisir pour qu'ils arrivent enfin jusque devant chez elle.

Une fois qu'ils y sont, Charlène lui sourit et hésite un instant, encore une fois. Elle finit par lui faire un signe de tête et lui dépose une autre des fournitures qu'elle avait acheté, dans les mains pour pouvoir trouver les clés de l'appartement dans le petit sac à main. Une fois la porte ouverte, elle lui pose une question.

Tu veux monter ? ^^

Et pour ne rien gâcher, elle avait un beau rire. La voir sourire avec ses magnifiques yeux pétillants, Luke aurait pu dire qu'il était sous le charme... mais il ne sautait pas sur une fille comme ça hein, c'était pas un animal. Si vraiment elle lui plaisait au pire il lui proposerait de se revoir ou au moins de lui donner son numéro mais il évitait d'emballer les filles à la première rencontre, c'était pas assez subtil pour lui...
La subtilité ou la passion du jeu ? Hm, peut être qu'il aurait été ruiné en moins de deux s'il avait habité à Vegas, mais c'était pas ce genre de jeux qu'il aimait. Prendre des risques inutiles et jeter son argent par les fenêtres, pas trop non, mais jouer au chat et à la souris, avec complicité, bonne humeur et rigolade et un peu de flirtage pour le côté sérieux ou câlin ... et il avait beau y réfléchir, il avait déjà pas mal joué à tout ça avec Charlie, même s'ils se connaissaient que depuis quelques minutes.

Ils arrivèrent enfin devant l'immeuble et Luke s'empressa de se débarrasser du truc collant qu'il tenait depuis un bon bout de temps. Une fois abandonné dans une poubelle, il n'avait qu'une envie, se laver les mains ! Aidant sa camarade en lui tenant ses affaires pendant qu'elle ouvrait la porte, il fut agréablement surpris de la voir lui proposer de monter. D'un certain côté, il n'avait pas "compris" que dès qu'ils seraient arrivés à destination, Superman était à présent tenu de repartir vu que sa mission était accomplie, mais ça ne lui était pas venu en tête. Lui adressant un clin d'oeil, il lui répondit :

Je t'escorte jusqu'à destination ! ... Et hmm, si je pouvais t'emprunter un robinet...?

Charlie ne regrettait pas d'avoir fait tomber ses affaires par terre, ainsi qu'exploser la confiture ! Au moins, cela lui a permit de faire la connaissance d'un charmant jeune homme qui non seulement l'aide à apporter tous ce qu'elle a acheté jusque chez elle, mais qui en plus travail au centre. Il a tout pour plaire celui là ~ Les deux jeunes gens s'amusent beaucoup et continuent de marcher en direction de l'endroit où la jeune femme vit avec Emily, sa meilleure amie. Charlène n'est pas du genre à faire du rentre dedans, et n'a pas non plus envie de le brusquer ou quoi.
Il est vrai qu'elle flirte un peu, mais elle ne pense pas à plus. Elle le trouve charmant et se dit qu'un rendez vous avec lui pourrait être sympa mais en y repensant, peut être que l'inviter à monter chez elle n'est pas une mauvaise idée ?

Quand ils arrivèrent devant l'immeuble, la jolie brune regarda son « sauveur » allait jeter le sac poisseux dans les containers en bas de chez elle. Avant qu'elle ne l'invite chez elle. Charlène a pourtant hésité avant de lui faire cette proposition, de peur de passer pour une fille facile ou quelque chose comme ça. Mais au final, le voyant galérer comme ça à lui porter ses affaires, elle ne peut que l'inviter à monter pour le remercier avec une tasse de café ou quelque chose dans ce goût là.

Il n'y a pas de problème, t'en fais pas.

Affirme t elle avant de lui sourire une nouvelle fois.

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