Heureusement qu'Alex avait été là pour la suite. Trop concentré par le blond, Logan ne vit pas les deux amis de sa victime se rapprocher. Il prit conscience de leur présence lorsque l'un d'eux s'empara de son poignet gauche. Déviant le regard en se préparant à souffrir de nouveau atrocement de l'épaule, il eu le bonheur dissimulé de voir qu'Alex avait réagit. Et là, cela devint limite absurde. En effet, le kiné expliqua d'une voix calme et posée à son prisonnier qu'il ferait mieux d'étrangler James, car c'était plus rapide et que ça ne lui laisserait pas le temps de réagir. Puis il lui indiqua qu'il pourrait en effet se faire défigurer si l'ancien taulard utilisait son poing droit.

Logan se retint de rire. Cet homme était plein de ressources, vraiment. A chaque fois, il trouvait quelque chose de décaler à dire ou faire. L'homme dont il tenait le poignet, ainsi que le blond, avait un air dérouté, mais le troisième type essaya à son tour d'attaquer, coupant Alexander. Bien évidemment, il se fit parer habilement. Le kiné les sermonna sur leur garde, puis les envoya valsé après les avoir attiré l'un à l'autre. James ne fit plus attention à eux, ils n'étaient pas intéressants, aussi, en sentant le blond gigoter, il resserra sa poigne sur son col en tournant les yeux vers lui. Sa colère n'avait pas diminuée d'ailleurs.

Alex posa alors une main sur son bras, pour lui faire signe de lâcher cet imbécile. Ces paroles furent piquantes, et ses yeux eurent l'air de savourer une victoire en regardant le blond. Il pourrait bien savourer sa défaite lui. C'est dommage, il est pas tombé sur le bon. Les petits sont pas toujours les plus accessibles. En appuyant bien sur le "mon chéri" à la fin de sa question, Alexander se rapprocha de Logan et passa une main dans son dos. Il lâcha bien entendu le gars, qui reprit immédiatement un air hautain après avoir entendu qu'il "n'en valait pas la peine". Et pour finir, le kiné susurra à l'oreille de James qu'il n'aimait pas les yeux de cet homme, et que ses cheveux étaient trop blonds et trop bien coiffés à son goût.

Un grand sourire fendit le visage de Logan qui rigola doucement. C'est vrai que lui, il avait les cheveux bien noirs, et pas du tout coiffés. Le lien était vite fait. Et puis un bonus : Alex venait d'avouer implicitement qu'il aimait ses yeux. Sans même qu'il s'en rende compte, l'ancien dealer n'avait plus une once de ressentiment en lui. Ce devait être un des super-pouvoirs d'Alexander, qui sait.

— J'aime bien quand tu m'appelles comme ça, murmura-t-il à l'oreille du kiné, de façon à ce que lui seul entende, en souriant doucement.

James passa d'ailleurs son bras autour de ses épaules, affirmant ainsi par un geste que c'était chasse gardée, en y ajoutant un regard appuyé au blond par la suite. Sans une parole pour lui — qui devait être dégouté de s'être fait humilié ainsi —, Logan se détourna pour partir. Il avait peur de lui coller son poing dans la gueule si ce blond continuait de le regarder ainsi.

Soit. Maintenant, il passa du coq à l'âne : son ventre criait famine. Naturellement, il avait laissé son bras sur les épaules de son amant. Il n'avait pas envie de le quitter tout de suite, en fait, il voulait rester avec lui autant que possible. Il était bien en sa compagnie, ce qui n'était le cas qu'avec très peu de personne. Il cala sa main libre dans sa poche, jouant distraitement avec son briquet qui se trouvait là.

— Bon j'ai faim. Pas toi ? demanda-t-il, tout en sous-entendant "on mange où", il tourna ensuite les yeux vers Alex. J'ai pas pu te d'mander tout à l'heure, tu vas faire quoi d'ta journée ?

« J’aime bien quand tu m’appelle comme ça ». Ah fuck. Rien que le ton de la voix de cet homme arrivait à faire craquer notre kiné. Ce Logan le rendait faible. Faible et mielleux à un point indescriptiblement horrible. Alexander avait horreur de cela … en temps normal. Mais là, avec Logan, rien n’était normal. Même pas le temps. Et puis, était-ce réellement un souci ? Non. Enfin soit. Ce fut avec un sourire qu’il vît le blond s’en aller rapidement sans se retourner. Il lui semblait même l’avoir vu rougir de honte. Secouant doucement, Alexander se rapprocha de Logan qui avait passé un bras autour de ses épaules. Restant ainsi près de son amant, il le tira légèrement pour lui signifier qu’il voulait repartir. Logan ne résista pas et le suivit sans problème, avant de reprendre la parole.

Ses dires firent sourire notre kiné. Il avait faim et il se demandait ce que lui, Alexander, allait faire maintenant. Abaissant légèrement sa main, la posant dans le bas du dos de Logan, il haussa les épaules.

« Dormir. Toute la journée de préférence » railla-t-il avant de bailler et se passer une main sur le visage « Et t’as faim ? Les popcorns et les nachos pour toute la rangée ne t’ont donc pas suffit ? » Demanda-t-il en lui lançant d’œil malicieux, avant de reporter son attention sur la route « Enfin, j’avoue que j’ai bien envie d’un bon petit déjeuné. Hm … »

Regardant autour de la rue, il se mit à réfléchir où ils pourraient s’installer pour prendre un petit déjeuné. Tranquillement. C’était le maitre mot ça. Ou pourraient-ils être tranquilles à 9h00 du matin, sans ex-prisonniers qui s’là ramènent, sans sale gosses pour les faires chier et sans homosexuels blonds aux yeux bleu pour les draguer.

« Hm, Logan ? J’te propose qu’on aille s’installer dans la boulangerie là-bas. Une bonne amie à moi y travaille et ils proposent des menus petits déjeunés » Il lança un coup d’œil à Logan puis soupira en hochant la tête « Et oui, c’moi qui invite … encore … »

Non pas qu’il était radin, loin de là. Mais, quand il sortait avec des amis, il avait l’habitude que chacun paye sa propre part. Enfin, ici, avec Logan, ce n’était pas pareil, étant donné que l’ex prisonnier n’avait pas de paye et son compte en banque devait sans doute avoisiner les 0$. Encore fallait-il qu’il en ait, de compte en banque …

La main d'Alex trouva sa place dans le bas du dos de notre ancien dealer. Puis il haussa les épaules en répondant qu'il comptait dormir toute la journée, avant de bailler, ce qui fût contagieux. Ensuite, Logan sourit ; ils avaient les mêmes priorités sur le coup. Et il sourit encore lorsque Alexander le railla au sujet des popcorns et nachos de toute la rangée. De un : James avait presque toujours faim, et de deux : c'est le kiné qui avait bouffé les nachos pour s'empêcher de dormir.

Mais au final, un petit déjeuner s'annonçait. Alexander réfléchit un instant à l'endroit où ils pourraient aller. L'ancien détenu souhaitait juste qu'ils soient au calme, loin de tout type d'éléments perturbateurs tels que, au hasard, des ex-prisonniers, des sales gosses ou des homo blonds prêts à sauter sur n'importe qui. Mais bon, il devait pas être loin de 9h du matin, donc en toute logique oui, ils devraient être tranquilles. Le kiné proposa alors d'aller dans la boulangerie, un peu plus loin, parce qu'il y connaissait une employée et qu'ils proposaient des menus petit-déj', il y ajouta en un soupire qu'il invitait encore.

James eut une expression désolée. Il n'y pouvait rien s'il n'avait presque rien. Après sa sortie de prison, on lui avait bien rendu ses quelques effets personnels mais très peu d'argent. Et au Centre, on lui fournissait ce dont il avait besoin mais il n'avait pas d'argent à proprement parlé. C'était déjà un miracle qu'il arrive à se payer un paquet de temps en temps. Donc là, il dépendait complètement d'Alex. Ils prirent donc le chemin de ladite boulangerie, marchant tranquillement, toujours l'un contre l'autre.

— Ouais hm, désolé... mais merci, dit-il doucement en se passant une main à l'arrière de la tête.

Il était un peu gêné qu'Alex soit obligé de payer pour lui. Pas parce que c'était Alex, mais parce que c'était dans les habitudes de Logan de se démerder seul. Il n'avait jamais voulu être un poids pour les gens autour de lui, depuis tout petit il était comme ça, parce qu'ils n'étaient pas aisés dans sa famille. Et là, il avait l'impression de devoir quelque chose à Alexander. Et ce genre d'impression le dérangeait toujours. Il aimait être indépendant, là il ne l'était pas. Ça le changeait.

— J'te rembourserais, parce qu'au final ça f'ra beaucoup, lâcha-t-il tandis qu'ils avançaient vers la boulangerie.

Sa réaction excessive engendrait une réaction excessive chez son amant, comme des pièces de domino qui tombaient les unes sur les autres. Alexander se maudit. Il aurait franchement put éviter de dire ça. Et si déjà il n’avait pas put s’en empêcher, il n’avait franchement pas été obligé de soupirer en plus. Mais le mal était fait et Alexander s’en voulait car Logan s’en voulait d’être dépendant. Notre kiné ne connaissait pas le passé de son patient, mais il pouvait s’en douter que le canadien avait l’habitude d’être indépendant mais que tout avait changé depuis son séjour en prison. Alexander devait mettre les choses au clair. Tout de suite.

Alors, avisant une ruelle un peu à l’écart, il y poussa Logan. Ignorant l’odeur de détritus et autre chose qu’il n’avait pas envie de savoir, Alexander obligea son amant à s’arrêter dos au mur. Venant se placer devant lui, il dût légèrement lever la tête afin de le regarder dans les yeux. Il le fixa quelques instants, observant ses pupilles émeraude et ses iris noirs, avant de poser une main sur son torse.

« Ecoute Logan … ce n’est pas du tout ce que je voulais dire hm ? Ne pense pas que ça me dérange de te payer tout ça. Au contraire. J’ai assez de sous et j’aime bien passer du temps avec toi. » Il s’approcha d’avantage de lui, déviant le regard vers la gauche « je ne connais rien de toi et de ton passé, mais je pense que ce n’était pas … ce qu’il y a de plus agréable. Et puis … » il se força à relever son regard vers l’ex-dealer « Je pense que tu mérites tout ça »

Ce fût tout ce qu’il dit. Suite à cela, il se tue et lui vola un baiser, avant de passer ses bras autour de sa taille. Serrant Logan contre lui, Alexander posa son front contre l’épaule de son amant et sourit. Oui vraiment, cet homme le rendait faible. Mais bon dieu que c’était bon.

Bizarrement, ils finirent dans une ruelle avant d'atteindre la boulangerie. Logan s'y retrouva plaqué dos au mur, Alexander devant lui. Ils se fixèrent quelques instants ainsi, en chien de faïence. James ne savait pas trop ce qu'il lui arrivait et où son ami voulait en venir, mais il ne protesta pas. Puis, Alex posa une main sur mon torse, et se mit à parler. Il mit les choses en clair, en expliquant que ça ne le dérangeait pas de devoir payer, puisqu'ils avaient les ressources nécessaires et qu'il aimait passer du temps avec le canadien. Lorsqu'il continua en disant que même s'il ne connaissait rien de lui et de son passé, il se doutait que ce n'était pas ce qu'il y avait de plus agréable, il du se forcer à relever les yeux vers Logan, pour lui avouer qu'il pensait qu'il méritait tout ça.

L'ex-détenu eut d'abord besoin d'un temps d'adaptation. Ce n'était pas tout les jours qu'on lui adressait de tels mots et puis, pour une fois, on lui reconnaissait de la valeur. Il n'en fallait pas plus pour qu'il soit aux anges. Les paroles d'Alex l'avait rassuré. Il n'aimait toujours se sentir dépendant, mais il arrivait à concevoir que le kiné ne voyait pas la chose sous cet angle. C'était une première pour lui, mais il y arrivait. Se faisant voler un baiser que toute façon, il récupèrerait plus tard, Logan ne put s'empêcher de sourire, et il vint passer ses bras dans le dos de son amant en lui rendant son étreinte.

— T'arrives toujours à.. trouver les mots, commença-t-il doucement, avant de baisser d'un ton. C'est juste... parfait.

Il le repoussa un peu pour pouvoir déposer un baiser sur son front. Mais au lieu de s'arrêter là, il continua sur sa tempe, sa pommette, sa joue. Montant une main au niveau de son visage, il pût tomber dans ses yeux à loisir, les trouvant toujours plus beaux que l'instant d'avant. N'y tenant plus, il se pencha naturellement pour unir leur lèvres. Il n'hésita pas longtemps avant d'approfondir le baiser et de laisser leur langues entamé une danse sensuelle. Sa main posée sur la joue gauche d'Alex descendit dans son cou, puis se glissa quelque temps après dans ses cheveux.

James serra encore en peu plus son kiné contre lui, et il ressentit de nouveau ces petits picotements dans le bas du ventre. Il était juste en train de tout oublier, comme tout à l'heure au cinéma, lorsqu'ils n'étaient que les deux. Seul Alexander comptait en cet instant. Instant d'ailleurs où le temps ne passait plus. Puis, tout deux s'éloignèrent de peu pour reprendre leur souffle, gardant tout de même leur corps l'un contre l'autre. Logan eu une esquisse de sourire en croisant le regard d'Alex. Mais un grondement caractéristique vient briser cet instant, et James porta immédiatement une main à son estomac en grimaçant.

— Bordel, j'crois qu'j'suis vraiment en train de crever la dalle là.

Ses lèvres étaient d’une douceur inouïe, ses baisers d’une chaleur intense. Alexander avait l’impression que les endroits de son visage, sur lesquels Logan avait posé ses lèvres, s’embrasaient, répandant leur chaleur dans tout son corps, jusque dans le bout de ses doigts. Quelle sensation extrême. Quel bonheur, que celui de tout oublier. Alors qu’il était là, à sentir la main de Logan dans son dos et que leur souffle se mélangeait, notre kiné oublia sa rage contre la nouvelle génération et sa faim, allant même jusqu’à oublié sa fatigue. Là, dans les bras de son amant, il se sentait bien et faisait le plein de bonheur.

Un frisson parcouru l’échine de notre américain, lorsque Logan posa sa main dans sa nuque. Dieu, cet homme, il savait s’y prendre. Il savait comment le faire craquer. Ce n’était pas possible. Ce … ces pensées n’allèrent pas plus loin. Alexander venait d’accentuer le baiser, le transformant une en dans endiablé, d’amour et de passion. Son souffle s’accéléra, les battements de son cœur s’intensifièrent, ses abdominaux se contractèrent. Son pouls augmenta subitement, les endorphines se répandirent dans tout son corps. Chaleur. Envie. Passion. Allégresse. Froid. Désir. Alexander passa part tant de sensations différentes, toute plus excitante les unes que les autres

Subitement, ils s’éloignèrent l’un de l’autre. Le temps de reprendre leur souffle. Le temps de revenir à la réalité. Sans pour autant se séparer l’un de l’autre, ils restèrent silencieux, presque haletant. Alexander plongea son regard dans l’émeraude des yeux de son amant, s’y noya et eu une folle envie de reprendre là où ils avaient arrêté. Au fond de lui, Alexander avait même envie de … plus. D’enchaîner tout de suite avec l’acte sexuel, mais … un grognement le sorti de ses pensées.

Redressant légèrement, il observa comment Logan porta une main sur son ventre avant de lui avouer qu’il était sans doute entrain de mourir de faim. Cette situation était absurde. Tellement absurde qu’Alexander éclata de rire. Il n’y avait même pas 5 secondes, il pensa encore à faire l’amour avec cet homme. Maintenant, celui-ci lui disait qu’il avait horriblement faim. Secouant la tête, après s’être calmé, il caressa doucement le torse de son amant et lui doucement.

« Alors on va y aller. Je n’aimerais pas être responsable de ta mort prématuré » dit-il après l’avoir à nouveau embrasser, ne pouvant y résister.

Attrapant la main de Logan, il ressorti de la ruelle, se dirigea vers la boulangerie … et remarqua qu’elle était fermé. Pestant contre lui-même et contre les jours fériés, Alexander soupira. S’immobilisant, il scruta la rue d’un regard circulaire et réfléchit à l’endroit où ils pourraient aller. Sauf que, c’était un jour férié. De ce fait, il y avait très peu –sinon aucun- endroit d’ouvert. Portant son attention sur le bout de la rue, Alexander se mordit légèrement la lèvre inférieure. Et si …

« On va chez moi ? J’habite à Alamo Square, à quelques minutes d’ici. » Il lança un coup d’œil à Logan « ça t’dit ? »

Les façons de briser un moment intense se trouvent par centaines, une protestation de son estomac en est l'une d'entre elles. L'absurdité était en plus au rendez-vous, sachant que l'instant d'avant, Logan et Alex s'embrassait passionnément. Le kiné éclata simplement de rire, tandis que James, désabusé, avouait qu'il avait vraiment, vraiment, vraiment faim. Ça avait eu le mérite de couper court à toute pulsion d'ordre charnelle qui avaient commencé à naître au fond de lui. Et une ruelle n'était pas, au même titre qu'un cinéma, l'endroit rêvé pour s'adonner à ces parties de plaisir. L'ancien détenu savait qu'Alex ne riait pas de lui, et puis de toute façon, c'était plutôt comique, mais cette situation était tellement décalée qu'elle ne pouvait en être que drôle.

Après s'être calmé, Alexander caressa un instant le torse de son amant en lui proposant d'y aller, car il n'aimerait pas être coupable de sa mort. Logan laissa un rire lui échapper. Il ne mourrait pas aussi facilement de toute manière. Puis ils échangèrent un nouveau baiser, par pure gourmandise, avant de sortir de la ruelle main dans la main. Cependant, lorsqu'ils arrivèrent devant la boulangerie, ce fût pour la trouver fermée. Maudits jours fériés. Et cela ne servait à rien de chercher un autre endroit d'ouvert, puisque le principe des jours fériés est que justement RIEN n'est ouvert. Enfin. Au final, Alexander proposa d'aller chez lui, à Alamo Square.

Le ton qu'il avait pris en proposant ça, et le petit coup d’œil. James avait cru fondre sur le champ, avant de se reprendre rapidement. Il fallait qu'il arrête de trouver Alex craquant en toute circonstance et qu'il fasse un peu... Il avait parlé de quoi déjà ? Un instant passa, durant lequel l'ancien détenu parvint à se rappeler de quoi il était question. Sans réfléchir, il s'empressa d'accepter.

— Ouais, ouais carrément, il eut un petit sourire. J'vais enfin voir où tu crèche.

En fait, depuis que cette pensée lui avait traversé l'esprit, il s'était posé bien des questions sur l'endroit où pouvait habiter le kiné. Sûrement un truc classe, à son image ; il ne supporterait peut-être pas le contraire. A Alamo Square, c'était plutôt la classe moyenne, aisée, qui n'avait pas franchement de peine pour trouver un logement. C'était un quartier résidentiel banal. N'ayant toujours pas déliées leurs mains — de toute façon, ce n'étaient pas les gays qui manquaient dans la ville —, les deux amis prirent le chemin du quartier. Plusieurs minutes de marche, entre cinq et dix, les séparaient de leur but. Mais ce n'est pas comme s'ils avaient toute la journée.

— Tu m'as pas dit, ça fait longtemps qu't'habite à Frisco ?

La proposition de notre Alexander d´aller chez lui, enchanta grandement son amant. Cette réaction arracha un petit sourir à notre kinésithérapeute. L´enchantement de Logan était tout simplement mignon. Alors, sa main retrouvant le dos de son amant, Alexander y excerça une légère pression et le poussa un peu pour lui indiquer qu´ils devaient prendre à gauche. Marchant tranquillement dans la rue plus ou moins déserte - si on omettait les quelques voitures qui passaient par-là- Logan décida finalement de briser le silence. Curieux, il demanda à Alexander depuis combien de temps il habitait à ´frisco´. Cette appellation avait toujours fait rire notre américain et aujourd´hui il ne faillit pas à ses habitudes. Pourtant, au lieu de rigoler, il se contenta de sourire amusé puis haussa les épaules.

"Oh, ça doit faire unpeu plus de 10 ans que j´habite ici" avoua-t-il finalement en portant son attention sur Logan "mais je suis né et j´ai grandi à Washington et ..."

Il n´eut pas le temps d´en dire d´avantage car le brusque vibrement de son portable dans sa pche lui fît perdre le fil de la communication. S´immobilisant, il fourra sa main dans sa poche et en sorti le téléphone. Fronçant légèrement les sourcils en appercevant le numéro sur l ´écran, il lança un coup d´oeil à Logan

"Désolé ..." souffla-t-il rapidement avant de décrocher "Allô ?" Deman´-´t- il en portant l´appareil à son oreille et en se détournant pour repartir quelques mètres en arrière.

La conversation qui s´en suivit fût bizarre et ce fût un Alexander dérouté qui retourna auprès de Logan. Raccrochant, il garda son regard rivé sur l´écran puis dégluti. Posant sa main sur le torse de son amant, il leva la tête vers lui

"Faut que j´y aille ... je ..." Il dévia le regard "désolé ..." souffla-t-il en s´approchant pour l´embrasser "on s´voit demain, ok? Désolé ..."

Alors, après l´avoir embrasser une seconde furtive fois, Alexander parti d´un pas rapide droit devant lui, sans se retourner. Il n´avait pas le coeur de parler àde son père. Même pas à Logan.