L’Iphone dernier cri de Sheryl n’arrête pas de vibrer sur la table du café. Elle regarde inlassablement la photo de son fiancé s’afficher sur l’écran depuis des jours. Elle a parfois un peu de repos, mais quand ce n’est pas Duke qui téléphone, ce sont ses parents, ses sœurs ou ses collègues. Elle aurait pu s’y attendre, déserter son doux foyer sans prévenir, et cela en période de fêtes, ce n’est pas le meilleur moyen d’éviter d’inquiéter sa famille. Et puis, elle n’a pas prévenu son patron non plus, il ne devrait pas tarder à se manifester lui non plus, quoi que s’il est parti à Aspen pour prendre des vacances, elle a un peu de temps devant elle avant de recevoir une mise à pied.

On ne peut pas dire que cette fugue d’adolescente soit l’idée du siècle, c’est étrange, il a suffit que Sheryl passe le cap des trente ans pour se sentir complètement perdue dans sa vie. Un œil extérieur la traiterait de gamine pourrie gâtée incapable d’apprécier sa chance et son bonheur. Mais ça n’a rien à voir avec le fait d’être pourrie, Sheryl a sans doute une pathologie inconnue pour avoir cet eternel besoin de toujours gâcher son propre bonheur, elle est maso un peu. Elle se donne de fausses excuses, un besoin de s’évader, de prendre du temps pour elle. Sheryl ne veut pas s’engager, ça lui fait bien trop peur, voilà pourquoi elle continue de dire à tous les monde qu’elle à 29 ans et elle a besoin de s’amuser, de sortir, de profiter de la vie tout simplement.

Faisant tourner son gobelet de café pour le refroidir un peu, Sheryl appui une nouvelle fois sur le bouton rouges s’affichant sur son téléphone, elle doit réfléchir, et ça n’a jamais été son fort, alors il lui faut du temps. La Texane finit par ouvrir la carte de San Francisco devant elle, peut être qu’un peu de tourisme l’aidera à réfléchir et comme Matthew travaille, elle est un peu perdue, littéralement cette fois. Elle se retourne vers la table derrière elle, armée de son plus beau sourire.

« Excusez-moi, vous savez comment on peut se rendre à Union Square depuis ici ? »

Pour les fêtes, il était impossible pour Neal de rester à San Francisco. Maintenant qu’il n’est plus avec Lisa, il n’a aucune raison de ne pas changer de continent pour aller voir sa famille pendant les fêtes. C’est direction London que le jeune homme a fêté le réveillon. Cela faisait bien trop longtemps qu’il n’avait pas passer autant de temps avec sa famille. Rien ne vaut cette période là de l’année, malgré le froid, très chaleureuse. Le jeune homme sait pourtant qu’il ne peut pas se permettre de prendre 30 jours de vacances non plus. Dès le 2 janvier il doit être de retour à San Francisco. Les residents n’attendent pas, n’ont rien à faire durant cette période disons. C’est très triste. C’est surtout à eux que Neal pensait (comme quoi, il deviant vraiment trop obsédé par son travail). Il s’est vraiment retenu pour ne rien acheter.

C’est très tôt, trop même, que Neal a atterrit à l’aéroport de San Francisco. Le temps de se reposer un minimum et le voilà de retour sur piste. Il prend sa voiture et avant d’entrer dans son bureau, ne peut resister à l’appel du Starbucks. Il fait froid ici et c’est un peu grelotant qu’il débarque et commande un cappuccino. En checkant l’heure, il réalise qu’il est bien trop en avance comparé à son premier RDV de la journée. Une chance, il a son portable avec lui et se met alors à une table pour jouer à un jeu complètement stupide mais qui aura le don de lui passer le temps et lui vider un peu la tête. Il a tant de souvenirs en tête, de très bons d’ailleurs. C’est avec un pincement au coeur qu’il a quitté l’Angleterre pour revenir ici.

Posant son mobile pour boire une gorgée, ses yeux se relèvent vers la jeune femme assise à la table de devant puisque son regard est braqué sur lui. Il sent ses joues s’emprouprer légèrement, va savoir pourquoi, il arbore alors un léger sourire bienveillant pour répondre à sa question:

Oui bien sur… en fait vous devez marcher jusqu’au métro et le prendre et marcher encore quelques minutes !

Souffle Neal en ajoutant:

Vous voudriez peut être noter tout ça ?

Toujours un peu perdue, Sheryl n’en a pourtant jamais l’air. Elle est le genre de fille fière qui n’hésite pas à marcher la tête haute seulement si on gratte un peu la surface, on découvre la catastrophe ambulante qui s’y cache. Elle a de la chance pour le moment que son caractère autodestructeur ne l’ai pas encore trop fait souffrir. Assise dans le café juste à côté du bar où son frère travaille, elle s’évertue à se changer les idées et à penser à autre chose qu’à sa dernière grosse bourde en date. Elle boit une gorgée de son café, constate d’un rictus qu’il à bon goût et n’hésite pas à se retourner pour demander un peu d’aide.

Le garçon installé juste derrière à un joli sourire ce qui ne fait qu’augmenter celui de Miss Texas, elle est contente de ne pas avoir à faire à un grognon déprimant qui n’aime pas être dérangé. Il lui indique le chemin et aussitôt doit lire dans les yeux de la blonde que c’est trop d’informations à la fois pour elle puisqu’il lui propose de noter tout ça.

« C’est pas une mauvaise idée, merci. »

Naturellement, Sheryl tourne sa chaise et emporte sa carte et son café sur la table de l’inconnu. Elle lui adresse un sourire pour le remercier et se met à farfouiller dans son sac Fendi pour en ressortir un calepin et le stylo assorti.

« Alors… »

Elle commence à écrire, s’appliquant comme une gamine de CE1, mais après métro, elle a déjà tout oublié la petite.

« Le métro ? C’est lequel s’il vous plait ? » Demande-t-elle relevant son regard une nouvelle fois.

« J’vous remercie en tout cas, c’est pas facile de s’y retrouver dans tout ça. Vous êtes du coin ? »

On peut parfois reprocher à Sheryl son manque de naturel, mais avec les gens, elle sait rester elle-même.

Neal a encore du temps à tuer avant son premier rendez-vous : Toute personne normale aurait pris le temps de se reposer un minimum mais l’envie n’y étant absolument pas, Neal s’est presque jeté sur sa voiture pour se diriger à son taf à la sortie de l’aéroport. Neal aime vraiment ce qu’il fait, il est passionné et ça se voit. On lui reproche bien souvent d’y mettre trop du sien justement mais il n’en a que faire pour tout avouer. Son cappucino à la main, il s’installe à une table et lit le journal. Il a loupé pas mal d’actualité durant ces quelques jours de vacances. Il finit par être interrompu par une voix féminine. Leurs regards se croisent et le thérapeute arbore un sourire poli en l’écoutant l’interroger.

La demoiselle s’installe alors à sa table, sortant un calepin et un stylo. Sa remarque lui arrache un sourire mais il n’ajoute pas grand-chose. Il l’observe faire, en prenant une gorgée dans sa tasse. Il attend qu’elle soit prête pour se lancer dans des explications.

Hmm c’est le Métro C ! Vous devriez pouvoir le prendre juste à côté, là, il y a une station à deux minutes du Starbucks.

Explique le jeune homme en arborant à nouveau un sourire poli : La jolie blonde le remercie, ce qui ne semble pas être grand-chose pour Neal, toujours ravi d’aider. Ses mains se perdent sur la tasse, réchauffant ses doigts tandis qu’il reprend pour lui répondre :

C’est rien, ça me fait plaisir.

Souffle Neal, en ajoutant :

Ouais depuis plus d’un an mais avant j’étais tout aussi perdu que vous, si ça peut vous rassurer ^^
Vous êtes là pour visiter… ?

Demande finalement Neal, curieux.

Elle est comme ça Sheryl Parker, en général, elle ne se soucie pas de savoir si elle gène ou non les gens quand elle les aborde ou quand elle s’installe à leur table comme elle vient de le faire là avec ce jeune homme. Il avait peut être prévu autre chose non ? De toute manière, elle ne compte pas l’ennuyer plus longtemps, Sheryl se contente de prendre les informations qui lui sont nécessaires pour sa balade.

Le jeune homme reprend ses explications sous la demande de la blonde qui prend note avec soin. Métro C. Deux minutes. Elle reprend une gorgée de café et le remercie avant de lui demander s’il est d’ici, question un peu stupide, il doit en tout cas habiter à San Francisco pour s’y connaitre aussi bien.

Sheryl rit avec légèreté et reprend une gorgée de café tandis que le gentilhomme l’interroge sur les raisons de sa présence à San Francisco.

« Oui, je suis venue rendre une visite surprise à mon frère, mais il travaille alors je dois e débrouiller toute seule. »

La technique de la demoiselle en détresse. Sheryl n’est pas du tout en train de draguer ce charmant jeune homme, c’est une sorte de réflexe chez elle, se faire passer pour une petite chose fragile pour mieux obtenir la sympathie d’autrui. De sa voix cristalline, la trentenaire reprend tout en tendant sa main au dessus de la table.

« Je m’appelle Sheryl, je viens du Texas. Je suis bête, ça doit s’entendre à mon accent. »

Elle ajoute à ça un petit clin d’œil et un éclat de rire qui fait vibrer ses épaules et ses longues boucles blondes.

Neal n’est pas contre voir son petit train train changé le temps de quelques minutes. Il n’était pas vraiment occupé jusqu’alors, ne faisant que profiter du cappuccino qu’il avait entre les mains. Lorsque la jolie blonde l’aborde pour lui demander son chemin, Neal n’hésite pas une seule seconde pour lui venir en aide. Il a toujours été comme ça. Il sait que dans certaines régions, certains pays, les habitants peuvent être beaucoup plus froids. A Londres, il est rare que les gens soient vraiment « friendly » disons. Ici, c’est beaucoup plus différent et c’est ce qui lui plait le plus dans cet endroit. Neal lui conseille d’inscrire ses informations puisqu’elles sont importantes. Après avoir suivi son conseil, la jeune femme lui demande de répéter, chose que Neal fait aussitôt.
La conversation s’engage entre eux et Neal lui explique avoir été tout aussi perdu qu’elle auparavant. Il apprend donc qu’elle n’est pas du coin et qu’elle vient seulement rendre visite à son frère. Neal hoche doucement la tête avant de répondre.

Oh je vois. Ça doit lui faire plaisir de vous voir en tout cas ! Ne vous perdez pas alors !
Souffle Neal dans un sourire craquant. Il apporte sa tasse à ses lèvres avant de la reposer pour serrer doucement la main de Sheryl, qui se présente tout simplement. Neal acquiesce avant de faire de même, question de politesse.

Enchanté, moi c’est Neal.

Lance-t-il, en ajoutant :

Et je viens de Londres… le Texas, j’y suis jamais allé, ça vous plait ?

Le crayon toujours en main, Sheryl est plutôt contente d’avoir trouvée une âme charitable pour lui indiquer son chemin, il faut dire que se retrouver perdue dans une ville inconnue, ça n’est pas toujours facile, enfin, ce n’est pas comme si ce n’était pas un choix parfaitement réfléchi … ou pas. Elle adresse toujours son beau sourire au garçon et entame une conversation tout à fait naturellement. Elle est comme ça Sheryl, son hyper sociabilité la pousse parfois à faire chier les gens contre leur gré, mais c’est aussi comme ça qu’elle se fait des amis.

La remarque du jeune homme lui arrache un beau sourire et elle rit légèrement de nouveau.

« Je vais essayer. »

Peut être que Matt a en réalité plutôt envie qu’elle se perde.

Elle se présente enfin, tout aussi naturellement qu’elle a débarqué à la table sans demander son avis à ce garçon. Sheryl est ravie de voir qu’il se présente à son tour et en profite pour lui dire qu’il vient de Londres en réalité.

« Londres dans le Minnesota ? » demanda-t-elle un peu bébête. Oui, le monde se réduit un peu aux Etats-Unis pour Sheryl. Elle a beau avoir fréquenté les bancs de l’université un certains temps, l’américaine manque parfois de jugeote.

« Le Texas, c’est pas mal oui, on fait de super barbecue là-bas. » lance-t-elle naïve. En fait, ce n’est pas le Texas qui ne lui plait pas, c’est le tournant que risque de prendre sa vie là-bas.

[ Haha ce RP me fait penser à la nana qu’on a accosté à l’arrêt de bus « tu veux être mon ami ? » du coup à cause de toi X’D]

Neal n’est pas quelqu’un de méchant, bien au contraire, il aime aider les autres et lorsque la jeune femme l’aborde il n’hésite pas une seule seconde à délaisser son journal pour répondre à sa question. Naturellement, une conversation s’installe entre eux deux. Il n’a jamais eu de problème avec le fait de parler à un/e inconnu/e car il le fait dans le cadre de son travail. Le thérapeute lui conseille par la suite de faire attention à ne pas se perdre. Mine de rien St Francisco est une grande ville, il serait fâcheux qu’elle en vienne à se perdre là dedans. Elle a tout de même un point d’attache ici et saura certainement appeler son frère en cas de problème, elle a l’air d’être une grande fille après tout XD

J’aurai bien fais le guide mais je dois retourner travailler cet après midi !

Lance le jeune homme dans un léger rire. Ce n’est pas une tare pour lui puisqu’il adore son travail tout simplement. Il s’investit énormément dans celui-ci et c’est ce qui le fait se sentir vivant disons. Pour rien au monde il regrette ce choix là. Neal ne manque pas de rire en entendant sa réponse. Il secoue vivement la tête.

Non… Londres en Angleterre.

Souffle le thérapeute dans un sourire amusé en ajoutant :

Vous n’êtes pas très douée en géographie apparemment (a)

Il sourit, ce n’est pas dit méchamment bien évidemment.

Vous aimez le texas uniquement pour les BBQ ?

L’interroge Neal, qui, comme à son habitude, pose énormément de questions.

[Et voui, ça marche définitivement pas dans la vraie vie, j’ai essayé. Quoique qu’une « Sheryl » de la vraie vie pourrait y arriver je pense XD]

C’est loupé pour le guide personnalisé. Bon, Sheryl n’avait pas ce genre d’espoir non plus, elle s’est tout naturellement installée à la table de Neal, à lancé la conversation et s’incruste légèrement dans sa pause café mais ça ne veut pas dire qu’elle est en manque d’amis. Remarque, ç’aurait très bien pu être son genre de se dégotter un guide comme ça sans se soucier de savoir s’il avait mieux à faire.

En attendant, Sheryl étire son sourire et d’un geste de la main illustre ses paroles.

« C’est fou ça, vous passez votre temps à travailler ici. » constate-Sheryl à qui son trois-quarts temps à la clinique esthétique de Houston ne manque pas du tout. Elle sourit de plus belle, comprenant tout de même la situation.

« Ne vous inquiétez pas, je devrais y arriver seule. »

Au pire, elle téléphonera paniquée à Matthew, il pourra bien faire ça pour elle non ?
Continuant de découvrir ce jeune homme, Sheryl apprend qu’il est originaire de Londres. Bien incapable de songer un instant qu’il y a un monde au-delà du continent américain, ou peut être parce qu’elle n’est douée que pour repérer les accents régionaux, Sheryl imagine que l’homme vient en réalité du Minnesota. Apprenant la vérité, elle ouvre de grands yeux brillants.

« Oh, Londres en Angleterre, c’est chic ça ! »

La petite remarque venant ensuite lasse Sheryl pantoise, elle n’arrive pas à savoir si elle doit se vexer ou rire et choisit un peu compromis entre les deux en tentant une grimace boudeuse suivit d’un léger sourire. Elle est consciente de ne pas être la fille la plus intelligente du monde, mais elle sait aussi qu’elle n’est pas la plus stupide.

« Non, en effet. D’où l’utilité de ce voyage. » Ajoute-t-elle alors bien heureuse d’avoir un nouvel argument à avancer à son frère s’il lui demande de rentrer au Texas.

Elle raconte alors un peu son Texas. Sheryl y aime la vie, le climat et ses amis qui sont là-bas, et pourtant elle est partie. L’espace d’un instant, elle vit la question de Neal comme une véritable interrogation sur ses sentiments à propos de sa région d’origine et de la raison pour laquelle elle a choisit de la quitter, un peu comme si elle était chez le psy. Mais ce n’est pas le cas bien sûr, quand bien même ce type serait psy (ce qui serait un hasard très perturbant), il ignore tout de la vie de Sheryl et du fait qu’elle squatte depuis un peu trop longtemps chez son frère.

« Non, bien sûr que non. » dit-elle amusée.

« C’est un peu différent de la Californie, mais c’est bien aussi. »

Franchement, elle ne trouve pas d’intérêt au Texas à l’instant, sachant ce qui l’attends là-bas, Sheryl voudrait rester un peu ici, à laisser le temps couler sans importance.